Les aventures occultes de Lady Bradsley : 1904-1916, Olivier Saraja.

Lady Bradsley est une jeune veuve douée de talents particuliers : elle parle aux morts, elle décrypte les souvenirs qui imprègnent les lieux qu’elle visite. Que ce soit au service de la Couronne britannique, du British Museum ou encore pour ses intérêts personnels, elle sillonne le monde du début du XXe siècle, en proie aux rivalités coloniales entre l’Angleterre, la Belgique et la France, pour résoudre les mystères occultes qui s’offrent à elle. Mais tandis que le spectre de la première guerre mondiale se profile, comment gérera-t-elle sa malédiction personnelle ? En effet, Lady Bradsley est elle-même hantée par Henry, le fantôme de son mari, dont l’amour est si fort qu’il transcende les frontières entre les mondes.

Les aventures de Lady Bradsley regroupe cinq novellas, qui sont autant d’aventures de la protagoniste, Lady Bradsley, occultiste de son état.
Chaque récit est construit à l’identique : l’aventure en quelques chapitres, puis un court épilogue en italique qui, en quelques lignes, résume les événements survenus avant l’aventure suivante (celles-ci se déroulant respectivement en 1904, 1907, 1908, 1909 et 1916). Si la forme est identique, le fond change un peu, puisque les aventures emmènent la medium à Hong-Kong, au Népal, à Baghdad, au Dahomey, avant de revenir à Londres. Nous sommes en pleine époque coloniale, et cela se sent non seulement dans les paysages traversés, mais aussi dans les éléments des intrigues, fortement marquées par cette présence européenne hors des frontières du continent. Je ne souhaite pas déflorer les récits, mais le récit historique est parfaitement réinvesti ! Cela va avec l’époque, mais le récit est fortement marqué par l’engouement autour du Moyen-Orient, les cabinets de curiosité, l’archéologie… avec une petite ambiance Agatha Christie que j’ai hautement appréciée.

Mais les aventures dans lesquelles s’embarquent Lady Bradsley tiennent plus d’un savant mélange entre Indiana Jones et Adèle Blanc-Sec qu’à celles de mon détective belge favori ! D’une part parce que le surnaturel est bien présent, d’autre part parce que la medium n’hésite pas à aller au carton avec ses adversaires (ce qu’Hercule Poirot ne ferait jamais). Les récits sont donc rythmés, et riches en péripéties survoltées. Celles-ci font intervenir des éléments du folklore, des croyances ou de la spiritualité locales – le dépaysement est donc assuré. Et évidemment, ces spécificités viennent nourrir les éléments de l’intrigue. Malgré l’aspect « chasse aux fantômes », j’ai trouvé les cadres de récits assez réalistes et ancrés dans l’époque dans laquelle ils se déroulent. Et la dernière nouvelle lorgne carrément du côté de Lovecraft, avec force créatures tentaculaires et autres horreurs sorties des tréfonds !

Les personnages sont intéressants à suivre : par certains aspects, Lady Bradsley m’a rappelé Alexia Tarabotti (en plus policée, néanmoins). Elle est souvent accompagnée de son associé, Xiao (son Watson à elle) et croise régulièrement le chemin de son frère John. Le récit comprend en outre une romance assez originale – et toute surnaturelle – dont les différents épisodes offrent une intrigue secondaire bien menée. D’ailleurs, il n’y a pas tellement de fil rouge entre les différentes aventures, hormis la présence de Lady Bradsley et cette fameuse romance hors du commun.
Le fait que les récits soient assez courts, et menés d’un style fluide et entraînant, fait que l’ensemble est à la fois accessible, divertissant et rapide à lire.

Les Aventures de Lady Bradsley était donc une lecture assez divertissante, mêlant tout ce que j’aime des romans policiers du XXème siècle à une chasse aux fantômes rondement menée. L’auteur dissémine des éléments de la vie personnelle de l’héroïne au fil des récits, ce qui la rend très attachante. Enfin, les ellipses rapidement résumées, les péripéties rythmées, les changements de décor à chaque récit et le style fluide rendent le tout très entraînant.

Les aventures occultes de Lady Bradsley, Olivier Saraja. Éditions du 38, avril 2019, 350 p.

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