[2022] Petit bilan de novembre-décembre.

Cette période aurait dû être marquée par un énorme craquage livresque, puisque je devais aller à Montreuil (et voir mes ami.e.s, et ma famille) mais, malheureusement, les voies de la SNCF en ont décidé autrement. Ce sera pour l’année prochaine !

Carnet de lectures

Hypallage #3 : Écorce vive, Sylvain Pattieu (L’École des Loisirs).
J’ai trouvé ce titre sur ma PAL de boulot : j’étais un peu inquiète car je n’ai pas lu le deux précédents, mais il s’est avéré que cela pouvait se lire relativement indépendamment (je pense qu’on en profite plus en ayant tout lu, mais ce n’était vraiment pas vital d’avoir lu les deux premiers tomes).
L’histoire : à la fin de sa seconde, Zako est réorienté en section professionnelle et se retrouve dans un lycée du Jura en menuiserie. Dégoûté, loin de chez lui, il a d’abord du mal à trouver sa place et doit affronter des blagues sur son accent de banlieue, sa couleur de peau. Mais il va peu à peu prendre goût au travail du bois et s’y épanouir. Aimée descend à Marseille pour passer les détections dans un centre d’entraînement de foot féminin. La maladie de sa mère va contrarier ses plans. Va-t-elle devoir sacrifier sa carrière pour s’occuper de sa petite sœur ?
La première chose qui m’a surprise en ouvrant le roman, c’est qu’il est entièrement écrit au style indirect libre : pas de marque de dialogue, peu de ponctuation et cette impression d’être directement dans la tête des personnages. Cela demande une légère gymnastique pour savoir qui parle, ou qui pense, mais cela se fait de façon très fluide et bientôt, on n’y pense plus du tout !
Les personnages principaux sont Zako et Aimée, mais leurs amis ont aussi droit à leurs arcs narratifs, durant lesquels la bande d’amis passe par tous les maux de l’adolescence et de notre époque : amour, amitié, orientation professionnelle ou sexuelle, drogue, consentement, relations familiales… Le récit est très riche, et les thèmes sont à la fois bien amenés, et bien traités. Au final, ma seule interrogation sur ce roman restera celle du vocabulaire : très ancré dans son époque, le roman étale autant de termes « de jeunes » que possible. Déjà, j’ai été obligée d’en chercher la moitié (bonjour, vieillerie :D) mais je me demande comment ce type de récit peut durer dans le temps ? Qui sait si ce vocabulaire sera toujours usité dans quelques années, ou si en le présentant à des ados, ce ne sera pas perçu comme périmé ? L’avenir le dira ! Quoi qu’il en soit, j’ai passé un très bon moment avec ce titre, et ça m’a donné envie de lire les deux précédents !

Coin bulles

Saga #1, Brian Vaughan & Fiona Staples (Urban Comics).
J’ai profité de mon abonnement dans une nouvelle médiathèque pour emprunter le premier tome de Saga, le comics de Brian K. Vaughan et Fiona Staples, dont j’avais beaucoup entendu parler, sans jamais m’y aventurer. Et je regrette de ne m’être pas lancée plus tôt dedans ! J’ai adoré !
L’histoire : Un univers sans limite, peuplé de tous les possibles. Une planète, Clivage, perdue dans la lumière froide d’une galaxie mourante. Sur ce monde en guerre, la vie vient d’éclore. Deux amants que tout oppose, Alana et Marko, donnent naissance à Hazel, un symbole d’espoir pour leurs peuples respectifs. L’espoir, une idée fragile qui devra s’extraire du chaos de Clivage pour grandir, s’épanouir et conquérir l’immensité du cosmos.
L’univers est très très riche, j’ai bien accroché aux personnages et j’ai trouvé que ce premier tome donnait à la fois assez d’infos de base pour tout suivre, tout en donnant hyper envie de lire la suite. Très bonne pioche, donc, et je pense bien emprunter la suite en 2023 ! Par contre, je ne sais pas si je vire puritaine, mais je l’ai trouvé au rayon jeunesse-ado, et vu la quantité de scènes de sexe, ce n’est pas le rayon auquel je l’aurais préférentiellement rangé… S’il y a d’autres bib dans la salle, je veux bien votre avis !



