[2024] Petit bilan de février.

J’ai l’impression que ce mois de février est passé à vitesse grand V ! (la preuve, on est déjà presque fin mars avril – gloups).

Carnet de lectures :

On va commencer par les titres auxquels je ne pense pas consacrer de chronique plus longue !

Album culte, Louise Roullier (Mille Cent Quinze).

C’était la nouvelle Chronopages du mois et j’ai regretté d’avoir lu le résumé car celui-ci en a révélé beaucoup trop à mon goût ! L’histoire est celle d’Alex, un fan de rock progressif, qui disparaît subitement à la fin des années 70 alors qu’il est sur le point de devenir père. Quarante ans plus tard, sa fille cherche à en savoir plus sur cet absent.
La nouvelle part sur un principe très original et m’a donné envie d’écouter de la musique (peut-être pas des trucs aussi pointus que le perso principal ceci dit). Même si je connaissais déjà la grosse révélation, le récit s’est avéré très prenant. J’ai beaucoup aimé le choix narratif opéré : l’histoire est racontée (pour la majeure partie) par le meilleur ami d’Alex, dans un long monologue, adressé à la fille de celui-ci, qui mène l’enquête. Cela donne au récit un aspect immersif très réussi. Je lis assez peu de fantastique car je suis très frileuse, et là j’ai été embarquée de bout en bout. Et puis, même si le texte est court, l’autrice s’est attachée à donner une âme aux personnages, notamment au fameux Alex, que j’ai trouvé très touchant dans les flashbacks. Bref : excellente découverte !
J’avais déjà noté en wishlist un autre roman de l’autrice, Grain de sable, cette nouvelle me donne d’autant plus envie de la lire !

Toujours chez Chronopages, j’ai lu  un hors-série regroupant deux nouvelles d’Estelle Faye (Le fruit de leurs entrailles) et d’Arnauld Pontier (L’œuf), celle que j’ai lue en premier.

Dans L’œuf, l’histoire débute avec l’apparition d’un œuf géant, justement. Alors ? Erreur de l’univers, entité extraterrestre, divinité ? Le monde s’écharpe et tout part en cacahuète. Le récit complètement barré, mais j’ai bien accroché à l’univers, aux personnages et à l’intrigue ! Par contre, comme je le disais, c’est extrêmement loufoque, pour ne pas dire absurde, donc il faut accepter de se laisser embarquer.

Estelle Faye, de son côté, avait annoncé une nouvelle gore. Pour être gore, Le fruit de leurs entrailles est super gore ! Et bien mené ! On est dans un univers type fantasy médiévale, avec un système de magie basé sur la douleur (plus le mage souffre, plus sa magie a de puissance). Et le récit se déroule intégralement durant le siège d’une cité, à laquelle participe, justement, un magicien, dont on va suivre les sortilèges (âmes sensibles, s’abstenir). J’ai beaucoup aimé la façon dont Estelle Faye, sur ce point de départ, tisse des portraits de personnages assez complets malgré la brièveté du récit. Et la chute est parfaite !

Grigio e Gatto #1, Hojoy (Komikku).

Alors revoilà la PAL  boulot et ce manga que j’ai lu deux fois et qui, les deux fois, m’est tombé des mains.

L’histoire est celle de Gatto, assassin d’état pas très doué, dans une ville qui ressemble à la Venise du XVIe. Il y a aussi des anges de la mort et des divinités de la mort (c’est pas la même chose, attention !). Alors qu’il échoue encore dans l’assassinat qui lui a été commandité, Gatto assiste à la transformation de son co-équipier par une divinité de la mort.
Par où commencer ? Allez, le récit. Je l’ai trouvé extrêmement confus, pour ne pas dire imbittable. Les personnages, nombreux, se ressemblent et les scènes de combat (extrêmement nombreuses) sont illisibles (j’ai dû repasser dessus pour être sûre de bien saisir qui était qui et où). De plus, les histoires d’anges, de divinités, etc, ne sont franchement pas claires. A côté de ça, le manga oscille toujours entre glauque (multiples scènes d’assassinat très graphiques) et une sorte de fausse légèreté surjouée (le personnage central étant obsédé par les pâtisseries) : l’ambiance n’est pas crédible, et je n’y ai pas adhéré. Bref : je ne lirai pas la suite !

Confluence #2, Ce qui reste après les tempêtes, Sylvie Poulain (Bragelonne).

J’avais beaucoup aimé le premier tome de ce diptyque et j’ai été très lente à lire ce tome 2 par manque de temps uniquement, car il s’est lui aussi révélé très prenant ! L’ambiance change légèrement (plus de géopolitique, moins de grands fonds), mais  l’autrice en profite aussi pour approfondir les personnages comme l’univers, avant de conclure. Bref : c’était top ! Je suivrai la suite de sa production. (Idéalement je ferai une chronique plus longue).

Colossale #4, Rutile & Diane Truc (Jungle).

PAL boulot toujours et heureusement, les titres se suivent et ne se ressemblent pas. Vous imaginez bien que si j’en suis au tome 4, c’est que j’ai aimé les trois premiers (j’ai tellement aimé les trois premiers que j’ai terminé ma lecture de la série sur Webtoon cet été, je n’avais pas envie d’attendre pour la suite !). Je pensais d’ailleurs que l’édition papier se terminerait en 4 tomes, ce qui m’a laissé l’impression que ce tome-ci était nettement plus lent, un peu comme un tome de transition. Je ne vais pas résumer pour ne pas spoiler. Quoi qu’il en soit, j’ai trouvé que le récit était plus centré sur les personnages secondaires que sur l’histoire de Jade, ce qui explique peut-être cet aspect plus lent : plus d’intrigues secondaires à traiter, et donc un peu de délai pour l’intrigue principale !

Tops / Flops :

Ma lecture la moins prenante du mois revient donc à Grigio e Gatto, qui ne me restera clairement pas en tête comme le manga de l’année (ni du siècle, du reste). Heureusement que je me suis rattrapée avec Ce qui reste après les tempêtes, que j’avais hâte de lire et qui m’a comblée !

La vie de ma PAL :

Comme tous les mois depuis novembre, j’ai reçu mon abonnement Chronopages et ho surprise, il y avait un hors-série dedans en plus du volume de nouvelles mensuel ! Ce qui m’a permis de m’apercevoir que je n’avais absolument pas ajouté à ma PAL les trois précédents… Oubli réparé. Et une fois n’est pas coutume, je les ai lus dans la foulée ! (Les deux du mois hein, pas les trois précédents).

Il faut aussi dire qu’une nouvelle boîte à livres a vu le jour dans mon village et qu’elle était fort bien achalandée à mon premier passage, avec notamment pas mal de SFFF ! Une rareté ! J’ai été raisonnable et je n’ai prélevé que le tome 3 de La Trilogie du magicien noir de Trudi Canavan (il y avait aussi le 1, mais pas le 2, dommage car cela m’aurait permis de compléter ma série !). Par ailleurs, le tome 2 des Carnets de l’Apothicaire a rejoint mes étagères : je suis très curieuse de découvrir cette série !

Citations :

« Je ne sais pas comment font les collègues, surtout les vétérans, pour répéter, huit heures durant, les mêmes gestes, les mêmes mots, les mêmes pensées, tous les jours, noyés dans une mer de boites d’alu. Moi, ça me suce l’âme. Travailler, c’est du temps perdu à ne pas écouter la musique. »
Album culte, Louise Roullier.

« Allô, Nathanaël ? Excuse-moi, j’ai raté ton appel, je… sors d’un rooftop. Est-ce que par hasard tu voulais me parler… de Jade ?
– Cette… Cette GOURGANDINE ! Te rends-tu compte de l’affront qu’elle a osé me faire ? Cette impudique jouvencelle ! Cette tentatrice polygame ! Cette drôlesse sans états d’âme !
– Haa là là, ça oui alors. Je ne vois vraiment pas ce qu’il pourrait t’arriver de pire.
– C’est…c’est fini. Snif. Je n’aimerais plus jamais. Mon cœur a été meurtri par la cruauté féminine. »
Colossale #4, Rutile & Diane Truc.

« A la condition d’une tenue étanche et de mille précautions pour éviter toute contamination, toute interférence avec le milieu naturel, il était possible de monter, quelques minutes, voir les reliefs découpés de l’île, la terre noire couverte d’une herbe grasse, et l’étendue immense de la mer de Weddell où le regard se perdait vers le sud. Sasha conta tout cela. Un moment, les habitants de Hope Station partagèrent le vertige qu’il y avait à contempler le vaste espace du ciel où la seule borne au regard était l’infini, l’éblouissement du soleil dont la tache s’imprimait sur la rétine si l’on essayait de le fixer, et la longue houle verte, couronnée de moutons blancs qui s’effilochaient vers le sud. »
Confluence #2, Ce qui reste après les tempêtes, Sylvie Poulain.

[2024] Petit bilan de janvier

Hein ?! Déjà un mois d’écoulé ?! Mais où le temps a-t-il filé ??

Pour cette année, j’aimerais reprendre les petits bilans « en temps et en heure », à savoir tous les mois, plutôt qu’un gros pavé tous les deux mois. On verra à l’usage si c’est soutenable.
Sans surprise, mon rythme de lecture a drastiquement chuté, mais je m’y attendais. Je dois même dire que suite au récent remaniement ministériel familial, je m’attendais à observer cette chute un peu plus tôt ! Je sais que la lecture reviendra, je serai patiente.
Enfin, ceci étant dit, il n’y a pas de quoi rougir non plus, puisque j’ai lu ce mois-ci 2 romans, 1 manga et 1 bande-dessinée (de plus de 200 p., la BD !) ce qui, ramené au prorata de l’année, fait toujours de moi une « grosse lectrice » selon les critères (puisqu’est considéré.e comme tel.le, en France, toute personne lisant plus de 20 livres par an !). C’est bon, l’honneur est sauf !
Ce point bibliothéconomique étant établi (oui, mon vrai métier me manque !), passons à la liste des souhaits : puisque j’ai du mal à alimenter ce blog aussi souvent que je le souhaiterais, peut-être vais-je faire évoluer la forme de mes petits bilans et profiter de ce rendez-vous pour glisser quelques mots de chacune de mes lectures du mois. Habituellement, je fais un petit blabla uniquement sur celles que je ne compte pas chroniquer, mais force est de constater que la grosse majorité du contingent « à chroniquer »… n’est toujours pas chroniqué ! Donc : affaire à suivre.

Allez, passons aux lectures du mois !

Carnet de lectures :

Cargo Paradis, Sandrine Bonini (Thierry Magnier).

L’histoire : suite à l’anéantissement de la Surface, on envoie des enfants dans des excavatrices forer la croûte terrestre pour trouver le nouvel éden souterrain qui accueillera l’humanité. L’équipage du Cargo Paradis a grandi et atteint l’adolescence et ses délices, un moment critique de leur relation. Moment auquel leur vaisseau et son IA de bord subissent une avarie grave…
J’ai parlé ici de ce roman de SF ado qui revisite avec brio les codes du post-apo et du planet-opéra (même si je viens de m’apercevoir qu’en 4e de couv’, l’éditeur parle de « fantasy » : j’ai beau chercher, c’est clairement de la SF, donc je ne comprends pas !). L’intrigue est originale, l’objet-livre aussi, je vous le recommande chaudement (quel que soit votre âge !). J’en ai parlé plus longuement ici !

Cimqa, Auriane Velten (Mnémos).

L’histoire : il y quelques années, la largeur s’est repliée et, depuis, certaines personnes ont développé un pouvoir permettant de faire apparaître ce qu’ils imaginent. Il en découle l’art de la Cimqa, un mélange entre cinéma et spectacle vivant. On suit Sara, une technicienne cimqa (elle est chargée de dessiner les contenus des spectacles qu’elle projettera ensuite à la force de son esprit), à l’aube de la cinquantaine, et qui s’interroge sur sa pratique de l’art.
Le récit alterne de façon assez classique l’histoire de Sara dans le présent et dans le passé, lorsqu’elle était enfant et que la cinquième dimension est apparue. C’est classique mais ici c’est parfait, car on saisit bien tous les enjeux. Le récit interroge nos rapports à l’art et au travail (et au travail passion) : c’est fin, c’est bien mené, et tout à fait passionnant. Le récit repose en plus sur un plot twist parfaitement mené (il m’a fallu un moment pour me dire « mais attends, il y a un détail qui me chiffonne… »). C’était une excellente lecture (que j’espère pouvoir chroniquer plus avant).

Nos mondes perdus, Marion Montaigne (Dargaud).

À la sortie de Jurassic Park, Marion Montaigne, 13 ans, prend une grosse claque dans la tronche et découvre simultanément son amour des fossiles et de la science, et la perspective de la fin du monde. Il en résulte une fascination pour lesdits fossiles, un amour du dessin anatomique et quelques angoisses existentielles qu’elle soigne grâce à la méthode scientifique (beaucoup de recherches très poussées) et l’humour.
J’ai lu avec passion cette somme sur les dinosaures (et j’ai envie de revoir Jurassic Park du coup) et, une fois de plus, beaucoup ri avec les textes de Marion Montaigne. Cette BD est nettement plus personnelle que les autres et parfois j’ai trouvé que le propos était un poil confus ! Donc je la conseillerais plutôt à des adultes qu’à des ados, qui pourraient se perdre dans les digressions (lesquelles font beaucoup appel à l’histoire des sciences et de la psychanalyse).

Shadow of the ring, Kaiji Nakagawa (Ki-Oon).

La cité de Keiju, montée sur rail, poursuit inlassablement l’ombre du Dieu-anneau qui entoure la planète. Grâce à sa maîtrise de la fabrication des hakukai, sorte d’armures exosquelettiques très puissantes, elle s’assure la possibilité de traverser les autres royaumes. Aushi, jeune curieux de l’empire voisin, parvient à entrer dans Keiju pour l’étudier. Malheureusement, un intrus en profite aussi et se met à semer le chaos…
L’univers du manga est assez original (j’ai pensé à La Marche du Levant de Leafar Izen, que j’espère lire cette année !) et j’ai aimé que l’originalité soit bien utilisée dans le récit, qui prend assez vite une intéressante tournure géopolitique. Le dessin est léché, mais je l’ai trouvé un peu froid. En tout cas, ce tome introductif remplit son office, en présentant l’univers et les perso, tout en instillant assez de suspense pour donner envie de lire la suite. J’en ai parlé plus longuement ici !

Tops/Flops

Un mois faste, puisque je n’ai peiné sur aucune lecture !

La palme revient sans aucun doute possible à Cimqa, d’Auriane Velten, qui s’est avéré être un excellent roman de SF. J’avais beaucoup aimé son précédent titre, c’est clairement pour moi une autrice à suivre !!

La vie de ma PAL.

J’avais envie d’ajouter cette entrée pour observer de plus près la-dite PAL qui se trouve en roue libre sous contrôle (enfin, ça, on jugera à la fin de l’année).

D’après Livraddict, ma PAL donc s’élève à 259 livres (mais je sais de source sûre qu’elle n’est pas à jour ni sur les ebooks, ni sur les livres audio !). (Voilà, ça commence déjà à truander les chiffres !).

J’ai donc sorti 4 livres de ma PAL au mois de janvier, et je n’enregistre qu’une seule entrée, à savoir De Silence et d’Ombre, d’Erin Beaty, que j’ai bien hâte de découvrir !
Ce qui nous fait donc un petit -3. Bravo moi ! (C’est pour tous les autres mois où j’ai fait l’autruche, ça !!).

Reste à voir si ce bon rythme va se maintenir, huhu.

Citations.

« Dans le guide de l’expo, Owen a en effet mis, en mode passif-agressif, une illustration du mégalosaure… Mais SANS bosse. […] Quand on y pense, c’est un peu comme si, dans un musée, l’audio-guide était en roue libre.
– Voici une reconstitution du visage de Robespierre. Alors moi, j’étais pas d’accord, j’avais dit qu’il avait le nez plus fin. Mais bien qu’anatomiste émérite, on ne m’écoute jamais, alors bon, je dis ça je dis rien. »
Nos mondes perdus, Marion Montaigne.

« Derrière eux, le feu redoublait.
Étant donné la quantité de liquide inflammable qui reposait là-dessous, il devait y avoir de quoi alimenter une explosion colossale. Et dire que c’était eux les responsables. Par Geb, quel était l’intérêt de lancer des missions scientifiques ultra-perfectionnées, si c’était soit pour rafler toutes les ressources, soit pour tout faire flamber par accident ? »
Cargo Paradis, Sandrine Bonini.

