Reste avec moi, Jessica Warman.

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Elizabeth avait tout pour être heureuse : elle est belle, riche, a beaucoup d’amis et un petit copain beau et intelligent. Le matin de ses 18 ans, elle se réveille sur le bateau où elle a fait la fête avec ses amis. Et elle voit avec horreur un corps flotter à la surface de l’eau : le sien…
Pourquoi est-elle encore là, spectatrice de sa propre mort ? Pourquoi reste-t-elle sous forme de fantôme ? Et que lui est-il arrivé ? Elle décide d’enquêter, et il se pourrait qu’elle lève le voile sur de lourds et sordides secrets …

Quand Elizabeth découvre son propre corps flottant vaguement à la surface de l’eau du port, le matin de ses 18 ans, c’est le choc. Comment, pourquoi ? Victime d’une amnésie partielle, celle qui est désormais un jeune fantôme décide d’enquêter sur son propre décès, aidée en cela par le fantôme d’un jeune lycéen, lui aussi décédé quelques temps plus tôt.

Le concept est intéressant : invisibles, inaudibles, les deux enquêteurs peuvent, en plus, se rendre à loisir dans leurs propres souvenirs, ou ceux du compagnon, ainsi qu’errer partout où bon leur semble, ce qui leur laisse une très grande latitude d’action. Ensemble, ils reconstituent une sorte de puzzle gigantesque, qui leur permettra de comprendre ce qui est arrivé à la jeune fille – la mort du garçon ne semblant pas digne d’intérêt. C’est original, et même une bonne idée, si ce n’est que la relation entre les personnages est complètement sous-exploitée : certes, être deux leur permet de dialoguer, et de progresser dans l’enquête, mais c’est tout. La mort du jeune homme étant laissée complètement de côté, il est sans utilité pour le cheminement de l’histoire. Pire : les deux personnages sont enfermés dans les archétypes qu’ils représentent. Lui, l’intello raillé, elle la bimbo populaire. Là où le bât blesse, c’est que la rétrospective de la vie d’Elizabeth ne sert qu’à trouver de vraies fausses bonnes excuses à son comportement détestable (de son vivant, et de sa mort). La jeune fille n’a pas eu une vie facile, c’est vrai, mais cela n’explique pas qu’elle soit devenue aussi affreuse qu’elle l’est. Soyons clair : c’est une tête à claques, et ce qui lui est arrivé lui pendait au nez. Difficile de ressentir la moindre compassion, ou un quelconque intérêt pour son enquête. Pourtant, malgré cela, on découvre peu à peu une jeune fille touchante, très sensible, et qui a essayé de faire de son mieux. C’est probablement le gros point fort du livre : sous des dehors fortement antipathiques, Liz s’avère très humaine, et l’auteur réussit à renverser le sentiment à son égard. On regrettera pourtant qu’il n’en soit pas de même pour son compagnon fantôme, qui reste un peu pâlot et fait essentiellement office de potiche dans l’enquête.

L’enquête, d’ailleurs, n’est pas bien passionnante : il ne faut pas plus du tiers du livre pour comprendre ce qui a pu se passer, comment, pourquoi, et quelles en seront les conséquences (alors que les personnages, eux, rament jusqu’à la toute fin pour comprendre). Du coup, bien que l’enquête soit menée très progressivement, avec une réelle volonté de maintenir le suspens, on s’ennuie quelque peu, car tout cela est bien longuet. Là où c’est intéressant, finalement, c’est que l’on voit comment on en est arrivé là, à travers l’histoire de Liz, mais aussi à travers l’histoire de son entourage, qui est bien représenté. Il faut reconnaître cela à l’auteur : elle apporte un soin tout particulier à ses personnages secondaires, qui sont loin d’être fantoches, et illustrent plutôt bien le propos.

En définitive, malgré de bonnes idées, Reste avec moi est trop lent et manque trop de surprise ou de suspense pour être franchement passionnant. C’est dommage, car il y avait vraiment de bonnes choses là-dedans, et un concept original, autour de l’enquête menée par deux fantômes. Tout cela reste très agréable à lire, car le style est fluide, et même assez imagé, mais le personnage principal profondément exécrable et l’intrigue prévisible au kilomètre auront grandement manqué de piquant.

Reste avec moi, Jessica Warman. Fleuve Noir, 2012, 476 p.
5 /10.

 

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l-éternéant-neal-shusterman

2 commentaires sur “Reste avec moi, Jessica Warman.

  1. J’avais commencé ce livre en VO et avais fini par le mettre de côté car je m’ennuyais. J’avais bien l’idée de le reprendre un jour mais ton avis ne m’en donne vraiment pas envie car il confirme ma première impression :S

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