Loup y es-tu? Henri Courtade

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 Et si les êtres maléfiques des contes de notre enfance existaient réellement ?
Sans doute ces créatures vampiriseraient-elles notre planète. Elles seraient de tous les génocides, manipuleraient les plus grands dictateurs. Bref, tapies dans l’ombre d’Hitler ou sous le feu des projecteurs des plateaux télé, elles auraient entre leurs mains expertes le devenir de l’humanité.
Sinistre tableau !
Si de tels êtres vivaient, il serait à souhaiter que leur alter ego bienfaisant existe également. Qu’en ce début du XXIe siècle, ces personnages merveilleux s’éveillent et décident de se battre.
Et alors, qui sait de quel côté la balance pencherait…

Cette découverte a été un gros coup de cœur pour moi! Henri Courtade nous propose ici une transposition des contes de notre enfance à notre époque, avec déplacement de leurs personnages dans notre quotidien. Oh, bien sûr, pas à l’identique! Ainsi, Cendrillon est devenue Cindy Vairshoe, jeune canadienne mannequin. Le Petit Chaperon Rouge est Virginia Woolf, jeune prodige de la haute couture qui déteste la couleur rouge (ah?). Quant à Blanche-Neige, elle s’appelle désormais Albe Snösen, et vend des places pour les spectacles de Broadway.
J’ai trouvé la transposition des contes à notre époque proprement géniale; les codes sont détournés et adaptés, les différentes histoires entremêlées, et liées à l’Histoire réelle. Le pari était certainement risqué, de mélanger histoire réelle (la seconde guerre mondiale, pour être exacte), et contes de fées, mais l’auteur relève le défi haut la main et la réactualisation de ces contes est magistralement menée.

L’histoire est  diablement bien écrite, et alterne à la perfection flash-back et trame principale, permettant au lecteur de se familiariser petit à petit avec l’intrigue, ses différentes composantes, et le laisse essayer de deviner tout seul.
Le personnage d’Albe m’a semblé plus attachant que Virginia (mais peut-être car on la suit plus souvent). Marilyn est également très réussie, et donne par moments des frissons dans le dos, tant son attitude est vraisemblable.
Au-delà de la simple réactualisation, on peut lire dans ce roman une satire de la société du paraître dans laquelle nous évoluons, puisque beaucoup d’aspects tournent autour de l’apparence: violon d’Ingres de Marilyn, elle s’invite également dans les professions de certaines des héroïnes. Cindy est mannequin, Virginia styliste. Quant à Albe, elle travaille dans l’industrie du spectacle, royaume des apparences et faux-semblants.

Les titres de chapitres, quant à eux, sont drôles et bien trouvés et démontrent le talent de l’auteur dans le détournement d’écrits existants, puisqu’on y trouve des proverbes ou mots célèbres adaptés. En tout cas, ils donnent le ton et du chapitre, et de l’ouvrage dans son ensemble.

Voilà donc un roman que j’ai beaucoup apprécié,  entré direct dans la case Panthéon d’ailleurs, et dont l’écriture fluide et le cheminement bien mené conjuguent à merveille réel, fantastique, moderne et merveilleux!

 Loup y es-tu ? Henri Courtade. Mille Saisons, 2010, 340 pages.
9,5 / 10.

 

Challenge ABC Critiques 2011-2012 Babelio : lettre C

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3 commentaires sur “Loup y es-tu? Henri Courtade

  1. beeloulya@gmail.com dit :

    J’ai adoré tous tes coups de cœur mais là quelle déception ! C’est vrai que l’idée est bonne, mais les dialogues sont mauvais et les réflexions de l’auteur sur la seconde guerre mondiale ou encore sur le terrorisme sont trop faciles et plus que pré-machées, et tout ca vient largement gâcher ce bouquin qui aurait pu être super.

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  2. Léa dit :

    Cela fait un moment que je l’ai lu, sans être un coup de coeur, je me souviens avoir bien aimé cette lecture! La réécriture transposée à nos jours est intéressante.

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