« Adélaïde perdait l’esprit et dans quelques instants, ils seraient sous le feu des mercenaires du Prométhium.
Derrière eux, cette paroi de karst bien lisse ferait un mur d’exécution parfait. Quel charmant tableau de fin, humus.
Et, tandis qu’Elijah se perdait dans ces considérations, l’impensable – tout au moins, selon le jeune garçon, qui était au fond un être de raison -, l’impensable donc, se produisit. »
Cargo Paradis, Sandrine Bonini.

« ça ne va pas du tout lâche alors Sara.
La façon dont tout cela fonctionne n’a aucun sens ; on a la possibilité de tout créer, tout montrer ; et on hésite, on soupèse, on compte les spectateurs, et les ro-livres ; on me dit que mes idées vont choquer, qu’on va perdre du public, qu’il faut parler à tous, offrir du divertissement, ne pas être trop clivant, ne pas être trop politique, ne pas être trop effrayant, ne pas être trop abstrait, ne pas être… ne pas être… Eva, je n’aime pas ce que je fais ! »
Cimqa, Auriane Velten.

[2023] Petit bilan de novembre-décembre

Dire que la fin d’année a été chaotique relève de l’euphémisme, et cela s’est clairement fait ressentir côté lectures, avec un rythme particulièrement ralenti !

Carnet de lectures :

Heureusement, malgré le peu de lectures, celles-ci étaient pleines de douceur, puisque j’ai (re)lu deux albums de Chris Haughton, un auteur-illustrateur que j’adore – et le (très jeune) public a également adoré, donc je pense être en mesure à l’heure actuelle de les réciter !

Un peu perdu, Chris Haughton (Thierry Magnier, 2011).
Bébé Chouette s’est endormi sur son perchoir, a chu et perdu sa maman. Heureusement, il est pris en main par Écureuil, plein de bonne volonté mais pas très futé, avec qui il faut le tour des animaux afin de retrouver maman Chouette. Évidemment, si l’animal rencontré présente bien le trait caractéristique annoncé (des oreilles comme-ci, des yeux comme-ça), on a le temps de faire le tour des bois avant de retrouver la bonne maman !
J’aime le côté conte-randonnée dans les albums de Chris Haughton et là ça marche à tous les coups. En plus c’est ludique, puisque l’enfant voit bien que l’animal correspond partiellement, sans être celui que l’on cherche (donc leurs réactions sont souvent très marrantes). Le texte est assez court (l’album fait moins de 40 p.) mais est suffisamment long pour qu’on ait le temps d’explorer les sentiments de perte et de séparation (c’est un album pour les touts-petits hein, donc évidemment que la situation est réglée rapidement !). Le petit format tout carton est top pour le public ciblé. En plus c’est très graphique donc beau à regarder ! (Oui, j’adore ce que fait cet auteur-illustrateur !).

Chut, on a un plan !, Chris Haughton (Thierry Magnier, 2014).
Dans une forêt sombre, quatre chasseurs armés de filets de papillon à la poursuite d’un bel oiseau… Le plus petit voudrait bien faire ami-ami, mais chut ! les autres, pour l’attraper, ont un plan.
Bon avec celui-là, c’est poilade garantie. Pour ne rien vous cacher, je l’ai lu à un enfant de deux ans qui rigolait d’anticipation quand on attrapait le bouquin, avant même d’avoir commencé la lecture ! Là aussi, il y a cet aspect conte-randonnée, les personnages accumulant les échecs mais se remettant toujours à l’œuvre, au son de « Chut, on a un plan ! » (il suffisait de dire « chut ! » pour déclencher les fous rires de l’assistance, c’est vous dire). Donc c’est répétitif et très marrant. Autant Bébé chouette ça peut passer pour des bébés de quelques mois, autant je trouve que celui-ci fonctionne mieux avec des enfants de plus de 1 an (ce qui n’empêche pas de le lire à des plus jeunes, hein !).
Mon préféré de tous les temps reste Oh non, George !, mais j’ai beaucoup aimé découvrir et lire (et lire encore et encore) ces deux titres de Chris Haughton !

Tops/Flops :

Le meilleur a côtoyé le pire en cette fin d’année. Mais avant de m’étendre sur la seconde catégorie, je vais vous livrer mon petit top 3 de ces deux derniers mois.

J’ai lu Le Cercle des Géographes, premier tome d’Emblèmes, d’Ina Siel, un roman à l’ambiance maîtrisée, qui m’a fait une forte impression. C’est original, très bien écrit et j’ai trouvé que l’autrice sortait avec talent des sentiers battus des romans young-adult (j’en parle plus en détail dans ma chronique). J’attends la suite !

Ensuite j’ai dévoré La Forgeuse d’os, premier tome de La Maison des Morts de Nicki Pau Preto, un début de série de dark fantasy qui m’a beaucoup plu. On n’échappe pas à quelques ébauches de lieux communs de littérature ado (j’ai flairé un triangle amoureux), mais comme ce ne sont que des ébauches, ça me va ! J’ai trouvé ce premier tome très prenant, là aussi j’attends la suite !

Enfin, j’ai terminé ma (re)lecture commune au long cours (entamée en décembre 2021 !) de la saga Royaume de Pierre d’Angle de Pascale Quiviger que je vous recommande très très très chaudement, quel que soit votre âge (mais disons pour les plus de 12 ans quand même). Le temps de cette LC peut vous sembler délirant mais avec mes co-lectrices, nous faisons un point tous les dix chapitres : la vie active étant ce qu’elle est, on a parfois du mal à trouver le temps de s’appeler !
Bref, Royaume de Pierre d’Angle est une tétralogie de fantasy (accessibles aux lecteurs non amateurs de SFFF) qui nous entraîne sur les traces de personnages mémorables, dans une ambiance inimitable de poésie la plus pure côtoyant la noirceur la plus terrible. La plume est splendide, le récit très prenant : c’est clairement ma série ado chouchoute de tous les temps (loin devant Harry Potter et La Passe-Miroir, c’est dire). Vraiment, lisez cette série (même si, comme moi, vous avez passé l’adolescence depuis longtemps) !

Maintenant qu’on a parlé du bon grain, passons à l’ivraie, j’ai nommé La Cour de la Haute-Montagne, premier tome de The Five Crowns, d’A.K. Mulford – sur lequel j’aurai l’occasion de revenir plus longuement. En trois mots : c’est très mauvais. (Mince, cela fait quatre). Je sais que la mode est à la romantasy, mais là c’est mauvais en termes de romance, exécrable en termes de fantasy. Je ne comprends même pas que ça ait pu être édité, tant on dirait une mauvaise fanfiction. L’univers est inexistant, les personnages sont creux, l’intrigue (y en-a-t-il seulement une ?) limitée aux scènes de sexe, l’écriture passable. Vraiment : il n’y a rien à sauver ! Je n’avais aucune attente concernant ce titre, et j’ai quand même été déçue, je trouve ça très fort !

Citations.

« Ma mère se trouve dans la cuisine. Ses yeux sont gonflés d’avoir pleuré. Je demeure face à elle, ignorant quels gestes accomplir. C’est désarçonnant de devoir consoler ses parents. Peut-être qu’elle est là, la fin de l’enfance ? Ce moment où on réalise que ceux qu’on croyait solides, indestructibles, peuvent s’effondrer. »
La Maledetta, Rachel Corenblit.

« Érèbe avait tenu bon pendant les discours, le verre de bienvenue, les poignées de main rituelles échangées avec l’avant-garde de l’autre équipage ; puis, quand les postures avaient commencé à se relâcher, l’alcool à circuler et qu’un groupe de Luxans ivres avait enveloppé le vaisseau de guirlandes lumineuses pour le rendre plus festif, Érèbe s’était réfugié dans le bureau de Grius. Le vieux biologue lui avait prêté une clé pour les cas comme celui-ci, un jour où il avait croisé Érèbe recroquevillé dans un couloir désert, en pleine attaque de panique.
– Ne vous donnez pas en spectacle comme ça, mon petit, avait-il dit d’une voix bourrue en passant d’autorité ses bras sous les aisselles d’Érèbe pour le relever. Venez vous arracher les poils des bras et hyperventiler dans mon bureau. Mes plantes vont adorer ça et moi, je m’en fiche. C’est déjà le désordre le plus complet là-dedans. »
Le Cercle des Géographes, Ina Siel.

« L’abondance de graffitis me surprit, pour une raison stupide. Les Tri-Cities luttent contre ce phénomène, principalement lié aux gangs mais aussi parfois le fait d’adolescents s’efforçant de laisser leur marque dans une société indifférente. Dans mon esprit, le problème des tags concernait exclusivement le Nouveau Monde, une supposition totalement ridicule. Je savais pertinemment qu’il existait des graffitis datant de l’époque romaine qui véhiculaient sensiblement le même message que leur version moderne : « Ta sœur couche avec des gladiateurs », « Je suis passé par là », « Flavius est trop canon », etc. »
L’Épreuve du silence, Patricia Briggs.

« Je suis mécanicienne. Je bricole. Je me transforme en coyote de dix-sept kilos. J’ai des amis puissants. Mais, au final, mon véritable superpouvoir, c’est le chaos. »
L’Épreuve du silence, Patricia Briggs.

[2023] Petit bilan de septembre-octobre.

Carnet de lectures :

Broadway, Fabrice Caro (Gallimard).
Je lis extrêmement peu de littérature contemporaine et je ne serais peut-être pas allée vers ce titre (même si j’adore les BD de l’auteur !) si on ne me l’avait pas offert à Noël – et ce d’autant que cela parle de la crise de la cinquantaine d’un homme parisien, soit tout ce que j’appréhende dans ce genre !
L’histoire : car oui, on suit Axel, 46 ans, qui reçoit le courrier de la CPAM l’invitant à faire son dépistage du cancer colo-rectal, un dépistage qu’on ne fait, normalement, qu’à 50 ans. Ces 4 ans d’avance vont susciter une avalanche de questionnements chez notre homme : est-il vieux avant l’heure ? Qu’est devenu son couple ? A-t-il raté ses enfants ? Doit-il vraiment aller faire du paddle à Biarritz cet été avec les amis de sa femme ?
Bon, comme vous le voyez, le point de départ est léger, mais l’auteur déroule aisément le fil. C’est absurde, complètement absurde et j’ai souvent ri devant les réflexions un peu vaines de ce « grand penseur » qu’est Axel. Ceci étant dit, j’ai un peu moins ri qu’avec ses BD, peut-être parce qu’ici l’absurde tire un peu en longueur, parfois au détriment de l’efficacité – disons qu’il m’est arrivé de me perdre dans les réflexions et que mon intérêt a parfois décru pour les pérégrinations du personnage. Malgré tout, je suis contente de l’avoir lu et j’ai toujours envie de lire son Discours, paru quelques années plus tôt !

Le Livre et l’Épée, tome 1 : La Voie de la Colère, Antoine Rouaud (Bragelonne).
Cet automne, je me suis lancée dans la relecture du premier tome de la série Le Livre et l’Épée, sorti il y a 10 ans, et que j’ai donc lu il y a dix ans, attendant (im)patiemment la suite qui, enfin, est au programme des parutions Bragelonne ! Et clairement, la relecture n’a pas été inutile, car j’avais (globalement) tout oublié des éléments de l’intrigue.
L’histoire : il y a 10 ans, l’Empire est tombé, vive la République ! Dun-Cadal Daermon, ravagé par la mort de son apprenti, la trahison de ses pairs et l’alcool, n’est plus que l’ombre du grand général qu’il a été. Lorsqu’une jeune historienne, Viola, l’aborde pour lui demander de la mener à la mythique épée de l’Empereur, qu’il a emmenée avec lui lors de l’effondrement, ce sont autant de souvenirs joyeux que douloureux qui surgissent. Bizarrement, alors que Dun-Cadal commence à se livrer, une série d’assassinats frappe ses anciens proches. Hasard ou conspiration ?
Un clic sur l’image ci-contre, ou sur un des liens ci-dessus et vous aurez accès à la chronique de l’époque, comme à la récente mise à jour !

Urbex mortel, Betty Piccioli (Rageot).
L’histoire : un groupe d’adolescents, la nuit, dans une maison abandonnée. Très vite, l’aventure vire au cauchemar : l’un des jeunes est tué. Et dire que tu assistes, impuissante, à la mort de ces jeunes. Tu aimerais tant pouvoir les aider ! Tu peux passer au travers des murs, tout voir, tout observer. Mais comment intervenir quand on n’est qu’un fantôme ? D’autant que, plus ils sont en danger, plus des souvenirs te reviennent en mémoire. Ce tueur qui s’en prend à eux, n’est-ce pas celui auquel tu dois la tienne ?
Urbex mortel est un « roman dont vous êtes le héros », un genre que j’apprécie bien et qui, ici, a été bien exploité. L’autrice, en effet, a choisi deux parti-pris audacieux. D’une part, au lieu d’être mené à la deuxième personne du singulier, comme c’est souvent le cas avec ce genre de romans, le récit se déroule du point de vue du fantôme d’une adolescente sauvagement assassinée dans la-dite demeure, 20 ans plus tôt – à la première personne, donc. D’autre part, si la bande d’ados est intéressée par l’exploration, la narratrice, elle, aimerait en savoir plus sur les circonstances et les raisons du crime qui a décimé sa famille, donc on est à la fois dans un roman d’aventure et un roman d’enquête, le tout sur fond d’horreur (car la maison est angoissante, sans parler de ce qui s’y est déroulé vingt ans plus tôt). Roman d’horreur oblige, les personnages vont se séparer (et aller à la cave, alors que tout le monde sait que c’est l’erreur à ne pas commettre). Chaque chapitre nous laisse donc le choix de suivre l’un ou l’autre des groupes (car ceux-ci ne tardent pas à se subdiviser). De fait, les ramifications de l’intrigue sont nombreuses : je n’ai fait que deux passages très méthodiques (proposition 1 ou proposition 2 + pifomètre quand il y en avait plus), mais je pense que cette multiplication de choix permet vraiment d’explorer différentes versions de l’histoire. Comme je le lisais dans le cadre de mon travail, j’ai aussi fait une lecture cursive de la fin (après mes passages plus traditionnels) pour voir toutes les fins possibles.
Et du coup, c’est peut-être là que j’ai été un peu moins enthousiaste : contrairement aux livres-jeux que je lisais petite, il n’y a pas de « voie royale ». Chaque fin invite à recommencer la lecture afin de voir si l’on est capable de sauver plus de participants. En même temps, c’est un roman d’horreur, hein, alors j’aurais dû m’y attendre ! L’autre point qui m’a un peu titillée, c’est que les personnages se séparent, puis se retrouvent au gré des choix que l’on fait. Si l’ensemble tient vraiment bien la route, on a parfois des informations qui surgissent comme si on avait suivi leur découverte, alors que celle-ci s’est faite dans une voie parallèle que l’on n’a pas suivie. Par exemple, les personnages font mention de ce qu’ils ont découvert au grenier, mais je suis personnellement restée dans la salle de bains, donc je n’ai pas assisté à la révélation. Ce n’est vraiment pas grave (clairement, je pinaille), car les éléments sont rapportés au gré des dialogues entre les personnages, afin qu’il n’y ait pas de perte d’information (cela m’a simplement donné l’impression, et à juste titre, que j’avais sauté une étape). Ce petit point mis à part, vraiment, l’ensemble tient la route (et je n’ose imaginer la difficulté d’écrire un récit cohérent avec ce système narratif !).

Tops / Flops :

Cette rentrée a été globalement synonyme d’excellentes lectures, mais j’aimerais signaler deux coups de cœur (un par mois, la vie est bien faite).


En septembre, j’ai fondu pour Battlestar Botanica, d’H. Lenoir, un joyeux space opera présenté à la façon d’un feuilleton et avec lequel j’ai passé un excellent, excellent moment : l’histoire est parfaitement menée, c’est drôle à souhait, mais avec quelques sujets de réflexion intelligemment abordés et l’univers est aussi creusé qu’original. Franchement, j’en redemande.

En octobre, j’ai lu un livre que j’attendais depuis deux ans, j’ai nommé La Dernière saison de Selim de la queen Pascale Quiviger. C’est un spin-off de Royaume de Pierre d’Angle (une série que je vous incite à lire, vraiment), mais il me semble que c’est lisible indépendamment (les mentions à la quadrilogie étant faibles). Cette fantasy non-occidentale m’a embarquée, et j’étais hyper triste d’arriver à la fin du récit !

