L’Étreinte des flammes, Mercy Thompson #9, Patricia Briggs.

La tension entre les faes et les humains est à son comble. Lorsque la meute est amenée à affronter un troll déchaîné, la présence d’Aiden, enfant humain enlevé il y a des siècles par les faes, pourrait bien être la seule chose susceptible d’empêcher la guerre qui s’annonce.
Prêts à le protéger coûte que coûte, Mercy, Adam et la meute devront défier le Marrok, les humains et les faes. Mais qui les protégera de celui qui a reçu l’étreinte des flammes ?

Voilà un roman que j’ai tiré de ma PAL pour avoir une lecture sympa pendant Partir en Livre. Et en fait… au bout du premier chapitre, je me suis aperçue que j’avais non seulement déjà lu ce tome, mais qu’en plus je n’en avais gardé aucun souvenir ! Pas bon signe, non ?

En tout cas, le récit démarre en fanfare avec une incroyable scène de combat sur un pont suspendu, opposant un troll enragé à Mercy et aux loups. C’est dantesque ! D’autant que cette entrée en matière particulièrement réussie débouche sur le gardiennage d’un enfant doté de pouvoirs magiques, et qui a longuement été retenue par En-Dessous. Cette organisation avec les loups lance la meute dans une guerre rangée contre les faes. Bref : des remous en perspective !

Sauf que… pas tellement. L’intrigue est lente à se mettre en place, lente à évoluer, lente à se dévoiler, malgré de nombreuses péripéties bien amenées. Habituellement, ce n’est pas gênant, car l’autrice profite de ces rythmes plus posés pour creuser l’univers ou les personnages. Mais cette fois, j’ai trouvé que ces paragraphes sentaient tous plus ou moins le réchauffé et n’apportaient que des éléments que l’on connaissait en fait déjà. Rien de neuf sous le soleil, donc… Heureusement, les relations politiques (notamment loups-faes) sont clairement approfondies dans cet opus, et j’avoue que c’est ce qui a sauvé ma lecture. Il en va de même pour la relation entre Mercy et Adam, qui a connu quelques remous au tome précédent et qui va être au cœur de quelques rebondissements ici.

« La mère d’Izzy utilisait les termes « naturel » et « végétal » pour tout ce qu’elle considérait comme bénéfique, tandis que « toxine » était pour elle synonyme de « néfaste ». A aucun moment elle ne nomma de toxine particulière, mais ma maison, ma nourriture et, apparemment, mon maquillage en étaient bourrés. […]
– Et voilà la partie que je préfère, souffla-t-elle en caressant du bout des doigts l’image travaillée. Les huiles essentielles.
Elle avait prononcé cette dernière phrase sur le ton qu’un dragon aurait employé pour dire « doublon espagnol ».

De plus, retrouver la plume fluide de l’autrice, les petites touches d’humour et les piques entre les personnages était vraiment très chouette !

J’ai apprécié, comme toujours, de retrouver Mercy, Jesse et la meute. Mais dans l’ensemble, j’ai eu l’impression de lire un tome de transition manquant clairement de rythme. J’espère que tout cela ira mieux au tome suivant !

Dans la même série : L’Appel de la lune (1) ; La Marque du fleuve (6) ; La Morsure du givre (7) ; La Faille de la nuit (8).

Mercy Thompson #9, L’Étreinte des flammes, Patricia Briggs.
Traduit de l’anglais par Sophie Barthélémy. Milady (Bit-lit), avril 2017, 380 p.

Black Night, Black Wings #2, Christina Henry.

En tant que Faucheuse, Madeline Black a pour rôle d’escorter les âmes des défunts dans l’au-delà. Évidemment, ils sont rarement ravis de la voir… Pourtant, c’est là le cadet de ses soucis. Des morts contre-nature frappent la ville, des ennemis inconnus ou malheureusement trop familiers la suivent, et pour couronner le tout, Gabriel, son garde du corps, a disparu avec sa gargouille de compagnie ! Mais Maddy est la petite-fille de Lucifer, et ses ennuis personnels pèsent bien peu face à l’intervention délicate qu’on lui confie : une mission diplomatique au royaume fae, qui l’entraînera jusqu’au cœur du terrible Dédale…

Peu de temps après avoir lu le premier tome de cette série, j’ai enchaîné avec celui-ci, ce qui est assez rare dans mes lectures de série ! Comme pour le premier tome, j’ai passé un moment globalement divertissant, mais qui ne suffira pas pour inscrire cette série dans mon top 5.

Cette fois, la parenté de Madeline avec Lucifer est nettement plus au centre de l’histoire ; d’une part, parce que Maddy est supposée se plier à une étiquette rigide dont elle n’a pas toujours les codes, d’autre part parce que son royal paternel l’a fiancée, sans lui demander son avis, à un de ses laquais. On repassera pour l’égalité des sexes… Là-dessus, la jeune femme est placée sous la protection rapprochée de Gabriel, qu’elle aime passionnément. Vous le sentez poindre le triangle amoureux ? Bah vous avez raison. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles je me suis un poil moins amusée avec cet opus qu’avec le précédent. De plus, l’intrigue est hyper redondante : Maddy est attaquée par une créature inconnue-mais-affreusement-dangereuse, elle commence par déplorer l’absence d’un de ses nombreux membres de harem, puis se bastonne – seule – avec la créature, vainc parce qu’elle est badass, mais finit quand même à moitié morte dans les bras d’un camarade, parce que la cavalerie arrive au dernier moment. C’est d’un lourd !

