[2022] Petit bilan estival.

Ne serait-il pas temps, après une trop longue interruption – un an me souffle-t-on dans l’oreillette -, de reprendre les petits bilans du mois ?
Pardon d’avance pour la longueur de cet article, sans doute pas très digeste, mais qui sera bien utile à ma mémoire défaillante dans quelques mois/années, quand je me demanderai ce que j’ai pensé de tel ou tel titre non chroniqué in extenso !

Carnet de lectures

J’ai beaucoup lu cet été, grâce à des congés forcés (pas merci les services RH) et malgré pas mal de travaux (je me suis découvert un engouement particulier pour la démolition de murs).

Terre promise, de Philippe Arnaud (Sarbacane).
J’aime bien lire, de temps en temps, des western, mais je dois dire que celui-ci a souffert des comparaisons avec Celle qui venait des plaines et Sans foi ni loi. Déjà parce que j’ai trouvé la structure assez maladroite, en raison d’allers-retours pas toujours justifiés entre passé et présent (qui m’a laissé un goût d’artificialité pas très agréable). Par ailleurs, j’attendais beaucoup (peut-être trop ?) du personnage de la femme shériff, et j’ai été un peu déçue, car je l’ai trouvée légèrement caricaturale (la femme badass et libérée). A ce titre, j’ai trouvé qu’il y avait peut-être un poil trop de scènes de sexe pour que l’ensemble fonctionne à merveille !
Malgré cela, le propos était intéressant : on suit un personnage sudiste jusqu’à la moelle, qui va se retrouver confronté à des Noirs libres, et à des femmes de tête. Shocking ! Les pensées – racistes et sexistes – du protagonistes sont assez pénibles à lire, mais font partie de son évolution. Soyez justes prévenus ! Je pense que j’ai placé trop d’attentes sur ce titre, ce qui ne m’a pas permis de l’apprécier pleinement.

Le Livre de Phénix, de Nnedi Okorafor (Actusf).
Je n’ai toujours pas lu Qui a peur de la mort ? mais j’ai lu d’autres titres de l’autrice, qui m’ont beaucoup plu. Donc je me suis lancée dans cette préquelle du titre précédemment cité, qui nous emmène dans un univers post-apocalyptique assez effarant, et sur les traces d’une femme qui est aussi un organisme génétiquement modifié, créé dans le but de devenir une arme de destruction massive. Autant j’ai apprécié le mélange entre SF et fantasy, les réflexions politiques et philosophiques, l’ambiance qui confine à la poésie, au mythe et au désespoir le plus profond, autant j’ai eu parfois du mal à suivre l’intrigue, dont les circonvolutions m’ont semblé quelque peu confuses et dures à suivre. Découverte mitigée donc, mais qui ne m’empêchera pas de lire la suite de ses œuvres, parce que j’avais adoré le reste.

La Maison des feuilles, Mark. Z. Danielewski (Monsieur Toussaint Louverture).
Oui, ça y est, j’ai enfin lu (et surtout TERMINÉ) La Maison des feuilles, qui est clairement une lecture de l’été, puisque je l’ai attaqué fin août et terminé… début octobre. Là aussi, sentiment mitigé : j’ai été bluffée par la construction littéraire, les récits enchâssés, les narrateurs non fiables qui se suivent (et ne se ressemblent pas) et les expérimentations littéraires diverses et variées. Mais je dois aussi avouer que je me suis rapidement lassée des digressions du narrateur principal (Hoss, que je considère comme le principal) et ses innombrables histoires de sexe que j’ai eu follement envie de passer (mais je ne l’ai pas fait, puisque le diable étant dans les détails, il faut lire les multiples notes de bas de page de ce titre).
Je ne pense pas faire de chronique détaillée (mais qui sait ?), donc je le pose là. A lire si vous voulez jeter un œil à cette performance littéraire, donc, je pense que ça vaut le détour pour ça, mais à éviter si vous n’aimez ni les escape game, ni les romans à tiroir, parce qu’on est dans une espèce de mélange étrange entre les deux.