Citations :

« Chez Beatriz, il y avait toujours moyen d’échanger ses bibelots contre un pistolet modifié, son pistolet modifié contre une poule naine, sa poule naine contre un secret militaire, ou son secret militaire contre une rarissime tablette de chocolat à 70% de cacao. »
Battlestar Botanica, H. Lenoir.

 » Tu t’es perdu ?
– N… Non ! Peut-être.
– C’est la chose la plus naturelle au monde, tu sais… De se perdre. Il n’y a pas de honte à avoir. Soit on se perd, soit on perd un être cher. Un peu des deux, en général. »
Milo et les créatures du grand escalier, Ben Hatke.

« Comme bien des contrées dites civilisées, l’empire de Selim classait ses habitants par couleurs. Les tanneurs étaient jaunis par l’ammoniaque et les esclaves, rougis par le sel. Gris de poussière, les mineurs de diamants ; bruns, les domestiques des grandes demeures de Borhan. Entre cuivre et porcelaine, les gens libres, mais alors que porcelaine dégustait des salades de fruits sur une terrasse fleurie, cuivre importait des marchandises pour les revendre dix fois leur prix. Seule l’oasis de Toutiè absorbait, tolérait et mariait toutes les couleurs entre elles. Toutes, sauf l’ébène refoulée en bordure du désert. »
La Dernière saison de Selim, Pascale Quiviger.

 » Vas-tu répondre à une seule de mes questions, Sourcier ? Je viens de loin, tu sais.
-Je sais. Ça dépend de tes questions. Ça dépend de la réponse que tu souhaites. Parfois la réponse est pire que la question.
– Nous préférons toujours les réponses, assura Arash.
– Il y en aura. Plus tard. Elles vont vous décevoir.
– Pourquoi ?
– Parce qu’elles vont déplacer les questions. »
La Dernière saison de Selim, Pascale Quiviger.

[2023] Petit bilan estival

J’ai un peu moins lu durant l’été que dans les deux mois précédents (moins d’insomnies, aussi !) et, proportionnellement, j’ai fait nettement plus de chroniques (même si on est loin loin loin du rythme des débuts) ! Fait assez rare pour être signalé, j’ai eu pas moins de trois coups de cœur en deux mois, cela faisait longtemps que cela n’était pas arrivé !

Carnet de lectures :

Rose Valland, l’espionne à l’œuvre, Jennifer Lesieur (éditions Robert Laffont).
C’est assez rare, mais il m’arrive de lire des essais ou des documentaires et ce titre en est un !
L’autrice et journaliste Jennifer Lesieur s’est penchée sur l’histoire de Rose Valland, attachée de conservation au musée du Jeu de Paume et qui, dès le début de la guerre, s’est engagée dans la lutte contre la spoliation des œuvres d’art par les nazis. Au fil des années, elle a noté ce qui transité par le musée dans lequel elle officiait, d’où cela venait, où cela partait, et a réalisé un incomparable travail d’enquête pendant et après la guerre pour restituer ces œuvres (on parle de quelques 60 000 œuvres d’art restituées grâce à elle, une paille).
L’autrice fait débuter son récit juste avant le début de la guerre et retrace, pas-à-pas, les années de travaux et de recherche de Rose Valland, se penchant à la fois sur son action de résistante et sur sa vie privée. Le style est hyper fluide, ce qui fait que j’ai enchaîné les chapitres sans barguigner. Et pourtant, j’ai eu un peu de mal au départ, car on est toujours à mi-chemin entre récit documentaire et biographie romancée, ce qui donne l’impression d’une hésitation entre style journalistique et style romanesque. Au final, c’est peut-être bien ce qui m’a si vite et efficacement portée au travers des chapitres, car le récit n’a pas la lourdeur des essais historiques, et on est bien, finalement, dans une biographie (aucun ajout n’a été fait pour « le bien de l’intrigue »). Je connaissais vaguement l’histoire de cette résistante (car Gulf Stream avait publié un excellent documentaire sur elle il y a quelques années !) et j’ai été plus que ravie de découvrir plus avant le personnage – je trouve d’ailleurs incroyable qu’elle soit si souvent et si longtemps passée sous les radars. C’est peut-être la femme la plus décorée de la Résistance et il n’y avait aucun membre du gouvernement à ses obsèques ! ça craint !
Ce sera peut-être mon seul essai de l’année, mais je suis très contente de ma pioche ; si l’Histoire vous intéresse, je vous le recommande chaudement !

Les Loups de Cendres Mortes, Colin Heine (Actusf).
Je ne connaissais pas du tout cet auteur, et j’ai voulu tester… Je dois malheureusement avouer que la rencontre est ratée !
L’histoire : dans un univers recouvert par une brume meurtrière, la vape, deux cités états se font la guerre depuis toujours. Luperque, l’orgueilleuse cité impériale, ne survit qu’en asservissant les autochtones de l’Arquesylve, la dense et mystérieuse forêt qui sépare les deux villes. Vexine, cité-marchande plus tournée vers les plaisirs, promet la liberté à ceux qui la rejoignent. Ludovico, centurion de l’Empire luperquien, en mission pour rattraper des esclaves en fuite dans la forêt, est attaqué par des lycans, des créatures contre lesquelles l’Empire a déjà mené une guerre. Une chose est sûre : Vexine est derrière tout cela et le centurion s’y rend sous couverture. Sans savoir que le conflit est peut-être un poil plus compliqué que cela.
Mon début de lecture est pourtant hyper bien parti, avec une scène d’intro épique à souhait, qui nous place dans une arène où se déroule un combat de gladiateur contre une créature cauchemardesque. Malheureusement, après cela, la tension est retombée comme un petit soufflé. D’une part parce que j’ai trouvé les personnages trop peu approfondis donc j’ai eu du mal à adhérer à leurs émois ou à leurs pérégrinations (le summum étant la scène qui lie Ludovico à Suavia et que j’ai trouvée à la fois mal amenée et sans logique. Elle n’avait qu’une raison d’être et du coup, cela m’a gâché le retournement final !). De même, j’ai trouvé que l’univers manquait de profondeur, comme si l’intrigue, pourtant menée tambour battant, se déroulait dans un décor de carton-pâte. Avec ça, j’ai trouvé qu’elle manquait un brin d’originalité, donc j’ai fait une très longue pause dans cette lecture qui me tombait des mains (et pour ne rien vous cacher, je l’ai terminée pendant une insomnie, parce que je ne voulais pas commencer un nouveau livre et que ma lecture du moment était restée dans la chambre). Avec tout ça, je reconnais quand même à ce roman un système de magie audacieux et original, bien pensé, bien exploité, mais qui n’a malheureusement pas suffi à me passionner.

La Forêt des disparues, June Hur (Bayard).
Changement total de style avec ce thriller historique à destination des young-adults !
L’histoire : Corée, XVe siècle. Sans nouvelles de son père, parti enquêter un an plus tôt à Jeju, Hwani décide de se lancer à sa recherche. Mais sur l’île de son enfance, c’est le cadavre d’une fille qu’elle découvre. Plus troublant encore, cette mort serait liée à la disparition de treize autres jeunes femmes…
Hwani en est certaine : si elle veut retrouver son père, elle doit résoudre cette énigme. Pour cela, elle n’a d’autre choix que de s’allier à sa petite sœur, perdue de vue voilà des années et réticente à l’aider. Ensemble, elles vont devoir faire face à des souvenirs depuis longtemps enfouis… comme celui du jour où elles se sont perdues dans la forêt, et ont été retrouvées à côté du cadavre d’une des disparues. Ce mystère est-il la clé ?
Je n’ai pas boudé mon plaisir avec ce roman que j’ai lu en moins d’une journée ! (vacances + canicule = conditions parfaites). J’ai trouvé que le côté historique était assez léger au départ, avant de s’étoffer. L’autrice s’est inspirée de véritables disparitions, liées à la situation de la Corée à l’époque – vassal de la Chine sous la dynastie Ming, qui n’hésitait donc pas à utiliser cette terre annexée comme un réservoir ! Cela alimente la toile de fond et vient servir l’intrigue. De fait, celle-ci suit plusieurs enjeux narratifs : l’enquête sur la disparition du père, l’enquête sur les disparitions de jeunes filles, mais surtout un vaste pan consacré aux relations familiales, entre les deux sœurs notamment, mais aussi avec leur père. Si Hwani voue quasiment un culte à ce père qu’elle chérit, il n’en va pas de même pour Maewol, la cadette, qui semble lui tenir rigueur d’un événement passé dont Hwani ne se souvient pas. Les deux enquêtes proprement dites sont rondement menées, mais je dois dire que je me suis plus passionnée pour l’évolution de la relation des deux sœurs ! Et ce que j’ai trouvé vraiment bien fait, c’est que le récit, pourtant hyper documenté historiquement est incroyablement moderne. Il y est beaucoup question de la place des femmes dans la société, un thème tout d’actualité, et qui l’était déjà à l’époque !

Côté ciné/séries :

Fait assez rare pour être noté, cet été aura été riche en sorties ciné, puisque nous avons réussi à y aller deux fois (je précise ici que ce n’est pas par manque de volonté, mais le cinéma est loin, ça demande un minimum de planification et l’irrépressible envie de faire plus d’une heure de route pour l’aller et retour !).

Mission Impossible : Dead Reckoning, partie 1.
Bref, nous sommes donc allés voir le dernier opus en date de Mission Impossible, une série de films d’aventure avec laquelle j’entretiens (comme avec les Jason Bourne), une relation ambivalente. Je les ai tous vus, mais dans le désordre le plus complet, ce qui m’a souvent poussée à me dire « c’est sympa mais je ne comprends rien aux relations des personnages ». Bref, j’ai lâché l’affaire, je sais que je vais voir un film d’aventure avec plein de cascades et, en avant !
Ceci étant dit, je dois quand même préciser que je me suis moins amusée avec celui-ci qu’avec les autres opus. Déjà, c’est très très long : presque 3h de film (et non, je ne suis pas patiente). Et 3h de… première partie ! Car c’est un film en deux parties ! Cette fois, Ethan Hunt et son équipe traquent une IA modelée pour servir d’arme, et qui excite toutes les convoitises. L’intrigue colle donc aux problématiques actuelles, mais je l’ai trouvée assez confuse – peut-être en raison de toutes les scènes pas inintéressantes, mais pas non plus palpitantes qui s’enchaînent. Autant j’ai trouvé intéressant de vouloir coller à l’actu, autant la carte « c’est un truc méchant mais on sait pas ce que ça fait » s’est rapidement avérée lassante. Heureusement, il y a le lot de cascades attendues, les images sont belles, ça rattrape un peu l’ennui intersidéral qui m’a parfois saisie (au point que si je vais voir la seconde partie, je suis sûre de ne me rappeler d’aucun détail de la première. J’attendrai peut-être un passage au petit écran, du coup).

Bon, heureusement, l’autre film était nettement meilleur, j’ai nommé Sisu : de l’Or et du Sang, de Jalmari Helander.

1944, en Laponie finlandaise. Un ancien soldat finlandais, reconverti en chercheur d’or ermite au fin fond de la toundra, trouve une grosse quantité d’or. La première banque est à 900 Km, mais qu’à cela ne tienne. Accompagné de son chien et son cheval, il entreprend de faire la traversée. Las, 1944 est aussi l’époque de la débâcle allemande. La Laponie est donc truffée de mines… et de nazis en déroute, qui ne cracheraient pas sur un petit magot pour financer leur reconversion professionnelle.
Le scénario est un peu simple et, sans trop de surprises, on est servis en batailles rangées, carnages gores à souhait de part et d’autres, du cambouis, de l’hémoglobine par barriques, des nazis très méchants, un orpailleur rusé, de la désillusion, un brin d’humour noir, le tout ponctuant des péripéties moins que vraisemblables. Et ? Eh bien ça marche. J’ai beaucoup aimé le découpage par chapitre, l’ambiance à mi-chemin entre Far West et Tarantino. Surtout, ce qui m’a plu, c’est que le film mise tout sur la narration visuelle : les dialogues sont rares (je crois que le protagoniste a royalement deux lignes de dialogue à la toute fin du film…), tout passant par les échanges de regards, les postures des uns et des autres, les vues de paysages (sublimes). Cela change de ce que j’ai l’habitude de voir, et j’ai donc passé un excellent moment avec ce film !

Et, mille ans après la bataille, j’ai enfin regardé la première saison de His Dark Materials (je voulais le relire avant !!), et j’ai adoré (faut dire que c’était pas dur de faire mieux que La Boussole d’Or, une sombre crotte cinématographique).

Cette première saison adapte donc, assez logiquement, le premier tome de A la croisée des mondes, la série de Philip Pullman, j’ai nommé Les Royaumes du Nord. On y suit Lyra, 11 ans, une fillette vivant à Jordan College, à Oxford, et qui se retrouve embringuée dans les conflits philsophico-religieux des adultes, à la recherche d’une mystérieuse particule nommée « Poussière » (bon, je résume à la grosse, hein, mais retenez que c’est de l’excellente science-fantasy). Et j’ai beaucoup aimé cette première saison, qui livre une adaptation hyper fidèle au roman. Il y a quelques micro-changements, que j’ai trouvés justifiés (même quand ils font disparaître un personnage qui ne meurt pas dans le roman !), car ils simplifiaient quelques situations un peu trop complexes dans le récit, ou permettaient d’amener quelques explications bienvenues. Le changement majeur intervient en la personne de Will et tout ce qui se déroule dans notre univers. Normalement, c’est le début du deuxième tome, mais j’ai trouvé assez malin d’introduire ça, en film, directement dans la première saison, car cela permet, d’une part, d’étaler les explications et, d’autre part, d’entretenir le suspense. Bref, très bon moment ! Je vais attaquer ma relecture du tome 2 en prévision du visionnage de la suite !

Top/Flops :

Cet été, je n’ai pas accroché à deux de mes lectures, à savoir Les Loups de Cendres Mortes, de Colin Heine et La Pénélopée, de Mathilde Beauchamp.
Le premier roman, dont j’ai parlé plus haut, partait hyper bien, mais j’ai trouvé les personnages et l’univers trop peu détaillés pour me permettre d’accrocher à l’intrigue.
Le second, quant à lui, propose une audacieuse réécriture de L’Odyssée : si j’ai apprécié l’intrigue politique et la réécriture sauce SF et western, j’ai trouvé le roman un peu trop répétitif, et les relations entre personnages trop peu approfondies.

Côté belles découvertes, il était trop dur de n’en choisir qu’une, car j’ai eu pas moins de trois coups de cœur, et une excellente découverte (royal !).

Dans l’ordre de lecture, donc :

Pallas, tome 1 : Dans le ventre de Troie, de Marine Carteron (Le Rouergue jeunesse) propose un début de série palpitant, porté par des personnages et un récit soignés. J’attends avec impatience le tome 2 qui arrive en novembre !

Ars Obscura, tome 1 : Sorcier d’Empire, de François Baranger (Denoël), qui nous entraîne dans une uchronie mêlée à de la dark fantasy de la plus belle eau. C’est original, très bien écrit : je crois que le tome 2 est déjà sorti, il faut que j’aille me le procurer !

Bluebird, de Ciel Pierlot (Actusf), ma lecture d’hospitalisation (pour rien de grave), un récit de SF palpitant, porté par une héroïne téméraire et insolente, que j’ai adorée (au point d’être prête à signer pour une suite !).

La société très secrète des sorcières extraordinaires, Sangu Mandanna (Lumen), de la cosy romantasy à l’ambiance douillette. Je répète : j’ai volontairement lu une romance, et j’ai aimé ça. Comme quoi, tout arrive !

Citations :

« Dans la nuit qui arrive, les paroles du prince d’Égine résonnent comme une prophétie.
Des serviteurs passent entre les convives pour embraser torches et braseros.
Leurs flammes se reflètent dans les pupilles des hommes, et rebondissent sur les trophées troyens.
Aux murs, exposés sur les pierres finement jointes, les lances aux pointes d’acier, les boucliers de bronze arrondis, les armures d’argent, s’éveillent d’un long sommeil.
Les armes ont des oreilles et, bien mieux que les hommes, elles connaissent le chant de la guerre. »
Pallas, Marine Carteron.