D’autant qu’il faut une grosse moitié au roman pour donner vraiment un sens à l’intrigue, tant on est occupés avec des sous-intrigues sans queue ni tête. Et c’est dommage, parce que tout l’arc narratif autour de la cour fae permettait vraiment d’approfondir l’univers. Sauf que comme pour tout le reste, c’est quand même assez brouillon. Comme l’intrigue multiplie les faux-semblants, les trahisons, les manigances, les disparitions, on finit par ne plus tellement savoir où donner de la tête. Or, c’est comme dans le tome 1, les explications peinent à venir. Autant l’impression de flou pouvait passer pour un premier tome, autant pour un tome 2, je trouve ça vraiment dommage. Cette fois, même si les personnages font toujours preuve d’une gouaille bien agréable qui relève un peu l’ensemble, je n’ai pas suffisamment apprécié pour enchaîner avec les tomes suivants.

C’est un roman que j’ai apprécié de lire pour l’aspect très divertissant, mais dont l’intrigue ne m’a pas tellement convaincue. C’est dommage, car l’univers comme les personnages sont bien trouvés. Mais le manque chronique d’explications et le côté hyper brouillon des péripéties gâche un peu l’ensemble. Sympa pour la plage, mais je ne lirai certainement pas la suite.

◊ Dans la même série : Black wings (1) ;

Black night, Black wings #2, Christina Henry. Milady, mai 2019, 384 p.

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Black Wings #1, Christina Henry

Rien de tel qu’être agente de la mort pour vous pourrir la vie. Pour Madeline Black, escorter les défunts dans l’au-delà est un travail à toute heure et très mal payé. Certes, on y gagne des pouvoirs magiques et une paire d’ailes impressionnantes, mais aussi un patron exaspérant, une gargouille grincheuse à supporter, et bien des factures impayées. Les choses semblent s’améliorer lorsque le séduisant Gabriel Angeloscuro s’installe dans l’appartement au-dessous du sien… jusqu’à ce qu’un monstre terrifiant ravage les rues de Chicago, et que Maddy se découvre des pouvoirs inconnus, liés à un héritage dont elle ignore tout et qui fera d’elle la cible de tous les feux de l’enfer et du paradis.

Cela faisait une paye que je n’avais pas lu de fantasy urbaine, rayon bit-lit, aussi me suis-je laissée tenter (l’année dernière…) par cette nouvelle série ! Et, si elle ne deviendra sans aucun doute pas ma nouvelle référence, je dois dire que je me suis gentiment laissée porter par ces deux premiers tomes.

Dès l’ouverture, j’ai apprécié le style plein d’humour de Christina Henry : Madeline Black, quoique Agente de la Mort et blogueuse cuisine, peine à joindre les deux bouts, ronchonne à qui mieux-mieux. Pour ce faire deux sujets de prédilection : primo, sa gargouille domestique — dont on pourrait comparer le comportement à celui d’un chat ayant clairement conscience de sa supériorité sur son humain domestique, à ceci près qu’elle sait en sus voler, adore le chocolat et les pop-corns et crèche sur une corniche de la façade. Secundo, les lourdeurs administratives de son boulot, dont le paragraphe en décrivant la totale absurdité m’a quasiment tiré des larmes d’hilarité !
Quels que soient les échanges entre personnages, les échanges sont vifs et savoureux, notre protagoniste étant loin d’avoir la langue dans sa poche.

L’intrigue s’appuie sur un univers et une mythologie que je n’ai pas l’habitude de fréquenter en fantasy urbaine (je vous spoile un peu) : celui des damnés et des déchus. Pas besoin d’avoir fait tout son catéchisme pour suivre qui fait partie des bad guys et qui fait partie des encore-plus-bad-guys, le tout est assez limpide.
Si le schéma protagonistes/opposants est clair, il n’en est malheureusement pas de même pour l’univers. Comme on finira par le comprendre, Maddy n’est pas supposée avoir de tels pouvoirs magiques. Mais la révélation est quelque peu tardive. Et l’ennui, c’est que le reste est à l’avenant : on comprend tardivement les règles de l’univers dans lequel on évolue, les règles de la magie des personnages, ou encore celles de leur mythologie et de leur organisation. On flotte donc dans une sorte de flou artistique peu agréable, qui laisse la désagréable impression qu’on a commencé l’intrigue par le tome 2 – bien que ce ne soit pas le cas.

Après avoir accepté de laisser le cerveau de côté, j’ai plutôt apprécié cette lecture qui sortait de ce que je lis habituellement. L’univers des déchus est assez sympa et la gouaille des personnages rattrapait les petits manques en explication. Comme je le disais en intro, ce ne sera pas ma nouvelle référence en matière de fantasy urbaine, mais j’ai suffisamment apprécié pour enchaîner avec le tome 2.

◊ Dans la même série : Black Night (2) ;

Black Wings #1, Christina Henry. Traduit de l’anglais par Clémentine Curie. Milady, mars 2019.

