Cavalier blanc : Alice, Apocalypsis #1, Eli Esseriam.

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Alice est, en apparence, une jeune fille assez banale : mignonne sans plus, pas particulièrement bien mise, plutôt solitaire. Mais son haut front cache une intelligence redoutable, une connaissance encyclopédique, une dangereuse omniscience, et une insupportable arrogance.
Alice sait qu’elle est différente et, en cela, elle n’a pas tout à fait tort. Au même titre que trois autres adolescents qu’elle ne connaît pas – mais dont sa conscience lui souffle qu’elle les reconnaîtra à coup sûr – elle est un des cavaliers de l’Apocalypse, le cavalier blanc, la Mort incarnée. Avec ses camarades, elle est chargée de mener à bien le Jugement Dernier. Ils n’épargneront que 144 000 âmes. Reste à savoir qui.

Prendre comme personnages principaux les Cavaliers de l’Apocalypse, et en faire des adolescents, voilà une bonne idée. La série se développant en 5 tomes, chaque cavalier a droit à son heure de gloire, durant au moins un tome, et c’est Alice, la seule fille de l’équipe, qui prend le premier tour.
Peut-être m’attendais-je trop à une vision des cavaliers similaire à celle que l’on trouve dans De Bons présages, décalée au possible… quoi qu’il en soit, ce tome m’a quelque peu déçue.

Alice, personnage central, raconte elle-même l’histoire, ce qui fait que le lecteur n’ignore rien de ses pensées les plus secrètes, et est aux premières loges de son avis sur ses contemporains. Et, rapidement, il faut se rendre à l’évidence : Alice est un monstre d’arrogance et de condescendance, absolument insupportable. Alors, certes, c’est un peu le concept de l’histoire, mais un poil d’empathie eût été appréciable. Il devient, du coup, difficile de se prendre de sympathie pour la jeune fille, et c’est dans une relative indifférence que j’ai assisté à ses nombreux déboires, alors que certains développements ne manquaient vraiment pas d’intérêt (tout ce qui tourne autour de la relation aux parents, notamment).

L’intrigue est longue à se mettre en place : plus que poser le décor et l’univers, ce premier volume pose le personnage d’Alice. À la fin du roman, on n’en sait pas plus sur sa mission que ce qu’en dit la quatrième de couverture, et c’est un peu dommage : l’histoire est lente à se mettre en place, les péripéties lentes à survenir et, quand tout à coup il se passe quelque chose d’intéressant, c’est plié en deux temps trois mouvements. Le roman se lit extrêmement vite, et tout est un peu trop facile : les événements s’emboîtent à la perfection, certes, mais tout est un peu trop couru d’avance.

Pourtant, le roman est assez prenant : bien qu’Alice soit absolument imbuvable, on ne peut se départir de l’envie d’en savoir plus, le récit étant bien mené. C’est sombre, cynique, parfois drôle et, même si on voit assez vite comment vont tourner les choses, il y a  juste ce qu’il faut de suspens pour qu’on ait envie d’en savoir plus.

Malgré un récit globalement très violent, et un personnage antipathique au possible, Eli Esseriam parvient à donner envie d’en savoir plus sur le destin de ces quatre cavaliers. L’ensemble est sombre, cynique à souhait, mais les péripéties restent un tout petit peu trop prévisibles, ce qui est un peu dommage. L’idée de départ, l’univers et le fond sont donc bons, mais ce premier tome manque un peu de fluidité et d’efficacité ; maintenant que la mise en place est faite, peut-être les suivants seront-ils meilleurs. Si une variation originale sur le thème du Jugement dernier vous tente, et que vous n’êtes pas rebutés par un personnage imbuvable (à dessein, et parfaitement réussi), Apocalypsis a de grandes chances de vous plaire !

 

Apocalypsis #1, Cavalier blanc : Alice, Eli Esseriam. Editions du Matagot, 2013 (1ère édition 2011, 238 p.)
6,5 / 10.

 

10 commentaires sur “Cavalier blanc : Alice, Apocalypsis #1, Eli Esseriam.

  1. solessor dit :

    Dommage, ce personnage insupportable ! Autant la quatrième de couverture me botte bien, l’idée est bonne, mais… Alice me rebute avant même de la connaître ! ça complique ! Ceci dit, avec les tomes suivants centrés sur d’autres ados, pourquoi pas !

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    • Sia dit :

      Elle est insupportable, mais elle est vraiment réussie ; si elle était sympa, l’histoire n’aurait vraiment pas le même impact. Ceci dit, je ne serais pas fâchée de voir les autres ados, en espérant qu’ils soient moins imbuvables. 

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  2. Guenièvre dit :

    C’est amusant, parce que moi j’ai adoré… J’ai trouvé Alice insupportable, certes, mais elle a des raisons de l’être. Je la comprends. Et puis son humour rattrape tout; « L’enfer est pavé de bonnes intentions. Tu viens de carreler toute une cuisine. » Lol…

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  3. Guenièvre dit :

    Verdict: Edo est adorable! Un gros dur pour qui son petit frère est plus important que tout!!! 😉 Gros coup de coeur. Il n’a en commun avec Alice que son cynisme, mais d’une certaine manière, je l’ai trouvé beaucoup moins noir, parce qu’il a des émotions, et surtout des raisons de se comporter comme il le fait. Lui n’a pas eu une vie facile, entouré de parents attentifs et dans la sécurité matérielle…

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