BEAGLE, Peter S. Le Rhinocéros qui citait Nietzsche.

 

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Il ressemble à un rhinocéros, marche comme un rhinocéros, et – grands dieux ! – empeste le rhinocéros. Mais il affirme être une licorne. Difficile, même pour un professeur de philosophie, de lui faire entendre raison…
Lasse de toujo
urs voir les mêmes visages à ses réceptions, Lady Neville décide d’inviter la Mort à ce qui sera le plus  grand bal qu’elle ait jamais organisé. Mais la Mort ne danse pas impunément…
Lila, la nouvelle petite amie de Joe Farrell, a vraiment quelque chose d’extraordinaire… surtout les soirs de pleine
  lune !

Dur dur de donner un avis global à cette  petite merveille !
Le recueil est composé de six contes de fantasy, mais également fantastiques.
Leur point commun ? Outre le genre, tous mettent en scène une créature magique et/ou surnaturelle : un rhinocéros indien qui se prend pour une licorne, une vraie licorne prisonnière, la Mort en personne, ou encore un loup-garou. Et tous ont trait à la mort, de façon plus ou moins directe.

C’est le premier ouvrage que je lis de cet auteur mais il m’a semblé que chaque conte mettait en place un univers à la fois ordinaire, poétique et mélancolique -bien que l’univers physique et émotionnel soit bien différent à chaque fois. Ordinaire pour tous ceux qui s’enracinent dans le réel (ce qui exclut Le Naga) ; les personnages sont placés face à des situations étranges mais aucun ne se démonte face à l’inattendu. Pas de crise d’hystérie, rien –et pourtant, qui ne serait pas au moins légèrement étonné de trouver une licorne vivante de 20 cm dans un musée, ou bien un rhinocéros parlant dans un zoo?
Les contes sont empreints  de philosophie et de poésie, sans oublier d’être pleins d’humour !
Lorsque le conte s’achève, on a presque l’impression qu’il ne s’agissait que d’un rêve, qui finit doucement. Tout oscille entre réalité et illusion ; Julie et Joe sont-ils victimes d’une hallucination commune, tout comme Jacob et Emilia ? Tous les rêves sont permis, et c’est ce qui donne cette dimension à la fois fantastique et teintée de mélancolie à l’œuvre.

En résumé, c’est un livre que j’ai adoré, et que je recommande à tous et à toutes !

 

« La bouche sèche, la voix tremblante mais contenue, le professeur Gottesman demanda avec prudence :
« Dites-moi, si vous le voulez bien… Tous les rhinocéros peuvent-ils parler ou est-ce réservé à l’espèce indienne? »
Il regretta amèrement d’avoir oublié son calepin.
« Je n’en ai aucune idée », lui répondit le rhinocéros avec candeur. « Moi-même, je suis une licorne. » »
 
«Nathalie, malgré toutes ses qualités, n’était pas une philosophe et ne pouvait entendre les aimables salutations d’un rhinocéros. Toutefois, elle avait sept ans et, un enfant bien élevé, même âgé de sept ans, n’éprouve aucune difficulté à considérer comme naturel qu’un rhinocéros -un poisson rouge ou une table basse- puisse converser; de même, il acceptera que certaines personnes soient capables d’entendre une table basse parler, et d’autres non. Elle dit donc poliment bonjour au rhinocéros et se replongea aussitôt dans sa conversation avec Charles l’empaillé qui, apparemment, avait des tas de choses à dire sur les tigres.»

 

 Peter S. Beagle, Le Rhinocéros qui citait Nietzsche. Gallimard, Folio SF n° 117, 2002, 272 pages.
9/10.

4 commentaires sur “BEAGLE, Peter S. Le Rhinocéros qui citait Nietzsche.

  1. solessor dit :

    Je le veux je le veux je le veux ! 🙂

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  2. Titepousse dit :

    Une bien belle chronique, qui me donne envie de me le faire offrir pour Noël !

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