Alouettes, Testament #2, Jeanne-A. Debats.

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Je m’appelle Agnès, et je suis orpheline. Ah ! Et sorcière, aussi. Mon oncle m’a engagée dans son étude notariale. Ne croyez pas que le job soit ennuyeux, en fait, ce serait plutôt le contraire. En ce moment, tout l’AlterMonde est en émoi à cause d’une épidémie de Roméo et Juliette.
Imaginez : des zombies tombant amoureux de licornes, des vampires roucoulant avec des kitsune, des sirènes jurant un amour éternel à des garous. Et tout ce beau monde défile dans notre étude pour se passer la bague au doigt. Mais la situation commence à sérieusement agacer les hautes autorités. Et comme l’AlterMonde n’est pas Vérone, à nous de faire en sorte que cette fois l’histoire ne se termine pas dans un bain de sang…

Alouettes débute trois ans après la fin des événements narrés dans L’Héritière –  et, bonne nouvelle, on peut les lire indépendamment, les informations vitales étant rappelées dans ce deuxième tome. Et le récit débute en fanfare, Agnès étant en plein questionnement (sur sa vie sentimentale et sa sexualité) !
« Bit-lit » oblige, le roman offre son lot de galipettes et autres discussions sur la question mais, comme dans L’Héritière, le tout est fait avec autant de subtilité que d’intelligence et toujours pour servir l’intrigue, et non de façon gratuite ; les péripéties, de plus, servent une intéressante réflexion sur le féminisme et le statut des femmes dans la société – ce qui, ne nous le cachons pas, fait partie des gros points forts de ce texte. En effet, l’évolution d’Agnès est, ici, à l’honneur : de sorcière cloîtrée, elle devient une femme en possession de – presque – tous ses moyens. En un sens, elle est terriblement humaine (malgré sa nature sorcière), et c’est bien ce qui la rend si fabuleusement attachante.

 Mais il n’y a pas que ça ! Il y a avant tout l’intrigue. Car après avoir réglé la douteuse succession d’un Cénacle vampire, voilà qu’Agnès fait face à une épidémie de couples calamiteux, véritables Roméo et Juliette surnaturels. Imaginez un peu : un vampire et une kitsune, des loup-garous et des ondines, des dragons et des walkyries… on en passe et des meilleurs. Tout cela mettant, évidemment, les différents cercles surnaturels en émoi : l’affrontement général n’est guère loin. Charge à nos comparses de régler, en douceur et au mieux, le conflit larvé qui s’annonce.
L’intrigue est donc, naturellement, truffée d’allusions à la célèbre pièce de Shakespeare, ainsi qu’à d’autres grands titres de la littérature (classique ou imaginaire !) que l’on retrouve avec beaucoup de plaisir. La mythologie, de son côté, est particulièrement creusée et fait intervenir des mythologies de divers continents et traditions : le mélange est à la fois détonnant, original, et littéralement passionnant.

Comme dans le premier tome, l’intrigue est riche en péripéties et scènes d’actions décoiffantes – tel ce combat dantesque au centre Pompidou ! La tension monte de plus en plus au fil des chapitres jusqu’au paroxysme : impossible de s’ennuyer. De plus, la balade parisienne, abondamment décrite, permet de visiter un grand nombre de quartiers et d’apprendre une foule de choses sur la capitale.

Le premier tome avait été une excellente découverte et celui-ci est un véritable coup de cœur ! Jeanne-A. Debats propose un univers extrêmement riche, faisant appel à diverses mythologies qui se mêlent avec bonheur. L’intrigue est riche en péripéties, mais aussi en réflexions intelligentes. Et le tout est mené sur un ton caustique particulièrement réjouissant ! J’ai hâte de découvrir la suite des aventures d’Agnès !

◊ Dans la même série : L’Héritière (1) ;

Testament #2, Alouettes, Jeanne-A. Debats. ActuSF, mars 2016, 440 p. 

Le Ballet des ombres, Les Chroniques de Hallow #1, Marika Gallman.

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Abby possède le pouvoir d’absorber l’énergie des personnes qui l’entourent. Un don dont elle ignore presque tout et dont elle se sert surtout pour dévaliser des galeries d’arts. Jusqu’au jour où elle fait la connaissance d’un policier qui semble porter en lui la capacité d’annuler son pouvoir… Leur rencontre va tous les deux les propulser dans un univers qui les dépasse et leur dévoiler la face cachée de Hallow, une métropole où même les ombres peuvent vous tuer.

Dès le début du roman, Marika Gallman donne le ton : le récit est plein d’une ironie mordante. En effet, l’histoire débute un lundi matin et, comme chacun sait (et Abby plus que les autres), il se ne passe traditionnellement rien les lundis matins. Or, le concentré d’actions qui déboule dès le chapitre 2 lui donne immédiatement tort !