Les Bras armés #1 : Les désignés, Enrico Orlandi et Olivier Pog (Dupuis).
Et hop, un titre de ma PAL de boulot, dont je ne savais rien avant de l’ouvrir !
L’histoire : le jeune Fidel vit heureux sur son île, partagé entre ses jeux avec son amie Tima et la pêche en compagnie de son père. Et rien ne semble devoir assombrir ce bonheur ! Car les humains, autrefois asservis par les Anciens Dieux, sont maintenant protégés par les Bras Armés, qui possèdent dans un de leurs bras une redoutable puissance volée à leurs anciens maîtres… Mais voilà que la vieille Mako, Bras Armé de l’archipel, arrive en ville afin de désigner cinq adolescents, parmi lesquels elle doit trouver son successeur. Fidel, qui fait partie des désignés, va devoir suivre une étonnante formation, qui fera de sa vie une succession d’aventures, de dangers et de révélations jusqu’à ce que – peut-être – il devienne à son tour un Bras Armé. Mako doit vite trouver celui qui la remplacera… Car au loin pointe déjà la menace des Dieux dégénérés ivres de vengeance prêts à fondre sur l’archipel !
C’est donc le premier tome d’une série de fantasy pour préadolescents que proposent les deux auteurs. L’univers est assez original : on est dans un archipel loin de tout, ambiance Hawaii et cocotiers, mais avec un soupçon de magie. Les fameux Dieux dégénérés ressemblent à l’iconographie assez classique des aliens (des têtes triangulaires, de longues pattes arachnoïdes). Je n’ai pas vraiment accroché aux graphismes, que j’ai trouvés un peu trop angulaires et enfantins à mon goût. L’intrigue, de son côté, reprend le schéma classique du récit d’initiation. Donc c’est sympa, mais pas non plus inoubliable et je dois dire que si la suite n’arrive jamais sur ma PAL de taf, je n’en ferai clairement pas une maladie !

Colossale #1, Rutile & Diane Truc (Jungle).
Et on continue avec cette fameuse PAL de travail, sur laquelle a atterri le premier tome de Colossale, par Rutile et Diane Truc.
L’histoire : la vie mondaine de Jade est toute tracée : des soirées luxueuses, des études dans un lycée prestigieux, un carnet bien rempli; il ne lui reste plus qu’à trouver le galant idéal (riche, afin de renflouer la famille). Mais comment réussir à rentrer dans le rang quand la seule chose qui l’obsède, c’est faire de la musculation à longueur de journée ?
Excellente surprise que cette BD qui a d’abord connu un succès retentissant au format webtoon. J’ai adoré le mélange « univers de princesses », notre époque et le thème ô combien improbable de la muscu. C’est loufoque, mais ça fonctionne ! On suit Jade dans ses déboires adolescents, coincée qu’elle est entre ses aspirations et celles de sa mère (qui veut à tout prix la marier). Les autrices jouent sur les codes de la comédie romantique, tout en évoquant des thèmes d’actualité (grossophobie, construction de soi, poids des apparences, attentes familiales, etc.) avec légèreté, mais sans les minimiser. Point bonus : la comédie n’est pas oubliée, on se moque gentiment des romances, j’ai beaucoup ri et j’attends avec impatience le tome 2 !

Mukai #1, Kriko Jr (Omaké Books).
Toujours sur la PAL de travail, qui recèle des pépites et aussi des trucs nettement moins bien, comme ce premier tome de Mukai.
L’histoire : Mukai est un ado qui vit et travaille dans la ferme laitière de son grand-père. Une nuit, il fait un cauchemar horrible, dans lequel un démon arrache les yeux de son grand-père. Or, au réveil, il apparaît que le papi a effectivement perdu la vue durant la nuit. Mukai décide alors de le venger en devenant un guerrier des rêves. Il découvre au passage qu’une effroyable conspiration menace le monde…
Je crois que j’ai rarement autant soufflé en lisant un manga. L’intrigue est hyper linéaire et manque clairement d’originalité (l’orphelin élu, blablabla). Le seul truc qui sort un peu du lot, c’est le lait magique et la vache qui parle mais, dans la mesure où ce manga est une commande du lobby laitier pour assurer sa pub, j’imagine que c’était le minimum syndical ! Je n’ai découvert cette information qu’en cherchant des infos sur le titre, donc ça passe assez bien dans le récit sans faire propagande. Mais bon, il faut quand même se fader le découpage hyper artificiel (avec un résumé en fin de chapitre et une tentative d’effet d’annonce pour la suite qui ressemble à un mauvais scénario de série Z !) et l’humour particulièrement lourdingue. Je m’abstiendrai donc de lire la suite !