« Dans le fond, la magie n’était jamais que l’ensemble des techniques permettant de maitriser l’authentique pouvoir brut. Sans celui-ci, la magie était presque inopérante. Comme un fusil sans poudre : tous les éléments essentiels sont réunis, mais il manque le pouvoir détonnant. »
Ars obscura, François Baranger.

« L’art du vol, le vrai, n’a rien à voir avec l’expérience dépeinte dans les bandes-dessinées. C’est un exercice effrayant, extrêmement dangereux, pataud et rude.
Le jour, on se mange des coups de soleil ; la nuit, on se gèle les miches. Respirer devient un défi. On voit trouble – surtout quand, comme moi, on oublie toujours ses lunettes d’aviation. Sans parler de l’action étrange de la gravité sur le corps, qui nous donne l’impression d’être une marionnette aux fils cassés. Oh ! et les insectes. On se retrouve avec des bestioles plein les dents. Un jour, une abeille m’a piqué dans la gorge. »
Le Dernier Soleil, K.D. Edwards.

« La gentillesse, c’est ce qu’on fait quand les autres nous regardent. En revanche, la bonté est quelque chose de plus profond. C’est ce qu’on fait quand personne ne regarde. »
La société très secrète des sorcières extraordinaires, Sangu Mandanna.

[2023] Petit bilan de mai-juin

Carnet de lectures :

J’ai beaucoup, beaucoup lu ces deux derniers mois – merci les insomnies, sans qui, vraiment, je n’y serais jamais parvenue !

J’ai notamment repris la lecture audio (un peu abandonnée, ces derniers temps, au profit de passionnants podcasts).
Au mois de mai, donc, j’ai (audio)lu mon premier Michel Bussij’ai pas aimé – et j’ai donc enchaîné, dans la foulée, avec un second, façon sparadrap qu’on arrache. Car, spoiler : j’ai pas aimé non plus, et je ne pense pas qu’il y aura de troisième. Et attention, car je vais spoiler des éléments capitaux dans cette chronique !
Donc, j’ai audiolu Au soleil redouté (Lizzie, lu par Emmanuel Lemire) : l’intrigue nous emmène à Hiva Oa, au cœur des Marquises, où cinq lectrices participent à un atelier d’écriture très sélect (elles ont gagné un concours), animé par un célèbre auteur de best-sellers. Clémence, qui rêve d’écrire depuis toujours ; Marie-Ambre l’épouse d’un riche producteur de perles noires ; Éloïse, la femme torturée qui produit des dessins très sombres ; Martine, la blogueuse littéraire la plus célèbre de Belgique ; et Farèyne, la commandante de police émérite. Toutes les cinq écrivent sous la houlette de Pierre-Yves François, dit PYF, l’auteur de best-sellers, au sein d’une pension de famille douillette. A ces personnages s’ajoutent Yann, capitaine de gendarmerie et mari de Farèyne, et Maïma, la fille adoptive de Marie-Ambre, une ado des Marquises. Tout part en cacahuète au moment où PYF disparaît, ce qui va entraîner d’autres disparitions puis carrément des meurtres.
Le récit alterne entre narration (qui suit principalement Yann et Maïma, qui se sont improvisés enquêteurs) et extraits de journaux de bords tirés de l’atelier d’écriture. Là où c’est malin, c’est que le premier extrait du journal de bord est visiblement celui de Clémence : donc, on pense, assez logiquement, qu’elle est narratrice de toute la suite. Or, elle assiste à beaucoup de choses qui emmènent l’intrigue dans une direction, puis une autre, et rend le tout d’autant plus complexe. Sauf qu’à la fin, Maïma révèle que les extraits sont, successivement, ceux des cinq lectrices, ce qui rend immédiatement la narration… non fiable. Et c’est vraiment bien fait !
Qu’est-ce qui ne l’a pas fait, alors ? Déjà, cette alternance de narratrices : elles sont cinq, en toute logique, on aurait dû avoir cinq styles différents. Or, l’ensemble est hyper similaire. Je comprends que ce soit nécessaire pour ne pas tout révéler trop tôt, mais ce n’est pas réaliste, surtout dans le cadre d’un atelier d’écriture. Le vocabulaire est pauvre, le style assez familier, et les passages sur la vie aux Marquises trop didactiques pour être honnêtes ; bref, on n’est pas dans de la haute littérature. L’autre point qui m’a passablement agacée c’est, comme dans le précédent, le traitement des personnages féminins. Non, vraiment, ce n’est plus possible de décrire les personnages féminins systématiquement par le biais de leurs seins/fesses, et de glisser autant de petites remarques sexistes dans le cours du récit. Sans compter l’attaque complètement gratuite contre Amber Heard au début de l’histoire : ça n’a rien à faire là ! J’ai passé plus de temps à lever les yeux au ciel qu’à me passionner pour l’histoire, et c’est fatigant. Donc suite à ces deux lectures fort peu passionnantes, je ne pense pas rempiler avec l’auteur !

Ensuite, j’ai écouté Les roses de la nuit, d’Arnaldur Indridason (Audiolib, lu par Jean-Marc Delhausse), un auteur pas lu depuis une éternité ! Ce titre fait partie de la série consacrée à l’enquêteur Erlendur, mais j’ai l’impression qu’on peut les lire dans le désordre (en tout cas, il ne m’a pas manqué d’infos !). L’histoire débute alors qu’une adolescente est retrouvée morte, déposée sur la tombe du héros national islandais. Elle avait 16 ans, se droguait, vivait en marge de la société. Et surtout : personne ne semble s’inquiéter de sa disparition. L’enquête d’Erlendur et de Sigurdur Oli (un jeune flic formé aux États-Unis) les emmène dans les fjords de l’ouest, dans les bas-fonds et sur les traces d’un baron de la drogue locale (et je n’en dis pas plus).
J’ai beaucoup aimé car l’auteur nous entraîne dans un polar assez noir, porté par des personnages vraiment fouillés et un contexte géopolitique et social à la fois bien détaillé, et bien utilisé dans l’intrigue. Le récit est assez lent, car les enquêteurs piétinent d’une part et, d’autre part, l’auteur prend le temps d’installer la psychologie des personnages. Et c’est tout à fait le style de polars que j’apprécie ! Erlendur ne m’a pas semblé aussi taciturne que le raconte sa légende littéraire (mais ce n’est là que le début de la série), mais avec une petite tendance au mutisme qui m’a grandement rappelé le commissaire Adamsberg de Fred Vargas ! Une autre bonne raison, pour moi, de continuer la série islandaise. Je ne sais pas quel sera mon prochain titre de la-dite série, mais j’en lirai d’autres, c’est certain !

Enfin, j’ai lu Mysteries of Thorn Manor, de Margaret Rogerson (Castelmore), une novella dont l’intrigue se déroule après Sorcery of Thorns – et c’est important de bien les lire dans l’ordre ! Attention, mon résumé va spoiler des éléments du premier tome !
Elisabeth vit désormais auprès de Nathaniel et de Silas, leur compagnon démon, revenu auprès d’eux. Mais il se passe quelque chose d’étrange au manoir : les protections magiques de la résidence font des siennes et emprisonnent de force ses occupants. Il va falloir découvrir rapidement l’origine de la magie qui a détraqué ces défenses, car le fameux Bal d’hiver approche, et que c’est le tour de Nathaniel de l’héberger…
Bon, c’est une vraie « romance de Noël », sympa à lire pour les fans, mais qui n’apporte en réalité par grand-chose par rapport à l’intrigue du premier tome, à part un développement un peu plus accru des personnages, et quelques révélations sur les dessous des relations entre sorcier et démon (et qui est clairement ce que j’ai préféré dans ce texte). Une petite lecture mignonne, donc, mais dont je ne suis pas certaine de me souvenir dans quelques mois !

Rayon bulles :

Côté BD, j’ai découvert avec un immense plaisir le nouveau titre de Jo Rioux, dont j’avais adoré Sœurs d’Ys, le premier tome de la série Chat perché. Intitulé La Ficelle d’or, ce premier tome nous entraîne sur les traces de Suri, une jeune fille qui aime les monstres et espère devenir un jour chasseuse de monstres. Pour ce faire, elle étudie leurs traditions, et raconte des histoires terrifiantes à leur sujet aux autres enfants. Malheureusement, son entourage ne la prend pas au sérieux. Pire, le directeur de la caravane de saltimbanques au sein de laquelle elle squatte n’a qu’un rêve : se débarrasser d’elle. C’est alors que Suri devient la propriétaire inattendue d’un morceau de ficelle. Un jeune garçon, fraîchement débarqué, semble y accorder une attention particulière… et c’est pour Suri, le début d’une succession de rencontres et d’événements mystérieux !
J’ai beaucoup aimé ce tome, qui est à la fois très introductif à l’univers, tout en menant à bien une intrigue rondement menée. Il y a quelques facilités, mais dans l’ensemble, le rythme est prenant et les éléments révélés au bon moment. L’intrigue va beaucoup tourner autour d’un type de créatures, les Cat Sith, et j’ai trouvé que tout était amené en temps et en heure, ce qui permet de garder tension et mystère. Avec ça, les dialogues sont vifs, les personnages attachants, et j’ai eu un coup de cœur pour les graphismes ronds et expressifs. Bref : j’attends la suite !

Côté séries :

Temps pourri, peu de sorties, et une consommation accrue de séries !

On l’avait commencée plus tôt, mais c’est en mai qu’elle a été terminée, et on a regardé Lockwood & co, une série adaptée du roman éponyme de Jonathan Stroud, que j’avais beaucoup aimé !
L’histoire : cette première (et unique, malheureusement) saison, adapte (m’a-t-il semblé) les deux premiers tomes de la série. Dans un univers envahi par les Spectres, seuls les adolescents sont en mesure de les percevoir et donc de les combattre. Organisés en agence, chapeautés par des adultes, ils se déploient de nuit dans les rues et répondent aux demandes d’exorcisme des particuliers. On suit donc Lucy, Anthony et George, qui font partie de la controversée Lockwood & Co, une agence uniquement constituée des trois ados (sans chaperon) et qui a la fâcheuse habitude de ravager ses scènes d’intervention (tout en éradiquant les fantômes, heureusement).
Ce que je pourrais reprocher à la série, c’est de ne pas prendre le temps d’installer son univers : au final, on en apprend beaucoup plus sur l’histoire et les réalités de l’univers en regardant… les éléments graphiques du générique. Donc si vous n’avez pas lu le roman, regardez-le bien ! Tout est expliqué dedans ! En-dehors de cela, la série propose des épisodes rythmés, saupoudrés d’humour, et qui mettent aventure et relations des personnages à l’honneur. Ce n’est peut-être pas la série de l’année, mais ça se laisse regarder !

Ensuite, nous avons visionné Biohackers, une série allemande de Christian Ditter qui parle d’étudiants en médecine et de virus en goguette.
L’histoire : Mia s’inscrit en médecine pour se rapprocher d’une professeur de génétique qu’elle soupçonne d’être impliquée dans le tragique accident qui a coûté la vie à toute sa famille. A force de fouiner, elle se retrouve impliquée dans des manipulations génétiques allant jusqu’au biohacking.
J’ai beaucoup aimé le mélange entre thriller, un soupçon d’espionnage, science et enquête sur un secret de famille (si on peut dire). Globalement, cela fonctionne bien, même si on sent que le public visé sont les ados, tant la série colle aux productions ados actuelles. Du coup, certains points manquent d’approfondissement et les personnages ont parfois des réactions un brin étranges au regard du contexte dans lequel ils évoluent (et oui, ils sont tous surdoués, y compris les premières années : ça fait de la manip génétique à tout va, au point qu’on se demande à quoi sert la première année d’étude !). Le rythme est un peu inégal (beaucoup de cliffhangers en fin d’épisode) mais comme je ne cherchais rien de plus qu’une série un peu distrayante, ça l’a fait. Je dois quand même dire que c’est a priori toujours en cours, mais que je ne suis pas certaine de tout me rappeler pour une éventuelle saison 3 !

Enfin, il a été temps de regarder Shadow & Bone, adapté des romans de Leigh Bardugo – que je n’ai pas lus, mais qui du coup titillement ma curiosité.
L’histoire : le royaume de Ravka est coupé en deux par le Fold, sorte de brume maléfique qui héberge toutes sortes de monstres. Seul moyen de le traverser : embarquer à bord d’un bateau de l’armée, protégé par des Grisha, ces individus doués de pouvoirs magiques. Alina, une jeune orpheline cartographe de l’armée se révèle être une Grisha très puissante, annoncée par une prophétie. Charge à elle de détruire le Fold… sans se trahir elle-même.
J’ai globalement beaucoup aimé, au point d’avoir d’une part envie de lire les deux séries de romans adaptés et, d’autre part, envie de revoir la série. Évidemment, celle-ci n’échappe à quelques écueils (romance(s) trop rapide(s) et parfois sortie(s) du chapeau, notamment, des gros clichés de la fantasy avec le combo orpheline+prophétie), mais comme je n’ai pas lu les romans, peut-être était-ce déjà ainsi dans le matériau de base ! Le récit croise deux arcs de façon assez naturelle : d’une part l’histoire d’Alina et des Grisha et, d’autre part, l’histoire d’une bande de voleurs des bas-fonds – on n’est pas hyper surpris que les deux finissent par se croiser, mais c’est bien amené !
Hormis cela, le rythme est prenant, la construction de l’univers aussi et j’ai trouvé que les personnages étaient bien campés. J’ai eu une petite préférence pour l’arc narratif de la bande de voleurs, sans toutefois bouder mon plaisir quand on revenait aux pérégrinations d’Alina. Bref : si suite il doit y avoir, je l’attends avec impatience !


Tops/Flops :

Vous l’aurez compris, sur ces deux mois, l’auteur qui m’est vraiment tombé des mains (mais encore une fois, je suis allée au bout), c’est Michel Bussi. Il fait partie des auteurs « best-seller » en polar et quand je m’occupais de ce rayon en médiathèque, je peux vous certifier que chaque nouvelle parution était attendue de pied ferme par les lecteurs ! Donc cela m’a évidemment intriguée et… quelle désillusion !
Le style n’a rien de folichon, les intrigues (les deux que j’ai lues du moins) sont sympas, mais sans plus et surtout, surtout, le traitement des personnages féminins m’a parfois donné envie de jeter le haut-parleur par la fenêtre. Vraiment, ce n’est plus possible pour moi de lire des romans aussi tranquillement sexistes, donc je pense m’arrêter là avec cet auteur.

Heureusement, j’ai aussi eu un coup de cœur – et un seul ! – pour Du thé pour les fantômes, de Chris Vuklisevic, un roman que j’attendais avec une impatience galopante. Et quelle découverte !
L’autrice nous plonge dans un récit empreint de réalisme magique – dans une ambiance à mi-chemin entre le conte et la fantasy urbaine – qui fait intervenir sorcières, passeuse de fantômes et autres théilogues. Dans cet univers, on boit des thés que l’on a préparés soi-même, et dont les compositions ont des effets différents (faire dire la vérité, faire remonter les souvenirs, etc.). L’ambiance est à la fois cosy et cruelle, puisque les deux protagonistes (fâchées depuis 30 ans) enquêtent sur leur mère maltraitante. Le récit brasse beaucoup de thèmes, mais tout se marie super bien. J’ai beaucoup aimé le système de narration parfois distancié, parfois au cœur des événements et le style qui peut passer d’un peu familier à hyper poétique en deux phrases (avec de vrais passages intégralement en vers libres, que j’avais envie de lire à voix haute). Bref, gros coup de cœur, et j’attends fermement son prochain roman – oui, même si c’est une romance !

Citations :

« Il nous reste encore des options, suggéra Naomi. Nous pourrions porter tout ça au public via Evan, non ?
– Oui, c’est possible, acquiesça Valérie, en étrécissant les yeux en direction du message. Mais je ne sais pas si ce sera bien utile. Même si de nombreuses personnes voudront envoyer leurs enfants, il faudrait qu’il y ait de très grosses manifestations. Trop peu de personnes croient que la Terre est réellement en péril, malgré toutes les preuves devant leur nez. Ils portent des masques filtrants, engagent des pompiers privés, mais affirment fièrement que le ciel ne leur tombe pas sur la tête. Ils restent ancrés dans le système que nous cherchons à briser. »
La Lumière lointaine des étoiles, Laura Lam (Actusf).

« Debout, à ses côtés, le policier regardait le vent balayer les feuilles mortes.
– Les roses de la nuit, dit-il.
– Quoi? demanda Janus.
– C’est à ça que me fait penser la couleur de l’automne dans les arbres, c’est celle de la nuit et de la mort. »
Les Roses de la nuit, Arnaldur Indridason (Audiolib).