Marika Gallman ne laisse aucun répit à son personnage, ni à son lecteur : l’histoire est bourrée d’action, trépidante, prenante à souhait, car l’intrigue est plutôt dense. Il y a cette histoire de bijou qu’Abby, son père et son frère (cambrioleurs assermentés) sont chargés de dérober et qui s’avère être un leurre ; il y a l’incapacité d’Abby à voler l’énergie de ce policier à qui elle tente de dérober son portefeuille ; il y a, enfin, cette entité sombre qui semble vouloir prendre le contrôle de Hallow et qui va réunir ensemble tous les fils d’intrigue. Ainsi, entre les histoires de famille, les histoires de cœur et la mission de super-héros qui, subitement, échoit à Abby, on a non seulement une intrigue consistante et variée, mais aussi un rythme  palpitant.

De plus, Marika Gallman campe une galerie de personnages vraiment intéressants. Abby n’est pas une de ces mijaurées auxquelles nous a habituées la bit-lit de bas étage. C’est une jeune femme accomplie et réfléchie, que l’on suit avec un immense plaisir dans ses pérégrinations (amoureuses ou personnelles). Chris, de son côté, ne lasse pas d’étonner avec le mystère qu’il promène derrière lui – et qui n’est pas résolu en fin de roman, laissant toute latitude pour la suite ! Mais mon coup de cœur va aux personnages secondaires que son les proches d’Abby : entre son père et son frère (qui tentent de la materner mais pas trop !), aussi drôles qu’atypiques, on est servis. Et que dire de Lupita, l’employée d’Abby, sorte de condensé entre la mégère et la belle-mère horriblement autoritaire mais débordant d’un amour qui ne sait s’exprimer ? C’est, sans aucun doute, mon personnage favori du récit !

Par ailleurs, l’histoire prend place dans un univers vraiment palpitant : Hallow est une cité assez glauque, mais on arrive à percevoir l’amour que ressent Abby pour sa ville – ça a un petit côté Daredevil, avec l’amour que porte ce dernier à Hell’s Kitchen. Côté magie, les personnages qui en sont porteurs sont tous, au lieux, hautement intrigants. Le pouvoir d’Abby est déjà hyper intéressant, mais elle n’est pas la seule à être dotée de capacités spéciales. Or, tout n’étant pas expliqué, la suite promet des révélations hautes en couleurs.

En somme, voilà une série qui démarre fort bien et qui entre direct dans mon top 5 des séries de fantasy urbaine ! De plus, si ce premier tome peut se lire comme un singleton, la fin, très ouverte, promet une suite haute en couleurs – si toutefois il s’y déroule bien ce qui semble se profiler. Nul doute que je mettrai mon nez dedans à la sortie !

Les Chroniques de Hallow #1, Le Ballet des ombres, Marika Gallman. Milady, 2016, 471 p.

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[2015] Petit bilan de décembre

Décembre et son cortège de paillettes et de repas un poil trop riches pour être honnêtes ! Le rythme s’en est ressenti, avec un peu moins d’articles qu’à l’accoutumée. Le bilan va d’ailleurs être un peu light, vu que j’ai également moins lu !

Carnet de lecture. 

Un seul titre non chroniqué ce mois-ci et c’est juste pour ne pas le tailler un peu plus, tant ce roman m’a gonflée.

