Druide, Oliver Peru.

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1123 après le Pacte.
Au nord vivent les hommes du froid et de l’acier, au sud errent les tribus nomades et au centre du monde règnent les druides. Leur immense forêt millénaire est un royaume d’ombres, d’arbres et de mystères. Nul ne le pénètre et tous le respectent au nom du Pacte Ancien. Les druides, seigneurs de la forêt, aident et conseillent les hommes avec sagesse mais un crime impensable bouleverse la loi de toutes les couronnes : dans la plus imprenable citadelle du Nord, quarante-neuf soldats ont été sauvagement assassinés sans que personne ne les entende seulement crier.
Certains voient là l’œuvre monstrueuse d’un mal ancien, d’autres usent du drame comme d’un prétexte pour relancer le conflit qui oppose les deux principales familles régnantes. Un druide, Obrigan, et ses deux apprentis ont pour mission de retrouver les assassins avant qu’une nouvelle guerre n’éclate. Mais pour la première fois, Obrigan, l’un des plus réputés maître loup de la forêt, se sent impuissant face à l’énigme sanglante qu’il doit élucider… Chaque nouvel indice soulève des questions auxquelles même les druides n’ont pas de réponses.
Une seule chose lui apparaît certaine : la mort de ces quarante-neuf innocents est liée aux secrets les plus noirs de la forêt.

La sombre impression qui se dégage du résumé n’est pas démentie par les premières pages. Druide s’ouvre sur un récit sanglant, glauque, à la limite du supportable. Si vous cherchez un récit fantasy tout mignon avec histoire romantique à la clef, passez votre chemin ; Oliver Peru joue plutôt la carte de la dark fantasy, et propose ici un one-shot sombre et efficace. Car oui, Druide est un one-shot de quelques 600 pages et fait partie des espèces en voie de disparition au rayon fantasy des librairies.
On y suit les pérégrinations d’Obrigan, un druide de la caste des loups, chargé d’enquêter sur un meurtre sordide, au sein d’une citadelle. Deux problèmes se posent à lui : primo, les assassins sont passés par un chemin invisible, et sont entrés dans une forteresse imprenable et bien défendue ; secundo, ce massacre pourrait bien déclencher une guerre sans précédent. La tension dramatique s’installe donc dès les premières pages, et les chapitres initiaux sont assez éprouvants. Difficile, après avoir lu ce roman, d’emprunter seul un escalier plongé dans les ténèbres – on ne peut s’empêcher de sursauter au moindre craquement. Oliver Peru maîtrise à la perfection les codes de l’horreur et instille fort bien sentiments d’angoisse et ambiance malsaine dans son récit, ce qui le rend, évidemment, d’autant plus prenant.

Pourtant, l’écriture m’a quelque fois chagrinée, la faute à quelques phrases bizarrement construites. Elles sont, heureusement, peu nombreuses, ce qui évite que l’on se déconcentre de trop. Il faut, en effet, être un minimum concentré, car l’intrigue est très dense, et très complexe. Bien qu’elle ne fasse que 600 pages, l’histoire est amenée peu à peu : on début par le massacre dans la citadelle, et l’enquête d’Obrigan. Assez vite, on s’aperçoit que ce massacre cache peut-être autre chose. Ainsi, les différentes strates de l’histoire se révèlent les unes après les autres, et le lecteur plonge dans une intrigue à tiroirs. C’est très habile, et le suspens est au rendez-vous, au fur et à mesure que les tenants et les aboutissants s’entremêlent, pour offrir une aventure assez trapue. Parallèlement à l’enquête, Oliver Peru parvient à nous décrire assez précisément l’univers dans lequel évoluent ces personnages, et qui s’adosse à une histoire longue et fournie, dont on a quelques aperçus, sans que cela plombe le récit. L’ordre des druides, quant à lui, est très bien décrit, dans toute son ampleur, et sa complexité.
Si la première partie est extrêmement dynamique, j’ai regretté que la seconde s’installe dans une sorte de routine – certes agréable, mais moins survoltée que la première – essentiellement due au sujet choisi. Malgré cette partie un peu plus calme, le roman est prenant à lire, et on s’arrête à regrets (car évidemment, on veut connaître la résolution).

Voilà donc ce qui fait tout le charme de ce roman : dans un univers très riche et détaillé (mais pourtant accessible), Oliver Peru fait évoluer des personnages fouillés (dont certains restent énigmatiques jusqu’au bout, et dont on se demande jusqu’à la fin de quel côté ils se placent), et propose une intrigue aussi soignée que variée. Mêlant les genres, il nous livre un bon roman qui alterne batailles grandioses et désespérées, ambiance sombre et glauque, enquête minutieuse, le tout en seulement 600 pages : preuve, si besoin était, qu’il n’est pas nécessaire de faire une série de 12 tomes pour détailler son univers (toute ressemblance avec un auteur en particulier serait, bien évidemment, totalement fortuite). Dernier petit détail pour la fin : parlons de la couverture. Fait assez rare pour être signalé, elle a été dessinée par l’auteur lui-même, dont la talent artistique est indéniable.
En somme, si vous souhaitez passer un bon moment de lecture, avec une intrigue et un univers fournis, le tout dans un thème dépaysant, vous savez ce qu’il vous reste à lire.

 

Merci à Dup & Phooka de Bookenstock, qui m’ont permis de découvrir l’univers d’Oliver Peru, dans le cadre du « Mois de… » !

 

Venez rencontrer Oliver Peru chez Bookenstock au mois d’avril !

 

Druide, Oliver Peru. J’ai Lu, 2012 (1ère édition 2010), 602 p.
7,5/10.

 

 

9 commentaires sur “Druide, Oliver Peru.

  1. solessor dit :

    J’ai moi-même beaucoup apprécié ce roman, surtout du fait de son côté sombre, qui à mon goût contraste agréablement avec ce qui se fait dans le genre. Et, en prime, un one-shot… il avait tout pour me plaire ! 😉

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  2. Licorne dit :

    Belle critique Sia, je suis d’accord sur les petits points qui t’ont gênés. Une bonne histoire et un univers chiadé, mais pour moi,  il a manqué un petit quelque chose pour que ce soit un vrai coup de coeur… Martyrs a de bons retour ! je pense qu’il sera sur ma prcohaine liste d’achat !

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    • Sia dit :

      Même chose, il a manqué un tout petit quelque chose, et j’ai trop de fois froncé le nez devant de petites imperfections (c’est mon côté pénible qui ressort). Après, si je me plante pas, Druide est son premier roman… et pour un premier, c’est une réussite!

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  3. Camille dit :

    Tu me donnes très envie de le lire! Pourtant les one-shot en fantasy, je me méfie toujours un peu. Je trouve qu’il faut beaucoup de pages pour construire un univers cohérent de fantasy! Si là ça fonctionne, pourquoi pas?

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  4. BlackWolf dit :

    J’ai passé un excellent moment avec ce roman qui m’a emporté du début à la fin au point que je n’ai pas ressenti cette routine dont tu parles. Content qu’il t’ait plu en tout cas.

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    • Sia dit :

      Je pense que je ne l’ai pas lu au bon moment (grosse fatigue), ce qui ne lui a certainement pas rendu totalement justice. Je pense que je le relirai, et je suis presque sûre que je n’aurai pas le même ressenti !

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