Anna et Charles assistent à un conseil sur la proposition controversée de Bran : révéler l’existence des garous. Mais l’Alpha le plus redouté d’Europe, la Bête du Gévaudan, est contre ce projet… et il n’est pas le seul. Les vampires, eux non plus, ne considèrent pas ce coming out d’un très bon oeil. Et lorsqu’ils attaquent Anna, Charles entre dans une rage folle. Anna et lui doivent alors découvrir au plus vite qui se cache derrière tout ça… avant de perdre tous ceux qu’ils aiment.
Après la bonne découverte du Cri du loup, je suis ressortie un peu mitigée de cette lecture, certains côtés m’ayant plu, les autres quelque peu déçus.
Il est question dans ce tome de la révélation de l’existence des loups-garous au monde entier – dont on parle aussi beaucoup dans les tomes consacrés à Mercy. Si, dans la saga principale, cette annonce est considérée comme allant de soi, on voit ici que ce n’est pas du goût de tout le monde. Aussi Charles se heurte-t-il aux diverses volontés, notamment celle de Chastel, la terrible Bête du Gévaudan. Dans ce tome, Patricia Briggs utilise à son avantage tout un folklore européen qu’elle relie aux loups-garous. Comme dans le premier tome on évoquait Grendel, ce sont ici La Bête du Gévaudan, ou encore le roi Arthur, qui sont convoqués et reliés aux loups-garous, ce qui ajoute une petite note de fantaisie très appréciable. Comme souvent chez Patricia Briggs, il est aussi question de faes, de vieilles traditions, et de magie antique. Toute cette partie-là est bien documentée, et aussi agréable qu’à l’accoutumée, l’auteur réussissant à relier à la perfection son univers et les anciennes légendes, tout en réinvestissant les figures mythiques phares.
On assiste par ailleurs aux débuts de la relation entre Anna et Charles, chacun tâchant de découvrir l’autre sans commettre d’impair. Cette partie-là est assez subtile, Patricia Briggs évitant à la fois les bons sentiments dégoulinants, et les scènes trop guimauves. L’essentiel est suggéré plutôt que décrit, et renforce d’autant ce que l’auteur souhaite faire passer. Elle évite également la multiplication des scènes de sexe pour se concentrer sur la découverte de l’univers lupin par Anna, à grands renforts de descriptions, réflexions, explications. Et ce, peut-être au détriment de l’intrigue principale.
En effet, dans Terrain de chasse, il ne se passe pas grand-chose ; jusqu’à l’attaque par les vampires annoncée dans le résumé, on parle essentiellement du comportement des loups-garous face à la future révélation de leur existence – ce qui, effectivement, n’est pas anodin. Et même, au moment de l’attaque, la tension n’est pas à son comble, la situation étant réglée assez rapidement. Sans réclamer un suspens haletant (on sait qu’il existe un troisième tome), un minimum de stress eût été appréciable. Pire, l’énigme du commanditaire est résolue en deux temps, trois mouvements, ce qui s’avère assez frustrant.
Toutefois, l’ensemble du roman est très plaisant à lire, le style de Patricia Briggs étant toujours aussi agréable. L’humour et l’action sont toujours au rendez-vous, l’auteur dosant aussi bien l’un que l’autre. Ajouté à toute la mythologie de son univers, cela donne un nouvel opus très intéressant – mais manquant quelque peu de dynamisme, malheureusement. Après un premier tome riche en rebondissements, on a donc un tome plus contemplatif, qui permet à la fois d’approfondir l’univers et d’enrichir la psychologie des personnages. Pas exactement ce à quoi je m’attendais, mais un roman tout de même très plaisant à lire.
◊ Dans la même série : L’Origine (préquelle), Le Cri du loup (1), Jeu de piste (3).
Terrain de chasse, Alpha et Oméga #2, Patricia Briggs. Milady, 2011 (1ère édition 2009), 346 pages.
7/10.