Entre Lumières & Ombres, tome 1, Reflets, Marie-Ève Caillot et Céline Pécault. 
Encore un petit essai en auto-édition et, comment dire… On ne m’y reprendra plus ? Entre Lumières et Ombres est une histoire merveilleusement manichéenne et truffée de clichés, voyez plutôt.
Évelyne, une petite gothique ronde, belle et intelligente (mais qui s’ignore…), ignorait tout de l’existence des Ombres jusqu’à ce qu’elle réchappe miraculeusement d’un accident de la route qui aurait dû lui coûter la vie. Aidée par son meilleur ami gay, le sculptural et adorable David (dont elle est ÉVIDEMMENT, raide dingue), elle part à la recherche d’un être exceptionnel appelé Lumière, dont le destin est de modifier à jamais le cours de notre histoire. En fait, l’ami David a tout à voir avec l’affaire, puisqu’il est une créature surnaturelle, un Protecteur (celui d’Évelyne, ça tombe bien!). Évelyne est elle-même l’Élue, et c’est ensemble qu’ils doivent trouver la Lumière à protéger. Pour ce faire, et pour sauver les miches d’Évelyne poursuivie par les redoutables Ombres, les voilà partis en Corse, où réside toute la famille (nombreuse !) de David, tous Protecteurs (dont tous les frères ont des prénoms en D- et les sœurs des prénoms en L-. Originalité, tout ça, tout ça…). Il y retrouve également son mentor, Marianne, une vieille femme acariâtre, puits de science, chargée des prophéties, et dont il attend beaucoup. Là, Évelyne va devoir apprendre à utiliser ses pouvoirs qui se révéleront – fatalement – très puissants, afin de contrer le roi des Ombres. Au passage, si elle comprend que l’amour de David lui est définitivement inaccessible, elle s’entiche de son frère aîné (le bad guy de service).
Boooon. Par où commencer ? L’histoire est donc truffée de clichés : il y a l’héroïne rondelette qui ignore qu’elle est belle, qui se veut forte en gueule mais a quand même besoin d’un mec pour la protéger, qui n’a pas de chance en amour et qui craque pour son meilleur ami – gay, donc. Celui-ci, en plus d’être sexy et badass a un gros problème d’ego et ne peut pas piffrer son frère – sombre histoire de rivalité amoureuse. Le frère, quant à lui a trop-un-petit-coeur-brisé et ne se tape que des bombes décérébrées. Il craque donc sur la petite ronde mal sapée parce qu’elle a « une lumière intérieure », tout en rappelant sans arrêt que ce n’est pas son style. Et alors, crétin sans nom, tu ne peux pas juste craquer sur elle et la fermer ?! Le pire étant qu’on n’évolue quasiment pas et qu’on reste enfermé dans ces clichés guère développés.
Côté intrigue, ce n’est guère mieux. On a les gentils Protecteurs VS les méchants Ombres. Et vous savez quoi ? Bah il y a même un traître. Pas la peine de se creuser le cerveau, deux scènes suffisent à pointer du doigt l’identité du faux-jeton (« Ouh le méchant désagréable !! »). Du point de vue de l’initiation, l’amie Évelyne est, évidemment, ultra douée, mais j’imagine que ce n’était pas la peine de le préciser.
Passons à la forme. Le style est, au mieux… passable. C’est plat, écrit au présent, sans respecter la concordance des temps quand parfois il y a du passé, avec une pauvreté de vocabulaire hallucinante. Je n’ai pas noté le nombre de fois où les personnages braillent, mais sachez que ça m’a, moi aussi, donné envie de brailler. De plus, l’intrigue est d’une lenteur proprement insupportable. Il faut dire que si David n’avait pas autant de frères et sœurs (dont il est crucial de partager sans cesse l’avis, sans qu’ils se différencient les uns des autres), que s’il n’y avait pas AUTANT d’histoire d’amour (et de cul) entremêlées, ni une mythologie si envahissante et mal amenée, cela irait mieux. Entre les pages hyper didactiques où on nous refait l’historique à grands coups de paragraphes indigestes et les questionnements intenses des uns et des autres, on est servis. Tout cela nous amène, au bout de 500 pages affligeantes à LA scène de baston qu’on appelle de tous nos voeux depuis le début du roman… coupée en plein milieu. Chtac, là, comme ça. Alors, comment vous dire ? Quand on s’appelle Hollywood et qu’on en est au 25e X-Men, pourquoi pas – et encore,zombitions-aurélie-mendonça un scénario aussi mal ficelé, ça craint. Mais quand c’est un premier tome d’une série où il ne se passe positivement rien d’intéressant, juste non. Bref. Voilà un titre qui aurait dû entrer dans ma résolution « Arrêter quand c’est mauvais ».
Dans le même genre, je vous recommande plutôt Zombitions : le côté bit-lit trop présent m’avait également
prodigieusement agacée mais, au moins, l’intrigue fantastique tenait la route. Là, ce n’est même pas le cas.

J’ai également lu un album qui m’a beaucoup plu : Monstre rose, d’Olga de Dios, aux éditions Winioux. C’est l’histoire d’un Monstre rose (donc), énorme, qui sourit tout le temps. Pas de bol, il est né dans un pays où tout est blanc (décors et habitants !) et où l’on ne sourit jamais. Monstre rose n’est pas très heureux. Il décide donc de partir, dans l’idée de se trouver un coin plus sympa. Je vous spoile : il trouve !
J’ai beaucoup aimé les dessins d’Olga de Dios : crayonnés (aux crayons ou au feutre très fin), ils donnent une ambiance très particulière à l’histoire. Le début, très contrasté, oppose le rose pétant du monstre au blanc glaçant des décors. La fin, elle, hyper colorée, est aussi beaucoup plus chaleureuse. Avec cette histoire, l’auteur évoque avec justesse et finesse la différence, le vivre-ensemble et la quête d’un endroit à soi. Bref : un très bel album à mettre sur tous les tapis de lecture !

Côté ciné. 

Star Wars VII : Le Réveil de la Force. 
Alors, voilà. Je suis allée voir Star Wars VII et… j’ai trouvé que c’était un bon divertissement. Un Disney mignon, même. Mais tout sauf un bon Star Wars. Déjà, l’histoire m’a un peu trop rappelé le 4e opus pour emporter mon adhésion mais, ça encore, pourquoi pas. Il y avait pire.
Les incohérences. Comment Rey peut-elle causer le Chewbacca et le BB-8 alors que, soyons honnête, c’est une bouseuse du fin fond de la galaxie ? Quand elle enfume le Faucon Millenium et qu’elle s’aperçoit que ce ne sont que Han Solo et Chewbacca, elle ne coupe l’arrivée des gaz toxiques. Pourtant, personne ne meurt. Normal ? Où a-t-elle appris à se battre ? Pourquoi Finn se fait-il latter alors que c’est un soldat de métier ? Comment Rey fait-elle l’apprentissage de la force aussi vite ? (D’ailleurs, mention spéciale à ceux qui débarquent en Star Wars-ie et bon courage pour comprendre cette scène).
Les personnages plus creux que l’Arbre creux de Peter Pan. Kylo Ren, c’était obligé de le bâcler à ce point ? Oui ? Ha, ok. Non parce que niveau crédibilité, entre ses répliques à la noix et ses pétages de plomb sur du matos innocent, on repassera. Et Poe Dameron , c’était obligé de le bâcler aussi ? Tant qu’à se payer le «meilleur pilote de la galaxie» (dixit l’intro), un peu plus de place dans l’histoire, ça aurait été cool, quoi.
À part ça, on flirte avec le nawak. La référence aux nazis, c’était obligé ? Les spectateurs sont trop cons pour comprendre que le Premier Ordre, c’est les méchants, faut leur cogner le front dans la purée pour qu’ils entravent ? Je vous passe les longueurs (c’est loooong ! Du nerf, les gars !) et la musique même pas aussi tripante qu’à l’accoutumée. Bon. Il y avait quand même de chouettes scènes de baston et de vaisseaux spatiaux.
En dehors de tous ces défauts, l’histoire est quand même choupi tout plein, avec les bons sentiments qu’il faut là où il faut, un peu d’adrénaline et deux-trois personnages qui cassent la baraque. La mignonnitude est assumée par BB8 – que vous ne tarderez pas à trouver au rayon peluche et sur les listes de Noël de vos gamins.
Malgré tout ce qu’il y avait à redire, j’ai passé un moment de cinéma plutôt sympa, mais pas suffisamment pour me ruer sur la suite quand elle sortira.

