Zombitions, Aurélie Mendonça.

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Depuis le début de l’humanité, la fine fleur des guerrières, les Nécrocides, contrecarrent les Maîtres Zombies dans leurs plans de domination du monde. Jusqu’à la dernière génération, les lignées de tueuses s’en sortaient plutôt bien, et aucune Apocalypse ne fut à déplorer.
Puis arriva Evangeline Rose.
Née dans une famille où se sont brillamment illustrées toutes les précédentes tueuses, Evy peine à marcher dans leurs pas. Ne devant sa survie qu’à une chance insolente, c’est pourtant sur sa génération que va peser le plan final des Maîtres. Pour son plus grand malheur, elle devrait mettre de côté shopping et écriture de romans pour se consacrer à la mission qui fait d’elle une Nécrocide.
Mais allez sauver le monde avec un Microbe dans le tiroir.

 

Zombitions, ou comment mêler zombies et chick-litt. Le mélange est un peu improbable, mais pourquoi pas ?
Evangeline Rose, Nécrocide tueuse de zombies de son état, ne rêve qu’aux fringues qu’elle va pouvoir s’acheter, et pense aux romans qu’elle va écrire entre deux hordes de zombies. Malheureusement, le mélange des genres n’est pas toujours des plus heureux.

Le roman alterne entre narration à la troisième personne, et extraits du journal de bord d’Evangeline Rose, dite Evy. L’ennui, c’est qu’on ne comprend pas toujours l’intérêt d’une telle alternance : certains événements sont brutalement tronqués, puis résumés dans le journal, tandis que certains événements sont narrés, puis repris dans le journal. Le rythme, du coup, s’en ressent : les actions manquent parfois de détails ou les découvertes d’explications (l’attaque dans le funiculaire ? Le voyage dans le Sud ? Les bébé-miroirs ?) tandis que d’autres passages sont d’une longueur… insupportable. C’est répétitif, on tourne en rond … le journal est atrocement bavard (et bourré de fautes de typographie…). De plus, le mélange des thèmes n’est pas toujours très heureux ; ainsi, le métier d’auteur d’Evy prend quasiment autant de place que ses expériences de tueuse de zombies : c’est trop, et on ne voit pas bien le rapport avec l’histoire, bien que cela apporte un côté original à l’histoire. Certes, Evy écrit des romans de zombies et espère ainsi éduquer les masses avant l’Apocalypse, mais est-il pour autant nécessaire de s’appesantir sur le NaNoWriMo auquel elle participe, de détailler encore et encore comment elle espère être entendue, et de revenir à nouveau sur son expérience d’auteur ? Non. Un simple paragraphe aurait suffi ; on a l’impression que ce rôle est plus important que d’éradiquer les zombies, ce qui est un peu dommage quand on est la tueuse officielle.
En fait, Zombitions n’est pas, comme je le pensais, un roman de zombies  : c’est un roman avec, vaguement, des zombies dans le fond, mais qui se concentre sur autre chose la majeure partie du temps. Les zombies n’interviennent, finalement, qu’à la fin et, une fois arrivés là, il nous manque des explications ou des approfondissements pour réellement profiter de l’aventure. Un parti-pris pas inintéressant, mais qui ne m’a pas convaincue.

D’autant que l’ensemble est plutôt attendu… L’héroïne est célibataire donc, forcément, elle va tomber sur un beau mec en goguette – et célibataire, la vie est bien faite ! – lequel castagne en plus du zombie. Elle est extrêmement proche de son frère adoptif (beau lui aussi, décidément), coureur de jupons et très insouciant. Inutile que je détaille pour que voyiez comment cela va tourner.
Côté intrigue, il y a (évidemment) une prophétie, qu’Evangeline va (forcément) refuser d’accomplir, ce qui va (inévitablement) entraîner des complications (type séquestration, torture, mort, hémoglobine par barriques). Mais là encore, un peu de détails ne serait pas du luxe ! Evangeline refuse de se soumettre à la prophétie… mais continue sa vie comme avant. On ne ressent pas la fracture entre elle et sa famille (puisqu’elle continue à les voir) et, du coup, la tournure tragique des événements semble tomber comme un cheveu sur la soupe.

Pourtant, l’ensemble aurait pu être génial, car on ne peut ignorer l’aspect éminemment comique de certains passages. Ainsi, le fait qu’Evangeline soit enceinte apporte un décalage rafraîchissant. Entre une horde de zombies, une séance de dédicace, ou un flirt avec Liam, Evy se pose une foule de questions propres aux futures mamans, qui semblent incongrues dans le contexte, mais donnent au roman un aspect très original, résolument moderne et drôle. De plus, l’héroïne n’a pas sa langue dans sa poche, et n’est pas avare de remarques sarcastiques ; on se prête souvent à sourire !

Rencontre ratée, donc, avec Zombitions : trop de bit-lit, pas assez de post-apocalyptique (ou pré-apocalyptique, suivant la chronologie du roman). L’histoire de cette tueuse de zombies enceinte et douée de magie est certes originale, mais le mélange des thèmes et le déséquilibre entre zombies et thèmes éminemment plus frivoles (ces derniers étant majoritaires) rend le roman déstabilisant, et nettement moins passionnant que prévu. 

Zombitions, Aurélie Mendonça. Rebelle, 2014, 245 p. 

 

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5 commentaires sur “Zombitions, Aurélie Mendonça.

  1. Lupa dit :

    Quand je vois chick-lit, j’ai tendance à freiner des quatre fers ^^ Je crois que je vais laisser ce roman à d’autres, et passer mon tour pour cette fois-ci 😉 Merci !

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    • Sia dit :

      Ce n’est pas à proprement parler de la chick-litt comme les romans de Sophie Kinsella, mettons, mais j’ai une tolérance très faible aux histoires de fringue et de beaux gosses en goguette. Déjà, dans Queen Betsy, j’avais trouvé ça marrant sans plus. De toute évidence, je ne suis pas le public adéquat !

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  2. Flora dit :

    Non, non, non, je passe mon chemin sans me retourner, il semble que les zombies soient là juste pour faire joli et le côté chick-lit ne me fait pas du tout envie. Dommage car ça aurait pu être marrant mais ça semble raté, en effet !

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  3. […] quand c’est mauvais ». Dans le même genre, je vous recommande plutôt Zombitions : le côté bit-lit trop présent m’avait également prodigieusement agacée mais, au moins, […]

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