« On n’accomplit jamais rien d’extraordinaire pousse par la raison ou la logique, mais parce que c’est le seul moyen pour notre âme de respirer. »
La Fiancée du Dieu de la Mer, Axie Oh.

« Une pensée terrible lui vint alors: après une vie entière passée ensemble, ils mourraient, mais l’un d’eux partirait avant l’autre. Un jour, l’un allait perdre l’autre. C’était cela que d’aimer quelqu’un. »
Mysteries of Thorn Manor, Margaret Rogerson.

[2023] Petit bilan de mars-avril

Carnet de lectures

Telle que je suis, Elle McNicoll (École des Loisirs) :
Elle McNicoll est une jeune autrice écossaise dont le précédent titre, Les Étincelles invisibles a été remarqué par les lecteurs et la critique. J’étais donc assez curieuse de découvrir celui-ci.
L’histoire : on découvre Cora, une jeune fille neurodivergente qui s’apprête à aller – contrainte et forcée – à une fête chez les Hawkins, les patrons de son frère, dans une maison luxueuse et froide, pour les 13 ans de leur fils Adrien, un garçon si spécial qu’il ne va pas à l’école. Alors qu’elle s’attendait à le détester, une profonde amitié se noue entre les deux adolescents, déclarés inadaptés et inclassables par la société. Mais une ombre plane sur cette relation lumineuse : celle du père d’Adrien et de son mystérieux institut Grenade, où l’on crée les clones digitaux de personnes afin que leurs proches puisse continuer à les voir après leur décès. Et justement, l’institut s’intéresse de très près à Cora et veut lui faire signer un contrat. Ils peuvent se montrer très persuasifs…
Le récit prend donc place dans un futur très proche du nôtre : la société est identique à la nôtre, les technologies aussi, hormis ce programme d’hologrammes de l’institut Grenade. Les protagonistes, eux, sortent clairement des sentiers battus de la littérature jeunesse : Cora est autiste, Adrien a un TDAH. A travers eux, on explore les regards sans concession ni compassion de la société : le harcèlement scolaire, les profs pas formés qui ferment les yeux ou empirent la situation (pas tous, heureusement), les parents qui aspirent à un enfant « normal »… On vit tout ça à travers les yeux des personnages, dont les pensées sont parfaitement retranscrites – ce qui ne nous fait que mieux comprendre les implications de leurs situations. En filigrane, l’histoire invite à questionner son propre rapport à la différence : la neurodivergence est-elle une maladie ? Faut-il la soigner ? Comment, en tant que parent, accueillir un enfant neurodivergent ? Tout cela est subtilement mené et sert, évidemment, le versant un peu plus SF du récit, qui ne prend toute sa place que dans la seconde partie du récit après un gros retournement de situation. Aux questions précédemment évoquées s’ajoutent celles sur le clonage, l’eugénisme, et la place des IA dans la société (un sujet tout d’actualité). Les deux parts du récit s’entremêlent vraiment bien, avec des péripéties bien dosées qui le rendent très prenant. A mes yeux de vieille lectrice, j’ai trouvé que le dénouement était un peu facile, mais je sais que j’aurais chéri cette lecture en étant plus jeune. L’autrice parvient à mêler récit innovant, questionnements sociétaux parfaitement menés et lecture accessible aux préadolescents, et c’est parfait !
Si vous avez aimé, je vous recommande chaudement de lire La Maison des reflets de Camille Brissot, qui a elle aussi exploré le thème des hologrammes post-mortem !

La Fille du train, Paula Hawkins (Audiolib). Lu par Valerie Marchand, Josephine De Renesse, Julie Basecqx
J’ai écouté La Fille du train, mon tout premier roman de Paula Hawkins ! Et si j’ai passé un bon moment dans l’ensemble… je suis restée un peu sur ma faim avec la conclusion !
L’histoire : depuis la banlieue où elle habite, Rachel prend le train deux fois par jour pour aller à Londres. Le 8 h 04 le matin, le 17 h 56 l’après-midi. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe, lors d’un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants qu’elle voit derrière la vitre. Pour elle, ils sont Jason et Jess. Un couple qu’elle imagine parfait, heureux, comme Rachel a pu l’être par le passé avec son mari, avant qu’il ne la trompe, avant qu’il ne la quitte. Rien d’exceptionnel, non, juste un couple qui s’aime. Jusqu’à ce matin où Rachel voit un autre homme que Jason à la fenêtre. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari ? Rachel, bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, décide d’en savoir plus sur Jess et Jason. Quelques jours plus tard, c’est avec stupeur qu’elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu…
Le récit est tissé par trois voix différentes : celle de Rachel, la narratrice principale, celle de Megan, la disparue, et celle d’Anna, la nouvelle épouse de l’ex-mari de Rachel. Pourquoi Anna ? Car l’ancienne maison de Rachel, et donc désormais celle d’Anna, est située quelques numéros plus bas que celle des Hipwell, et que Rachel, traumatisée par son divorce, ne peut s’empêcher d’appeler encore et encore son ex. J’ai trouvé le personnage de Rachel vraiment très intéressant : c’est une femme seule, engluée dans sa routine et gravement alcoolique. L’autrice dépeint parfaitement le terrible engrenage de cette maladie, la façon dont les petits verres ou les grosses descentes se succèdent, entraînant Rachel dans des « trous noirs » dont elle ne garde aucun souvenir – ce qui évidemment, devient très intéressant dans un polar. Le roman évoque aussi avec brio la question du voyeurisme, la façon dont on fantasme ou dont on se projette sur les vies des autres. Tout cela crée un environnement plein de suspense ! Et il en faut, car j’ai trouvé le début du récit assez lent, à se demander où l’on va. Ce n’est pas gênant car, comme j’ai dit, on a plein d’autres choses à se mettre sous la dent, mais il ne faut pas s’attendre à une intrigue trépidante dès le départ. Là où j’ai été un peu déçue, parce que j’avais deviné une part de la résolution en amont, et parce que j’ai trouvé que l’on restait toujours un peu en surface des personnages – alors que des thèmes vraiment sombres sont abordés tout au long du roman. De plus, alors que le reste du roman est assez lent, la fin est réglée en deux coups de cuiller à pot, ce qui ne me l’a pas rendue particulièrement crédible. Donc j’ai passé dans l’ensemble un bon moment en écoutant ce titre, mais je ne suis pas certaine que la lecture me restera longtemps en tête !

Rayon bulles

Le jour où j’ai voulu sauver la forêt, Nora Dåsnes.
Cette BD a atterri sur ma PAL de boulot et j’ai passé un chouette moment avec !
L’histoire : Bao, 13 ans, est déléguée principale des élèves de son collège. Lorsque le conseil décide de raser la forêt jouxtant le collège pour en faire un parking, son sang ne fait qu’un tour : pourquoi les adultes ne comprennent-ils pas l’urgence climatique, alors que le pays est en proie à de violentes inondations ? Bao monte alors un comité de soutien pour la forêt et lance un programme de désobéissance civile, soutenue par ses amies de toujours, Emma et Linéa.
Si vous avez lu L’année où je suis devenue ado, vous connaissez déjà Emma. Ceci étant posé, les deux titres sont parfaitement indépendants. J’ai beaucoup aimé la façon dont l’autrice représente ce moment entre l’innocence de l’enfance et la gravité de l’adolescence. Bao, par exemple, joue avec ses amies dans la forêt et toutes trois défendent leur « base » face à la bande de garçons de l’autre classe de 5. Ils se chahutent, se tendent des embuscades, bref ils s’éclatent comme des enfants. Mais à côté de ça, Bao est très consciente des enjeux climatiques et écologiques, très investie dans son rôle de déléguée des élèves. Les deux tendances sont bien préservées dans le récit (surtout dans la première partie) et malgré la mise en scène de l’engagement très ferme de l’adolescente, l’autrice n’oublie pas de petits moments de respiration avec les histoires de cœur des personnages, ou quelques aperçus de leurs relations familiales (parfois tendues). J’ai trouvé que la BD parlait vraiment bien de l’engagement chez les adolescents, en sachant aussi mettre en scène le désarroi des parents un peu largués. Et du coup : c’est très prenant ! Côté illustrations, j’ai beaucoup aimé le travail à l’aquarelle et les jeux de couleurs bien choisis pour rendre les différentes ambiances. Cela m’a donné envie de lire son précédent titre !

Côté séries

La disparue de Lørenskog, Nikolaj Frobenius,Stephen Uhlander.
Des fois, on se lance dans des séries au synopsis alléchant, et des fois, eh bien ça ne le fait pas.
L’histoire : la femme d’un millionnaire disparaît. Alors que les ravisseurs exigent qu’il ne prévienne pas la police, celui-ci implique tout de même les forces de l’ordre, qui se voient contraintes d’enquêter dans le plus grand secret – pas d’enquête de voisinage, donc. Parallèlement, les médias finissent par découvrir le pot-aux-roses et se mêlent de l’enquête.
Je ne sais pas trop par où commencer… ! Le récit est porté à la fois par des personnages-enquêteurs et par des journalistes. Mais au lieu d’alterner les points de vue, on a plutôt des épisodes entiers consacrés aux uns, ou alors aux autres. Ce qui fait que l’histoire avance de façon assez bancale, puisqu’on est toujours dans le noir sur l’un ou l’autre des points de vue. De plus, le récit s’étend sur un temps extrêmement long (au moins deux ans). Je pense que c’est assez représentatif des vraies enquêtes, mais là on est dans une sorte d’inertie assez pesante : il ne se passe globalement rien, personne ne s’affole et… et c’est long. Le vide est meublé par quelques instantanés des vies personnelles de certains personnages, mais ça ne suffit pas à remplir les blancs : on a vraiment l’impression que c’est là pour caler les bouts branlants du scénario, et cela ne m’a pas passionnée.
L’enquête fait un bon subit dans les derniers épisodes, grâce aux avancées des journalistes, mais rien n’est bouclé. Car c’est bien le problème : la série s’achève en cul-de-sac, sans résolution. Ils sont partis dans tous les sens, on nous a montré les pistes privilégiées et … pas de conclusion. Je ne sais pas si c’était prévu en plusieurs saisons au départ, mais celle-ci ne m’a clairement pas convaincue !

Monster, Masayuki Kojima, d’après le manga éponyme de Naoki Urasawa.
Je crédite cette série dans ce bilan mensuel, mais vu la longueur (quelques 74 épisodes quand même), je crois bien qu’elle est entamée depuis décembre ! Je n’ai pas lu le manga éponyme, donc je ne me prononcerai pas sur l’adaptation en elle-même !
L’histoire : 1986, Düsseldorf, Allemagne de l’Ouest. Le Dr Tenma, un brillant neurochirurgien japonais installé en Allemagne, décide d’ignorer l’ordre de son supérieur (abandonner l’opération en cours d’un enfant pour sauver une célébrité locale arrivée après le bambin) et sauve la vie de l’enfant. C’est ainsi que commence cette horrible histoire ! Bientôt accusé de meurtre(s), le docteur Tenma cherche à résoudre le mystère et à sauver sa peau.
C’était vraiment excellent ! Je ne suis pas très friande des animes (je n’ai pas assez regardé le Club Dorothée apparemment) mais là, c’est vraiment un titre qui sort du lot. Malgré le classement sur les différentes plateformes, je ne le conseillerais pas à un public jeunesse (ado à la rigueur) : c’est sombre, c’est glauque, il y a du meurtre à tour de bras et psychologiquement, faut être bien accroché, quand même. L’histoire débute en 86 avant de faire un sacré saut en avant : on va principalement suivre Tenma alors que cela fait déjà une dizaine d’années qu’il enquête de son côté, tout en étant activement recherché par la police. Le récit est assez touffu, car l’histoire de cet enfant miraculé intéresse de nombreuses personnes (pas toutes hyper recommandables). De fait, l’anime est subdivisé en différents sous-arcs narratifs qui donnent l’impression qu’on explore une histoire montée en arbre, avec plein de petites ramifications de-ci de-là. L’avantage, c’est que tout est intéressant, donc même si on a l’impression de quitter le sentier central pour explorer des détails dans les sous-bois, on ne s’ennuie pas un instant ! Cela m’a donné envie de lire les mangas !

The Sinner, Derek Simonds
Mon dilettantisme de l’année dernière ne m’a pas permis de vous parler de cette série policière qui m’a pourtant tenue en haleine durant trois saisons, et je le regrette ! Comme j’ai regardé cette année la quatrième (et dernière) saison, j’en profite !
L’histoire : alors qu’il est à la retraite, Harry Ambrose et sa compagne peintre, Sonya (rencontrée dans la saison précédente), posent leurs vacances sur l’île d’Hanover, dans le Maine. Alors qu’ils y sont depuis à peine une journée, Harry surprend une jeune pêcheuse du cru, Percy, en train de sauter de la falaise en pleine nuit. Quelques heures plus tôt, il avait eu avec elle un échange assez troublant. Alors que la famille, en situation de monopole sur l’île, peine à croire au suicide, Harry est associé à l’enquête.
Comme dans les trois premières saisons, l’enquête se déroule sur l’ensemble des huit épisodes. Et comme dans les trois premières saisons, on va explorer les tréfonds les plus sombres de l’âme humaine. Car oui, The sinner n’est clairement pas la série à regarder si vous avez déjà des envies de meurtre sur vos congénères : ça ne va pas vous aider à vous détendre (pas du tout). J’aime beaucoup la façon dont le scénario nous balade de-ci de-là, explore les faux-semblants, creuse les petits secrets de famille et fait exploser aux yeux des personnages la montagne qu’ils essayaient de cacher. Ce sont toujours des intrigues à tiroirs, qui nécessitent de bien creuser derrière les apparences et qui, généralement, mettent au jour les péchés des uns et des autres (en même temps, le titre est transparent). Harry est encore plus torturé que dans les saisons précédentes, l’histoire qui l’a opposé à Jamie (saison 3) ayant laissé des traces durables. Encore une fois, on est dans du glauque, du poisseux, du sombre, du désespéré, du qui-donne-pas-foi-en-l-humanité (mais bon, c’est le principe de la série !). Le rythme est assez lent, mais colle à l’ambiance générale !

Tops/Flops :

Sur ces deux mois, je n’ai qu’une lecture qui m’est vraiment tombée des mains (mais que j’ai quand même terminée), j’ai nommé Lightlark, tome 1, d’Alex Aster, qui bénéficie pourtant d’un excellent accueil critique sur les réseaux sociaux, que j’ai du mal à comprendre. Pourtant, ça partait bien, puisqu’on était dans du Hunger Games sauce fantasy.
Malheureusement, l’écriture franchement passable, les clichés à la queue-leu-leu et les rebondissements sans queue ni tête ont clairement eu raison de ma patience, et j’ai passé plus de temps à lever les yeux au ciel qu’à savourer l’intrigue (que j’ai trouvée très pauvre en plus). Bref : clairement pas la lecture du mois, et il est certain que je me dispenserai de lire la suite si elle paraît !

A côté de cela, j’ai eu un gros coup de cœur pour Pénélope, reine d’Ithaque de Claire North, qui inaugure avec ce titre une trilogie intitulée Le Chant des Déesses. On sait qu’Ulysse a répondu à l’appel d’Agamemnon parti assiéger Troie et que le voyage du retour, semé d’embûches, lui a pris plusieurs années. Mais pendant ce temps-là, que s’est-il passé à Ithaque ? Comment Pénélope a-t-elle ménagé la chèvre et le choux, pendant qu’elle aussi subissait le siège d’une centaine de prétendants ? C’est le point de départ de ce récit de fantasy historique qui m’a beaucoup plu. La narration est assez originale, puisqu’elle est menée par Héra, la déesse, qui pose un regard sans concession sur ses collègues divins, comme sur l’humanité. Le style est assez moderne (Héra n’est pas avare en grossièretés), ce qui tranche avec l’époque et apporte un peu de frais à ce qu’on pense est être un récit rebattu ! Cela m’a beaucoup plu et j’ai hâte de lire la suite !

