Les neuf princes d’Ambre, Roger Zelazny.

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Ambre est un royaume médiéval ; comme tous les autres il possède une capitale, un palais, une cour, une famille royale et des intrigues. Mais Ambre est aussi bien plus : lieu mythique considéré comme le centre de l’univers. Seul lieu réel, tous les autres n’en sont qu’un reflet, dans l’ombre, comme la Terre. Considérée comme très intéressante par la plupart des princes d’Ambre, elle leur sert de résidence secondaire, voire de cachette. Car la vie d’un prince ou d’une princesse n’est pas de tout repos. Seuls dépositaires du pouvoir quasi divin de se déplacer entre les mondes, ils n’en restent pas moins humains : au mieux rivaux, ils sont le plus souvent ennemis jurés. En effet, depuis la disparition mystérieuse d’Obéron, le père de cette grande famille, le trône est vacant et la succession des plus agitée.

Le récit débute dans un hôpital, avec un homme qui s’éveille. Rapidement, il se rend compte qu’il est amnésique. Mais il sait qu’il doit se sortir de là, et vite. Si son esprit semble avoir tout oublié, ce n’est pas le cas de son corps, qui prend de temps en temps les commandes. Il opère donc une sortie magistrale de l’hôpital et se rend chez sa sœur, dont il a appris qu’elle l’avait fait interner. Ce qui laisse présager du meilleur quant aux relations familiales.

Une fois sur place, on assiste à une joute oratoire de haut vol entre les deux personnages, dont on sent rapidement qu’ils sont des êtres d’exceptions. Le spectacle de Corwin soutirant des informations à sa sœur, prêchant le faux pour connaître le vrai respire l’intelligence du dialogue. Les non-dits y sont quasiment aussi importants que les rares informations lâchées par Florimel. Le récit étant à la première personne du singulier, le lecteur est aussi mal loti que le personnage ; le tâtonnement à la recherche d’informations est donc plein de tension et de suspens.

La suite sera toujours pleine de cette exaltation qui semble saisir les personnages, qu’ils soient en train d’échafauder des stratégies, en pleine tactique rhétorique, ou à la découverte du royaume d’Ambre, dont ils sont réellement issus. Malheureusement, si le personnage recouvre la mémoire, ce n’est pas le cas du lecteur, qui est souvent laissé dans un flou artistique total. Les actions s’enchaînent à un rythme effréné, sans que l’on ait le temps de s’intéresser à la politique ou aux intrigues palatines, ni même aux personnages, auxquels il est difficile de s’attacher tant ils paraissent froids, cyniques et inhumains.

Cela étant, il faut saluer le talent de l’auteur, qui propose des éléments d’intrigue novateurs – comme la nature du royaume d’Ambre, origine de tous les autres qui n’en sont que de pâles reflets – ou utilise des ressorts narratifs intéressants – comme la faculté de Corwin de voyager à travers les ombres, dont on aurait volontiers voulu en savoir plus.

En somme, Zelazny propose un récit de fantasy original, car dépourvu des poncifs du genre, et présentant d’intéressantes notions. La faiblesse réside dans la perte de rythme, qui intervient dès que Corwin retrouve la mémoire et le manque d’informations données au lecteur. Zelazny inverse la tendance dans les tous derniers chapitres, en introduisant de nouveaux éléments qui redonnent de l’intérêt au récit. L’ensemble reste donc agréable à lire, quoiqu’un peu lent et manquant de relief. Ce qui ne m’empêchera sûrement pas de m’intéresser à la suite, afin de voir comment le tout évolue.

Les neuf princes d’Ambre, Le Cycle des princes d’Ambre #1, Roger Zelazny. Folio, 2000 (1ère édition 1982), 251 p.
6/10. 

 

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La Sève et le Givre, de Léa Silhol.

 

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8 commentaires sur “Les neuf princes d’Ambre, Roger Zelazny.

  1. Walpurgis dit :

    Malgré tes petits bémols, je vois que tu souhaites continuer la saga et il le faut car c’est vraiment extraordinaire comme univers puis des personnages géniaux vont apparaître.

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    • Sia dit :

      Oui, je me dis que c’est le tome introductif et que ça changera peut-être par la suite. Et puis, pas mal de lecteurs l’encensent, donc ma curiosité me pousse à continuer!

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  2. BlackWolf dit :

    Ca fait longtemps que j’ai lu ce cycle et j’avoue que je m’en souviens plus trop. Il faudrait peut être que je tente ne relecture.

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  3. Solessor dit :

    C’est vrai que c’est un tome introductif, et la suite est de plus en plus palpitante à mon avis ! En tout cas pour ce qui concerne le cycle de Corwin, je n’ai pas encore fini celui de Merlin 😉

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  4. Liestra dit :

    J’ai eu les mêmes ressentis que toi. J’ai vraiment ressenti une longueur sur la fin du premier tome, et le second m’a conforté dans cette impression :S Je pense que je ferai une autre tentative plus tard, mais en tout cas j’arrête là avec cette pentalogie.   Par contre je suis curieuse : tu conseilles de lire « La Sève et le Givre » de Léa Silhol, que j’ai lu, mais je ne vois pas bien pourquoi…? (pour le rythme?)

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    • Sia dit :

      Pour les histoires de fées, essentiellement! Toutes ces histoires de cours m’ont fait penser à La Sève et le Givre (mais ce sont deux lectures bien différentes!). Je lirai le tome 2 des princes d’Ambre à l’occasion, parce que tout le monde (ou presque) parle de cette série en bien, et je voudrais en savoir plus.

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  5. Sylly dit :

    J’ai préféré lire ton billet sur le tome 1 des Princes d’Ambre pour éviter de me spoiler, car je l’ai mis dans ma liste de Noël :p Cette série me fait envie depuis très longtemps et a l’air vraiment originale !  Ton article ne fait qu’amplifier  mon impatience du coup 🙂 J’ai hâte de la commencer 🙂   A bientôt, Sylly

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    • Sia dit :

      Tu as fort bien fait de choisir de lire le billet du tome 1 ! Le tome 2 m’a moins plu, mais j’ai un peu l’impression de passer à côté. Ceci étant dit, un de mes proches m’affirme que c’est mieux à partir du 3, donc je vais continuer !

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