J’ai profité de la période pré-fêtes pour regarder – enfin ! – Rouge rubis, adaptation du roman du même titre. 
Et j’ai trouvé ça pas mal, j’avoue, parfait pour une aprèm jogging-glande intense, en fait. Je ne vous refais pas l’histoire, c’est – grosso modo – la même que dans le roman. L’adaptation n’est pas mauvaise, mais non plus exceptionnelle. Si j’ai trouvé Gwendolyne nettement moins niaise, j’ai regretté que l’histoire soit aussi moins drôle. De plus, j’ai trouvé que l’histoire autour du voyage dans le temps était à peu près aussi mal expliquée que dans le bouquin – mais vu que je connaissais l’histoire, j’ai suivi sans problèmes. Bref, un film mignon mais pas inoubliable. Je suis quand même curieuse de voir la suite, ne serait-ce que pour voir ce qu’ils ont fait pour Xemerius !

À côté de ça, il y avait quand même un coup de cœur audiovisuel, ouf ! J’ai nommé la série How to get away with murder – juste Murder en VF.


C’est l’histoire d’Annalise Keating, professeur de droit et avocate renommée à la tête de son propre cabinet. Elle est brillante et la terreur du parquet. Chaque année, elle embauche quatre étudiants pour les faire bosser sur ses affaires – qu’ils étudient, pour certaines, en cas pratiques en cours. C’est LA chance de leur vie. Cette année, les heureux élus sont Connor Walsh, Asher Millstone, Laurel Castillo, Michaela Pratt et, en supplément, Wes Gibbins, le protagoniste, un étudiant boursier et orphelin – autant dire, pas le profil type de la fac. Or, ces étudiants sont, très vite, impliqués dans un meurtre… Les cours d’Annalise vont donc trouver une application très rapidement !
Cette série est, tout simplement, géniale ! L’histoire peut sembler glauque (ok, elle l’est un peu) mais, c’est nettement moins cradingue que ça en a l’air. Surtout, c’est hyper inventif. Chaque épisode apporte son lot de surprises et on s’attend assez peu aux différents rebondissements. Tout est passionnant ! Les recherches menées par les étudiants pour s’en sortir, le travail effectué sur les affaires, les passages au tribunal, les plaidoiries brillantes d’Annalise et, bien sûr, le meurtre. À côté de ça, on suit également les histoires personnelles des étudiants, dont les vies sont, rapidement, bouleversées par leur acte (c’est on ne peut plus normal).
Bref. Une première saisons tout simplement géniale. J’ai hâte de regarder la suivante !

Tops & Flops. 

Trois flops ce mois-ci, c’est vraiment pas de bol.

En premier lieu, Reflets de Marie-Ève Caillot et Céline Pécault, dont j’ai déjà bien assez parlé ci-dessus, je ne vais pas tout reprendre. En résumé, de la bit-lit tout pile comme je la déteste.

Vient ensuite Ne regarde pas, deuxième volume des aventures de Noane-regarde-pas-noa-torson-2-michelle-gagnon Torson, écrites par Michelle Gagnon. Alors que le premier volume était sympa, quoiqu’avec quelques faiblesses, ce deuxième volet ne fait rien pour les corriger et s’y enfonce de plus en plus profondément. Le roman reste sympa à lire, certes, mais pas aussi bien mené qu’il aurait pu. J’espère vivement que le troisième tome sera meilleur.

ostland-david-thomasEnfin, on a Ostland, de David Thomas, dont le sujet me bottait carrément, mais la façon dont ça a été fait m’a cruellement déçue. La narration est hyper déséquilibrée et ne permet pas de vraiment mettre en balance la dualité du personnage – alors que c’est tout l’intérêt du récit. La partie historique est, heureusement, suffisamment documentée pour pallier ce point.

Côté bonnes découvertes, j’ai été mieux lotie.

gertrude-bell-christel-mouchardTout d’abord, il y a eu cette remarquable biographie écrite par Christel Mouchard : Gertrude Bell : agent secret, aventurière et archéologue. J’ai tout simplement adoré. Alors, ce n’était pas dur, car Gertrude Bell me fascine littéralement, mais l’auteur a, en plus, un talent certain pour faire vivre les personnages. Une excellente biographie !

