[2020] Petit bilan du mois d’octobre.

 

Un peu de stats :

J’ai pas mal lu ce mois-ci (pas mal de BD d’ailleurs, cela change un peu) ! Tout ça pour un total de 3470 pages et 480 minutes d’écoute !

Carnet de lectures :

Ce mois-ci, j’ai écouté le premier tome d’Harry Potter, lu par Bernard Giraudeau. Et ? Eh bien, grosse déception. Autant j’étais ravie de retrouver l’univers et de redécouvrir des scènes que j’avais complètement oubliées, autant j’étais hyper déçue de sa lecture. J’aurais pu passer sur la lecture « à la française », qui nous présente « Harry Pottère » et « Hermione Grangé » (mais, curieusement, « McGonagoll ») mais ce qui ne passe pas du tout, ce sont les voix accordées aux personnages. Hermione est affublée d’une voix haut-perchée caricaturale ; Ron a carrément un zozotement-cheveux sur la langue qui n’a jamais été mentionné dans le texte !
Cela donne des parti-pris assez désobligeants sur les personnages et dessert même un peu l’intrigue.
J’ai pris une version un peu ancienne à la bibli, j’ai vu qu’on en avait une légèrement plus récente, je vais voir si cela s’est amélioré entre les deux prises.

Rayon BD

Ce mois-ci, j’ai lu pas mal de BD auxquelles je ne consacrerai pas nécessairement de chronique, au premier rang desquelles le premier tome de la série La Boîte de Pandore de Gijé et Carbone (Dupuis) (dont j’ai adoré les deux premiers tomes de la série Dans les yeux de Lya).

Ici, on suit Nola, une fillette qui reçoit pour son 8e anniversaire la boîte à musique de sa défunte mère. Rapidement, elle a l’impression que quelque chose bouge à l’intérieur. Et de fait, oui : quelqu’un l’appelle à l’aide ! En suivant les instructions d’André, la fille dans la boîte à musique, Nola rapetisse, entre dans la boîte et découvre Pandorient, un univers incroyable où la magie et des animaux anthropomorphes existent. Or, Andréa et Igor, son petit frère, ont vraiment besoin de Nola (qu’ils confondent, dans un premier temps, avec Annah, sa mère) : leur propre mère, Mathilde, est gravement malade. Ils comptaient sur les compétences médicales d’Annah . Nola va donc devoir improviser… sans se faire attraper !
Évidemment, après la précédente série, j’étais curieuse de lire celle-ci. Elle s’adresse à un lectorat un peu plus jeune mais est tout aussi bonne. Ce premier tome s’avère très introductif à l’univers, comme aux personnages, tout en proposant une intrigue qui connaît une véritable conclusion. Bien qu’elle soit assez simple, l’intrigue est bien menée et donne envie d’en savoir plus sur cet univers. Côté graphismes, j’ai été charmée par le trait de Gijé, qui nous emporte dans un tourbillon de couleurs et de détails chatoyants. C’est vraiment beau à regarder !
La série compte déjà quatre tomes parus, et j’ai hâte de lire les suivants.

J’ai poursuivi la série Les Chroniques d’UnderYork de Mirka Andolfo et Sylvain Runberg avec le tome 2 : Possession (Glénat). Je ne crois pas avoir consacré de chroniques ou de blabla au premier tome !

L’intrigue se déroule donc à New York, de nos jours. La ville se prépare à élire son nouveau maire et les campagnes/magouilles politiques battent leur plein. La protagoniste, Alison Walker, est une jeune peintre qui, au début du tome 1, s’apprête à vernir sa toute première expo. Or, Alison est aussi une sorcière, issue d’un des cinq clans qui règnent sur la cité souterraine : Under York. Suite à des événements traumatisants (que l’on découvre plus avant dans le deuxième tome !), elle a quitté sa famille et s’est volontairement exilée à la surface. Justement, un démon babylonien, Marduk, a pris ses parents et son petit frère en otage. Son frère aîné vient donc la tirer de son expo et la somme de revenir en sous-sol : c’est leur famille, leur responsabilité. A eux de régler le problème !
Les deux premiers tomes proposent une intrigue assez dense, puisqu’elle mêle l’intrigue liée aux sorciers, celle liée à la politique, et l’histoire personnelle d’Alison. Après un premier tome qui installe l’intrigue (en garantissant un bon rythme), on bascule sur un bon tome 2 de transition, avec ce qu’il faut de suspense et de révélations. Alors que le premier tome proposait des couleurs assez chaudes, celui-ci est globalement dans des tons froids, plutôt verts, qui collent à l’évolution de l’intrigue. Dans les deux tomes, le récit est entrecoupé de larges extraits (manuscrits !) du journal d’Alison, qui sont très denses à lire (comparé au découpage dynamique de la BD) et coupent un peu le rythme. Je suis curieuse de lire le troisième (et dernier, me semble-t-il) tome de cette série.