Coin bulles

J’ai dévoré totalement par hasard The Sound of my soul de Rin Saitô (Akata), un manga qui parle de musique, d’amitié et de handicap. On y suit Mizuki, 11 ans, atteint d’hypoplasie cérébrale (qui provoque une paralysie partielle). Son rêve : devenir violoniste professionnel et toucher de sa musique son meilleur ami sourd et très bon danseur. Pour ce faire, il quitte son école spécialisée et rejoint un collège ordinaire… où il se retrouve en butte au validisme et à l’hostilité de son nouvel entourage (enfants comme adultes). Le choc des cultures est violent entre la première partie pleine d’amour, d’amitié et de bienveillance et la seconde, affreusement violente, dès que l’on entre au collège.
L’originalité de ce manga, c’est que, d’une part, Rin Saitô romance la vie du véritable Mizuki Shikimachi et que, d’autre part, le manga romancé occupe les deux-tiers du volume environ, le dernier tiers étant occupé, lui, par un manga plutôt documentaire, dans lequel la mangaka a retracé les premières années de la vie du jeune garçon – un récit qui met donc en avant la force de sa mère, qui lui a donné goût à la musique et s’est battue pour améliorer son bien-être. Un titre très touchant, et qui m’a donné envie de lire la suite !

Côté ciné

Incroyable, mais vrai, je suis allée trois fois au cinéma cet été. (Je dis incroyable car la moindre sortie ciné implique une heure de route, donc vous comprendrez que tout cela ne se fait pas au débotté).

Mille ans après tout le monde (au bas mot), j’ai vu Top Gun : Maverick, un film truffé d’avions de chasse, d’adrénaline et de testostérone (même si le récit tente d’insérer un peu plus de femmes dans des rôles allant au-delà de la pin-up et de la plante verte, et c’est pas mal).
J’ai passé un très bon moment avec ce film, même si le scénario n’est pas démentiel. En même temps, ce n’est pas pour ça qu’on va le voir, mais pour s’en mettre plein les yeux dans les scènes aériennes (lesquelles sont très réussies). Le film m’a même donné envie de voir Top Gun premier du nom, c’est dire !

Ensuite, je suis allée voir As Bestas, un film franco-espagnol de Rodrigo Sorogoyen. On y découvre la vie de deux agriculteurs français partis ouvrir une petite exploitation bio dans une vallée paumée de Galice, ce qui va crisper le village et cristalliser l’hostilité (le tout autour d’une sombre histoire d’éolienne à installer). Alors, déjà, sachez qu’on est dans du roman noir, mais au cinéma (je ne sais pas comment se nomme ce style). L’ambiance est lourde, poisseuse, la tension monte crescendo jusqu’à la rupture. J’ai mis un long moment à comprendre la scène d’intro (où l’on voit deux hommes dompter un cheval sauvage), qui n’a rien à voir avec la suite, mais j’avoue que la construction est particulièrement bien faite (car oui, cette scène a évidemment un rapport avec la suite). J’ai beaucoup aimé la fin, j’en suis sortie en me disant « mais alors, du coup … ? » et j’aime sortir d’un film en me posant des questions sur la suite, ce qu’on ne voit pas. Avec ça, la photographie est sublime, et c’était assez plaisant de voir ce film en VO, puisqu’il est tourné en castillan, en galicien et en français (de toute façon, je vous déconseille vivement d’aller le voir en VF si d’aventure il est dispo en VF, car vous perdriez tout le sel et les enjeux du film). Bref : excellente découverte !

Et, last but not least, je l’ai attendu avec impatience, il a fini par arriver, je suis allée voir avec un immense plaisir Le Visiteur du Futur : le film !, de François Descraques, et qui est la non-suite de la web-série éponyme, que je vous recommande très chaudement si vous ne l’avez pas encore vue !
L’histoire se déroule en 2555, dans un futur dévasté : l’Apocalypse menace la Terre et le dernier espoir repose sur Renard, un homme capable de voyager dans le temps. Sa mission : retourner dans le passé et changer les événements, en échappant à la Brigade Temporelle, qui le traque à travers toutes les époques.
Si vous n’avez pas vu la série, ce n’est pas un drame, car le film est visible indépendamment (si vous l’avez vue, vous apprécierez à sa juste valeur les petits clins d’œil de fan-service qui parsèment le récit).
C’est rare au ciné, mais il faut le dire : voilà un très bon film de SF made in France ! L’univers post-apo est bien mis en scène, les effets spéciaux sont très réussis (mais pas envahissants) et le fait d’avoir introduit deux personnages tout neufs rendent les explications assez naturelles. Le message n’est pas moralisateur (et non, ce n’est pas un film anti-nucléaire comme cela a été dit, c’est un film anti-obsolescence programmée plutôt), et malgré l’ambiance un brin tendue (fin du monde, tout ça), il y a des touches d’humour et quelques scènes comiques parfaitement intégrées. Bref, c’était un vrai plaisir, et j’espère qu’une suite sortira !