Quatre sœurs, intégrale #1, Malika Ferdjoukh et Cati Baur (Rue de Sèvres).
Un peu de douceur pour finir l’année, avec la réédition en intégrale des deux premiers tomes de la série Quatre sœurs : Enid et Hortense !
L’histoire : les quatre sœurs Verdelaine (qui sont en fait cinq) vivent, depuis la mort tragique de leurs parents, à la Vill’Hervé, en bord de mer. Charlie, l’aînée, tente de joindre les deux bouts, les autres vivent leurs vies d’adolescentes et préadolescentes. Enid, depuis la dernière tempête, est persuadée qu’un fantôme hante le parc (elle l’entend hululer toutes les nuits) et est bien décidée à enquêter sur ce mystère. Hortense, elle, tente de vaincre sa timidité en rejoignant une troupe de théâtre.
Les deux premiers tomes sont consacrés aux deux sœurs les plus jeunes, mais les intrigues mêlent les arcs narratifs de toute la sororie, ce qui rend d’une part le récit très prenant et, d’autre part, donne diablement envie de lire la suite. Le récit, très équilibré, sait ménager suspense, humour, mais aussi des passages plus émouvants lorsqu’il est question des parents décédés (qui apparaissent sous forme de fantômes). L’ensemble dégage une impression de chaleur et de bienveillance très agréable, d’autant que les dessins et couleurs de Cati Baur (ronds et douces), collent à l’ambiance générale. Bref, j’ai hâte de lire la suite !
J’avais mis ce titre dans mon Cold Winter Challenge pour la catégorie Iceberg, donc hop, une catégorie de validée !

Top/Flop

La seule lecture qui m’a laissée de marbre (et plus si affinités), en cette fin d’année, est donc le manga Mukai évoqué juste au-dessus. Je crois que je suis assez difficile en manga, surtout en shonen, et là, clairement, rien ne m’a convenu !

Par contre, niveau bonnes lectures, et dans des genres totalement différents, je vais citer trois titres (pas encore chroniqués, mais j’espère que ça va venir) !

Bien que j’aie fait des études littéraires, je suis assez à la bourre sur les classiques. Donc j’ai enfin lu Jane Eyre, de Charlotte Brontë et bien m’en a pris car j’ai passé un excellent moment !
J’avais peur de me décourager (c’est quand même une sacrée briquette dans cette édition), mais que nenni, cela m’a bien trop plu. Je connaissais déjà l’histoire (je pense avoir vu au moins deux adaptations), donc j’ai un peu moins profité de l’association ambiance mystérieuse + révélation, mais je me suis tout de même laissée embarquer dans ma lecture. Si vous prévoyez de le lire, je vous conseille quand même de vous tenir éloignés des adaptations, ça gâche une partie du plaisir !
J’ai trouvé le texte fluide et facile à lire et, sur certains aspects, le propos hyper moderne (Jane ne veut pas se marier, c’est quand même à souligner). Bref, une très chouette lecture, et je pense que je vais continuer à piocher dans les romans de cette époque et de cette veine pour lire ma romance annuelle !

