Dangereux élevage, Sanglornis Prima #2, Didier Quesne.

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Les Sanglornis – cette nouvelle espèce de carnassiers particulièrement hostiles et sauvages – sont désormais partout. Les hommes ont dû s’adapter pour survivre : regroupés dans des villages ou des fermes fortifiées pour échapper aux sauvages et incessantes attaques des Sanglornis. Tant bien que mal, les hommes s’organisent pour survivre en autarcie. 
Marc Soters, éleveur de chevaux, apprenti sorcier à ses heures perdues, crée dans son laboratoire de fortune une nouvelle espèce de chevaux, plus endurants, et surtout plus rapides que les prédateurs. Mais la nouvelle se répand très vite, et fait des envieux. Alors que le gouvernement régresse en Empire moyenâgeux, doté de milices et d’une force inquisitoriale, chez les Soters, on tente de protéger les découvertes… 

Dans Les Chasseurs, on assistait à la prolifération des Sanglornis, et au début d’effondrement de la société. Ici, l’action démarre quelques 200 ans plus tard : on change donc de lieu, et de personnages. On découvre l’élevage Soters, véritable ferme fortifiée : Marc, le père, a des velléités scientifiques, et se met en tête de faire de la manipulation génétique à son tour. Croisant chevaux et chameaux, il crée une nouvelle race d’équidés : les chemaux. Rapides, grands, agressifs, ils devraient avantageusement remplacer les montures traditionnelles, et permettre de faire face aux dangereux prédateurs.

Ce tome amorce doucement le passage de la science-fiction à la fantasy, et on perd la dimension horrifique du premier tome. L’auteur poursuit sa déconstruction progressive, déjà visible : l’électricité existe toujours, mais le matériel et les techniques scientifiques, par exemple, se sont un peu perdus. On sent également cette déconstruction dans le langage, qui commence à être marqué par l’emploi généralisé de structures familières.

Les personnages souffrent du même défaut que ceux du tome 1 : globalement stéréotypés, on a du mal à s’attacher à toutes les histoires, tant les clichés sont nombreux. Entre le fils de l’éleveur (naturellement humble et doué, et parfait par-dessus le marché), la jeune femme au passé traumatisant grande gueule et revêche (forcément victime d’une agression expliquant son épouvantable caractère), et la fille coincée car croyante (et forcément peu encline au développement d’une nouvelle race), on peut dire que le panel de clichés est suffisant. Là où c’est un peu dommage, c’est qu’on tombe systématiquement dans la surenchère : on aurait pu comprendre les caractères des personnages, mais quel besoin y avait-il de les charger autant ? Les figures sont toutes plus stéréotypiques que les autres ; c’est agaçant, et les messages sous-jacents passent nettement moins bien.

De plus, le récit est très bavard : rien n’est laissé à la sagacité du lecteur, tout est pointé du doigt. Cela manque un peu de fluidité, du coup. Alors que le tome 1 se lisait sans aucune difficulté tant le récit était fluide, ce second tome s’avère un peu plus poussif et pénible à lire : truffé de dialogues, il est trop descriptif.

Cela étant, Sanglornis Prima reste une série originale et intéressante à lire : le concept fait froid dans le dos, et le projet général est digne d’intérêt. Malgré les petits bémols liés au style ou aux stéréotypes glissés entre les pages, l’univers et la trame retiennent l’attention. À voir si le tome 3 redresse la barre ! 

 ◊ Dans la même série : Les Chasseurs, tome 1. 

 

Sanglornis Prima #2, Dangereux élevage, Didier Quesne. Nestiveqnen (Fractales), 2002, 288 p.
5,5 /10. 

 

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