Le Mystère du Drake mécaniste, Lilith Saintcrow

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Au service de Sa Majesté, du pays… et pour rester en vie !
Les esprits les plus brillants de Londres, les mentalistes, sont la cible d’un terrible tueur en série. Emma Bannon, une sorcière au service médico-légal de l’Empire, doit protéger la prochaine cible du tueur, Archibald Clare. Malheureusement, la résolution du mystère lié au meurtre intéresse plus le mentah que sa propre survie… Dans un univers où l’illogisme de la magie a stoppé la Révolution industrielle, mais produit des chevaux mécaniques et autres gadgets fumants et cliquetants, Bannon et Clare vont affronter sorcellerie, automates déchaînés,  haute trahison et le très fastidieux problème consistant à trouver un fiacre digne de ce nom dans la cité. 

 

Rarement j’aurais autant peiné sur un roman d’urban-fantasy… Commençons donc par les points qui fâchent : la quatrième de couverture. A 50 pages de la fin, toujours aucun signe de l’animosité latente entre Emma Bannon et Archibald Clare pourtant annoncée par le résumé de l’éditeur. Nous aurait-on menti ? On lit donc avec le secret espoir que l’histoire va commencer à un moment ou à un autre mais en réalité, ça ne décolle jamais. Car les protagonistes sont loin de se détester : sans toutefois s’entendre comme larrons en foire, on ne décèle aucune acrimonie entre eux… Du coup, l’histoire semble peiner à décoller, car on est tellement occupé à attendre les événements annoncés par le résumé, que le reste semble n’être que du remplissage…

D’autant que l’intrigue est empêtrée dans un univers certes très riche, mais plaqué sans aucune explication. On croise donc des exhibeurs (gné ?), des mages de tous poils (dont les catégories sont cependant expliquées en fin d’ouvrage mais pas dans le cours du roman), des chevaux mécaniques (mais vivants… débrouillez-vous pour comprendre), une magicienne qui semble être aussi un agent de la Couronne, une reine qui est surtout l’incarnation d’un Esprit ancestral… Tout cela est très bien pensé, riche et original, mais les explications sont rares. Et lorsqu’il y en a, elles arrivent un peu tard. On a donc la désagréable impression de lire non pas le tome introductif d’une nouvelle série, mais le second ou troisième volume, celui dans lequel on part du principe que le lecteur a intégré l’univers, et qu’il n’est pas nécessaire de tout redéfinir chaque fois qu’on en parle. Alors, certes, il n’est pas nécessaire de tout expliquer au lecteur, dont les petites cellules grises peuvent tourner… mais un minimum  d’explications ne fait pas de mal. Par exemple, les pouvoirs des magiciens se restaurent avec la marée, ce qui est vraiment original et intéressant. Mais on l’apprend au détour d’une phrase un peu obscure, en se demandant ce que vient faire là cette histoire de marée, avant qu’on ne nous l’explique quelques chapitres plus loin… trop tard. Les phrases obscures sont un des autres problèmes du roman : sans que l’on sache si c’est à attribuer à l’original ou à la traduction, il y a des phrases dont le sens échappe, même après plusieurs lectures. Ce qui n’aide pas à la compréhension de l’histoire.

De plus, le départ de l’histoire est extrêmement confus. Il faut bien deux ou trois chapitres pour que l’on comprenne la trame générale et de quoi il va être question au juste. C’est long. Très long, surtout lorsqu’on ajoute à cela l’univers riche mais trop touffu, et les personnages un peu trop lisses. Eh oui, en plus de ne pas se détester, les personnages ne sont pas vraiment creusés. On ne sait quasiment rien d’eux. Emma semble avoir des sentiments pour son garde du corps (ou elle le déteste. En fait, ce n’est pas très clair). Archibald… est un mentah. Super intelligent. Et voilà. Son talent est totalement sous-exploité, et on ne voit pas vraiment la différence entre un mentaliste et un simple type faisant l’effort de réfléchir, ce qui est un peu dommage.