Citations

« Wolf traînait au hangar en faisant mine d’entretenir son scaphandre. Il avait ouvert la trappe du coeur électronique et essayait de se rappeler à quoi servaient les différents composants. C’était une entreprise vouée à l’échec, qu’il poursuivait pourtant avec une obstination contrariée. Il n’avait jamais appris à quoi servaient ces pièces. En cas de besoin – pour un dépannage imprévu sur le terrain, par exemple -, son NHESTOR lui aurait listé le rôle et les caractéristiques de chaque module, chaque carte. Ces connaissances ne lui avaient jamais véritablement appartenu mais le résultat était le même : Wolf avait le sentiment d’avoir perdu quelque chose. »
Ce qui naît des abysses, Sylvie Poulain.

« C’est ce que m’ont appris mes séances de psy : les manques dans ma vie seront éternels. Il faut grandir autour d’eux, comme les racines d’un arbre autour d’un bloc de béton ; on se façonne malgré les creux. »
La fille du train, Paula Hawkins.

« Soyons francs, encore aujourd’hui, la valeur d’une femme se mesure à deux choses : sa beauté ou son rôle de mère. Je ne suis pas belle, et je ne peux pas avoir d’enfant. Je ne vaux rien. »
La fille du train, Paula Hawkins.

« Comment aurait-on pu remarquer nos souffrances ou entendre nos appels à l’aide, quand nous ne pouvions rien faire de plus que chuchoter dans le noir ? »
Si je dois te trahir, Ruta Sepetys.

« Darlington aimait à dire qu’avoir affaire à des fantômes, c’était comme prendre le métro: N’établissez pas de contact visuel. Ne souriez pas. N’entamez pas de conversation. Dans le cas contraire, vous ne savez jamais ce qui risque de vous raccompagner chez vous. »
La Neuvième maison, Leigh Bardugo.

[2023] Petit bilan de janvier-février

Carnet de lectures

The girl with no soul, Morgan Owen (La Martinière Jeunesse, 2022, 432 p.).

À Providence, la dictature de l’Ordre est totale. L’âme de chaque citoyen est scrutée, contrôlée. Et gare à celles qui s’écartent du droit chemin : elles sont aussitôt reprogrammées. Iris, elle, ne possède pas d’âme. Elle est Vide. Si cela lui permet d’échapper à la vigilance des Inspecteurs, c’est aussi ce qui l’empêche d’éprouver des sentiments et de se souvenir de son passé. Pourtant, au contact d’un bijou appartenant à une riche famille au pouvoir, son Étincelle, l’une des cinq composantes de son âme, se réveille. Des sentiments qu’elle pensait ne jamais éprouver surgissent et, avec eux, un désir irrésistible de découvrir d’où elle vient. Qui a volé l’âme d’Iris ? Et pourquoi ? Pour le savoir, elle devra s’approcher au plus près des secrets du pouvoir. Désormais traquée par l’Ordre, parviendra-t-elle à rassembler les pièces manquantes de son identité… et à recoller les morceaux de son cœur ?
Découverte mitigée avec ce titre : autant j’ai trouvé l’idée de l’âme aux cinq composantes assez originale et bien trouvée, autant le reste m’a semblé arpenter des sentiers déjà bien trop souvent rebattus en dystopie. On retrouve donc ce qu’il y a dans toute dystopie : une société écrasée par un ordre qui repose (évidemment) sur un mensonge éhonté ; une romance entre les deux protagonistes alors que tout semble les opposer ; un traître parmi la résistance. Alors oui, la romance reposait sur une pirouette joliment trouvée, mais le reste ne m’a malheureusement pas convaincue. Le traître ? Oublié entre deux chapitres sans explications. Le système de magie manque clairement d’explications. C’est très pratique, puisque cela permet aux personnages de se sortir de toute situation en un tour de main, mais honnêtement, ce n’est pas crédible pour un sou ! Pire : les personnages sont à peine creusés, et cela m’a laissé une méchante impression de roman inabouti. Bref : pas ma meilleure lecture de l’année !

L’Enfer, Marin Ledun (In8, collection Faction, 2021, 96 p.).
J’étais assez curieuse de découvrir la nouvelle collection young-adult d’In8, intitulée Faction. Quoi de mieux que de débuter avec un auteur apprécié ?
Qui se souvient des bagnes de Guyane ? Sur les îles du Salut, au large de Kourou, la France envoie ses détenus. Les prisonniers profitent peu du charme des tropiques. Le bagne, c’est l’Enfer. C’est là qu’arrive Ahmed, un jeune homme de 19 ans, condamné pour avoir bravé le couvre-feu en rendant visite à son amoureuse. Là-bas, tout menace. Les fièvres. Les insectes. Les requins. Les gardiens. Le désespoir. Jusqu’au jour où Ahmed croise le chemin d’une petite fille.
C’est Ahmed que l’on suit ici comme narrateur : on est donc aux premières loges pour « profiter du charme des tropiques quand on est bagnard ». Humiliations, mauvais traitements, soleil dardant à longueur de journée : l’ambiance est plus que rude. On comprend donc d’autant mieux pourquoi Ahmed se passionne pour les allées et venues de cet officier accompagné d’une petite fille, qui vont presque quotidiennement à l’hôpital – voir une maman et un bébé tout neuf, peut-être ? Cette vision sans cesse renouvelée permet au prisonnier de tenir, d’espérer sa future vie meilleure, y compris quand les signes néfastes s’accumulent. La tension monte donc peu à peu, en jouant sur le contraste entre la situation particulièrement sombre des prisonniers et sur le rayon de lumière apporté par la vision de Louise. Le texte, sensible et incisif, nous cueille au moment du bouleversant retournement final.

Comme ton père, Gilles Abier (In8, collection Faction, 2021, 133 p.).
J’ai donc enchaîné avec Comme ton père, de Gilles Abier, toujours dans la même collection.
Loris, 17 ans, n’a jamais connu son père. Alors quand il est convoqué chez la proviseure pour avoir agressé une camarade, et que sa mère l’accable d’un méprisant « T’es comme ton père, tiens ! », son univers explose, soudain trop exigu pour contenir les questions qui le submergent. Exclu trois jours du lycée, Loris décide alors de partir à sa recherche, prêt à tout tenter pour le retrouver.
J’ai beaucoup aimé ce titre haletant ! L’intrigue est dense et resserrée (tout se déroule sur 3-4 jours) et mélange beaucoup de choses (mais c’est bien fait). Il y a, évidemment, cette enquête très prenante, que mène Lorris sur les traces de sa mère adolescente et sur les circonstances de sa conception. Cette quête va brasser de nombreux thèmes : il est question de viol, de refoulement, de silence, de violence (psychique et verbale), de mensonge, de culpabilité, de ressentiment, de transmission. C’est dense, mais chaque thème a sa place et est justement traité. Je l’ai lu pas tout à fait d’une traite mais presque, avec entrain et passion. J’ai passé un excellent moment dans ce récit mené tambour battant, et qui convoque tant d’émotions si bien retranscrites !

Rayon bulles

Sirius : twin stars, Ana Cristina Sanchez (Glénat, 2023, 156 p.).
Ai-je lu un shôjo ? Oui. Je sais, ça semble incroyable. Alors déjà, je dois dire qu’il était sur ma PAL de travail (donc lecture obligatoire) mais que j’ai vraiment, vraiment adoré ma lecture. (Encore plus incroyable).
L’histoire se consacre sur Daniela, dite Dani, une jeune joueuse de tennis prodige qui a vu sa carrière s’arrêter brusquement suite à une malaise cardiaque en plein match. Fragilisée après la lourde opération qu’elle a subie, et par la relation avec sa mère (qui était aussi sa coach) qui s’est terriblement dégradée, elle vient passer l’été dans un petit village de la côté espagnole pour se reposer, dans la maison familiale où se trouve déjà son cousin, qui prépare un difficile concours. Là, elle fait la rencontre de Bianca, une autre adolescente passionnée d’astronomie qui passe elle aussi l’été dans le village.
Le manga s’ouvre sur Dani, emmenée par son père, dans le petit village en question (avec un enthousiasme incroyable !). Le récit mêle parfaitement vie quotidienne et romance, avec une douceur dans la narration que j’ai hautement appréciée. A leur façon, chacune des deux protagonistes sort du moule, et tente de trouver sa place. Dans le cas de Dani, cela se double d’une lente et difficile reconstruction d’elle-même. La question des relations familiales (notamment avec la mère, pour Dani) est aussi très présente, ce qui entraîne quelques scènes que j’ai trouvées particulièrement touchantes – même si ce n’est pas le centre du récit.
Les graphismes collent à la douceur du récit. D’ailleurs, j’ai apprécié que l’histoire se déroule en Espagne, ce n’est pas un cadre que j’ai l’habitude de voir en manga ! Bref, j’ai passé un excellent moment avec ce titre plein de douceur et de bienveillance, qui a en plus le bon goût de dérouler une histoire complète en un tome. Je suis curieuse de découvrir les autres titres de l’autrice, maintenant !

Arcana #1, Le Coven du tarot, Serena Blasco (Drakoo, 2021, 119 p.).
J’adore le travail de Serena Blasco. J’avais acheté cette BD à sa sortie pour la bibli et pas du tout eu l’occasion de mettre la main dessus (apparemment, je ne suis pas la seule amatrice de Serena Blasco à la médiathèque !). Bref, j’ai donc attendu patiemment le retour pour enfin lire cette BD. Et autant j’ai adoré la série des Enola Holmes, autant j’ai moins accroché à ce titre.
Mais avant tout, de quoi ça parle ? Fauna et Flora, deux jumelles de 15 ans qui ignorent tout l’une de l’autre, ont grandi sur deux îles différentes. Envoyées sur l’île d’Arcana pour intégrer les brigades des arcanes majeurs au coven du tarot, elles découvrent leur parenté. Les deux sœurs ignorent encore qu’une terrible prophétie plane au-dessus d’elles.
Les graphismes sont, comme d’habitude, splendides. C’est une merveille à regarder et je me suis volontiers perdue dans les pages et double-pages pour observer chaque petit détail. L’histoire est assez chouette, notamment la partie où les deux sœurs se découvrent et apprennent leur gémellité. C’est plutôt l’univers qui m’a laissée de marbre : je suis totalement ignare en matière de tarot et j’ai trouvé le contexte hyper touffu. Il m’a parfois manqué des informations pour comprendre l’organisation, ou les rouages entre les arcanes. Malgré cela, j’ai lu l’ensemble avec un certain plaisir, car comme je le disais, les graphismes sont absolument magnifiques. Le T2 est sorti cette année et, malgré tout, il est possible que j’y jette un œil !

Giant Days #1, John Allison, Lissa Treiman et Max Sarin (Akileos, 2017, 96 p.)
Une collègue d’un précédent boulot m’avait beaucoup, beaucoup parlé de la série Giant Days : il était donc plus que temps que je m’y mette enfin !
En colocation à la fac depuis maintenant 3 semaines, Susan, Esther et Daisy sont très rapidement devenues d’excellentes copines. Mais face aux dragueurs lourdingues, à de drôles de moisissures dans leur chambre, à la grippe, au retour des réac’ et aux aléas de la fac, elles pourront se considérer chanceuses, si elles tiennent jusqu’au printemps…
Et c’était une chouette découverte ! Les personnages sont attachants et j’ai apprécié leurs échanges plein d’humour (même si parfois cela m’a semblé un peu décousu). La BD aborde des sujets d’actualité avec légèreté, et avec justesse, ce qui vraiment, ne gâche rien ! Je lirai sans aucun doute la suite avec plaisir.

Tops/Flops

Hormis The girl with no soul de Morgan Owen, dont j’ai parlé un peu plus haut, pas de grosse déception de lecture ce mois-ci. En revanche, plusieurs très bonnes lectures (pas encore chroniquées, mais ça va venir !).

J’ai attaqué l’année avec la suite de Capitale du Sud de Guillaume Chamanadjian (Aux Forges de Vulcain) dont j’avais adoré le premier tome. Comme dans le premier opus, on est dans un récit particulièrement prenant, que j’ai eu beaucoup de mal à lâcher. L’arrivée d’un nouveau personnage venu de l’extérieur de la cité renouvelle un peu les thématiques politiques et les enjeux. J’ai hâte de lire la suite et fin qui paraît tout bientôt !

Ensuite, j’ai lu avec beaucoup de plaisir Le silence des carillons d’Edouard H. Blaes (ActuSF). C’est le premier roman (à ma connaissance) de l’auteur, qui a par ailleurs publié des nouvelles. Ce one-shot nous plonge dans un mélange extrêmement réussi de fantasy et de récit de survie, dans une ambiance à la fois post-apo et dark academia. Je l’ai lu avec passion, tant la plume de l’auteur est fluide et mène brillamment le récit. Je suivrai les prochaines parutions de l’auteur !

Enfin, j’ai lu Le vol du boomerang, le dernier titre en date de Laurent Whale (Au Diable Vauvert), un auteur dont j’apprécie aussi bien les récits de SF que les thriller. Celui-ci nous entraîne en Australie, sur les traces d’un jeune Aborigène qui veut participer à une prestigieuse course de véhicules solaires afin de porter la voix de son peuple – tout ça sur fond de Covid19, de méga-incendies et de tensions extrêmes sur l’île. On est plus dans le roman d’aventure mâtiné de suspense que dans le polar et j’ai eu beaucoup de mal à reposer le roman tant je l’ai trouvé prenant !

Citations

« Vos têtes sont enfoncées tellement profond dans vos oliviers, vos pâtisseries et vos poissons que vous ne savez même plus qu’il y’a un monde, là dehors. »
Trois lucioles, Guillaume Chamanadjian.

« Tu es encore un peu jeune pour comprendre que les hommes sont pour nous comme les mets pour ton ami Eustaine. Seulement un tiers du plaisir est dans la présentation , un tiers est dans la saveur et le dernier tiers dans le vin qu’on déguste avec. »
Trois lucioles, Guillaume Chamanadjian.

« Elle avait trouvé l’interprétation de Macbeth des Tunstell plus fascinante que qui que ce soit d’autre, sans doute parce que les bouffonneries étaient juste à son niveau d’éducation, ou parce que vivre avec lord Akeldama l’avait préparée à un certain degré d’extravagance. »
Sans âge, Gail Carriger.

[2022] Petit bilan de novembre-décembre.

Cette période aurait dû être marquée par un énorme craquage livresque, puisque je devais aller à Montreuil (et voir mes ami.e.s, et ma famille) mais, malheureusement, les voies de la SNCF en ont décidé autrement. Ce sera pour l’année prochaine !

Carnet de lectures

Hypallage #3 : Écorce vive, Sylvain Pattieu (L’École des Loisirs).
J’ai trouvé ce titre sur ma PAL de boulot : j’étais un peu inquiète car je n’ai pas lu le deux précédents, mais il s’est avéré que cela pouvait se lire relativement indépendamment (je pense qu’on en profite plus en ayant tout lu, mais ce n’était vraiment pas vital d’avoir lu les deux premiers tomes).
L’histoire : à la fin de sa seconde, Zako est réorienté en section professionnelle et se retrouve dans un lycée du Jura en menuiserie. Dégoûté, loin de chez lui, il a d’abord du mal à trouver sa place et doit affronter des blagues sur son accent de banlieue, sa couleur de peau. Mais il va peu à peu prendre goût au travail du bois et s’y épanouir. Aimée descend à Marseille pour passer les détections dans un centre d’entraînement de foot féminin. La maladie de sa mère va contrarier ses plans. Va-t-elle devoir sacrifier sa carrière pour s’occuper de sa petite sœur ?
La première chose qui m’a surprise en ouvrant le roman, c’est qu’il est entièrement écrit au style indirect libre : pas de marque de dialogue, peu de ponctuation et cette impression d’être directement dans la tête des personnages. Cela demande une légère gymnastique pour savoir qui parle, ou qui pense, mais cela se fait de façon très fluide et bientôt, on n’y pense plus du tout !
Les personnages principaux sont Zako et Aimée, mais leurs amis ont aussi droit à leurs arcs narratifs, durant lesquels la bande d’amis passe par tous les maux de l’adolescence et de notre époque : amour, amitié, orientation professionnelle ou sexuelle, drogue, consentement, relations familiales… Le récit est très riche, et les thèmes sont à la fois bien amenés, et bien traités. Au final, ma seule interrogation sur ce roman restera celle du vocabulaire : très ancré dans son époque, le roman étale autant de termes « de jeunes » que possible. Déjà, j’ai été obligée d’en chercher la moitié (bonjour, vieillerie :D) mais je me demande comment ce type de récit peut durer dans le temps ? Qui sait si ce vocabulaire sera toujours usité dans quelques années, ou si en le présentant à des ados, ce ne sera pas perçu comme périmé ? L’avenir le dira ! Quoi qu’il en soit, j’ai passé un très bon moment avec ce titre, et ça m’a donné envie de lire les deux précédents !

