Le Mystère olphite, Carina Rozenfeld

   
Voyager, faire reculer les frontières, découvrir toujours plus, étendre son territoire au-delà de toutes les limites. Voilà le rêve des hommes depuis leurs origines… Les Olphites sont le futur de l’humanité : chercheurs et philosophes, ils forment de jeunes garçons nés avec le don de voyager dans le cosmos en communiquant avec les comètes. Maor, jeune Olphite, est en fuite. Prêtres et pisteurs le pourchassent. Que craignent-ils ? Que cachent-ils ? Du sommet des Alpes au fin fond du désert du Nevada, sous le regard des étoiles, Maor découvre le monde, l’engagement, l’amitié… et que l’avenir de l’humanité est aussi au fond des yeux de la belle Sirius.

Les olphites de Carina Rozenfeld sont de biens curieux personnages. Doués d’un don de télépathie, ils suivent les trajectoires des comètes par la pensée, et chevauchent les astres qui leur font visiter l’Univers. Évidemment, face à ces surhommes, les humains lambda éprouvent une certaine jalousie… d’autant que leur chef, Ikar, jeune homme très charismatique, pousse un peu loin le culte du secret. Lorsqu’une comète menace de détruire la Terre, il assure pouvoir sauver l’humanité, sans pour autant dévoiler son plan… ce qui ne laisse pas d’étonner et d’inquiéter un certain nombre de personnes.

Sur cette situation générale tendue s’ajoute celle de Maor, jeune élève olphite qui, terrorisé par son avenir de grand-prêtre olphite fugue de son école. Ni une ni deux, les olphites envoient à ses trousses un commando d’élite; il ne sera pas dit que l’on peut s’enfuir impunément d’un de leurs sanctuaires. Vous l’aurez compris, Le Mystère olphite évoque donc la fuite du jeune homme, en quête d’une aide extérieure. Par ses yeux innocents (c’est un grand jeune homme de 18 ans qui ne connaît rien au monde, en fait), on découvre ce que pourraient être les États-Unis et l’Europe, et la science, dans une bonne centaine d’années. Si l’aspect géopolitique n’est pas très poussé, la situation est assez bien décrite pour que l’on puisse comprendre les tenants et aboutissants de ce monde-là.

Dans sa fuite, Maor rencontre évidemment des opposants. Tous les personnages sont assez travaillés et consistants, surtout Antaar, qui offre une belle profondeur psychologique. Même Ikar, que l’on peut considérer comme un dictateur du futur est un personnage étoffé -quoique presque caricatural, vu son esprit borné. Le récit se lit facilement, car l’écriture de Carina Rozenfeld est très fluide et agréable, parfaitement adaptée à son lectorat. On regrettera cependant que l’intrigue soit un peu convenue; bien qu’elle soit parfaitement menée, on voit rapidement comment les différents éléments vont s’agencer. Les jeunes protagonistes, pleins de candeur, ne reculent devant rien et leurs choix peuvent de temps en temps faire sourire le lecteur averti. On appréciera en revanche qu’une grande partie de l’intrigue se passe en France, et fasse découvrir des coins peu connus du grand public, que l’auteur semble bien connaître (ou dont, à défaut, elle a bien potassé les cartes). Cet aspect-là, assez rare en science-fiction, ajoute un plus indéniable au récit.  Quoi qu’il en soit, le récit est très poétique (en raison des voyages oniriques évoqués à plusieurs reprises dans un style très élégant) et plein de fraîcheur.

Le Mystère olphite restera donc, pour moi, une superbe découverte en science-fiction jeunesse francophone, un de ces romans que je conseillerai frénétiquement aux jeunes (et moins jeunes) lecteurs de ma connaissance !

 

Le Mystère olphite, Carina Rozenfeld. L’Atalante jeunesse (Le Maedre), 2008, 286 p.
7/10.

 

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EdeN en sursis, Jeanne-A. Debats.