L’épreuve du feu, Merlin #3, T. A. Barron.

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Un terrible danger menace la terre enchantée de Fincayra : Valdearg, le dernier dragon empereur, vient de s’éveiller d’un long sommeil. D’après une prophétie, Merlin est le seul qui puisse le combattre. Mais un sortilège le prive de ses pouvoirs ! Sans eux, comment affronter les flammes du dragon ?

T. A. Barron s’est fixé comme objectif de révéler l’histoire de jeunesse de Merlin, enchanteur mythique, s’il en est, en s’attardant sur les épisodes nébuleux de sa vie. Après Les Années oubliées, qui revenait sur l’arrivée de Merlin sur une île enchantée, et Les Sept pouvoirs de l’enchanteur, qui expliquait la façon dont Merlin avait été initié à ses pouvoirs magiques, L’Épreuve du feu s’attachera à développer de nouvelles péripéties de l’apprentissage du jeune enchanteur.
Dès le départ, on peut noter plusieurs points : Merlin était une tête à claques, et le reste. Il est confit d’orgueil, souvent pédant, et est manifestement atteint du complexe du héros – celui qui touche une (trop) large proportion des personnages masculins en fantasy, et qui consiste à leur faire faire n’importe quoi, parce que c’est leur « destin ». Ne dérogeant pas à la règle, et à l’attitude qu’il a prise dès le départ, Merlin fait donc fi des conseils qu’on pourrait lui donner et s’en va le nez au vent – non sans se plaindre qu’après tout ce qu’il a fait, ce n’est quand même pas juste que son apprentissage tourne aussi mal. A quoi le lecteur a simplement envie de répondre : « Bien fait ! ». Les personnages restent très stéréotypés, et manquent de nuances, c’est extrêmement agaçant.
Les péripéties s’enchaînent et notre apprenti enchanteur se trouve subitement coupé de ses pouvoirs, ce qui le place en (très) mauvaise posture pour affronter le dragon, d’autant qu’il est censé n’en pas réchapper.

Dans ce troisième tome, on retrouve donc beaucoup de clichés fantasy : le pauvre héros solitaire, dépourvu de pouvoirs, dont l’apprentissage tourne mal, qui se sous-estime lui-même, et pourtant objet d’une prophétie annonçant qu’il va sauver le monde (car bien sûr, seul un ado de 13 ans peut sauver le monde), mais qu’il va également mourir au passage. C’est du déjà-vu, et du très souvent déjà-vu, malheureusement. L’auteur n’apporte évidemment pas grand-chose au genre puisque, loin de détourner les clichés, il les utilise tels quels, sans s’en détacher.  C’est un peu dommage, surtout que l’on s’attend à tout ce qui arrive au héros : il y a très peu de suspens, et le scénario reste, malheureusement très convenu. Tout cela ressemble donc beaucoup aux deux premiers tomes.

Il faut pourtant reconnaître que cet opus est moins lent que les précédents ; les péripéties s’enchaînent plus vite, les longues et belles descriptions sont mieux intégrées au cours du récit, et on ressent moins l’effet « remplissage ». De ce point de vue-là, ce troisième tome est indubitablement meilleur que les premiers, sans toutefois s’avérer d’excellente facture.

En dépit d’une narration mieux maîtrisée, et une organisation des péripéties meilleure que précédemment, L’Épreuve du feu pèche par manque de psychologie, et son scénario beaucoup trop cliché. On voit très rapidement où l’auteur va en venir, et il est dommage de constater que le personnage évolue fort peu. Malgré cela, l’auteur défend un intéressant point de vue dans son histoire, avec l’idée que la violence résout rarement les conflits. Dommage que tout cela soit un peu trop cousu de fil blanc. 

 

◊ Dans la même série : Les Années oubliées.
Les Septs pouvoirs de l’enchanteur.
Le Miroir du destin (4).

 

Merlin #3, L’Épreuve du feu, T. A. Barron. Nathan jeunesse, 2013,
5,5 /10.

 

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Une autre réécriture dans la geste arthurienne, excellente celle-là !

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