La Prophétie de Venise, Moka.

la-prophétie-de-venise-moka 1996 : 12 adolescents sont tués à Venise.
2012 : et si tout recommençait ?

Engagé par le richissime Vianney de la Tour Audelange, le détective Maxime Dancourt rouvre le dossier du massacre de Venise. Quand il découvre que 2012 est une année bissextile à treize lunes, comme 1996, la course contre la montre a déjà commencé… Le ciel serait-il la clé du mystère ? Quel étrange lien relie les crimes au Zodiaque ? Maxime et son fils Lubin vont faire de bien étranges découvertes.

Maxime, père célibataire, a quitté son emploi dans la police et travaille comme détective privé, tout en essayant d’élever son adolescent déscolarisé et un brin rebelle de fils. Autant dire que l’affaire n’est pas, d’emblée, bien engagée. Quand un richissime vieillard l’engage pour enquêter sur un meurtre vieux de 16 ans, il n’est pas ravi non plus : la piste est froide depuis depuis des lustres, et Lubin, son fils, lui reste sur les bras. Pourtant, Maxime se lance dans une enquête minimaliste, qui na va pas tarder à prendre des proportions nettements plus importantes.

On entre avec une grande facilité dans l’enquête, grâce au style fluide et dynamique de Moka. Le thème rend l’enquête très prenante, et on suit les protagonistes avec enthousiasme. Leurs personnalités s’affrontent et se complètent, et chacun a ses petits côtés touchants, ou agaçants, ce qui en fait des personnages complets et complexes ; les personnages secondaires ne sont bien sûr pas en reste.
L’enquête brasse un grand nombre de thèmes : astrologie, monstres ancestraux, confréries secrètes, pouvoirs étranges : c’est riche, le tout est bien pensé, et l’apparent méli-mélo s’agence peu à peu en un tout très cohérent. L’intrigue est tordue à souhait, et l’auteur ne cède pas à la facilité, ce qui rend la lecture d’autant plus intéressante. L’enquête est également prétexte à une mise en garde contre les sectes, et leurs dérives (sans que ce soit pesant). Je connaissais Moka comme reine de l’étrange (je vous recommande fortement L’Enfant des ombres ; quoique les jeunes lecteurs très sensibles peuvent s’abstenir…! ), et la trouver dans ce thriller jeunesse a été agréable ; sa plume n’a rien perdu de sa fluidité, ni de son humour.

On reprochera toutefois des grands bons dans l’enquête, orchestrés par Maxime, qui comprend certains points, et les révèle tout à trac aux intéressés, ce qui s’avère parfois frustrant pour les lecteurs à l’esprit moins agile, et tenus à l’écart de quelques indices majeurs. Cependant, cela dynamise grandement le récit, et fait avancer l’enquête à point nommé, sans laisser mariner le lecteur dans de longues incertitudes. Les récits parallèles (l’enquête, la vie de Maxime et Lubin, celle de Bragance) rendent le roman fourni. On n’a pas le temps de s’ennuyer, et le roman se lit tout seul. L’ésotérisme, le surnaturel, servent plus de toile de fond à l’enquête que de nœud à l’histoire, ce qui fait que ce n’est pas pesant, et cela rend l’enquête extrêmement prenante, et haletante. Les relations entre les deux personnages centraux, de plus, amènent une part d’humour et de réalisme bienvenue dans le milieu fantastique ambiant.

La Prophétie de Venise initie une série d’enquêtes teintées de surnaturel qui s’annonce prometteuse ; on suit les pérégrinations des personnages avec grand plaisir, dans les fils de cette difficile enquête. Le roman plaira, à n’en pas douter, tant aux jeunes lecteurs qu’à leurs parents !

La Prophétie de Venise ; Dancourt et fils, détectives #1, Elvire Murail, dite Moka. PlayBac, 2012, 360 p.
7,5 /10.

 

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