Ombres mouvantes, Mercy Thompson HS#2

Ce recueil contient les nouvelles « Cœur d’argent », « Bénédictions de fae », « Gray », « Loup d’aveugle », « L’Étoile de David », « Des roses en hiver », « Du sang sur les perles », « Rédemption » et « Le Creux », ainsi que des scènes coupées inédites tirées du Grimoire d’argent et de La Faille de la nuit.

Je lis un tome de Mercy Thompson ou d’Alpha & Oméga par an et, l’année dernière (je suis hyper à jour sur mes chroniques^^), c’est sur celui-ci que c’est tombé, un recueil de nouvelles qui se déroulent tout au long de la timeline des deux séries.

Cœur d’argent :

Cette nouvelle se déroule largement avant L’Appel de la Lune, puisqu’on est retournés à l’époque de la transformation de Bran et Sam – deux des plus vieux loups-garous de l’univers.
La novella (d’une centaine de pages) tient plus de la fantasy que de la fantasy urbaine, puisqu’on est dans un temps très ancien, en-dehors de toute ville, et où il est parfaitement naturel que la magie existe. Le récit choral fait alterner le point de vue de Sam, avec une narration en première personne, et les points de vue d’Ariana et Haida, avec une narration en troisième personne du singulier, cette fois-ci.
On retrouve dans cette novella des thèmes forts de la série comme la magie, les faes, et l’omniprésence du folklore (ici celte et gallois). L’autrice en profite pour creuser ses personnages : ainsi, ce récit permet de comprendre le désir de famille de Sam dans la suite des aventures, et éclaire au passage la relation qui l’unit à Ariana et que l’on redécouvre dans Le Grimoire d’argent. Côté ambiance, en revanche, on est assez loin de ce qui fait le sel de Mercy Thompson, la tonalité ici étant nettement plus triste.
Malgré tout, j’ai trouvé que l’ambiance fantasy changeait agréablement des canons de la série – même si c’est justement pour ne pas être dans la fantasy pure que je la lis !

Bénédiction fae :

Ce récit assez court se déroule avant L’Appel de la Lune et revient sur la rencontre entre Thomas, un très vieux vampire, et Margaret, une fae très puissante, qui s’avèrent être deux personnages principaux de L’Étreinte des flammes. J’ai trouvé cette nouvelle vraiment intéressante du point de vue du background, mais assez bizarrement tournée. Le récit fait des allers-retours constants entre différentes périodes du passé et aujourd’hui et, en fait, on ne va dans le passé que pour assister à des dialogues ou des scènes clefs. Alors évidemment, c’est une nouvelle, on n’est pas là pour faire l’historique des personnages, mais cela donne au tout un côté un peu artificiel, qui m’a parfois sortie de ma lecture. Avec ça, le récit repose sur une ellipse très importante que rien ne signale et qui, elle aussi, m’a donné cette impression d’artificialité. Donc je retiens ce texte pour les informations et l’ajout au background et c’est tout !

Gray :

Pas d’époque identifiée, cette fois-ci, le récit pourrait se dérouler en parallèle de n’importe quel autre moment. On est de nouveau chez les vampires, avec Elyna, une « vampire malgré elle ». Outre la trajectoire intéressante du personnage, le récit donne à voir un peu de politique interne, ce qui est toujours sympa pour la toile de fond de l’univers. D’autant qu’Elyna est plus dans la lignée de Stefan que de Marissia, donc pas trop d’hémoglobine à prévoir. J’ai aimé retrouver des valeurs que l’on retrouve dans les autres tomes de la série, puisqu’il est ici beaucoup question d’amitié, d’amour (et de deuil, aussi, soyons honnête).

Loup d’aveugle :

On retrouve ici deux personnages secondaires de Terrain de chasse, Tom et Moira, le premier étant un loup-garou, et la seconde, une sorcière. Mais une sorcière blanche, c’est-à-dire une rareté dans cet univers, puisque les autres sorcières les pourchassent pour s’emparer (violemment) de leurs pouvoirs. Cette nouvelle a des accents de roman policier pas désagréables, puisque Tom recrute Moira afin qu’elle l’aide à sauver son frère (manifestement enlevé par un convent de sorcières).
Cette fois, on creuse un peu plus le background côté sorcières, avec un intéressant parallèle entre magie noire et magie blanche (que l’on a assez peu croisée, jusque-là, dans la saga). C’est aussi une nouvelle très dynamique, avec scènes de combats et beaucoup de tension.

