Divergente raconté par Quatre, Veronica Roth.

 

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L’histoire de Tobias, un peu avant qu’il ne devienne Quatre, et celle de Quatre, une fois qu’il apparaît. 4 nouvelles pour découvrir la face cachée du pendant de Tris, et 3 scènes clé du premier volume de Divergent, livrées selon le point de vue du jeune homme. 

Le volume comporte 4 nouvelles et, à la fin, 3 scènes inédites du point de vue du jeune homme. C’est un ouvrage qui plaira sans aucun doute aux fans, et qui apporte d’intéressants éclaircissements mais qui souffre des mêmes défauts que le reste de la série : il y a de bonnes idées, mais tout reste malheureusement sous-exploité.

Le Transfert : Où l’on découvre Tobias, chez son père, peu avant la cérémonie du Choix au cours de laquelle il quittera sa faction. Mis – partiellement – au parfum par son cher géniteur, Tobias sait quoi faire pour que son test d’aptitudes lui renvoie un résultat Altruiste. Pourtant, il sait que choisir les Altruistes ne fera que le confronter à son père, encore et toujours. Le jour J, il choisit donc les Audacieux. L’ennui, c’est que Tobias ne semble pas, au premier abord, si audacieux que cela dans l’âme.
Pourtant, il a fait preuve d’un grand courage en choisissant de quitter son père, et de fuir l’emprise malsaine qu’avait ce dernier – mais il est encore trop neuf pour voir à quel point. Cette nouvelle est riche en enseignements sur ses motivations, et sur la psychologie du personnage : comment Tobias s’est construit après le décès de sa mère, comment il a affronté, en silence et les dents serrés, la violence de son père, comment il s’est rebellé à sa manière… Même s’il n’est pas le premier à sauter, Tobias cache quelques réserves de courage tranquille !
C’est intéressant, certes, mais pas totalement inédit, car toutes ces informations nous sont données, peu à peu, dans Divergent.

Le Novice : Où l’on suit l’entraînement de Quatre, ce qui est plutôt intéressant pour se rendre compte à quel point la faction s’est radicalisée entre son arrivée et celle de Tris. Quatre fait partie, avec l’ami Eric, d’une fournée de transferts. C’est là que commence, déjà, à se dessiner l’antagonisme puissant qui va l’opposer à Eric jusqu’à la fin. Les exactions de ce dernier permettent, de leur côté, de mieux cerner le personnage, et de bien mieux comprendre ses décisions ultérieures.
C’est également là que l’amitié qui lie Zeke, Shauna et Quatre commence à faire son apparition, et on comprend bien mieux comment ils sont si liés par la suite. Enfin, cette nouvelle permet de développer la figure d’Amar – dont je me demande s’il n’a pas surgi dans le cerveau de l’auteur au moment où elle écrivait le tome 3… parce que c’était pratique. Voilà du concret ! Découvrir ce personnage, son histoire, les liens qu’il a avec Quatre explique beaucoup de choses ! C’est vraiment dommage que toutes ces informations n’aient pas été, à un moment ou à un autre, intégrées au récit initial. Par ailleurs, c’est là que Quatre commence à découvrir des choses sur le paysage des peurs, les Divergents, ou les choses qui ne vont pas chez les Audacieux, commençant à se méfier de sa nouvelle faction.

À partir de là, si vous n’avez pas lu Divergent – tomes 1, 2 et 3 – mieux vaut sauter à la conclusion, car je vais évoquer des spoilers redoutables. 

Le Fils : Quatre a terminé premier au classement et un poste de leader s’offre à lui. L’ennui, c’est qu’il serait amené à fréquenter assidûment son père ce qui, on s’en doute, ne lui plaît absolument pas. De plus, il doute des volontés des Audacieux : les propositions d’Eric pour améliorer la faction lui semblent, au mieux, dangereuses, et Jeanine squatte un peu trop à son goût. Parallèlement, il se rend compte que quelqu’un a pénétré dans son appartement, et finit par trouver un message l’invitant à un rendez-vous nocturne. Ou comment Quatre finit par découvrir la vérité. La réaction que l’on voit dans le volume 2 n’étant que l’infime réplique de celle qu’il a là. Evelyn se présente, déjà, comme un rude antagoniste, prête à laisser la faction Altruiste se faire écraser plutôt que de les prévenir des plans de Jeanine Matthews.
A côté de cela, on découvre Quatre sous un jour un peu plus frivole, essayant de s’intéresser aux filles – et on se rend compte que, s’il semble avoir des réactions d’adultes dans Divergent ce n’est, au fond, qu’un gamin. Mais le sujet reste un peu trop sous-exploité, et on en saura très peu, ce qui est bien dommage. Si les deux nouvelles précédentes n’apportent que peu de sang neuf, celle-ci est plus consistante du côté de la construction de l’univers et des personnages.