Tops/Flops

L’été aura été marqué par deux titres de fantasy qui ne m’ont pas passionnée :

Concernant Arkana, de Sébastien R. Cosset : j’ai trouvé l’univers intéressant, le choix narratif qui sert de rebondissement central très audacieux, mais le personnage archi-cliché a clairement eu raison de ma patience !

Dans le même style, Une couronne d’os et d’épines d’Emily Norsken, que j’ai dû lire dans le cadre du PLIB, m’a plu pour son univers, et passablement agacée pour le reste, qu’il s’agisse de l’intrigue qui ne m’a pas embarquée, des incohérences dans le récit, ou des multiples coquilles.

A côté de ça, j’ai eu trois coups de cœur – la vie étant bien faite, un par mois.

Tout d’abord La sorcière secrète, le deuxième tome de la série Le Garçon sorcière de Molly Knox Ostertag : c’est beau, l’histoire est prenante, et ce n’est pas parce qu’on est dans le tome 2 qu’il ne s’y passe rien ! J’ai hâte de lire la suite (et fin, malheureusement).

Ensuite, au rayon polars, j’ai dévoré La Valse des tulipes, d’Ibon Martin, qui mêle secrets de famille, résurgences politiques et cadre enchanteur. Je suis très contente de savoir qu’en VO, il s’agit d’une série, parce que j’ai hâte de lire la suite !

Et pour finir, encore une série, j’ai nommé Les Voyageurs de Becky Chambers, un roman que je relirai sans aucun doute, et dont je suis curieuse de lire les autres opus (même si on change apparemment de personnages).

Citations

« Alors… c’est comment ? Aller à l’école, vivre en ville et tout ça ?
– C’est normal. Bon, j’imagine que pour toi, ça n’a rien de « normal ». Je monte dans un gros bus jaune avec un tas d’autres enfants pour me rendre dans un bâtiment en briques où on mange de la nourriture dégueu et où on apprend les maths.
– ça paraît pas trop mal…
– Tu sous-estimes à quel point la nourriture est mauvaise. »
La Sorcière secrète, Molly Knox Ostertag.

« Rolande eut un sourire en coin qui était quasiment un abrégé de perfidie. »
La semeuse d’effroi, Eric Senabre.

« La mère d’Izzy utilisait les termes « naturel » et « végétal » pour tout ce qu’elle considérait comme bénéfique, tandis que « toxine » était pour elle synonyme de « néfaste ». A aucun moment elle ne nomma de toxine particulière, mais ma maison, ma nourriture et, apparemment, mon maquillage en étaient bourrés. […]
– Et voilà la partie que je préfère, souffla-t-elle en caressant du bout des doigts l’image travaillée. Les huiles essentielles.
Elle avait prononcé cette dernière phrase sur le ton qu’un dragon aurait employé pour dire « doublon espagnol ».
L’étreinte des flammes, Patricia Briggs.

« La barge avait emprunté une route sinueuse qui montait vers le sommet d’une falaise. Assez large pour le véhicule, mais tout juste. Ashby risqua un regard par-dessus bord et le regretta aussitôt. Comme beaucoup de spatiaux purs et durs, une fois au sol, il avait le vertige. Contempler une planète de haut d’une orbite, ce n’était pas un problème : tomber, c’était flotter. A l’intérieur d’un vaisseau, si on tombait – disons dans le conduit moteur d’un gros colonisateur -, on avait le temps de crier « Chute ! ». Ce qui préviendrait l’IA locale de désactiver le filet antigrav concerné. La descente s’arrêtait net, et on dérivait tranquillement jusqu’à un point d’accroche. On encourait la grogne des camarades occupés à boire du mik ou à bricoler sur des petites pièces, mais rester en vie valait bien ce prix. Ce cri était également très apprécié par les gamins, pour qui l’inversion soudaine de la gravité sur une passerelle bondée ou dans une salle de classe était le comble de l’humour. Mais, en surface, pas de filet antigrav. Tombez de trois ou quatre mètres seulement et vous risquez la mort. Ashby, pour apprécier la gravité, voulait pouvoir l’éteindre. »
L’espace d’un an, Becky Chambers.