Ensuite, j’ai lu, avec un immense plaisir là encore, Vers les étoiles, le tome 1 de la série Lady Astronaut, de Mary Robinette Kowal, que j’avais envie de découvrir depuis longtemps.
L’uchronie est intelligente et hyper bien menée : on a effectivement une Amérique des années 50 un brin chamboulée, mais question mentalités, on est bien dans ce qu’on connaît. Donc le récit fait la part belle à la course à l’espace, mais aussi à des sujets de société vraiment d’actualité comme la lutte pour les droits civiques, ou la place des femmes. Au départ j’ai été un peu déstabilisée par les ellipses, qui sonnent l’impression de lire de multiples petites scénettes, mais en fait tout ça forme un tout cohérent qui n’a pas tardé à m’embarquer. J’ai hâte de lire la suite (vu que la série est déjà intégralement parue) !

Enfin, je l’avais gardé au chaud pour mon mois de décembre, j’ai lu Le Temps du Teuz de Morgan of Glencoe, un hors-série dans sa série La Dernière Geste (toujours pas chroniquée ici, mais je vous la recommande plus que chaudement). Ces 24 textes portent tous sur le solstice d’hiver, une fête importante dans l’univers de la Geste : 24 histoires donc, avant, pendant ou après les trois tomes déjà parus (gare aux spoilers donc), qui explorent différents personnages. Évidemment c’est chaleureux et mignon tout plein, mais pas que ! Certains récits réservent leurs lots de drames et franchement, je n’étais pas toujours prête.

Citations

« Les érables bavards constituaient l’une des plus anciennes prouesses technologiques des alchimistes et leur échec le plus retentissant. Initialement développée pour envoyer des messages d’une ville à une autre, la science des feuilles et de la sève s’était avérée d’une effroyable complexité. La légende populaire racontait qu’un alchimiste, chargé de transmettre un message à l’amant d’une reine, l’avait envoyé à son mari, le roi, suite à un mauvais calcul, provoquant son renvoi immédiat et la chute d’une dynastie. Abandonnés par les alchimistes, les érables s’étaient néanmoins reproduits et, cinq ans auparavant, ils s’étaient remis à chanter des informations. Nul ne savait si les arbres sifflaient les messages de leur propre volonté ou si quelqu’un les manœuvrait dans l’ombre. En tout cas, les informations qu’ils propageaient étaient souvent sulfureuses. »
Le Serment des Traqueurs, Laëtitia Lajoinie.

« Ces petites filles me croyaient capable de tout. Elles me croyaient capable d’aller sur la Lune. Et grâce à ça, elles se croyaient capables d’y aller elles aussi. Voilà pourquoi je devais continuer. À leur âge, j’aurais eu besoin de quelqu’un comme moi. D’une femme comme moi. »
Vers les étoiles, Mary Robinette Kowal.

« Qu’il n’y a pas de chaînes à nos pieds ou de coup de fouet sur notre dos parce que ce n’est pas nécessaire. Car si tu ne fais pas les quatre volontés de la Compagnie, tu meurs. Tu meurs parce que tu ne peux pas payer les médecins pour te soigner. Tu meurs parce que la police ne viendra pas si tu n’es pas assuré. Parce que les pompiers ne couvrent pas ton quartier, parce que tu ne peux pas décrocher un travail, parce que tu ne peux pas payer ta nourriture, parce que l’eau a été coupée, parce qu’il n’y a pas de lumière la nuit et si ça ce n’est pas de l’esclavage, si ça ce n’est pas le monde qui est devenu fou si ça ce n’est pas… »
84K, Claire North.

« Tout ce qui est perdu n’est pas voué à être retrouvé… […] Mais tout ce qui disparaît n’est pas forcément perdu. »
Sirem et l’oiseau maudit, Yasmine Djebel.

« Le bûcher s’éteint peu à peu. L’Église pense pouvoir mettre ainsi un terme à la Réforme. Elle ne réalise pas que les flammes ne brûlent pas les hérésies, mais seulement les liens qui retiennent la colère de ceux qu’elle cherche à opprimer. »
Du roi je serai l’assassin, Jean-Laurent Del Socorro.

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5 commentaires sur “[2022] Petit bilan de novembre-décembre.

  1. Zina dit :

    Les voies de la sncf sont impénétrables 😉
    J’aime beaucoup ta dernière citation !

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  2. Saga est clairement à mettre en adulte ! Peut-être que le vernis SF + les couleurs chatoyantes des couv’ sont à l’origine de cette erreur ?

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