Les Secrets des Wilson #1, Mill2

Si Liam Wilson était connu pour être l’un des plus riches promoteurs immobiliers de son époque, pour Anna, il était avant tout un grand-père aimant qui lui envoyait à chaque anniversaire un livre. A sa mort, elle découvre qu’elle est son unique héritière grâce à des énigmes qu’elle seule peut résoudre. Ce jeu de piste va déterrer des secrets familiaux enfouis depuis des années.

Les Secrets des Wilson est d’abord paru, en 42 épisodes, au format Webtoon – la republication au format papier est prévue en trois tomes.
L’histoire nous entraîne sur les traces d’Anna : son père étant très occupé, il la dépose pour quelques temps dans la maison au milieu de la forêt dont elle a hérité récemment de son grand-père. Alors qu’elle en était très proche, celui-ci s’est retiré quelques années plus tôt au fond des bois (avec sa fortune, dont personne ne sait ce qu’elle est devenue), limitant ses interactions avec la famille à des cadeaux d’anniversaire (des livres) envoyés à la petite fille. Anna n’est donc pas particulièrement bien disposée à son arrivée : elle aimerait que son père ne parte pas, elle ne comprend pas cette forme d’abandon de la part du grand-père, qui lui manque, et elle ressent une certaine gêne à rester seule avec des inconnus. Car la maison vient en héritage avec son personnel : un gardien imposant, une gouvernante un peu distante, une jeune cuisinière fragile dont s’occupent les deux précédents, et un commis qui n’a ni les yeux, ni la langue dans sa poche, tout un panel de personnages plus intrigants les uns que les autres.

L’ambiance et le décor jouent donc sur une part de mystère qui entretient la tension. Celle-ci est également due à la forme de l’intrigue. En effet, Anna ne tarde pas à découvrir que son grand-père attendait d’elle qu’elle découvre quelque chose, et qu’il lui a organisé une véritable chasse au trésor. A la recherche de la fortune qu’il a cachée quelque part ? Cette fortune disparue ou cachée cristallise toute les attentes des adultes qui entourent Anna. Indice après indice, Anna reprend les différents cadeaux de son grand-père (une boîte à musique, une montre, des livres…), et s’attelle à percer les énigmes laissées par son aïeul. Or, si celles-ci expliquent peu à peu le passé du vieil homme, elles permettent aussi à Anna d’en apprendre plus sur le passé de sa famille, et notamment sur les raisons de la rancœur qui existe entre son père et son grand-père. Si les découvertes ne sont pas toutes follement surprenantes (notamment autour du secret de son père), leur agencement en jeu de piste, et le mélange entre les recherches de la jeune fille et sa vie au chalet fonctionnent parfaitement.

De plus, les tons sombres des décors, le mystère qui plane autour des personnages vivant dans le chalet, le côté assez ludique de la chasse au trésor (avec découverte de pièces secrètes, fouilles en règles dans les recoins, etc.) donnent à l’ensemble une petite ambiance gothique très réussie.

Si j’ai vraiment apprécié la narration et l’intrigue, je dois dire que les graphismes m’ont laissée un peu plus de marbre : côté décors, c’est léché, détaillé comme il faut, mais les expressions des personnages pêchent un peu, oscillant entre un vide assez dérangeant et une exagération des émotions qui détonne avec le cadre.

Ce premier tome remplit son office : les personnages, le cadre, l’intrigue sont parfaitement installés. L’enquête d’Anna, sous forme de chasse au trésor, instille un certain suspense dans le récit, lequel est ponctué par les découvertes de la jeune fille dans les secrets familiaux. Si on passe en revue un certain nombre de secrets ici, on sent bien que tout n’a pas encore été déterré, ce qui permet de garder l’attention des lecteurs en fin de tome et ce d’autant que les trajectoires des personnages secondaires restent encore bien nébuleuses. J’ai vraiment accroché à l’intrigue, ce qui m’a permis de passer outre les graphismes que j’ai trouvés un peu faibles en regard. Je suis curieuse de lire la suite !

Les Secrets des Wilson, Mill2. Traduit par Lya Mayahi. Kotoon, 18 janvier 2024, 272 p.