Décembre et son cortège de paillettes et de repas un poil trop riches pour être honnêtes ! Le rythme s’en est ressenti, avec un peu moins d’articles qu’à l’accoutumée. Le bilan va d’ailleurs être un peu light, vu que j’ai également moins lu !
Carnet de lecture.
Un seul titre non chroniqué ce mois-ci et c’est juste pour ne pas le tailler un peu plus, tant ce roman m’a gonflée.
Entre Lumières & Ombres, tome 1, Reflets, Marie-Ève Caillot et Céline Pécault.
Encore un petit essai en auto-édition et, comment dire… On ne m’y reprendra plus ? Entre Lumières et Ombres est une histoire merveilleusement manichéenne et truffée de clichés, voyez plutôt.
Évelyne, une petite gothique ronde, belle et intelligente (mais qui s’ignore…), ignorait tout de l’existence des Ombres jusqu’à ce qu’elle réchappe miraculeusement d’un accident de la route qui aurait dû lui coûter la vie. Aidée par son meilleur ami gay, le sculptural et adorable David (dont elle est ÉVIDEMMENT, raide dingue), elle part à la recherche d’un être exceptionnel appelé Lumière, dont le destin est de modifier à jamais le cours de notre histoire. En fait, l’ami David a tout à voir avec l’affaire, puisqu’il est une créature surnaturelle, un Protecteur (celui d’Évelyne, ça tombe bien!). Évelyne est elle-même l’Élue, et c’est ensemble qu’ils doivent trouver la Lumière à protéger. Pour ce faire, et pour sauver les miches d’Évelyne poursuivie par les redoutables Ombres, les voilà partis en Corse, où réside toute la famille (nombreuse !) de David, tous Protecteurs (dont tous les frères ont des prénoms en D- et les sœurs des prénoms en L-. Originalité, tout ça, tout ça…). Il y retrouve également son mentor, Marianne, une vieille femme acariâtre, puits de science, chargée des prophéties, et dont il attend beaucoup. Là, Évelyne va devoir apprendre à utiliser ses pouvoirs qui se révéleront – fatalement – très puissants, afin de contrer le roi des Ombres. Au passage, si elle comprend que l’amour de David lui est définitivement inaccessible, elle s’entiche de son frère aîné (le bad guy de service).
Boooon. Par où commencer ? L’histoire est donc truffée de clichés : il y a l’héroïne rondelette qui ignore qu’elle est belle, qui se veut forte en gueule mais a quand même besoin d’un mec pour la protéger, qui n’a pas de chance en amour et qui craque pour son meilleur ami – gay, donc. Celui-ci, en plus d’être sexy et badass a un gros problème d’ego et ne peut pas piffrer son frère – sombre histoire de rivalité amoureuse. Le frère, quant à lui a trop-un-petit-coeur-brisé et ne se tape que des bombes décérébrées. Il craque donc sur la petite ronde mal sapée parce qu’elle a « une lumière intérieure », tout en rappelant sans arrêt que ce n’est pas son style. Et alors, crétin sans nom, tu ne peux pas juste craquer sur elle et la fermer ?! Le pire étant qu’on n’évolue quasiment pas et qu’on reste enfermé dans ces clichés guère développés.
Côté intrigue, ce n’est guère mieux. On a les gentils Protecteurs VS les méchants Ombres. Et vous savez quoi ? Bah il y a même un traître. Pas la peine de se creuser le cerveau, deux scènes suffisent à pointer du doigt l’identité du faux-jeton (« Ouh le méchant désagréable !! »). Du point de vue de l’initiation, l’amie Évelyne est, évidemment, ultra douée, mais j’imagine que ce n’était pas la peine de le préciser.
Passons à la forme. Le style est, au mieux… passable. C’est plat, écrit au présent, sans respecter la concordance des temps quand parfois il y a du passé, avec une pauvreté de vocabulaire hallucinante. Je n’ai pas noté le nombre de fois où les personnages braillent, mais sachez que ça m’a, moi aussi, donné envie de brailler. De plus, l’intrigue est d’une lenteur proprement insupportable. Il faut dire que si David n’avait pas autant de frères et sœurs (dont il est crucial de partager sans cesse l’avis, sans qu’ils se différencient les uns des autres), que s’il n’y avait pas AUTANT d’histoire d’amour (et de cul) entremêlées, ni une mythologie si envahissante et mal amenée, cela irait mieux. Entre les pages hyper didactiques où on nous refait l’historique à grands coups de paragraphes indigestes et les questionnements intenses des uns et des autres, on est servis. Tout cela nous amène, au bout de 500 pages affligeantes à LA scène de baston qu’on appelle de tous nos voeux depuis le début du roman… coupée en plein milieu. Chtac, là, comme ça. Alors, comment vous dire ? Quand on s’appelle Hollywood et qu’on en est au 25e X-Men, pourquoi pas – et encore,
un scénario aussi mal ficelé, ça craint. Mais quand c’est un premier tome d’une série où il ne se passe positivement rien d’intéressant, juste non. Bref. Voilà un titre qui aurait dû entrer dans ma résolution « Arrêter quand c’est mauvais ».