L’étoile de David :

Cette fois encore, on retrouve des personnages déjà croisés, le protagoniste étant David Christiansen, un solitaire que l’on croise dans L’Appel de la Lune. D’ailleurs, les événements se déroulent durant le mois de décembre de cet épisode : de fait, la mission qui a rendu Christiansen célèbre et aidé à la révélation de l’existence des loups-garous est discrètement mentionnée au fil du texte.
J’ai bien aimé retrouvé ce personnage qui fait un peu office de « Jo les gros bras » dans les romans tout en cachant un douloureux passé que l’on va découvrir ici. Le récit ne se déroule pas au moment de ce passé, mais celui-ci intervient dans le cours du récit. L’ambiance Noël est assez présente, et cela fait comme une petite parenthèse pleine de merveilleux et de magie des bons sentiments dans le recueil (et ce n’est pas désagréable !).

Des roses en hiver :

Le récit se déroule à Aspen Creek, dans la meute de Bran et on y suit Kara, une jeune fille qui a été agressée et transformée lorsqu’elle était enfant, mais n’a jamais pu contrôler sa transformation (son père l’enchaîne au garage à chaque pleine lune). Je ne me souviens plus dans quel tome elle croise la route de Mercy (le 2, peut-être ?), mais c’est notre garagiste préférée qui l’expédie à Bran. Bref, maintenant que Kara est là, elle doit à tout prix contrôler sa transformation, sous peine d’être exécutée. Elle est donc confiée à Asil, un vieux loup (très vieux !), personnage que j’apprécie tout particulièrement. Contre toute attente, une relation d’amitié finit par éclore entre eux, que j’ai trouvée très touchante.
Clairement, ce n’est pas la nouvelle la plus trépidante, mais c’est assurément la plus poétique (et celle qui, des mois plus tard, me reste le mieux en tête !).

Du sang sur les perles :

Les événements de cette nouvelle se déroulent entre Le Grimoire d’Argent et La Marque du fleuve et le narrateur et personnage central n’est autre que Warren, un personnage que j’apprécie beaucoup dans le reste de la série. Il officie comme détective privé pour le compte du cabinet d’avocat de son conjoint, Kyle Brooks. Et cela commence très fort, puisque quelqu’un envoie un zombie chargé d’éliminer Kyle… Warren, aidé de la sorcière de la meute, Elizaveta Arkadyevna et sa nièce, Nadia, mène donc l’enquête. Celle-ci est menée parmi les anciens dossiers de Kyle, qui a laissé quelques divorcé.e.s sur les nerfs après ses plaidoiries et mêle donc plusieurs aspects de la magie de l’univers (loups-garous, sorcellerie, un brin de zombie), ce qui permet d’assurer un certain nombre de péripéties bien menées. La chute est assez inattendue (disons que je n’avais pas regardé dans cette direction-là !) mais bien amenée et bien trouvée, cela fonctionne assez bien. Le seul point qui m’a chagrinée c’est qu’il y a pas mal d’erreurs de narration, qui passe d’interne à externe au gré des dialogues (avec des « dis-je » qui deviennent des « dit-il » alors que c’est Warren qui parle !), et cela m’a parfois un peu sortie de ma lecture.