J’ai également continué mes lectures pour le Prix Livraddict, secteur BD, avec deux excellentes découvertes.

J’ai donc découvert Tant pis pour l’amour : ou comment j’ai survécu à un manipulateur, de Sophie Lambda (Delcourt).

Quand Sophie rencontre Marcus, elle tombe amoureuse en 48h. Elle qui était si cynique en amour, cette fois, elle y croit. Sauf qu’il se révèle vite étrange. Sophie a alors besoin de comprendre ce qui ne va pas. Confronté à ses mensonges et ses incohérences, il a des réactions violentes, des excuses pour tout et arrive à se sortir de chaque impasse. Mais jusqu’à quand ?
Tant pis pour l’amour une bonne grosse BD qui narre une histoire d’amour triste et abusive. Mais c’est raconté avec ce qu’il faut d’humour et d’entrain pour ne pas rendre la BD déprimante.
Elle est aussi hyper didactique, quasi documentaire, et parfois presque trop dans la seconde partie. J’ai néanmoins trouvé que ça passait parce que c’est toujours marié à l’expérience de l’autrice-illustratrice, et illustré de nombreuses scènes de sa vie réelle (ou présentées comme telles, en tout cas). Le dessin, souvent assez léger, vient soulager un peu l’ambiance pesante. D’ailleurs, l’histoire est racontée avec pas mal d’autodérision et d’humour – notamment parce que le side-kick de Sophie est son ours en peluche alcoolique et cynique à souhait.
Et puis c’est tellement instructif ! J’ai regretté de pas avoir lu cette BD au lycée, franchement. Elle m’aurait évité bien des désagréments !

Autre excellente découverte dans le cadre de ce prix : Le Château des animaux, tome 1 : Miss Bengalore, de Xavier Dorison et Félix Delep (Casterman).

Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté… Miss Bangalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire…
La BD est une adaptation de La Ferme des Animaux de George Orwell, que je n’ai pas l’honneur d’avoir lu – je ne me prononcerai donc pas sur la fidélité à l’œuvre. Alors, premier point : les graphismes. Mais quelle tuerie !! Si je ne me trompe pas, ils sont tous fait à la peinture à l’huile et c’est superbe. Les animaux, comme les décors, sont hyper bien représentés et il y a une vraie profondeur dans les images. Dès les premières pages, j’étais donc sous le charme. L’histoire est bien menée, servie par une ambiance extrêmement pesante et qui est du plus bel effet. Bien que ce soit le premier tome, l’histoire avance vraiment bien… tout en donnant follement envie de lire la suite (le T2 sort tout bientôt normalement).

Il ne me reste que deux titres à lire pour le Prix Livraddict BD, mais j’ai déjà fait deux excellentes découvertes sur les trois premiers titres. Le choix va être difficile !

Sections albums :

Cela faisait un moment que je n’avais pas lu d’album jeunesse (la faute à un manque certain d’animations jeunesse en ce moment…) donc j’ai renoué avec le genre… pour le Prix Livraddict, encore une fois. J’ai lu deux des 5 albums de la sélection et pour l’instant, l’un se détache nettement !

Il s’agit de Jules et le Renard, de Joe Todd-Stanton (dont j’avais déjà adoré Le Secret du rocher noir). On suit l’histoire de Jules, un jeune souriceau qui rencontre donc un renard. L’histoire est hyper mignonne (à défaut d’être vraiment réaliste !). Ce qui vaut vraiment le détour, ce sont les très belles illustrations de Joe Todd-Stanton, qui a un trait hyper détaillé, paré de très belles couleurs.