Dans le même genre, je vous recommande plutôt Zombitions : le côté bit-lit trop présent m’avait également
prodigieusement agacée mais, au moins, l’intrigue fantastique tenait la route. Là, ce n’est même pas le cas.
J’ai également lu un album qui m’a beaucoup plu : Monstre rose, d’Olga de Dios, aux éditions Winioux. C’est l’histoire d’un Monstre rose (donc), énorme, qui sourit tout le temps. Pas de bol, il est né dans un pays où tout est blanc (décors et habitants !) et où l’on ne sourit jamais. Monstre rose n’est pas très heureux. Il décide donc de partir, dans l’idée de se trouver un coin plus sympa. Je vous spoile : il trouve !
J’ai beaucoup aimé les dessins d’Olga de Dios : crayonnés (aux crayons ou au feutre très fin), ils donnent une ambiance très particulière à l’histoire. Le début, très contrasté, oppose le rose pétant du monstre au blanc glaçant des décors. La fin, elle, hyper colorée, est aussi beaucoup plus chaleureuse. Avec cette histoire, l’auteur évoque avec justesse et finesse la différence, le vivre-ensemble et la quête d’un endroit à soi. Bref : un très bel album à mettre sur tous les tapis de lecture !
Côté ciné.
Star Wars VII : Le Réveil de la Force.
Alors, voilà. Je suis allée voir Star Wars VII et… j’ai trouvé que c’était un bon divertissement. Un Disney mignon, même. Mais tout sauf un bon Star Wars. Déjà, l’histoire m’a un peu trop rappelé le 4e opus pour emporter mon adhésion mais, ça encore, pourquoi pas. Il y avait pire.
Les incohérences. Comment Rey peut-elle causer le Chewbacca et le BB-8 alors que, soyons honnête, c’est une bouseuse du fin fond de la galaxie ? Quand elle enfume le Faucon Millenium et qu’elle s’aperçoit que ce ne sont que Han Solo et Chewbacca, elle ne coupe l’arrivée des gaz toxiques. Pourtant, personne ne meurt. Normal ? Où a-t-elle appris à se battre ? Pourquoi Finn se fait-il latter alors que c’est un soldat de métier ? Comment Rey fait-elle l’apprentissage de la force aussi vite ? (D’ailleurs, mention spéciale à ceux qui débarquent en Star Wars-ie et bon courage pour comprendre cette scène).
Les personnages plus creux que l’Arbre creux de Peter Pan. Kylo Ren, c’était obligé de le bâcler à ce point ? Oui ? Ha, ok. Non parce que niveau crédibilité, entre ses répliques à la noix et ses pétages de plomb sur du matos innocent, on repassera. Et Poe Dameron , c’était obligé de le bâcler aussi ? Tant qu’à se payer le «meilleur pilote de la galaxie» (dixit l’intro), un peu plus de place dans l’histoire, ça aurait été cool, quoi.
À part ça, on flirte avec le nawak. La référence aux nazis, c’était obligé ? Les spectateurs sont trop cons pour comprendre que le Premier Ordre, c’est les méchants, faut leur cogner le front dans la purée pour qu’ils entravent ? Je vous passe les longueurs (c’est loooong ! Du nerf, les gars !) et la musique même pas aussi tripante qu’à l’accoutumée. Bon. Il y avait quand même de chouettes scènes de baston et de vaisseaux spatiaux.
En dehors de tous ces défauts, l’histoire est quand même choupi tout plein, avec les bons sentiments qu’il faut là où il faut, un peu d’adrénaline et deux-trois personnages qui cassent la baraque. La mignonnitude est assumée par BB8 – que vous ne tarderez pas à trouver au rayon peluche et sur les listes de Noël de vos gamins.
Malgré tout ce qu’il y avait à redire, j’ai passé un moment de cinéma plutôt sympa, mais pas suffisamment pour me ruer sur la suite quand elle sortira.