Ensuite, il y a eu N’oublie pas mon petit soulier, de Gabriel Katz, unn-oublie-pas-mon-petit-soulier-gabriel-katz petit polar de Noël diablement efficace et avec lequel j’ai passé un très bon moment. C’est marrant, c’est bien troussé et je pense que ça peut plaire à un large public !

le-grand-brasier-gardiens-des-cités-perdues-3-shannon-messengerEnfin, le troisième volet des aventures de Sophie Foster, Le Grand Brasier, de Shannon Messenger a tenu toutes ses promesses ! J’avais hâte de retrouver les Cités Perdues, je suis encore plus impatiente de les retrouver. Vivement la suite !

Citations. 

« Non, je n’ai pas de traîneau. Ni de rennes. Ni d’elfes, ni de lutins, et j’aimerais bien qu’on arrête de me demander où est mon atelier, parce que j’ai pas d’atelier. On pourrait croire, avec ce costume en feutrine rouge qui me fait suer comme un boeuf, mais non, je ne suis pas le Père Noël. Si j’étais le Père Noël, je serais sur un toit, dans le ciel ou en Finlande, n’importe où sauf ici.
– Bonjour ! Comment tu t’appelles ?
Silence. Encore un qui ne sait pas comment il s’appelle ou alors c’est le costume qui l’impressionne. Il se tortille, se met un doigt dans le nez, et c’est la mère qui me chuchote son nom à l’oreille.
– Est-ce que tu as été sage, gamin ?
Silence. A voir la tête de la mère, soit il n’a pas été sage, soit je n’ai pas compris son nom. Bien sûr. Personne ne s’appelle Gamin. Mais au rez-de-chaussée du Printemps, trois jours avant Noël, avec une file de vingt mioches qui couinent en attendant leur tour, ce n’est pas toujours facile de tendre l’oreille. »
N’oublie pas mon petit soulier, Gabriel Katz.

« Le Cygne Noir sait qui je suis, Keefe. Pas qui j’étais, ni qui je crois être. Qui je suis vraiment.
Le jeune homme s’approcha si près d’elle qu’elle aperçut son reflet dans les glaces.
– Bon, nous savons tous les deux que je ne suis pas doué pour le sérieux et la compassion, donc pardonne-moi si je n’y vais pas par quatre chemins… Quand vas-tu te rendre compte qu’ils ne peuvent te dicter qui tu es ? Peut-être peuvent-ils te raconter quelques anecdotes sur ton passé et ta famille… et je comprends que tu t’en effraies. Mais s’ils te disent que ta mère est la plus ouverte et la plus décontractée qu’ils aient jamais rencontrée, vas-tu tout à coup devenir moins têtue ou moins secrète ?
– J’en doute, convint Sophie.
– Et s’ils affirment que ton père était encore plus farceur que moi… ce qui, entre nous, est impossible. Enfin, admettons. Vas-tu soudainement te mettre à sécher les cours pour jouer des tours à Dame Alina, ou au Magnat Leto, ou à je ne sais quel futur principal ?
– Non plus
– Bien. Notre famille ne détermine pas notre personnalité. C’est nous qui en décidons. Crois-moi, mes parents s’arrachent assez les cheveux à mon sujet. Et parfois, c’est la seule chose qui m’aide à tenir jusqu’à la fin de la journée.»
Le Grand Brasier, Shannon Messenger.

« L’exigence envers autrui est nécessairement moindre que l’exigence envers soi-même.»
Gertrude Bell, citée par Christel Mouchard.

« Ta maman, elle est injuste. Pour elle, je me déshonore, chuis un paillasson ! Mais elle, elle épousé mon crétin de frère, qu’a filé je n’sais où, elle n’a pas de leçons à me donner. Tout ça, c’est de la morale de féministe mal placée. […] Les hommes que je vois, je leur fais du bien, et ils ne me font pas de mal. Parce que moi, j’ai compris une chose importante… Le nerf qui reliait mon cœur à mon entrecuisse, je l’ai sectionné d’un coup sec avec mon esprit ! Là, dans ma tête ! Pis maintenant, je suis tranquille, tu vois ! Entre là-dedans qui veut, ça me fait autant d’effet qu’une poignée de main. C’set pas i terrible
– Je ne crois pas que je comprends ce que tu racontes, tatie.»
Communardes, tome 1, Les Éléphants rouges, Wilfrid Lupano et Lucy Mazel.

« Sérieusement, si je deviens un jour ce genre de nana décervelée qui ne sait plus que griffonner des petits cœurs dans ses cahiers, je voudrais, s’il te plaît, qu’on me tire une balle dans la tête.
– Je te le rappellerai à l’occasion.
– Sérieusement ! Je suis si heureuse que nous soyons immunisées contre les garçons, Livy!
– Peut-être pas vraiment « immunisées », mais au moins difficilement inflammables, rectifiai-je. »
Silver, Kerstin Gier.

Zombitions, Aurélie Mendonça.

