L’Initiation, Wizards #1, Diane Duane

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Juanita, dite Nita, déteste l’école. Pas parce qu’elle est mauvaise, non. Elle est même plutôt douée. Elle la déteste parce qu’elle ne suit pas la mode, ne s’extasie pas sur les nouvelles affaires des filles populaires, et se moque bien d’être tendance. Pour ça, Nita paye, et cher. Ses chères camarades de classe la harcèlent, l’agressent, et la tourmentent constamment. 
Pour échapper à ses bourreaux, un soir, Nita se réfugie dans la bibliothèque municipale. Là, elle tombe par hasard sur un étrange livre d’orientation, proposant d’apprendre à devenir un sorcier, en seulement 10 leçons. Nita, amuseée, l’emprunte, en pensant que ce n’est qu’une blague, et un ouvrage humoristique. 
Sauf que ce n’est pas une blague. Et Nita va vite découvrir qu’en magie, elle n’est pas mauvaise non plus. 

Il y a eu la génération Harry Potter. Longtemps, on a cru que la littérature jeunesse découvrait seulement les histoires fantastiques de jeunes sorciers s’apercevant, dans un univers ressemblant au nôtre, que la magie existe. Erreur car, avant la série qui a jeté des centaines d’enfants dans la lecture, il existait déjà des titres comme L’Île du crâne, d’Anthony Horowitz, paru en 1991 en Angleterre, ou Wizards, dont traitera ce billet, publié aux États-Unis en 1983. Et il est dommage de se dire que la traduction de ce dernier titre n’arrive que maintenant en France, et qu’on aurait pu profiter de ce roman bien plus tôt !

Wizards met donc en scène les aventures de deux collégiens, Juanita (Nita pour les intimes) et Christopher (plus couramment appelé Kit). Ceux-ci découvrent, par l’entremise d’un curieux manuel de cours, qu’ils ont des affinités avec la magie dans ce monde. Démarre alors une incroyable épopée mêlant découvertes, apprentissages et, bien sûr, magie !

L’univers de Wizards se découpe en deux mondes, aussi riches l’un que l’autre. D’une part, le nôtre, tel qu’on le connaît et, d’autre part, son double obscur, couronné par une perpétuelle brume nébuleuse, et dans lequel les objets sont moins bienveillants que de l’autre côté de la barrière. On est donc face à un univers un poil manichéen, mais c’est justement l’opposition de ces deux univers qui fait tout le sel de l’histoire.
Dans Wizards, tout interagit grâce à la magie : nos deux collégiens ne tardent donc pas à se découvrir des affinités de communication avec leur entourage, vivant ou inanimé, ce qui est aussi original qu’amusant, suivant l’interlocuteur mis en scène. Tout cela est possible grâce à un langage magique spécifique, le Discours, que les deux enfants apprennent progressivement dans leur manuel de sorcellerie, et qui leur permet de désigner précisément chaque entité, en prononçant son nom véritable.

L’intrigue part d’un point somme toute banal : c’est, en quelque sorte, par un fâcheux hasard de circonstances que l’on découvre la richesse de l’univers, le jumeau maléfique de l’univers initial dans lequel se déroulera le gros des aventures, et l’étendue des pouvoirs accordée aux deux enfants. L’intrigue s’installe donc en prenant son temps, sans balancer direct l’éternel conflit inter-factions – même si conflit il y a. Comme souvent en fantasy, nos deux protagonistes se retrouvent dans la position d’être les seuls – ou presque – à même de régler le fameux conflit – qu’ils ont, soit dit en passant, provoqué eux-mêmes, quoique pas tout à fait volontairement. Mais à la décharge du roman, le genre a beaucoup évolué en 30 ans. On pourrait cependant reprocher à l’auteur de ne pas s’attarder sur l’apprentissage de la magie : les deux enfants, grâce à leur super manuel (dont l’idée et le concept sont vraiment originaux et bien trouvés, du genre dont rêvent tous les étudiants, à vrai dire !), rencontrent assez peu de difficultés, et se font à leurs pouvoirs en moins de temps qu’il n’en faut pour les citer. Mais, dans la mesure où le roman ne se tient pas dans un cadre scolaire, on comprend que l’auteur n’ait pas estimé nécessaire la multiplication de scènes de révisions !

Ces rares bémols sont, de toute façon, largement palliés par les personnages attachants, et l’enthousiasme de leur quête. Car aux côtés de Nita et Kit, on trouve un personnage pour le moins étrange, Fred, sorte de petite étincelle virevoltante issue des confins de la galaxie, à qui il faut couramment expliquer de nombreuses particularités de notre monde, qu’il ne connaît quasiment pas. C’est un personnage assez drôle, et qui permet d’intégrer de nombreuses péripéties audacieuses et inattendues.

Wizards est donc un roman jeunesse pétillant, plein d’humour, et nous propulsant dans un univers magique riche et dense. L’aventure est rythmée, c’est original, on s’attache rapidement aux personnages, et on embrasse leurs causes sans difficulté. Voilà un roman idéal à proposer aux jeunes lecteurs en remplacement d’Harry Potter, ou aux lecteurs nostalgiques de la fameuse saga ! De quoi replonger efficacement en enfance, et avec le sourire aux lèvres !

◊ Dans la même série : Le Sacrifice (2) ; L’Éveil (3).

 

Wizards #1, L’Initiation, Diane Duane. Lumen, 2014 (VO 1983), 329 p.
8/10.  

 

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2 commentaires sur “L’Initiation, Wizards #1, Diane Duane

  1. Flora dit :

    Aaargh, que c’est tentant ! Bon, maintenant, je vais être obligée de l’acheter… Fière de toi ? 😀

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