J’ai profité de la période pré-fêtes pour regarder – enfin ! – Rouge rubis, adaptation du roman du même titre. 
Et j’ai trouvé ça pas mal, j’avoue, parfait pour une aprèm jogging-glande intense, en fait. Je ne vous refais pas l’histoire, c’est – grosso modo – la même que dans le roman. L’adaptation n’est pas mauvaise, mais non plus exceptionnelle. Si j’ai trouvé Gwendolyne nettement moins niaise, j’ai regretté que l’histoire soit aussi moins drôle. De plus, j’ai trouvé que l’histoire autour du voyage dans le temps était à peu près aussi mal expliquée que dans le bouquin – mais vu que je connaissais l’histoire, j’ai suivi sans problèmes. Bref, un film mignon mais pas inoubliable. Je suis quand même curieuse de voir la suite, ne serait-ce que pour voir ce qu’ils ont fait pour Xemerius !
À côté de ça, il y avait quand même un coup de cœur audiovisuel, ouf ! J’ai nommé la série How to get away with murder – juste Murder en VF.

C’est l’histoire d’Annalise Keating, professeur de droit et avocate renommée à la tête de son propre cabinet. Elle est brillante et la terreur du parquet. Chaque année, elle embauche quatre étudiants pour les faire bosser sur ses affaires – qu’ils étudient, pour certaines, en cas pratiques en cours. C’est LA chance de leur vie. Cette année, les heureux élus sont Connor Walsh, Asher Millstone, Laurel Castillo, Michaela Pratt et, en supplément, Wes Gibbins, le protagoniste, un étudiant boursier et orphelin – autant dire, pas le profil type de la fac. Or, ces étudiants sont, très vite, impliqués dans un meurtre… Les cours d’Annalise vont donc trouver une application très rapidement !
Cette série est, tout simplement, géniale ! L’histoire peut sembler glauque (ok, elle l’est un peu) mais, c’est nettement moins cradingue que ça en a l’air. Surtout, c’est hyper inventif. Chaque épisode apporte son lot de surprises et on s’attend assez peu aux différents rebondissements. Tout est passionnant ! Les recherches menées par les étudiants pour s’en sortir, le travail effectué sur les affaires, les passages au tribunal, les plaidoiries brillantes d’Annalise et, bien sûr, le meurtre. À côté de ça, on suit également les histoires personnelles des étudiants, dont les vies sont, rapidement, bouleversées par leur acte (c’est on ne peut plus normal).
Bref. Une première saisons tout simplement géniale. J’ai hâte de regarder la suivante !
Tops & Flops.
Trois flops ce mois-ci, c’est vraiment pas de bol.
En premier lieu, Reflets de Marie-Ève Caillot et Céline Pécault, dont j’ai déjà bien assez parlé ci-dessus, je ne vais pas tout reprendre. En résumé, de la bit-lit tout pile comme je la déteste.
Vient ensuite Ne regarde pas, deuxième volume des aventures de Noa
Torson, écrites par Michelle Gagnon. Alors que le premier volume était sympa, quoiqu’avec quelques faiblesses, ce deuxième volet ne fait rien pour les corriger et s’y enfonce de plus en plus profondément. Le roman reste sympa à lire, certes, mais pas aussi bien mené qu’il aurait pu. J’espère vivement que le troisième tome sera meilleur.
Enfin, on a Ostland, de David Thomas, dont le sujet me bottait carrément, mais la façon dont ça a été fait m’a cruellement déçue. La narration est hyper déséquilibrée et ne permet pas de vraiment mettre en balance la dualité du personnage – alors que c’est tout l’intérêt du récit. La partie historique est, heureusement, suffisamment documentée pour pallier ce point.
Côté bonnes découvertes, j’ai été mieux lotie.
Tout d’abord, il y a eu cette remarquable biographie écrite par Christel Mouchard : Gertrude Bell : agent secret, aventurière et archéologue. J’ai tout simplement adoré. Alors, ce n’était pas dur, car Gertrude Bell me fascine littéralement, mais l’auteur a, en plus, un talent certain pour faire vivre les personnages. Une excellente biographie !
Ensuite, il y a eu N’oublie pas mon petit soulier, de Gabriel Katz, un
petit polar de Noël diablement efficace et avec lequel j’ai passé un très bon moment. C’est marrant, c’est bien troussé et je pense que ça peut plaire à un large public !
