Young Elites #1, Marie Lu.

Adelina a survécu à l’épidémie qui a ravagé son pays.
D’autres enfants, comme elle, ont survécu, la maladie laissant sur leur corps d’étranges marques. Les cheveux d’Adelina sont passés de noir à argenté, ses cils sont devenus blancs et une cicatrice barre la moitié gauche de son visage. Son père voit en elle une malfetto, une abomination, une disgrâce pour son nom et sa famille, synonyme de malédiction. Mais la rumeur dit que les survivants ont gagné davantage que des cicatrices : ils auraient acquis de mystérieux super-pouvoirs. Et, bien que leur identité demeure secrète, ces survivants ont déjà un nom : les Elites.

J’avais adoré, que dis-je, littéralement englouti la trilogie Legend au rythme de sa parution. Fatalement, Young Elites ne pouvait que me faire de l’œil. Et… malheureusement, on ne peut pas dire que notre rencontre se soit déroulée sous les meilleurs auspices.

Au début du roman, on découvre la peu riante vie d’Adelina : dans son univers aux croyances quelque peu moyenâgeuses, toute personne un peu différente est mise au ban de la société. Adelina, en tant que malfetto n’a donc aucun avenir ou presque. Pire : dans l’espoir qu’elle ait quelque pouvoir, son père la maltraite allègrement afin de déclencher les-dits pouvoirs. Et c’est comme ça qu’il finit par mourir, dans un tragique accident. Adelina devient donc une double proie : pour l’Inquisition, et pour les Elites, qui aimeraient bien mettre ses pouvoirs de leurs côtés.

Du coup, il n’y a pas de mystères, l’histoire est hyper classique et un poil manichéenne : il y a les les petits rebelles d’un côté (les Elites) et le gouvernement de l’autre. Leur antagonisme ne peut qu’être violent. Et, sans surprise, ça se tatane gentiment la tronche au détour des ruelles. De ce point de vue-là, le suspens n’est pas folichon.
Pourtant, il y a de quoi faire. Car, contrairement aux clichés du genre, Adelina n’est pas exactement un protagoniste classique. En fait, elle a toutes les caractéristiques de l’antagoniste et elle met plus souvent des bâtons dans les roues aux Elites qu’elle ne les aide. L’ennui, c’est que cela se déroule souvent à son insu : elle est donc présentée comme fondamentalement mauvaise (ceci découlant de l’immense colère qui la ronge), mais ne l’est pas réellement, puisqu’elle agit la plupart du temps sans le faire exprès. De plus, sa profonde colère, ainsi que ses motivations parfois douteuses, nous sont rabâchées sans cesse, plutôt que montrées, ce qui donne à l’ensemble un petit côté un tantinet superficiel, qui m’a empêchée de vraiment adhérer  à l’univers.
Ceci dit, elle n’est pas la seule, car les motivations des uns et des autres m’ont souvent semblé plus que nébuleuses : leurs idées, leurs plans et leurs idéaux sont confus et malheureusement, l’intrigue s’en ressent. D’ailleurs, j’ai retrouvé un point qui m’avait un tantinet chagrinée dans Legend, mais que j’avais fini par outrepasser : l’âge des protagonistes. Ils sont jeunes (la quinzaine), agissent comme des personnes bien plus âgées (au moins de 5 ans : c’est pas énorme, mais ça change tout) et, du coup, il y a un décalage parfois assez dérangeant entre les niveaux de maturité affichés par les personnages, chacun agissant tantôt comme un enfant capricieux, tantôt comme un adulte hyper raisonnable. Ce que j’ai trouvé assez déstabilisant.

Du côté de l’univers, il y a un une indéniable originalité qui sert de toile de fond à Young Elites : on a l’impression de déambuler en pleine Renaissance italienne, dans une atmosphère de fêtes, de rites et de bals masqués assez réussie. D’autant que le tout est mixé avec des combats dignes d’affrontements de super-héros, ce qui donne une ambiance assez survoltée. Imaginez un peu, les X-men contre l’Inquisition, ça envoie du lourd.

Rencontre en demi-teinte avec Young Elites, donc : j’ai aimé les idées, notamment la lutte politique pour faire reconnaître que la différence n’est pas une tare, j’ai aimé le mélange d’ambiance qui fait tenir cette Renaissance revisitée sauce fantasy, mais les ambitions des personnages plus que flous et l’intrigue confuse ne m’auront pas emballée le moins du monde. 

Young Elites #1, Marie Lu. Traduit de l’anglais par Olivier Debernard.
Le Livre de Poche, avril 2017, 382 p.

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