L’Orphelinat du Cheval-Pendu, Les Enfants d’Evernight #2, Mel Andoryss.

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Camille a été enfermée à l’orphelinat du Cheval-Pendu depuis qu’elle a été capturée par les autorités d’Evernight. Elle est désormais au service d’autres enfants qui, contrairement à elle, sont capables de manier le Changement. Mais Camille est loin de s’être résignée.
Une visite de Mac Claw et de Maximilien, venus enquêter sur les circonstances du vol de sa montre, va tout changer : l’intérêt de ces deux personnalités pour Camille attise la curiosité. Mais, surtout, Maximilien profite de l’occasion pour discrètement remettre à la jeune fille une mystérieuse clé…

Changement de ton pour ce second opus ! Le premier était centré sur le désir de fuite de Camille qui, après être arrivée à Evernight, ne désirait plus rien d’autre qu’en partir. Cette fois, il va certes être question à nouveau de fuite, mais Camille est beaucoup plus active que précédemment.

On retrouve donc ce point extrêmement original déjà présent dans le premier volume : Camille a trouvé un univers parallèle magique mais, contrairement à ses compatriotes romanesques, cet univers ne lui plaît pas du tout, et la fuite est son seul objectif ; ce à quoi elle va s’employer dès les portes de l’orphelinat franchies.
Là-bas, elle rencontre d’autres enfants, classés en castes selon leurs talents. À nouveau, le personnage de Camille vient déjouer les clichés : elle est une grise, une domestique, tout tout en bas de l’échelle sociale… car elle n’a aucun pouvoir magique, contrairement à ce qu’on imagine être un bon deux tiers des résidents de l’orphelinat. Mais ça ne l’empêche pas d’être au centre du complot que l’on sent se nouer sur Evernight.
On est donc très loin de l’archétype du personnage que l’on croise habituellement dans ce type d’aventures, et c’est bien agréable. D’autant que des gens avec des pouvoirs, Camille en rencontre assez vite, sans en obtenir à son tour.
À ses côtés évolue une très belle galerie de personnages : Andrew est absolument parfait dans le rôle du petit con arrogant, Nina joue son parfait contrepoint ; chez les grises, les caractères de Molly, Akiko et Rose sont parfaitement répartis (et on craque facilement pour cette dernière !). Les relations établies entre les enfants sont intéressantes (notamment sur les rapports de hiérarchie qui s’établissement automatiquement entre eux) et leurs évolutions aussi. On regrettera cependant une certaine rapidité dans l’évolution des rapports entre diverses castes…
Le premier tome laissait penser que le personnage du Maître du Temps serait développé, et c’est précisément ce qui se produit ici : les caractères des trois humains autorisés à Evernight sont affinés, leurs allégeances précisées… sans toutefois en révéler de trop.
Finalement, les personnages que l’on suit réellement et que l’on connaît sont peu nombreux (ils se limitent quasiment à ceux cités juste au-dessus) mais par le jeu des descriptions, dialogues et scènes d’actions multiples, l’auteur parvient à retranscrire l’ambiance et la volonté de tous les prisonniers de l’orphelinat – vu que c’est là que se passe le gros du roman. C’est vraiment très bien fait !

L’ambiance est un des gros points forts de la série. Dans le premier tome, on notait déjà un univers très onirique, envoûtant, enchanteur, et dont l’ambiance était extrêmement bien rendue. Le tome 2 est à l’avenant : l’écriture y est très visuelles, les descriptions fourmillent de détails, tout en allant droit à l’essentiel et sans toutefois prendre le pas sur l’action ou l’intrigue. Il y a des descriptions d’une simplicité et d’une poésie telles qu’on les relit avec un immense plaisir sitôt la phrase terminée. C’est vraiment très bien écrit, tout en restant parfaitement accessible pour un enfant de 10 ans. C’est du grand art !
Si l’on retrouve le côté très onirique du premier tome, et un monde parfaitement fantaisiste, ce tome est globalement plus sombre que le premier. Les habitants d’Evernight se montrent de plus en plus hostiles aux humains, et s’avèrent même… dangereux, un aspect que l’on ne percevait pas aussi clairement dans le premier volume. L’histoire de l’univers est un peu plus creusée (on connaît enfin les tenants et aboutissants de la haine profonde que voue Mac Claw aux humains), et les opinions des habitants d’Evernight envers les humains plus tranchées que jamais. Surtout, on découvre les raisons de l’existence de l’orphelinat, des mesures de sécurité placées autour des créateurs… et quelques plans evernightiens.

Comme dans le premier tome, l’intrigue se noue sur plusieurs niveaux. Au premier plan, la fuite que Camille tente désespérément d’orchestrer. Au second se dessine quelque chose de beaucoup plus complexe, un plan auquel sont liés, de près ou de loin, les trois maîtres humains autorisés à Evernight. Or, si la première intrigue semble quasiment résolue à la fin du volume, la seconde, elle, réserve encore des surprises. Exactement comme à la fin du premier tome, on a l’impression d’avoir en main toutes les clefs pour dénouer les fils et les enjeux… et en même temps la terrible sensation qu’il se cache encore quelque chose d’énorme dans les zones d’ombres. Suspense, vous avez dit ? Si peu, si peu… !
Surtout au vu de la scène finale… qui laisse le lecteur avec une foultitude de questions.

En somme, ce second tome tient les promesses du précédent et s’avère même meilleure. Camille, jusque-là un peu passive, prend les rênes et entre dans la danse. On retrouve la galerie de personnages hauts en couleurs, à laquelle s’ajoutent de nouvelles figures plus attachantes les unes que les autres. 
L’ambiance est toujours aussi maîtrisée, et c’est avec délices que l’on plonge dans un univers chatoyant, onirique, littéralement envoûtant, et rendu avec une précision quasi cinématographique (cette série ferait d’ailleurs un excellent film). La symbolique est puissante et l’histoire extrêmement parlante : Camille, par peur de la pension dans laquelle son père voulait l’envoyer, fait le vœu de ne pas y aller, bascule dans Evernight, et finit comme souillon dans un orphelinat. En un sens, c’est mille fois pire que la pension qu’elle redoutait, mais la projection s’avère diablement efficace. Sous l’intrigue fantastique, pleine d’aventure et de complots, il est donc question des peurs enfantines, et des cauchemars que l’on tente d’évacuer… 
En refermant ce tome, on a la sensation d’en savoir bien plus sur Evernight, mais également l’impression qu’il reste beaucoup, beaucoup de choses à découvrir, et que l’univers a encore de quoi nous surprendre. Au vu de la qualité de ces deux volumes, on n’a qu’une hâte : lire la suite ! Chapeau, Mel Andoryss !

◊ Dans la même série : De l’autre côté de la nuit.

Les Enfants d’Evernight #2, L’Orphelinat du Cheval-Pendu, Mel Andoryss. Castelmore, 20 août 2014, 350 p.

 

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Un commentaire sur “L’Orphelinat du Cheval-Pendu, Les Enfants d’Evernight #2, Mel Andoryss.

  1. […] avec les deux premiers volumes des Enfants d’Evernight, De l’autre côté de la nuit et L’Orphelinat du Cheval-Pendu (le roman, car la B.D. m’a laissée plus mitigée). J’ai particulièrement apprécié […]

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