Erased #1-3, Kei Sanbe

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2006. Aspirant mangaka dont la carrière peine à décoller, Satoru Fujinuma travaille comme livreur de pizzas pour joindre les deux bouts. Effacé et peu enclin à s’ouvrir aux autres, il observe le monde qui l’entoure sans vraiment y prendre part. Pourtant, Satoru possède un don exceptionnel : à chaque fois qu’un incident ou une tragédie se déroule près de lui, il est projeté quelques minutes dans le passé pour trouver ce qui cloche et empêcher l’inévitable avant qu’il se produise…

Cette anomalie de l’espace-temps lui vaut un séjour à l’hôpital le jour où, pour rattraper le conducteur d’un camion fou, il est percuté par un autre véhicule de plein fouet. Après l’accident, petit à petit, les souvenirs effacés de l’enfance traumatisante de Satoru resurgissent…

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 Le premier volume est essentiellement un tome introductif. On y découvre Satoru, son petit job de livreur de pizzas et… son don. Les premières pages sont un peu confuses, car les scènes se répètent (après tout, c’est la base du don de Satoru), avec quelques détails présentés sous un angle différent, ce qui fait que la chronologie n’est pas toujours instinctive.
Et cette impression va se poursuivre : l’accident de Satoru, la répétition d’épisodes de retour en arrière, et l’arrivée de sa mère vont faire resurgir des souvenirs d’enfance que Satoru avait préféré enfouir. Cette fois, l’impression de confusion ne vient plus du fait qu’il y a des répétitions que l’on a du mal à bien comprendre, mais plutôt de l’histoire morcelée qui commence à prendre forme. Et, si le départ pouvait sembler quelque peu ardu, la suite met carrément l’eau à la bouche. Il y a sans aucun doute une histoire assez sombre dans le passé de Satoru, et on a hâte de savoir comment son passé va s’articuler avec son présent, et son don particulier.

Le premier volume tourne autour de 3 personnages : Satoru âgé de 28 ans, sa mère – qui, elle, sait ce qu’il y a dans le passé de son fils – et Airi, une lycéenne qui travaille avec Satoru. Si, bien sûr, c’est Satoru qui a le rôle titre, il est intéressant de voir que les deux figures féminines ne sont pas délaissées ; Satoru n’est pas particulièrement sympathique mais, curieusement, c’est bien pour cela qu’on s’intéresse à ses aventures. Car malgré un côté asocial très prononcé, ses réflexions ne manquent pas d’intérêt, et ses préoccupations non plus !
Côté graphismes, les tons plutôt sombres et les décors urbains fouillés viennent souligner l’ambiance assez prenante du thriller, mais on regrettera que les visages ne soient pas toujours très soignés (notamment celui de la mère de Satoru).

Impossible d’évoquer ce premier tome d’Erased sans parler de la fin… le suspens prend doucement mais, une fois qu’il s’installe, il ne quitte plus le lecteur. Le volume s’achève en apothéose, sur un retournement de situation aussi brutal qu’inattendu ! Au vu de la fin, on ne peut qu’avoir envie d’en savoir plus !

Erased #1, Kei Sanbe. Traduit du japonais par David Le Quéré. Ki-oon, 2014, 200 p.

Attention, ce qui suit contient des spoilers sur la fin du premier volume.


Intriguée par ce qui semble être une tentative de kidnapping, la mère de Satoru commence àerased-2-kei-sanbe se poser des questions sur la série de meurtres qui a secoué Hokkaidô 18 ans plus tôt. Et si la justice ne tenait pas le vrai coupable ? Mais celui-ci l’a reconnue : avant qu’elle ait pu mener l’enquête, elle est assassinée. Satoru, arrivé sur les lieux juste après le drame, se retrouve alors propulsé à l’époque de son enfance, quelques jours avant la disparition tragique d’une de ses camarades de classe ! Désormais convaincu que les meurtres sont liés, il va tout faire pour changer le cours des choses…

 

Ce second volume exploite un peu plus le pouvoir de Satoru, puisque celui-ci est projeté 18 ans auparavant, dans son corps d’enfant, avec la certitude qu’il doit empêcher la disparition de sa petite camarade de classe, Kayo.
Le grand intérêt du volume, c’est de voir comment Satoru va tenter, par tous les moyens à sa disposition, d’infléchir le destin de Kayo, parfois en changeant carrément les événements… et parfois, en arrivant exactement aux mêmes résultats (à son grand désespoir).