Enfin, le troisième volet des aventures de Sophie Foster, Le Grand Brasier, de Shannon Messenger a tenu toutes ses promesses ! J’avais hâte de retrouver les Cités Perdues, je suis encore plus impatiente de les retrouver. Vivement la suite !
Citations.
« Non, je n’ai pas de traîneau. Ni de rennes. Ni d’elfes, ni de lutins, et j’aimerais bien qu’on arrête de me demander où est mon atelier, parce que j’ai pas d’atelier. On pourrait croire, avec ce costume en feutrine rouge qui me fait suer comme un boeuf, mais non, je ne suis pas le Père Noël. Si j’étais le Père Noël, je serais sur un toit, dans le ciel ou en Finlande, n’importe où sauf ici.
– Bonjour ! Comment tu t’appelles ?
Silence. Encore un qui ne sait pas comment il s’appelle ou alors c’est le costume qui l’impressionne. Il se tortille, se met un doigt dans le nez, et c’est la mère qui me chuchote son nom à l’oreille.
– Est-ce que tu as été sage, gamin ?
Silence. A voir la tête de la mère, soit il n’a pas été sage, soit je n’ai pas compris son nom. Bien sûr. Personne ne s’appelle Gamin. Mais au rez-de-chaussée du Printemps, trois jours avant Noël, avec une file de vingt mioches qui couinent en attendant leur tour, ce n’est pas toujours facile de tendre l’oreille. »
N’oublie pas mon petit soulier, Gabriel Katz.
« Le Cygne Noir sait qui je suis, Keefe. Pas qui j’étais, ni qui je crois être. Qui je suis vraiment.
Le jeune homme s’approcha si près d’elle qu’elle aperçut son reflet dans les glaces.
– Bon, nous savons tous les deux que je ne suis pas doué pour le sérieux et la compassion, donc pardonne-moi si je n’y vais pas par quatre chemins… Quand vas-tu te rendre compte qu’ils ne peuvent te dicter qui tu es ? Peut-être peuvent-ils te raconter quelques anecdotes sur ton passé et ta famille… et je comprends que tu t’en effraies. Mais s’ils te disent que ta mère est la plus ouverte et la plus décontractée qu’ils aient jamais rencontrée, vas-tu tout à coup devenir moins têtue ou moins secrète ?
– J’en doute, convint Sophie.
– Et s’ils affirment que ton père était encore plus farceur que moi… ce qui, entre nous, est impossible. Enfin, admettons. Vas-tu soudainement te mettre à sécher les cours pour jouer des tours à Dame Alina, ou au Magnat Leto, ou à je ne sais quel futur principal ?
– Non plus
– Bien. Notre famille ne détermine pas notre personnalité. C’est nous qui en décidons. Crois-moi, mes parents s’arrachent assez les cheveux à mon sujet. Et parfois, c’est la seule chose qui m’aide à tenir jusqu’à la fin de la journée.»
Le Grand Brasier, Shannon Messenger.
« L’exigence envers autrui est nécessairement moindre que l’exigence envers soi-même.»
Gertrude Bell, citée par Christel Mouchard.
« Ta maman, elle est injuste. Pour elle, je me déshonore, chuis un paillasson ! Mais elle, elle épousé mon crétin de frère, qu’a filé je n’sais où, elle n’a pas de leçons à me donner. Tout ça, c’est de la morale de féministe mal placée. […] Les hommes que je vois, je leur fais du bien, et ils ne me font pas de mal. Parce que moi, j’ai compris une chose importante… Le nerf qui reliait mon cœur à mon entrecuisse, je l’ai sectionné d’un coup sec avec mon esprit ! Là, dans ma tête ! Pis maintenant, je suis tranquille, tu vois ! Entre là-dedans qui veut, ça me fait autant d’effet qu’une poignée de main. C’set pas i terrible
– Je ne crois pas que je comprends ce que tu racontes, tatie.»
Communardes, tome 1, Les Éléphants rouges, Wilfrid Lupano et Lucy Mazel.
« Sérieusement, si je deviens un jour ce genre de nana décervelée qui ne sait plus que griffonner des petits cœurs dans ses cahiers, je voudrais, s’il te plaît, qu’on me tire une balle dans la tête.
– Je te le rappellerai à l’occasion.
– Sérieusement ! Je suis si heureuse que nous soyons immunisées contre les garçons, Livy!
– Peut-être pas vraiment « immunisées », mais au moins difficilement inflammables, rectifiai-je. »
Silver, Kerstin Gier.