Le Traître : Deux ans se sont écoulés. Quatre est toujours instructeur des novices transferts et a commencé à entraîner Tris. Un des intérêts de cette nouvelle est de montrer l’intérêt que Quatre éprouve pour Tris, dès le départ – et celui-ci ne va pas seulement aux capacités de combat ou de divergence de Tris, on s’en doute. Parallèlement, Quatre continue d’enquêter et met au jour des choses bien intéressantes, qui montrent qu’il ne commence pas à s’intéresser aux magouilles audacieuses simplement parce que Tris ne sait pas se taire. L’éclairage est vraiment intéressant, car on s’aperçoit assez vite que Quatre ne jouit pas (comme je l’avais cru à la lecture du roman) de l’écoute bienveillante des leaders : pour Eric, on le savait déjà, mais la trilogie de base le présentait comme étant en bons termes avec Max. De ces découvertes va découler sa fameuse traîtrise, une scène éprouvante, dans laquelle on voit le Quatre que l’on découvre – enfin ! – dans le tome 3. Comme je l’ai dit quand j’ai lu ce volume, c’est franchement bien dommage qu’on n’ait pas eu, dès le départ, une narration alternée plus enrichissante que le seul point de vue de Tris.
Pour ce qui est de la relation avec Tris, rien de bien neuf, hormis la découverte des pensées pas toujours orthodoxes de l’instructeur ! On n’assiste qu’à quelques scènes clés : le jour des Visites où Natalie Prior le reconnaît sans rien dire, quelques simulations de Tris, l’agression de celle-ci par Al, Drew et Peter, la traversée du paysage des peurs de Quatre, et le baiser au fond du gouffre. Encore une fois, avoir le point de vue de Tobias, c’est bien, mais c’est bien trop limité et pas assez creusé pour être vraiment super.

De plus, les 3 scènes inédites auraient mérité d’être intégrées à cette dernière nouvelle, plutôt que cataloguées à la fin. En effet, la première concerne le saut de Tris, et la première fois qu’ils se voient (scène qui aura, à nouveau, de l’importance dans le dernier volume) ; la seconde met en scène la première fois que Quatre met Tris en garde contre ce qu’elle pourrait dire, à la cantine lorsqu’elle s’assoit à sa table et le traite de porte de prison ; la troisième présente l’instant où Quatre, fin saoul, se penche sur Tris dans la Fosse pour lui dire combien son nouveau look lui va bien.
Présenter ces trois nouvelles séparément du reste n’a pas grand intérêt, même si la lecture n’est pas désagréable et continue d’éclairer la psychologie torturée de Quatre. La chronologie de la nouvelle Le Fils le permettant, il aurait été plus intéressant d’y intégrer ces scènes, d’autant que la nouvelle est assez lacunaire.

En somme, ce Divergent raconté par Quatre plaira sans aucun doute aux fans, mais présente les mêmes défauts que Divergent : de bonnes idées, des tentatives intéressantes, mais rien d’assez creusé. J’avais déjà regretté, à la lecture de la trilogie, qu’il n’y ait pas une narration alternée permettant de mieux cerner Quatre avant que cette fameuse alternance ne débarque au dernier tome, et c’est un constat que je réitère ici. Si les nouvelles sont intéressantes et permettent de mieux cerner le personnage (ce qui n’est franchement pas un luxe !), ce ne sont que des nouvelles, donc des petits fragments parcellaires, qui manquent de détails pour former un tout cohérent, et dont les informations ne sont pas nécessairement inédites. Lire ces petits fragments dans le cadre de la trilogie elle-même aurait certainement permis de la rendre un poil plus dense. Dommage, donc ! La part la plus intéressante reste celle accordée à la politique, qui manque de détails dans la trilogie, et est quelque peu étoffée ici – mais pas toujours assez. 

◊ Dans la même série : Divergent tome 1, tome 2, tome 3.

Divergent raconté par Quatre, Veronica Roth. Traduit de l’anglais par . Nathan, 2015, 230 p.  

4 commentaires sur “Divergente raconté par Quatre, Veronica Roth.

  1. Lupa dit :

    Je craignais que ce nouveau roman fasse un peu « réchauffé »… et j’aurais vraiment préféré avoir le point de vue de Quatre inséré dans la trilogie dès le début, plutôt que de le voir publié après coup, quand la mayonnaise est complètement retombée ^^
    Je pense donc faire l’impasse en laissant effectivement celui-ci aux fans inconditionnels 😉

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  2. RIbeyre dit :

    Je suis entièrement d’accord quand tu dis que ce livre ne s’adresse qu’aux fans, c’est ce que je dis souvent, il faut avoir aimé les 3 tomes sans distinction. Après j’ai préféré certains récits à d’autres mais c’est intéressant en général. Par contre ce n’est pas Divergente raconté par Quatre comme il est marqué sur Livraddict mais bel et bien l’enfance de Quatre etc. Les 3 scènes elles par contre n’apportent rien, par contre la narration alternée pour moi c’était horrible j’ai détesté ça dans le tome 3, c’est son plus gros défaut quasiment

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    • Sia dit :

      La double narration était en effet très maladroite et cet opus a les mêmes défauts que la série : il aurait mieux valu que ces scènes soient intégrées dès le départ. En revanche, c’est bien Divergente raconté par Quatre, c’est même le titre du recueil.

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