Thyia de Sparte, Cristina Rodriguez

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Le désir de venger la mort de son frère tendrement aimé conduit Thyia, jeune citoyenne spartiate, à rejoindre l’armée sous les traits du serviteur d’Anaxagore, guerrier flamboyant, quelle hait de tout son cœur parce quelle le pense coupable de ce meurtre. Son travestissement lui ouvre les portes des quartiers des hommes et lui permet de comprendre mieux qui est son  » maître « . Elle participe à la bataille des Thermopyles et part ensuite à la recherche de cet homme, qu’elle a appris à aimer, après qu’il eut été enlevé et réduit en esclavage. Ce roman fait revivre avec passion une culture et un univers peu connus. On y retrouve tous les ingrédients d’une saga enflammée et envoûtante, fondée sur des éléments historiques, forte de morceaux épiques haletants et riche de rebondissements et de surprise.

 

Thyia, jeune citoyenne spartiate, ne pense qu’à fuir cette ville qu’elle déteste: obtus et belliqueux, ses concitoyens la désespèrent autant qu’ils la rebutent. Elle ne supporte plus l’endoctrinement imposé aux enfants, élevés dans l’art de la guerre dès leur plus jeune âge. Comme eux, son cher frère Brasidas, est devenu un soldat brutal, grossier et violent depuis qu’il est entré à l’agogè, chapeauté par Anaxagore, un des hoplites les plus en vue de la cité. Cet homme, qu’elle déteste cordialement a changé son agneau de frère en bête assoiffée de sang.

Tout le contraire d’Agis, jeune éphèbe athénien en visite qu’elle espère bien épouser pour fuir au plus vite cette triste cité.
Lorsque son frère meurt à cause d’une provocation d’Anaxogore, elle se jure de le venger par tous les moyens. Suivant les conseils de l’oracle d’Apellon, elle disparaît, se travestit, et entre au service d’Anaxagore en tant qu’hilote. Enfin acceptée dans le saint des saints, la caserne où vivent les hommes, elle accède à leurs petits secrets… et découvre des choses dont elle n’avait pas idée. De l’épluchage des légumes pour la soupe des hoplites aux missions spéciales du roi de Sparte, en passant par la bataille du défilé des Thermopyles, Thyia découvre que les apparences sont bien souvent trompeuses.

Le roman est découpé en plusieurs parties qui, pour une fois, ne sont absolument pas artificielles. Marquant les étapes de l’aventure en passant par des trames de fonds et enjeux bien différenciés, ces parties servent à mettre en place l’ensemble de l’intrigue politique qui sous-tend le roman. Les rebondissements sont bien amenés, cohérents et rythment parfaitement le récit.

Loin des clichés qu’on peut lire sur la Grèce en général et Sparte en particulier, Cristina Rodriguez offre un univers à la fois très fouillé et bien documenté, parfaitement servi par son récit romanesque. Cette aventure a tous les ingrédients d’un roman qu’on lit et relit avec plaisir, en toutes circonstances ! 

Un petit plus pour le glossaire, la bibliographie et les notes historiques et la « Lettre ouverte aux défunts malmenés » en fin d’ouvrage, qui rétablissent les quelques vérités faussées pour les besoins de l’intrigue !

Un petit aperçu:

« Chilon m’apprit à me transformer en ce que je n’étais pas et n’aurais jamais pu être: un jeune garçon. Condition indispensable pour intégrer la légion des hilotes qui servaient dans le quartier des hommes, où toute femme était interdite de séjour.
« On ne te prendra jamais pour un homme si tu t’assois ainsi! grondait Chilon. Genoux écartés, par Athéna! Décroise-moi ces jambes! »
« Tes épaules! Fais rouler tes épaules, pas tes hanches! »
« Plus lourde, la marche! On dirait un évaporé échappé d’une palestre athénienne! »
« Plus loin! Un homme doit arriver à cracher à cinq pas! »
« Prends-le avec tous tes doigts, ce gobelet, par les Dioscures, ou je vais te couper l’auriculaire! »
« Ne le pousse pas! Donne-lui un coup de pied à ce tabouret! Il n’a rien à faire là! »
« Par les foudres de Zeus? Et pourquoi pas par le chignon d’Héra? Jure par les couillons d’Héraclès ou les tétons d’Aphrodite, par Apellon! »
Après dix jours de ce régime, je ne sais pas si j’étais un garçon viril mais l’un des plus vulgaires, nul ne se serait permis d’en douter.»

 

***

«C’est une chose qu’ont du mal à comprendre ces Athéniens de malheur. Une fille vigoureuse, rompue aux exercices de la palestre, donnera naissance à des enfants vivaces et solides. Mais ces imbéciles préfèrent les engraisser dans des cages dorées, où elles se ramollissent comme de vieilles miches de pain humides. C’est ce que j’ai toujours dit à ma fille : « Une jambe musclée te rendra plus de services qu’une jambe fardée!»

 Thyia de Sparte, Cristina Rodriguez. Editions Flammarion, 2004; 425 pages.
9,5/ 10

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