N’oublie pas mon petit soulier, Gabriel Katz.

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En acceptant ce job de Père Noël aux grands magasins, Benjamin Varenne ne s’attendait pas à déclencher un cataclysme dans sa petite vie de comédien raté. Beau gosse, séducteur, il va flasher sur la seule fille de Paris qu’il aurait mieux fait d’éviter comme la peste. Il faut dire que Victoire, cette petite brune irrésistible, n’est pas la gosse de riche qu’elle a l’air d’être, mais la femme d’un mafieux albanais, qui ne plaisante pas avec le code d’honneur.
Happé dans un engrenage de luxe et de violence dont il ne maîtrise pas les rouages, Benjamin va devoir improviser et, contrairement à ce qu’il pense, ce n’est pas ce qu’il fait de mieux. Des palaces parisiens aux îles paradisiaques du golfe de Thaïlande, il va vivre le Noël le plus mouvementé de sa vie…

Trois pages suffisent à planter le décor. Benjamin est un looser. Beau gosse et sympathique, certes, mais un looser quand même. Et ce n’est pas son job de Père Noël au printemps qui va changer la donne. Alors, fatalement, quand Victoire entre dans son champ de vision, il est incapable de résister alors qu’il sait d’expérience que les femmes s’y entendent à merveille pour l’aider à ruiner sa vie. Mais tant pis ! Ben vit dans l’instant et, à cet instant-là, rien ne l’intéresse plus que faire connaissance – et plus si affinités – avec la belle brune. Mais l’histoire se complique assez vite. D’une part, Victoire est probablement la gosse de riche la plus mystérieuse qui soit. D’autre part, il se pourrait qu’elle ait aussi une légère tendance à ne pas dévoiler toute la vérité, détail qui va très vite venir empoisonner copieusement le quotidien de Ben.

Et tout ça pour le plus grand plaisir du lecteur ! Parce qu’il faut se l’avouer : malgré les déboires de Benjamin, on rit beaucoup ! On assiste avec une certaine incrédulité à sa descente aux enfers : la découverte du mari jaloux, le décès accidentel mais néanmoins par homicide de la belle-mère, la fuite éperdue à Charleville en compagnie du garde du corps… Tout cela a des accents presque nanardesques tellement la vie de Benjamin semble calamiteuse. Et ce n’est rien à côté de ce qui lui arrive dans les chapitres suivants ! Accumulant péripéties rocambolesques et retournements de situation tout aussi incroyables, Gabriel Katz nous entraîne sur la piste des vacances les plus foireuses de la planète – et si vous pensez que le réveillon coincé entre le petit cousin et la grande-tante atteint des sommets, vous n’avez rien vu.

Au menu : des mafieux (très énervés et très recherchés), des gardes du corps badass (aimables tendance porte de prison), des plans tordus (comme aller récupérer des « paquets » dans des troquets), des services secrets sur les dents (aux plans plus secrets les uns que les autres), une tête de linotte gentiment écervelée (et insouciante) et un Ben au taquet pour éviter de finir sa vie en taule. Oui, parce que ça ne passe pas loin : on est loin de la cavale à la Bonnie and Clyde et plus proches du roman d’espionnage.
Les personnages sont tous charismatiques ; il n’est donc pas difficile de (au choix) compatir sincèrement à leurs déboires ou rire des calamités qu’ils rencontrent. Même Marco, le garde du corps patibulaire de Victoire, a un petit côté attachant, surtout vers la fin. D’ailleurs, il est assez amusant de voir comment Gabriel Katz inverse la tendance à propos de ses personnages : à mesure que Victoire devient de plus en plus agaçante, c’est Marco qui gagne en charisme. Benjamin, lui, garde la ligne.

Si l’intrigue est parfois un peu attendue, on y retrouve la verve habituelle de Gabriel Katz. Les retournements de situation arrivent à point nommé, le suspense est au rendez-vous et on frissonne même de temps en temps. Benjamin étant assez caustique et l’auteur peu avare en vertes réparties, on ne s’ennuie pas ! À ce titre, la chute vient habilement conclure le roman et colle tout à fait au côté «comique navrant» des fêtes de Benjamin !

En bref, et puisqu’il est encore temps, voilà un titre à glisser sous le sapin. D’une part, il devrait plaire à toutes sortes de lecteurs (fondus de polars ou non, aficionados de l’auteur ou non !) et, d’autre part, on passe un très bon moment avec. Efficacité, humour et suspense sont au rendez-vous de ce polar cynique et divertissant !

♦ Du même auteur : Le Puits des mémoires : La Traque, Le Fils de la Lune, Les Terres de cristal ;
Aeternia : La Marche du prophète, L’Envers du monde.
Maîtresse de guerre.

N’oublie pas mon petit soulier, Gabriel Katz. Editions du Masque, 2015, 284 p.

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8 commentaires sur “N’oublie pas mon petit soulier, Gabriel Katz.

  1. Je ne connais ni le livre ni l’auteur mais je compte bien y remédier. Le résumé et ta chronique me donnent envie de découvrir les deux au plus vite.

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  2. Lupa dit :

    Sympa ce titre, et bigrement d’actualité !!! Pourquoi pas, à côté d’une boite de savoureux chocolats, je l’imagine tout à fait à sa place 😉

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  3. solessor dit :

    Intéressant et d’actualité. 🙂
    Je donnerai toutefois la priorité à ses romans fantasy, question de préférence !

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  4. […] couinent en attendant leur tour, ce n’est pas toujours facile de tendre l’oreille. » N’oublie pas mon petit soulier, Gabriel […]

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  5. […] poil moins que la première trilogie) et bien ri aux déboires de Ben, j’attends M. Katz au tournant de son prochain bouquin. Un autre roman en vue pour des […]

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