L’autre titre lu est Le Cimetière des mots doux, d’Agnès Ledig, illustré par  Frédéric Pillot (Albin Michel jeunesse). Je suis plus mitigée sur celui-ci, bien qu’il possède d’indéniables qualités. C’est l’histoire d’Annabelle, une fillette dont le meilleur ami, Simon, est malheureusement atteint d’une leucémie. La question du deuil est donc abordée de façon très frontale. Les illustrations sont à la fois pudiques, poétiques, pleines de douceur. Ma réserve vient finalement du texte, qui à de nombreuses reprises est hyper didactique, ce qui semble assez peu naturel. C’est souligné par la profession de foi des auteurs, publiée en fin d’ouvrage, dans laquelle ils expliquent qu’ils ont vraiment souhaité un « livre-outil ». Et c’est dommage, parce que ça se sent vraiment !

Côté ciné/séries :

Ce mois-ci, j’ai cédé à la tentation et regardé l’adaptation télévisée de la série de romans (elle-même adaptée en BD) Enola Holmes.
Et… eh bien j’ai passé un super moment ! L’intrigue du film fait qu’il est parfaitement adapté à un visionnage familial (il s’agit quand même d’une série jeunesse initialement).
On y découvre la jeune Enola Holmes, sœur benjamine de l’insupportable Mycroft et du réputé Sherlock. Enola, qui a vécu seule avec sa mère, a reçu une éducation très complète : arts martiaux, logique, mathématiques, Mrs Holmes n’a rien laissé au hasard. Or, elle disparaît le jour du 16e anniversaire d’Enola, en lui laissant des messages codés. Elle part à sa recherche, alors que Mycroft essaie désespérément de l’enfermer dans un pensionnat de jeunes filles.
Le film est hyper dynamique, notamment en raison des multiples annonces au spectateur que fait Enola. Le rythme est bien géré : il y a des mystères, de la réflexion, quelques scènes d’action bien senties qui font que je ne me suis pas ennuyée une seconde.
Ma lecture des romans remonte un peu mais j’ai eu l’impression que le film était assez fidèle à mes souvenirs de lectrice. J’espère donc vivement que la suite sera également adaptée !

Tops/Flops :

Octobre était le moins des extrêmes ! Une intense déception, et un coup de cœur !

Je n’ai pas du tout apprécié ma lecture de Sur la route de Riverside de Sophie Cole (Scrineo) qui, pourtant, partait bien.
C’est l’histoire de Taylor, 19 ans, qui 9 ans plus tôt a vu son père se faire abattre froidement par un cowboy, qu’elle cherche donc à retrouver pour se venger. Attaquée sur la route par trois hors-la-loi, elle s’aperçoit qu’ils connaissent et peuvent l’amener au cowboy en question. Elle passe donc un marché avec eux et s’attache à leurs pas, puis se rend indispensable.
Le contexte du western au 19e était excellent, mais l’intrigue s’avère hyper faible. Elle repose sur des retournements de situation rarement surprenants. Le style est assez plat et aligne les anachronismes (Taylor fait de nombreuses remarques sur la condition des femmes et cela semble étrange vu le contexte). Sans surprise, le tout tourne rapidement à la romance entre l’héroïne et le bad boy et c’est un peu dommage (en plus d’engluer le récit). Je me suis traînée sur cette lecture qui s’est avérée relativement pénible.

Heureusement, elle a été contrebalancée en fin de mois par la lecture de L’Héritage du Rail, de Morgan of Glencoe, un tome 2 que j’attendais avec une énoooorme impatience. Et celle-ci n’a pas été déçue une seconde : un coup de cœur au T1, un coup de cœur au T2 ! Le rythme de l’intrigue est parfaitement géré, alors même que celle-ci prend une ampleur considérable (notamment au niveau politique). Les personnages évoluent tous (pas toujours comme on aurait souhaité !) et cela ouvre d’intéressantes perspectives pour la suite. Suite annoncée pour octobre 2021 et que j’attends d’ores et déjà avec impatience !

Citations :

« La Brigade prodigieuse est censée être une alliance entre vous cinq et les douze Conseillers.
– Il faut vraiment changer ce nom, maugréa Dex. Que diriez-vous de la Brigade T. Rex ?
– Ou la Brigade alicorne ? proposa Biana.
– On n’a qu’à s’appeler l’Ordre du Phénix, sinon, suggéra Sophie.
La plaisanterie, bien sûr, échappa à tout le monde. »
Héritages, Shannon Messenger.