« J’aime les livres. J’adore tout ce qui s’y rapporte. Je chéris la sensations des pages au bout de mes doigts. Ils sont assez légers pour être transportés, et pourtant lourds de mondes et d’idées. J’aime le bruit des pages tournées contre la pulpe de mes doigts. Empreintes imprimées contre empreintes digitales. Les livres réduisent leurs lecteurs au silence, et pourtant leur message résonne si fort. »
Le Livre de Phénix, Nnedi Okorafor.

« Pourquoi un élan ? demande Anna.
Elle avait vu quelques élans depuis qu’elle avait emménagé dans le Montana. Même les loups-garous se méfiaient d’eux.
– Il faudrait que tu sois un garçon de dix-huit ans qui cherche à impressionner une fille pour comprendre, dit Charles.
Max rit.
– De seize ans, ça marche aussi, déclara-t-il. »
Entre Chien et Loup, Patricia Briggs.

Akata Witch #1, Nnedi Okorafor.

Mon nom est Sunny Nwazue et je perturbe les gens. Je suis Nigériane de sang, Américaine de naissance et albinos de peau. Être albinos fait du soleil mon ennemi. C’est pour ça que je n’ai jamais pu jouer au foot, alors que je suis douée. Je ne pouvais le faire que la nuit. Bien sûr, tout ça, c’était avant cette fameuse après-midi avec Chichi et Orlu, quand tout a changé. Maintenant que je regarde en arrière, je vois bien qu’il y avait eu des signes avant-coureurs. Rien n’aurait pourtant pu me préparer à ma véritable nature de Léopard. Être un Léopard, c’est posséder d’immenses pouvoirs. Si j’avais su en les acceptant qu’il me faudrait sauver le monde, j’y aurais peut-être réfléchi à deux fois. Mais, ce que j’ignorais alors, c’est que je ne pouvais pas empêcher mon destin de s’accomplir.

Cela fait un moment que j’ai noté les romans de Nnedi Okorafor sur ma liste-à-lire. J’avoue que je pensais plutôt à Qui a peur de la mort ? pour attaquer son œuvre, mais c’est finalement par le rayon jeunesse que je l’ai découverte. Et avec beaucoup de plaisir, je dois dire !

L’autrice déploie ici un univers fourmillant d’idées que j’ai trouvé proprement fascinant ! Je n’ai pas eu l’impression d’être assommée de descriptions et pourtant, le roman m’a laissé de fortes impressions visuelles.
Il faut dire qu’elle met le paquet : entre le funky train, les sortilèges aux effets bœufs et les mille et une petites choses de la vie – magique ou civile – qui font partie de l’intrigue (comme les matchs de foot ou les découvertes des lieux réservés aux sorciers), il est extrêmement facile de s’immerger.
Le système de magie est vraiment intéressant, surtout la façon dont les Léopards (le peuple des sorciers) gagnent des chittims, la monnaie locale : pour cela, il leur suffit d’apprendre. Plus la leçon est importante, plus la somme gagnée l’est ! En plus de cela, la valeur des chittims est inversement proportionnelle à la matière dont ils sont faits. En gros, les chittims d’or, c’est la menue monnaie, les chittims de bronze, ce sont les grosses pièces. C’est peut-être un peu classique, mais j’ai trouvé ça vraiment sympa comme trouvaille.