Coin bulles

Saga #1, Brian Vaughan & Fiona Staples (Urban Comics).
J’ai profité de mon abonnement dans une nouvelle médiathèque pour emprunter le premier tome de Saga, le comics de Brian K. Vaughan et Fiona Staples, dont j’avais beaucoup entendu parler, sans jamais m’y aventurer. Et je regrette de ne m’être pas lancée plus tôt dedans ! J’ai adoré !
L’histoire : Un univers sans limite, peuplé de tous les possibles. Une planète, Clivage, perdue dans la lumière froide d’une galaxie mourante. Sur ce monde en guerre, la vie vient d’éclore. Deux amants que tout oppose, Alana et Marko, donnent naissance à Hazel, un symbole d’espoir pour leurs peuples respectifs. L’espoir, une idée fragile qui devra s’extraire du chaos de Clivage pour grandir, s’épanouir et conquérir l’immensité du cosmos.
L’univers est très très riche, j’ai bien accroché aux personnages et j’ai trouvé que ce premier tome donnait à la fois assez d’infos de base pour tout suivre, tout en donnant hyper envie de lire la suite. Très bonne pioche, donc, et je pense bien emprunter la suite en 2023 ! Par contre, je ne sais pas si je vire puritaine, mais je l’ai trouvé au rayon jeunesse-ado, et vu la quantité de scènes de sexe, ce n’est pas le rayon auquel je l’aurais préférentiellement rangé… S’il y a d’autres bib dans la salle, je veux bien votre avis !



Les Bras armés #1 : Les désignés, Enrico Orlandi et Olivier Pog (Dupuis).
Et hop, un titre de ma PAL de boulot, dont je ne savais rien avant de l’ouvrir !
L’histoire : le jeune Fidel vit heureux sur son île, partagé entre ses jeux avec son amie Tima et la pêche en compagnie de son père. Et rien ne semble devoir assombrir ce bonheur ! Car les humains, autrefois asservis par les Anciens Dieux, sont maintenant protégés par les Bras Armés, qui possèdent dans un de leurs bras une redoutable puissance volée à leurs anciens maîtres… Mais voilà que la vieille Mako, Bras Armé de l’archipel, arrive en ville afin de désigner cinq adolescents, parmi lesquels elle doit trouver son successeur. Fidel, qui fait partie des désignés, va devoir suivre une étonnante formation, qui fera de sa vie une succession d’aventures, de dangers et de révélations jusqu’à ce que – peut-être – il devienne à son tour un Bras Armé. Mako doit vite trouver celui qui la remplacera… Car au loin pointe déjà la menace des Dieux dégénérés ivres de vengeance prêts à fondre sur l’archipel !
C’est donc le premier tome d’une série de fantasy pour préadolescents que proposent les deux auteurs. L’univers est assez original : on est dans un archipel loin de tout, ambiance Hawaii et cocotiers, mais avec un soupçon de magie. Les fameux Dieux dégénérés ressemblent à l’iconographie assez classique des aliens (des têtes triangulaires, de longues pattes arachnoïdes). Je n’ai pas vraiment accroché aux graphismes, que j’ai trouvés un peu trop angulaires et enfantins à mon goût. L’intrigue, de son côté, reprend le schéma classique du récit d’initiation. Donc c’est sympa, mais pas non plus inoubliable et je dois dire que si la suite n’arrive jamais sur ma PAL de taf, je n’en ferai clairement pas une maladie !

Colossale #1, Rutile & Diane Truc (Jungle).
Et on continue avec cette fameuse PAL de travail, sur laquelle a atterri le premier tome de Colossale, par Rutile et Diane Truc.
L’histoire : la vie mondaine de Jade est toute tracée : des soirées luxueuses, des études dans un lycée prestigieux, un carnet bien rempli; il ne lui reste plus qu’à trouver le galant idéal (riche, afin de renflouer la famille). Mais comment réussir à rentrer dans le rang quand la seule chose qui l’obsède, c’est faire de la musculation à longueur de journée ?
Excellente surprise que cette BD qui a d’abord connu un succès retentissant au format webtoon. J’ai adoré le mélange « univers de princesses », notre époque et le thème ô combien improbable de la muscu. C’est loufoque, mais ça fonctionne ! On suit Jade dans ses déboires adolescents, coincée qu’elle est entre ses aspirations et celles de sa mère (qui veut à tout prix la marier). Les autrices jouent sur les codes de la comédie romantique, tout en évoquant des thèmes d’actualité (grossophobie, construction de soi, poids des apparences, attentes familiales, etc.) avec légèreté, mais sans les minimiser. Point bonus : la comédie n’est pas oubliée, on se moque gentiment des romances, j’ai beaucoup ri et j’attends avec impatience le tome 2 !

Mukai #1, Kriko Jr (Omaké Books).
Toujours sur la PAL de travail, qui recèle des pépites et aussi des trucs nettement moins bien, comme ce premier tome de Mukai.
L’histoire : Mukai est un ado qui vit et travaille dans la ferme laitière de son grand-père. Une nuit, il fait un cauchemar horrible, dans lequel un démon arrache les yeux de son grand-père. Or, au réveil, il apparaît que le papi a effectivement perdu la vue durant la nuit. Mukai décide alors de le venger en devenant un guerrier des rêves. Il découvre au passage qu’une effroyable conspiration menace le monde…
Je crois que j’ai rarement autant soufflé en lisant un manga. L’intrigue est hyper linéaire et manque clairement d’originalité (l’orphelin élu, blablabla). Le seul truc qui sort un peu du lot, c’est le lait magique et la vache qui parle mais, dans la mesure où ce manga est une commande du lobby laitier pour assurer sa pub, j’imagine que c’était le minimum syndical ! Je n’ai découvert cette information qu’en cherchant des infos sur le titre, donc ça passe assez bien dans le récit sans faire propagande. Mais bon, il faut quand même se fader le découpage hyper artificiel (avec un résumé en fin de chapitre et une tentative d’effet d’annonce pour la suite qui ressemble à un mauvais scénario de série Z !) et l’humour particulièrement lourdingue. Je m’abstiendrai donc de lire la suite !

Quatre sœurs, intégrale #1, Malika Ferdjoukh et Cati Baur (Rue de Sèvres).
Un peu de douceur pour finir l’année, avec la réédition en intégrale des deux premiers tomes de la série Quatre sœurs : Enid et Hortense !
L’histoire : les quatre sœurs Verdelaine (qui sont en fait cinq) vivent, depuis la mort tragique de leurs parents, à la Vill’Hervé, en bord de mer. Charlie, l’aînée, tente de joindre les deux bouts, les autres vivent leurs vies d’adolescentes et préadolescentes. Enid, depuis la dernière tempête, est persuadée qu’un fantôme hante le parc (elle l’entend hululer toutes les nuits) et est bien décidée à enquêter sur ce mystère. Hortense, elle, tente de vaincre sa timidité en rejoignant une troupe de théâtre.
Les deux premiers tomes sont consacrés aux deux sœurs les plus jeunes, mais les intrigues mêlent les arcs narratifs de toute la sororie, ce qui rend d’une part le récit très prenant et, d’autre part, donne diablement envie de lire la suite. Le récit, très équilibré, sait ménager suspense, humour, mais aussi des passages plus émouvants lorsqu’il est question des parents décédés (qui apparaissent sous forme de fantômes). L’ensemble dégage une impression de chaleur et de bienveillance très agréable, d’autant que les dessins et couleurs de Cati Baur (ronds et douces), collent à l’ambiance générale. Bref, j’ai hâte de lire la suite !
J’avais mis ce titre dans mon Cold Winter Challenge pour la catégorie Iceberg, donc hop, une catégorie de validée !

Top/Flop

La seule lecture qui m’a laissée de marbre (et plus si affinités), en cette fin d’année, est donc le manga Mukai évoqué juste au-dessus. Je crois que je suis assez difficile en manga, surtout en shonen, et là, clairement, rien ne m’a convenu !

Par contre, niveau bonnes lectures, et dans des genres totalement différents, je vais citer trois titres (pas encore chroniqués, mais j’espère que ça va venir) !

Bien que j’aie fait des études littéraires, je suis assez à la bourre sur les classiques. Donc j’ai enfin lu Jane Eyre, de Charlotte Brontë et bien m’en a pris car j’ai passé un excellent moment !
J’avais peur de me décourager (c’est quand même une sacrée briquette dans cette édition), mais que nenni, cela m’a bien trop plu. Je connaissais déjà l’histoire (je pense avoir vu au moins deux adaptations), donc j’ai un peu moins profité de l’association ambiance mystérieuse + révélation, mais je me suis tout de même laissée embarquer dans ma lecture. Si vous prévoyez de le lire, je vous conseille quand même de vous tenir éloignés des adaptations, ça gâche une partie du plaisir !
J’ai trouvé le texte fluide et facile à lire et, sur certains aspects, le propos hyper moderne (Jane ne veut pas se marier, c’est quand même à souligner). Bref, une très chouette lecture, et je pense que je vais continuer à piocher dans les romans de cette époque et de cette veine pour lire ma romance annuelle !

Ensuite, j’ai lu, avec un immense plaisir là encore, Vers les étoiles, le tome 1 de la série Lady Astronaut, de Mary Robinette Kowal, que j’avais envie de découvrir depuis longtemps.
L’uchronie est intelligente et hyper bien menée : on a effectivement une Amérique des années 50 un brin chamboulée, mais question mentalités, on est bien dans ce qu’on connaît. Donc le récit fait la part belle à la course à l’espace, mais aussi à des sujets de société vraiment d’actualité comme la lutte pour les droits civiques, ou la place des femmes. Au départ j’ai été un peu déstabilisée par les ellipses, qui sonnent l’impression de lire de multiples petites scénettes, mais en fait tout ça forme un tout cohérent qui n’a pas tardé à m’embarquer. J’ai hâte de lire la suite (vu que la série est déjà intégralement parue) !

Enfin, je l’avais gardé au chaud pour mon mois de décembre, j’ai lu Le Temps du Teuz de Morgan of Glencoe, un hors-série dans sa série La Dernière Geste (toujours pas chroniquée ici, mais je vous la recommande plus que chaudement). Ces 24 textes portent tous sur le solstice d’hiver, une fête importante dans l’univers de la Geste : 24 histoires donc, avant, pendant ou après les trois tomes déjà parus (gare aux spoilers donc), qui explorent différents personnages. Évidemment c’est chaleureux et mignon tout plein, mais pas que ! Certains récits réservent leurs lots de drames et franchement, je n’étais pas toujours prête.

Citations

« Les érables bavards constituaient l’une des plus anciennes prouesses technologiques des alchimistes et leur échec le plus retentissant. Initialement développée pour envoyer des messages d’une ville à une autre, la science des feuilles et de la sève s’était avérée d’une effroyable complexité. La légende populaire racontait qu’un alchimiste, chargé de transmettre un message à l’amant d’une reine, l’avait envoyé à son mari, le roi, suite à un mauvais calcul, provoquant son renvoi immédiat et la chute d’une dynastie. Abandonnés par les alchimistes, les érables s’étaient néanmoins reproduits et, cinq ans auparavant, ils s’étaient remis à chanter des informations. Nul ne savait si les arbres sifflaient les messages de leur propre volonté ou si quelqu’un les manœuvrait dans l’ombre. En tout cas, les informations qu’ils propageaient étaient souvent sulfureuses. »
Le Serment des Traqueurs, Laëtitia Lajoinie.

« Ces petites filles me croyaient capable de tout. Elles me croyaient capable d’aller sur la Lune. Et grâce à ça, elles se croyaient capables d’y aller elles aussi. Voilà pourquoi je devais continuer. À leur âge, j’aurais eu besoin de quelqu’un comme moi. D’une femme comme moi. »
Vers les étoiles, Mary Robinette Kowal.

« Qu’il n’y a pas de chaînes à nos pieds ou de coup de fouet sur notre dos parce que ce n’est pas nécessaire. Car si tu ne fais pas les quatre volontés de la Compagnie, tu meurs. Tu meurs parce que tu ne peux pas payer les médecins pour te soigner. Tu meurs parce que la police ne viendra pas si tu n’es pas assuré. Parce que les pompiers ne couvrent pas ton quartier, parce que tu ne peux pas décrocher un travail, parce que tu ne peux pas payer ta nourriture, parce que l’eau a été coupée, parce qu’il n’y a pas de lumière la nuit et si ça ce n’est pas de l’esclavage, si ça ce n’est pas le monde qui est devenu fou si ça ce n’est pas… »
84K, Claire North.

« Tout ce qui est perdu n’est pas voué à être retrouvé… […] Mais tout ce qui disparaît n’est pas forcément perdu. »
Sirem et l’oiseau maudit, Yasmine Djebel.

« Le bûcher s’éteint peu à peu. L’Église pense pouvoir mettre ainsi un terme à la Réforme. Elle ne réalise pas que les flammes ne brûlent pas les hérésies, mais seulement les liens qui retiennent la colère de ceux qu’elle cherche à opprimer. »
Du roi je serai l’assassin, Jean-Laurent Del Socorro.

[2022] Petit bilan d’octobre

Fin octobre, je suis allée au salon littéraire jeunesse Frissons à Bordères, un petit salon qui existe depuis 23 ans au fin fond des Pyrénées-Atlantiques. J’y ai rencontré des auteurs jeunesses fort chouettes et… j’avoue que j’ai bien fait monter la PAL !

Carnet de lectures :

Pendant Frissons à Bordères, j’ai fait le plein d’albums de Claire Garralon – j’avais des cadeaux à faire ! J’en ai profité pour en lire deux que je n’avais pas encore lu, j’ai nommé Chat ! et Le nouveau canard.

Chat !, Claire Garralon (éditions Talents Hauts – Badaboum).
Alors qu’un chat se repose sur le canapé, un petit enfant tente de l’attraper, de le caresser et de lui tirer les poils. Mais le chat n’est pas un jouet et l’enfant comprend que la plus belle des preuves d’amour, c’est le respect.
Eh oui, un album sur le respect et le consentement pour les 0-3 ans, c’est possible ! Les illustrations, à hauteur d’enfant, montrent comment celui-ci s’approche de plus en plus du chat, avant de finir par respecter son espace vital. Le texte, de son côté, par des phrases simples et efficaces, montre parfaitement que nos envies ne sont pas prioritaires sur celles des autres êtres vivants !


Le nouveau canard, Claire Garralon (éditions MeMo).
Il y a un nouveau canard dans la mare… mais il est bizarre. Est-ce vraiment un canard ?!
J’adore les canards de Claire Garralon (si vous ne connaissez pas, je vous recommande chaudement La Promenade des canards, un album hyper graphique !). Cette fois, son canard au look habituel croise des canards de pêche-aux-canards. Qui se posent bien des questions sur ce nouveau canard si différent. Comme toujours, le texte permet d’aborder plein de sujets, ici l’apparence, la différence et les préjugés. La fin fait un gros clin d’œil à l’album C’est ma mare ! mais si vous ne l’avez pas lu (ce qui était mon cas), ce n’est pas gênant, car cela peut ouvrir à pas mal de discussions. Les illustrations sont comme toujours très graphiques et très colorées, ça donne envie de fabriquer des petits canards à la maison !

Changement d’ambiance cette fois avec deux récits qui ont pour cadre les Pyrénées et qui sont plutôt destinés aux préados et plus !