« Waouh, ricana Ro. C’est ça la romance chez les elfes ? « Ne vous tourmentez pas, mon amour, une bande d’intellectuels snobinards va de facto inscrire votre nom sur un bout de papier pour nous autoriser à nous fréquenter »? Tu m’étonnes que tu ne te sentais pas prête pour les bisous ! »
Héritages, Shannon Messenger.

« Comme à chaque équinoxe, le père Bertrand avait sorti sa collection de grigris et l’astiquait patiemment d’un petit chiffon doux imbibé d’une potion magique transmise par sa grand-mère : huile, vinaigre et sel, une recette qui avait l’avantage non négligeable de pouvoir finir en vinaigrette. La sorcellerie est une branche de la cuisine, disait d’ailleurs sa mère qui, elle, était plus douée en tourtes qu’en philtres. Le père Bertrand, comme chaque fois que ses figures féminines se rappelaient à son souvenir, se tourna pour saluer le petit autel familial qu’il avait installé près de la cheminée. Une simple boîte ornée de minuscules stèles de marbre, d’une bougie et de quelques fleurs fraîches. Une tradition qu’il avait découverte lors d’un voyage au Japon et qu’il avait adoptée. Depuis, chaque jour, il leur gardait quelques miettes de son repas en offrande et veillait à ce que la bougie soit toujours allumée. Aussi fut-il fort surpris de la trouver éteinte.
Quelque chose allait arriver. »
Phalaina, Alice Brière-Haquet.

« Elle écrivit quelque chose sur un bout de papier et fronça les sourcils.
– Je préférerais ne pas être obligée de revenir. Tu sais lire ?
Je redressai le dos.
– Couramment ? Dans trois langues, répliquai-je. Et je me débrouille dans deux autres. Caz ena, konass ?
La guérisseuse hésita. Elle ne comprenait pas ce que je venais de dire, mais un mot avait dû lui paraître familier. »
Vow of thieves, Mary E. Pearson.

« Vous êtes une femme très forte, Capitaine.
– Forte ? Ne confondez pas la force et la puissance, princesse. Je suis puissante. Je suis même la femme la plus puissante de la Triade et de Keltia. Pourquoi ? Parce que je ne dépends d’aucun homme, contrairement à la Reine, la Sultane ou l’Impératrice, et que je suis à mon poste tant que je vivrai, contrairement à la Bouddica, à la Nevenoe, à la Tintagel et à la Boru. Je suis la meilleure Capitaine du Rail, élue telle par mes pairs, et je ne dépends que d’eux. Et de mon équipage ? Mon équipage est ma famille, princesse, j’ai gagné leur respect et je fais chaque jour tout pour en être digne. Alors, oui, je suis puissante. Je suis le fer de lance de Keltia, son bouclier contre la guerre qui sourd depuis plus d’un siècle à ses portes, pourtant… […] Oui, j’ai fait des choix parfois difficiles ou aux conséquences effrayantes ; oui, j’ai travaillé corps et âme pour faire rouler ce train ; oui, j’estime être digne et légitime, sans orgueil ni fausse modestie, dans la fonction que j’occupe actuellement. Je suis puissante, soit, et cette puissance ne m’est ni une ivresse ni un plaisir, mais un outil ou un devoir. Suis-je forte ? Je l’ignore. Je sais que la femme qui élève et protège ses enfants, dans un monde incertain et dur, sans savoir si elle pourra les nourrir et les voir grandir et partir, et qui trouve encore le courage de se lever le lendemain, est forte. Je sais que la fille que son père viole ou met sur le trottoir et qui trouve encore à rêver et à croire en des jours meilleurs est forte. Je sais que votre mère, qui a défendu l’honneur de son pays, affronté tout le clan Nekohaima par amour pour votre père et vous a protégée une arme à la main, était forte. Je sais que chaque jour, dans le monde entier, des filles, des femmes, des vieillardes, prouvent leur force au monde entier, et que le monde entier s’en fout. Mais ne me prenez pas pour une femme forte, Yuri-hime : je ne saurais, vous ne saurez, si je suis forte que lorsque je serai tombée, et seulement à la façon dont je me serai relevée, si tant est que je me relève. La puissance vient du monde. La force ne vient que de soi. Un autre whisky ? »
L’Héritage du Rail, Morgan of Glencoe.

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