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Depuis le début de l’humanité, la fine fleur des guerrières, les Nécrocides, contrecarrent les Maîtres Zombies dans leurs plans de domination du monde. Jusqu’à la dernière génération, les lignées de tueuses s’en sortaient plutôt bien, et aucune Apocalypse ne fut à déplorer.
Puis arriva Evangeline Rose.
Née dans une famille où se sont brillamment illustrées toutes les précédentes tueuses, Evy peine à marcher dans leurs pas. Ne devant sa survie qu’à une chance insolente, c’est pourtant sur sa génération que va peser le plan final des Maîtres. Pour son plus grand malheur, elle devrait mettre de côté shopping et écriture de romans pour se consacrer à la mission qui fait d’elle une Nécrocide.
Mais allez sauver le monde avec un Microbe dans le tiroir.

 

Zombitions, ou comment mêler zombies et chick-litt. Le mélange est un peu improbable, mais pourquoi pas ?
Evangeline Rose, Nécrocide tueuse de zombies de son état, ne rêve qu’aux fringues qu’elle va pouvoir s’acheter, et pense aux romans qu’elle va écrire entre deux hordes de zombies. Malheureusement, le mélange des genres n’est pas toujours des plus heureux.

Le roman alterne entre narration à la troisième personne, et extraits du journal de bord d’Evangeline Rose, dite Evy. L’ennui, c’est qu’on ne comprend pas toujours l’intérêt d’une telle alternance : certains événements sont brutalement tronqués, puis résumés dans le journal, tandis que certains événements sont narrés, puis repris dans le journal. Le rythme, du coup, s’en ressent : les actions manquent parfois de détails ou les découvertes d’explications (l’attaque dans le funiculaire ? Le voyage dans le Sud ? Les bébé-miroirs ?) tandis que d’autres passages sont d’une longueur… insupportable. C’est répétitif, on tourne en rond … le journal est atrocement bavard (et bourré de fautes de typographie…). De plus, le mélange des thèmes n’est pas toujours très heureux ; ainsi, le métier d’auteur d’Evy prend quasiment autant de place que ses expériences de tueuse de zombies : c’est trop, et on ne voit pas bien le rapport avec l’histoire, bien que cela apporte un côté original à l’histoire. Certes, Evy écrit des romans de zombies et espère ainsi éduquer les masses avant l’Apocalypse, mais est-il pour autant nécessaire de s’appesantir sur le NaNoWriMo auquel elle participe, de détailler encore et encore comment elle espère être entendue, et de revenir à nouveau sur son expérience d’auteur ? Non. Un simple paragraphe aurait suffi ; on a l’impression que ce rôle est plus important que d’éradiquer les zombies, ce qui est un peu dommage quand on est la tueuse officielle.
En fait, Zombitions n’est pas, comme je le pensais, un roman de zombies  : c’est un roman avec, vaguement, des zombies dans le fond, mais qui se concentre sur autre chose la majeure partie du temps. Les zombies n’interviennent, finalement, qu’à la fin et, une fois arrivés là, il nous manque des explications ou des approfondissements pour réellement profiter de l’aventure. Un parti-pris pas inintéressant, mais qui ne m’a pas convaincue.

D’autant que l’ensemble est plutôt attendu… L’héroïne est célibataire donc, forcément, elle va tomber sur un beau mec en goguette – et célibataire, la vie est bien faite ! – lequel castagne en plus du zombie. Elle est extrêmement proche de son frère adoptif (beau lui aussi, décidément), coureur de jupons et très insouciant. Inutile que je détaille pour que voyiez comment cela va tourner.
Côté intrigue, il y a (évidemment) une prophétie, qu’Evangeline va (forcément) refuser d’accomplir, ce qui va (inévitablement) entraîner des complications (type séquestration, torture, mort, hémoglobine par barriques). Mais là encore, un peu de détails ne serait pas du luxe ! Evangeline refuse de se soumettre à la prophétie… mais continue sa vie comme avant. On ne ressent pas la fracture entre elle et sa famille (puisqu’elle continue à les voir) et, du coup, la tournure tragique des événements semble tomber comme un cheveu sur la soupe.

Pourtant, l’ensemble aurait pu être génial, car on ne peut ignorer l’aspect éminemment comique de certains passages. Ainsi, le fait qu’Evangeline soit enceinte apporte un décalage rafraîchissant. Entre une horde de zombies, une séance de dédicace, ou un flirt avec Liam, Evy se pose une foule de questions propres aux futures mamans, qui semblent incongrues dans le contexte, mais donnent au roman un aspect très original, résolument moderne et drôle. De plus, l’héroïne n’a pas sa langue dans sa poche, et n’est pas avare de remarques sarcastiques ; on se prête souvent à sourire !

Rencontre ratée, donc, avec Zombitions : trop de bit-lit, pas assez de post-apocalyptique (ou pré-apocalyptique, suivant la chronologie du roman). L’histoire de cette tueuse de zombies enceinte et douée de magie est certes originale, mais le mélange des thèmes et le déséquilibre entre zombies et thèmes éminemment plus frivoles (ces derniers étant majoritaires) rend le roman déstabilisant, et nettement moins passionnant que prévu. 

Zombitions, Aurélie Mendonça. Rebelle, 2014, 245 p. 

 

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