L’histoire va permettre de questionner les souvenirs d’enfance : Satoru a complètement oublié certains événements de sa jeunesse, alors que d’autres points sont beaucoup plus marquants. C’était déjà amorcé dans le premier tome, évidemment, puisque Satoru redécouvrait totalement cette affaire occultée. Mais là, en étant confronté de nouveau à sa vie d’enfant, Satoru va pouvoir comparer les souvenirs qu’il a, avec ceux qui remontent à sa mémoire.
Ce retour permet également de nuancer les personnages : présentée comme une sorte de mégère dans le premier volume, la mère s’humanise nettement ici. Satoru, de son côté, est nettement plus sympathique ! Le décalage entre son personnage d’enfant et ses réactions d’adulte ne manque pas de piquant, et occasionne quelques passages assez drôles – dans une ambiance plutôt tendue.

Par rapport au premier tome, celui-ci est nettement plus calme et posé, on est toujours dans la lignée du volume introductif. Mais ce n’est pas long pour autant ! L’intrigue est fournie, on cherche comment Satoru va débloquer la situation, et on s’attache aux personnages. De plus, les graphismes semblent plus soignés que dans le premier tome.
Le volume s’achève, encore une fois, en apothéose. L’auteur termine ce tome sur un sentiment de plénitude bien agréable. Avant de replonger le lecteur dans l’angoisse, et ce seulement en deux pages. La conclusion est magistrale et… on veut savoir la suite ! La bonne découverte du tome 1 se confirme donc !

Erased #2, Kei Sanbe. Traduit du japonais par David Le Quéré. Ki-oon, 2014, 192 p.

 

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Aidé par ses camarades de classe, Satoru réussit à se rapprocher de Kayo. Et la fillette survit au 1er mars !

Mais Satoru crie victoire trop vite. Kayo disparaît le 3 mars… et celui-ci est à nouveau projeté dans le présent, en 2006, alors qu’il est en cavale. Pourquoi la rediffusion l’a-t-elle projeté 18 ans plus tôt ? Pourquoi a-t-elle échoué ?

 

Retour au présent et, cette-fois, on nage en plein thriller, Satoru étant recherché pour le meurtre qui clôt le premier volume. Une seule certitude, le meurtrier est à Chiba, et Satoru l’a probablement déjà croisé.
Avec la complicité d’Airi, il tente de le débusquer, et s’enferre peu à peu dans la clandestinité.

La tension est palpable de bout en bout ; autant, dans le tome précédent, on était tenus par l’envie de savoir ce qui allait se passer pour Kayo, autant là c’est du suspens pur. L’ambiance est même un tantinet angoissante : les scènes de fuite, de course-poursuite ou d’esquive sont nombreuses et bien menées, et le découpage des pages souligne ce suspens très prenant.

Les décors sont, à nouveau, très soignés, et accentuent l’atmosphère angoissante qui se dégage des pages. L’enquête progresse nettement, on sent qu’on touche presque au but… et la fin, encore une fois, offre un rebondissement maîtrisé et qui laisse le lecteur plein de questions !

Erased #3, Kei Sanbe. Traduit du japonais par David Le Quéré. Ki-oon, 2014, 190 p.

Voilà une série vraiment prenante ! Le thème du voyage dans le temps est assez léger, mais donne lieu à une intrigue passionnante : l’enquête est bien menée, le suspens est au rendez-vous dans les trois tomes, et on termine chaque volume avec l’envie de savoir comment tout cela se goupille. Le trait de Kei Sanbe est maîtrisé, mais ses visages d’adultes semblent moins réussis que ses personnages enfants. Les décors, de leurs côtés, sont splendides ! Dans ces trois tomes hautement prenants et efficaces, je note une petite préférence pour le second, à l’atmosphère délicieusement mélancolique, tandis que Satoru revisite son enfance. Le tome 4 sort en février, et il va sans dire que j’attends de pied ferme la suite de cette série uchronique !

◊ Dans la même série : tomes 4 et 5 ;

4 commentaires sur “Erased #1-3, Kei Sanbe

  1. Solessor dit :

    Ok, je signe ! Le concept et l’atmosphère que tu décris m’intéressent fortement, je suis assez curieuse de voir comment tout cela est exploité !

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  2. […] bonheur !! L’excellent manga uchronique Erased (de Kei Sanbe) va être adapté en série animée. C’est Tomohiko Ito qui la réalisera (on […]

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  3. […] d’Alex Alice, aux éditions Rue de Sèvres Seconds de Brian Lee O’Malley aux éditions Dargaud Erased (Tomes 3, 4 et 5) de Kei Sanbe, aux éditions […]

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