Finalement, le seul moment où l’histoire devient intéressant, c’est sur les quelques 10 derniers chapitres, où Emma et Archibald se séparent et enquêtent de leur côté. Si Archibald est toujours un peu fadasse, Emma s’affine et le personnage devient très intéressant ! L’intrigue, de son côté s’éclaire quelque peu et commence même à devenir intéressante, dessinant différents enjeux. Malheureusement, c’est déjà la fin du livre, alors qu’on aurait aimé en savoir plus sur les personnages, et ce que l’on commence à voir se dessiner.

Découverte très mitigée, donc, pour ce premier tome des aventures d’Emma Bannon et Archibald Clare. L’aspect steampunk est intéressant, mais peu approfondi, comme le reste de l’univers qui, s’il est passionnant et très riche, manque vraiment de détails ; les personnages sont lisses à souhait, leurs relations à peine développées dans la majeure partie du roman, et leurs particularités pas toujours assez exploitées. Le style de l’auteur est très visuel, et permet de bien visualiser l’histoire, les décors ou les personnages, mais une certaine confusion rend le roman un peu nébuleux de prime abord. 
Il n’y a guère que la fin qui s’avère intéressante, et qui donnerait même envie de lire la suite…  On conclura en disant que c’est vraiment dommage que l’éditeur ait taclé la série en la publiant avec un résumé n’ayant aucun rapport avec l’histoire narrée dans le roman ; à se demander si le roman avait été lu avant d’écrire la quatrième de couverture. 

Emma Bannon et Archibald Clare #1, Le Mystère du Drake mécaniste, Lilith Saintcrow. J’ai Lu, 2012, 417  p.

 

 

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18 commentaires sur “Le Mystère du Drake mécaniste, Lilith Saintcrow

  1. stelphique dit :

    la couverture avait quelque chose d’attirant…Mais je e sens pas d’attendre la toute fin pour etre tentée!!!!Dommage mais merci pour cet avis argumenté!!!!;)

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  2. J’aime beaucoup sa série Danny Valentine, et j’aurais bien été tentée par celle-ci… A tenter un jour ou l’autre quand même 🙂

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  3. L’univers a l’air vraiment intéressant ! Merci pour cet avis 🙂

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  4. Tesrathilde dit :

    Hum je n’aimais pas la couverture mais le résumé aurait pu présager quelque chose de sympa.

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    • Sia dit :

      Ha moi j’aimais bien la couverture ! Le résumé VO (celui que j’ai vaguement traduit et qui apparaît dans mon billet) est bien plus proche de la réalité que le résumé VF. Mais bon, on peut jamais prévoir l’exploitation de l’univers !

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  5. Licorne dit :

    Je l’ai lu il y a bien 1 an 1/2 demi… et j’ai eu le même ressenti, un potentiel énorme …mais une intrigue qui ne démarre jamais vraiment et qui trouve une fin bâclée. La confusion m’a suivi jusqu’au bout …

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  6. sombrefeline dit :

    Arf, ce n’est pas la première critique en demi-teinte que je lis sur ce bouquin. Dommage, parce que le pitch avait l’air alléchant.

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  7. Zina dit :

    Dommage que tu sois passé à côté. C’est vrai qu’il est assez mal amené, mais je suis assez fan de l’auteure, donc bon, elle a réussi à m’accrocher quand même ^^

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    • Sia dit :

      En fait, je suis partagée. J’ai vraiment pas aimé, mais la fin était meilleure : j’ai envie de savoir, du coup… mais faudrait lire la suite, et si c’est pareil, bof. Mais j’ai quand même envie de lire d’autres romans de l’auteur !

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  8. Lupa dit :

    Ce n’est pas évident quand, tout compte fait, on flotte un peu entre deux eaux à la fin d’un roman, une sensation de déception contrebalancée par une fin qui donne envie d’en savoir plus…
    Si je me décide à découvrir l’univers de cette auteure, je commencerai plutôt par « Danny Valentine » du coup, merci 😉

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    • Sia dit :

      En plus j’ai l’impression que la traduction n’est pas excellente donc… peut-être qu’un jour je le lirai en VO. Mais je pense lire la série Danny Valentine, qui m’intéresse aussi.

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