– T’aimerais bien l’être, toi, affirma Chichi avec un petit sourire satisfait. Bref, Kehinde et Taiwo, les jumeaux, ont passé le dernier niveau et sont devenus « les érudits des liens ». Une vieille femme nommée Sugar Cream est la quatrième, c’est « l’érudite du dedans ». Elle vit la majorité du temps dans la bibliothèque Obi. C’est la plus âgée et la plus respectée de tous. C’est elle la bibliothécaire en chef.
– La bibliothécaire ? répéta Sunny en fronçant les sourcils. En quoi est-ce si import…
– Laisse-moi t’expliquer un truc que Chichi et Sasha ont du mal à intégrer, intervient Orlu en reposant sa fourchette. Les Léopards – partout dans le monde – ne sont pas comme les Agneaux. Les Agneaux pensent que l’argent et tout ce qui est matériel sont les choses les plus importantes dans la vie. Tu peux tricher, mentir, voler, tuer, être bête à bouffer du foin, mais si tu peux te targuer d’avoir du fric et de posséder des tas d’objets, et que tu te vantes à raison, tu peux tout faire. L’argent et les possessions matérielles font de toi un roi ou une reine au royaume des Agneaux. Rien de ce que tu fais alors n’est mal, tout t’est permis. Les hommes et femmes Léopards sont différents. La seule manière de gagner des chittims, c’est en apprenant. Plus tu apprends, plus tu en obtiens. La connaissance est au centre de tout. Le bibliothécaire en chef de la bibliothèque Obi est le gardien du plus grand gisement de connaissances de toute l’Afrique de l’Ouest.

Au début du roman, j’ai eu (je dois dire) l’impression que l’autrice nous enfilait quelques clichés. La société est discrètement séparée entre Léopards et Agneaux – les Moldus locaux -, il y a une école de magie cachée, on mange des plats exotiques assez étranges et les adultes ont une fâcheuse tendance à déléguer des tâches d’une importance capitale à des petits nouveaux pas formés. Cela vous rappelle quelque chose ? Eh bien pas de panique, car c’est surtout pour les côtés roman d’apprentissage magique, école cachée et univers follement original que l’on s’y retrouve ! En effet, Nnedi Okorafor avance ses pions avant de détourner complètement les tropes et de prendre des directions un peu moins attendues. Bref, c’est drôle et bien mené !

Le récit évoque aussi à merveille les sujets de la différence et de la difficulté à s’intégrer. Sunny a en effet bien du mal. Déjà parce qu’elle est albinos et qu’aux yeux de ses compatriotes, elle n’a ni la bonne couleur, ni la bonne nationalité (puisqu’elle a grandi aux États-Unis). La vie à l’école est hyper difficile, la vie à la maison l’est tout autant, elle a du mal à se faire des amis et vit la découverte de son identité de sorcière comme une libération. Et si la part du roman d’apprentissage est importante, elle s’efface presque devant l’originalité de l’intrigue et de l’univers, ce qui forme un ensemble bien équilibré.
Outre les inventions propres aux Léopards, l’univers s’appuie fortement sur la mythologie et les coutumes nigérianes, qui s’entremêlent fortement aux pratiques magiques. Franchement ? Cela change agréablement dans le paysage de l’imaginaire ! Le texte est d’ailleurs parsemé de caractères nsibidi, une langue idéogrammatique utilisée par les Léopards. J’ai hautement apprécié le glossaire très riche en fin de volume, qui éclaire les lecteurs non seulement sur les mots utilisés en nsibidi, mais aussi dans les autres langues pratiquées au Nigeria. Tout cela permet une excellente immersion dans l’univers !

Cerise sur le gâteau ? Eh bien Akata Witch propose une véritable conclusion. Bien sûr, l’intrigue appelle à une exploration plus poussée de l’univers (et ça tombe bien, car il existe un tome 2 !), mais en proposant une fin très satisfaisante. Donc c’était parfait !

En bref, j’ai adoré commencer l’œuvre de Nnedi Okorafor par ce roman jeunesse qui propose une fantasy vraiment originale. Le récit est hyper fluide, sait se tirer des clichés que l’on sent se profiler tout en proposant une aventure complète. Excellente pioche pour ma part, donc, et je compte bien lire le tome 2 cette année !

Akata Witch #1, Nnedi Okorafor. Traduit de l’anglais (Nigeria) par Anne Cohen-Beucher.
L’École des Loisirs, 15 janvier 2020, 362 p.