Rédemption :

On continue avec les membres de la meute avec cette fois-ci, en tant que protagoniste, Ben, le loup-garou anglais très ambivalent qui a rejoint Adam suite à une affaire criminelle commise en Angleterre et dont on ne sait rien ! L’histoire se déroule entre La Morsure du givre et La Faille de la nuit (mais je n’ai pas relevé de spoiler majeur).
Ben est un personnage vraiment bien construit dans la série : il est d’abord détestable, mais l’autrice le nuance vraiment bien (et on s’aperçoit surtout qu’il est détestable parce qu’on ne nous le présente pas sous son meilleur jour). Il n’est pas non plus à son meilleur dans le début de cette nouvelle, qui le croque sur son lieu de travail, occupé à harceler royalement une de ses collègues. Sauf que, comme dans le reste de la série, il s’agit d’une histoire de point de vue à détourner – même s’il a bien de la chance que la collègue en question comprenne sa manœuvre. Le récit est donc centré sur un aspect assez psychologique, ce qui n’empêche pas la tension de monter doucement mais sûrement. Au passage, on en apprend plus sur son fameux passé, et c’est parfait. J’ai juste trouvé que la fin était un peu abrupte : en fait il y a une vraie fin et une sorte d’épilogue, qui m’a semblé en trop – sympa et marrant, mais ça donne une drôle d’allure à la nouvelle.

Le Creux :

Et voilà la dernière nouvelle du recueil avec, il était temps, Mercy comme protagoniste ! Les événements narrés se déroulent après La Faille de la nuit et là c’est important de lire dans l’ordre, car cela spoile pas mal l’intrigue du roman.
Mercy est recrutée par une femme pour l’aider à chasser un fantôme tenace qui vit chez l’homme qu’elle aime et il s’avère que tout cela n’est pas exempt de magie fae. On retrouve donc les éléments qui faisaient les récits des premiers tomes : de la magie, des créatures surnaturelles, un brin d’enquête et pas mal d’action (car cette nouvelle est très dynamique). Et j’étais contente de terminer sur cette note !

Le recueil contient en outre deux scènes coupées respectivement tirées des romans Le Grimoire d’argent et La Faille de la nuit – donc clairement, ce recueil est à lire après le tome 8 et pas avant, car cela révèle des pans entiers de l’intrigue (voire toute la résolution dans le cas de la deuxième). Ce sont des scènes qui ne sont pas dans les romans initiaux pour des questions de points de vue : tout est raconté du point de vue de Mercy dans les romans, et là on est en focalisation externe, donc cela aurait été bizarre. C’est du contenu additionnel sympa et dans la lignée de ce qui a été lu précédemment. Pas nécessairement vital, mais agréable pour compléter l’univers, certaines facettes des personnages ou les en-dehors des récits principaux.

Comme souvent dans les recueils de nouvelles, il y en a avec lesquelles on accroche tout de suite et d’autres un peu moins. Dans l’ensemble, j’ai apprécié de pouvoir compléter un univers qui me plaît déjà beaucoup, et de voir développés des personnages qui, en général, ne font que passer en toile de fond (puisque Mercy est la narratrice des romans). Une lecture sympa dans l’ensemble donc, pas franchement indispensable, mais qui complète gentiment le reste !

Dans le même univers : L’Appel de la Lune (1) ; La Marque du fleuve (6) ; La Morsure du givre (7) ; La Faille de la nuit (8) ; L’étreinte des flammes (9).
L’Origine (0) ; Le Cri du Loup (1) ; Terrain de chasse (2) ; Jeu de piste (3) ;

Mercy Thompson, hors-série : Ombres mouvantes, Patricia Briggs.
Traduit de l’anglais par Alix Dewez, Lorène Lenoir, Sophie Barthélémy. Milady, mai 2016, 566 p.

2 commentaires sur “Ombres mouvantes, Mercy Thompson HS#2

  1. Mypianocanta dit :

    Comme je fais une relecture de tout le Mercyverse dans l’ordre chronologique des événements (en suivant le site de Mme Briggs), j’ai relu ce recueil de manière totalement fragmentée en les insérant entre les tomes et cela a donné à chaque nouvelle un vrai plus car elles prennent vraiment toute leur valeur et leur place. Ce qui montre encore plus de l’importance de les lire dans l’ordre 😀

    (et les scènes coupées sont chouettes aussi).

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    • Sia dit :

      Eh bah tu vois, en le lisant, je me suis fait exactement cette réflexion « ça aurait été plus judicieux de tout relire dans l’ordre en intercalant les nouvelles ! ». Ce n’est pas prévu au programme tout de suite, mais je garde l’idée en tête pour plus tard 😀

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