Belle & Sébastien, nouvelle génération : le roman du film, Christine Féret-Fleury, Pierre Coré et Cécile Aubry.
Sébastien, dix ans, devait passer ses vacances d’été en Corse, avec son meilleur ami Dimitri et les parents de celui-ci. Suite à une grosse bêtise, il est puni et sa mère l’expédie dans les Pyrénées, chez Corinne, sa grand-mère maternelle qu’il connaît à peine. Les relations de celle-ci et de sa fille étant compliquées, Corinne est assez peu ravie de le voir débarquer, d’autant qu’elle se prépare pour la transhumance. Alors qu’il s’ennuie ferme, Sébastien fait une rencontre qui va changer sa vie : celle de Belle, une chienne des Pyrénées maltraitée par son maître, qu’il va libérer sans se préoccuper des conséquences.
J’adore la série Belle & Sébastien. J’ai été biberonnée aux romans dans mon enfance et à la série en noir et blanc. J’étais donc assez curieuse de cette nouvelle sortie (d’autant que, fun fact, la scène chez le notaire dans le film a été tournée dans une des bibliothèques du réseau de médiathèques où je travaillais ! Celle d’Aureilhan, pour les curieux, qui vaut le détour ne serait-ce que pour son look architectural). Ayant raté le film au ciné, je me suis rabattue sur la novellisation.
Le récit reprend les grandes lignes de l’histoire originale : un garçon, une chienne, les Pyrénées en toile de fond d’une amitié indéfectible. Et c’est à peu près tout ! Exit les Angelina, docteur Guillaume et autres César (même si celui-ci est brièvement cité). D’ailleurs, Sébastien n’est même plus orphelin ! (Mais sa nouvelle maman de papier s’appelle Cécile, j’avoue que ça m’a fait rire !) Bref : place au neuf.
Cette nouveauté se ressent aussi dans les enjeux de l’intrigue : si Sébastien est calé chez sa grand-mère, c’est parce que sa mère a un déplacement professionnel. L’ado glandouille sur Instagram (c’est d’ailleurs comme ça que Belle, qu’il a volée, sera retrouvée par son propriétaire), et le récit s’appuie aussi sur des thèmes d’actualité, notamment autour de la montagne. Il est donc question de la farouche opposition bergers/loups, de la pression touristique, du changement climatique, et de la survivance (ou pas) des modes de vie traditionnels (notamment de la transhumance). C’est à peine creusé, car le sujet est vraiment l’amitié de Sébastien et de sa chienne, mais ça fait une toile de fond sympa. Côté texte, c’est très fluide, très facile à lire, et idéalement agrémenté d’un cahier photos des grandes scènes du film au milieu (ne commencez pas par ça, car il y a des spoilers !).
Une chouette lecture donc, pour le petit côté Madeleine de Proust, même si je ne suis pas sûre de m’en rappeler dans dix ans ! (alors que Le refuge du grand Baou, que j’ai pourtant lu assez jeune, semble gravé dans ma mémoire !).

Polar vert, saison 2, épisode 1 : La Malédiction de l’ours, Thierry Colombié (éditions Milan).
Klervi a une adolescence mouvementée : impliquée dans un trafic de civelles en Bretagne, elle a accepté d’aider la gendarmerie à coffrer les têtes pensantes du réseau, espérant ainsi alléger sa peine. En attendant son procès, elle vit dans un camping dans les Pyrénées, sous la protection de Marceau, l’un des deux gendarmes qui chapeautaient son travail d’espionne. Elle s’y fait appeler Claire et, conformément à ce que lui a conseillé le juge, elle réalise un service volontaire dans une association de défense de l’environnement. L’ambiance au village n’est pas des plus sereines, un combat acharné entre les pro-ours et les anti-ours sévissant. En effet, la réintégration de l’ours n’est pas du goût de tout le monde, notamment des éleveurs, des chasseurs, mais aussi des trafiquants qui voient ainsi la forêt leur échapper. Or la situation dérape lorsqu’une ourse est tuée de façon barbare et son petit kidnappé…
Vous reprendrez bien un peu de Pyrénées ? Alors avant toutes choses, je dois dire que je n’ai pas lu la saison 1 de Polar vert… et ce n’est pas grave, car les événements qui s’y déroulent sont suffisamment rappelés en début de roman (c’est conçu pour être lu indépendamment de toute façon). Le récit commence assez fort, avec une rando dans les hauteurs qui tourne assez mal, Klervi et ses camarades assistant en direct au meurtre de l’ourse et au kidnapping de l’ourson. J’ai trouvé le récit bizarrement équilibré : d’un côté, l’enchaînement des péripéties, le style lapidaire donnent l’impression que tout va assez vite. De l’autre, les atermoiements des personnages entraînent des répétitions et donc, des longueurs.
Malgré ça, j’ai trouvé l’intrigue intéressante, notamment parce qu’elle met bien en scène les enjeux qui secouent les Pyrénées et notamment la Bigorre : réintroduction de l’ours avec force manifs des deux camps, cette rivalité entre les « écolos » et les « locaux » (comme s’ils ne pouvaient pas être les mêmes), les problèmes induits par le tourisme ou la proximité avec la frontière (tentante pour les trafiquants de tous bords), mais aussi les projets industriels qui secouent régulièrement les montagnes. (J’ai assumé que ça se passait en Bigorre à cause de la mention du projet de méga-scierie – sans doute celle de Lannemezan – et de la mention des grands-parents du président qui sont « de la vallée d’à côté ».)
J’ai été très déstabilisée par la fin : en fait le récit s’arrête en plein dialogue ! C’est vraiment conçu comme deux épisodes de série, avec la coup bâtarde pour créer un cliffhanger. Du coup, effet réussi, j’ai hyper envie de lire la suite (le récit m’a bien accrochée quand même), mais un peu déçue de cette coupe franche et nette en plein milieu du dialogue !

Toujours pour les préados, mais cette fois au rayon fantastique-horreur, j’ai lu Peur sur le lac, de Katherine Arden, le troisième tome de sa série Small Spaces (éditions Pocket jeunesse, collection PKJ). C’est un roman qui allait dans ma PAL boulot, donc il se trouve que je n’ai pas lu les deux premiers. Ce n’était pas hyper gênant, mais dans la mesure où les enfants essaient de résoudre, en toile de fond, un problème depuis le tome 1, je pense qu’il vaudra mieux pour le lectorat cible de les lire vraiment dans l’ordre.
Ollie, Brian et Coco, alors qu’ils faisaient du bateau sur un lac en famille, se retrouvent piégés sur une île mystérieuse et non répertoriée, gardés par un monstre marin particulièrement féroce. Le récit horrifique fonctionne très bien, avec moult scènes d’attaques, de nuit angoissantes, de bruits bizarres dans la forêt et de fantômes pas très nets. L’intrigue fait monter doucement mais sûrement la tension et j’ai trouvé les personnages très attachants. Suffisamment pour me donner envie de lire le début, comme la suite ! En tout cas je me la note pour la conseiller, parce que le récits fantastiques ne sont pas légion en littérature jeunesse ! (en littérature vieillesse non plus, du reste).


Rayon bulles

Paul & Pauline, H. Tonton (Kennes)
Mai 1944. Paul, un vieil homme que ses jambes ne peuvent plus porter, et Pauline, une jeune fille abandonnée en quête de ses parents exilés, tentent ensemble de s’extirper de la sauvagerie qui oppose les forces allemandes aux troupes maquisardes. De la profonde Corrèze aux plages sétoises, leur périple va bouleverser leur vie, créer des liens singuliers et les contraindre à affronter leurs démons.
Hop, une BD achetée pendant Frissons à Bordères et magnifiquement dédicacée par son auteur, à l’aquarelle ❤
J’ai lu cette BD d’une traite, plongée que j’étais dans les graphismes, qui m’ont un peu rappelé Gibrat (dont j’ai poncé l’œuvre grâce à la médiathèque municipale quand j’étais au lycée). L’histoire nous plonge donc en pleine deuxième guerre mondiale, dans un village ravagé par une colonne allemande. Pauline est la seule rescapée, car elle a pu se cacher. Elle décide d’aller retrouver ses parents exilés, accompagnée de Paul, un vieil homme ronchon cloué dans un fauteuil. La relation entre les deux est assez touchante ! Le récit repose sur un gros retournement de situation que je me suis bêtement divulgâché en regardant bien les petits détails des illustrations… Ceci dit, la révélation fonctionne tout de même ! J’ai apprécié ma lecture dans l’ensemble, mais j’ai été un peu déçue de découvrir à la dernière page… qu’il s’agissait du tome 1. Du coup, cette impression de récit un peu facile s’explique par le fait qu’on n’en a là qu’une seule partie, un détail que j’aurais aimé connaître dès le départ et qui m’aurait permis de profiter à fond de ma lecture (merci les maisons d’édition d’y penser ! C’est particulièrement pénible !). Du coup, j’attends la suite de pied ferme, car malgré cette légère contrariété, j’ai apprécié ma lecture !

Côté séries :

La rentrée aura été l’occasion de se pencher sur la série de SF Snowpiercer, de Josh Friedman et Graeme Manson.
Sept ans après que le monde soit devenu inhospitalier, en raison d’une glaciation artificielle et durable, les survivants ont trouvé refuge à bord d’un immense train – 1001 wagons – qui sillonne perpétuellement la Terre à toute vitesse, à raison de 2.7 révolutions par année. La discipline rigoureuse de M. Wilford, le richissime homme d’affaires qui a affrété le train, est appliquée par le service de l’Hospitalité, représenté par Ruth et Melanie Cavill, qui est également l’ingénieure en chef. A bord, la vie est très règlementée, et les passagers des différentes classes ne sont pas autorisés à se mêler (du moins, ceux des basses classes ne peuvent espérer monter). Tout au bout du train sont entassés 400 « sans-tickets », des gens qui ont pris d’assaut la Queue du train le jour du départ, et qui sont utilisés pour les plus basses besognes. Quand un corps est retrouvé émasculé en 3e classe, M. Wilford envoie Melanie extraire un ancien policier, Andre Layton, de la Queue. Or, celui-ci est également le leader révolutionnaire de la Queue, qui s’apprêtait justement à se soulever. Alors que l’enquête débute, la tension entre les classes et les wagons est à son comble…
J’ai un avis mitigé sur cette série car, d’une part, j’ai adoré et, d’autre part, il y a quand même des points qui m’ont laissée sur ma faim. Avant toutes choses, je dois préciser que j’ai souvent fermé les yeux, car il y a des passages hyper violents (voire un peu gores), et ce n’est clairement pas ma tasse de thé.
L’ambiance polaire est bien mise en scène, de même que le régime totalitaire qui règne à bord du train. Les tensions inter-classes, de fait, sont bien rendues et j’ai aimé suivre plusieurs sous-intrigues à la fois, celles-ci mêlant petites histoires du quotidien et gros complots des familles.
Mais il y a quand même des petits trucs qui l’ont moins fait. J’ai beaucoup aimé les deux premières saisons, mais j’ai trouvé la troisième complètement bancale : il ne s’y passe positivement rien et d’un coup il se passe plein de trucs, de préférence tous en même temps, si bien que les revirements des uns et des autres n’ont aucun sens. Par ailleurs, certains personnages sortent du tableau sans qu’on sache pourquoi pour y revenir comme des fleurs plus tard… et je n’ai pas trouvé ça crédible. Miles, par exemple, le fils adoptif des deux leaders révolutionnaires, envoyé à l’école des ingénieurs (donc chez l’ennemi) et dont on entend plus du tout parler ?! Pas réaliste ! Au chapitre du réalisme, il m’a manqué aussi des données sur l’univers : pourquoi et comment y a-t-il des rails sur des étendues océaniques ? (oui parce qu’ils passent comme qui rigole d’un continent à l’autre). Qui les a installés et quand ? Les enchaînements dans les wagons du train ne sont parfois pas logiques, j’ai eu l’impression que les voitures changeaient de place dans l’ordre qu’elles occupe. Et puis comment les voies sont-elles aussi bien maintenues en état ? Bref, des petits points, mais ça m’a manqué pour profiter pleinement de l’expérience. Et ça ne m’empêchera aucunement de regarder la saison 4 lorsque celle-ci sortira ! Et d’enfin lire la BD !

Top/Flop


Pas de flop ce mois-ci, car il est difficile de choisir entre les lectures un peu plus mitigées. Le top, quant à lui, est une très bonne lecture !

Ce mois-ci, j’ai donc enfin découvert Jo Walton, en lisant Ou ce que vous voudrez. J’ai eu un peu de mal à rentrer dedans mais ensuite, quel plaisir de lecture ! Le récit alterne entre un vrai récit de fantasy et des monologues intérieures de la protagoniste, Sylvia, une autrice reconnue de SFFF, qui discute avec un personnage indéfinissable, à mi-chemin entre ami imaginaire et muse artistique. Le roman propose une intéressante réflexion sur l’art et la création, et mêle habilement les deux fils du récit, celui qui se passe de nos jours dans la réalité et celui qu’écrit Sylvia. C’était une très chouette découverte, même si je ne conseillerais pas forcément ce titre pour entrer dans l’œuvre de Jo Walton !

Citations

« Je me suis rendu compte que je n’avais jamais pensé à ma chance d’être né libre. »
La Longue marche des dindes, Kathleen Karr & Léonie Bischoff.

« Il faut qu’on trouve une solution rapidement. Il ne faut pas qu’Ollie et ma mère partent à notre recherche.
— Exact, acquiesça Brian. Hmm, il a peur du feu, selon vous ?
— Pourquoi ? demanda Phil.
— Si c’est le cas, alors Ollie et les adultes ne risquent rien sur la rive tant que leur feu ne s’éteint pas. Peut-être qu’on pourrait embraser des pommes de pin et lâcher quelques-uns de ces hameçons aussi ? suggéra Brian, pris d’une inspiration soudaine. Ça pourrait peut-être l’effrayer et nous donner une chance de nous enfuir ?
— Des pommes de pin ? répéta Phil. Ce truc est gros comme un bateau !
— Et si on arrivait à les lui lâcher dans le gosier ?
— Il n’ouvre la bouche que quand il est en colère ou qu’il compte dévorer quelque chose…, commenta Coco. Vous n’y pensez pas. (Elle regarda les garçons.) D’accord. Vous y pensez. Vous voulez mettre le serpent en colère. »
Peur sur le lac, Katherine Arden.

Elle s’empare avec morosité d’une des notes de Bella et y voit le croquis d’une femme crachant du feu par la bouche.
« C’est un sort d’embrasement ?
— On dirait, oui.
— Je peux l’essayer ?
— Est-ce que tu peux allumer un feu magique dans une tour remplie de papier et de cuir ?
Genièvre réfléchit un instant. « Même si c’est un tout petit feu ? »
Le Temps des sorcières, Alix E. Harrow.

« Enfin, en passant devant le garage, ils entendent de la musique. A fond ! Sébastien pousse la porte. Une déferlante de sons le fige sur place.
— Les Clash, commente Cécile derrière lui. Du punck rock. Ta grand-mère adore ça.
Au fond, une gerbe d’étincelles nimbe d’une lueur bleue une silhouette en combinaison de travail, penchée sur une vieille moto.
— Salut, risque Seb.
Pas de réponse. Il force sa voix et hurle :
— SALUT !
Corinne, sa grand-mère – car c’est bien elle -, sursaute et se retourne, surprise, en ôtant ses lunettes de soudeur. Les yeux écarquillés, elle fixe le garçon qui se tient devant elle.
— Qu’est-ce que tu fous là, toi ?
— Bonne question, répond Seb, stupéfait. »
Belle & Sébastien, nouvelle génération : le roman du film, Christine Féret-Fleury, Cécile Aubry et Pierre Coré.

« TU CROIS VRAIMENT QU’ON A BESOIN DE ça EN CE MOMENT ?
Je comprenais ce qu’elle voulait dire. En même temps, on pouvait aussi en discuter calmement. Pas la peine de s’énerver. Je ne me sentais même pas ivre. Juste léger et bienheureux. Était-ce un mal étant donné les circonstances ? Je ne croyais pas, non. Je ne savais pas trop comment engager la conversation sur un mode plus serein. Il valait mieux attendre qu’elle se calme.
— BIZARRE ! vociférait ma mère. GOTHIQUE ! DIABÉTIQUE ! ET MAINTENANT ALCOOLIQUE ! UN SACRÉ BOULET, HEIN !
Heureusement qu’elle ne m’avait pas vu fumer.
— Je sais, je sais, ai-je bafouillé sur un ton que je voulais conciliant. Je sais que l’alcool c’est pas bien. Mais d’abord, je ne suis pas saoul, et ensuite je me sens bien. C’est sûr que les alcooliques ont tort. Ils boivent trop. Il faudrait peut-être leur dire d’envisager l’alcool pas comme un loisir, tu sais, avec les bars, la musique, la fête, tout ça, mais comme… (j’ai réfléchi afin de bien préciser ma pensée), mais comme un médicament (j’étais fier de ma trouvaille) ! Parce que ça détend vachement quand même. Je me sens bien. Si bien si tu savais. Par exemple tu gueules et ça me fait rien. Je ne suis pas stressé ou tendu, rien. Toi aussi tu devrais boire quelque chose. ça te détendrait.
J’étais bavard, bavard, bavard. Je ne pouvais pas m’arrêter de parler. Ma mère fulminait. »
Grand Passage, Stéphanie Leclerc.