Une fois n’est pas coutume, Les huit coups de l’horloge n’est pas un roman, mais bien un recueil de nouvelles, mettant en scène le célébrissime gentleman-cambrioleur.
Au sommet de la tour :
Cette nouvelle liminaire est aussi celle qui connaît la plus longue exposition (puisqu’elle va servir à installer les personnages phares du recueil).
On y rencontre donc le Prince Rénine (qu’on imagine être Arsène Lupin, dont le titre Prince Sernine est un pseudonyme connu !) et Hortense Daniel. C’est justement elle qui est au centre du récit, puisqu’elle cherche à s’enfuir avec un homme (qu’elle n’aime pas) pour échapper à l’emprise de sa belle-famille.
Le récit est court mais fournit une aventure complète et assez trépidante, avec juste ce qu’il faut de mystère et de résolution d’énigmes insolubles par Lupin.
Même si le titre de la nouvelle ne l’indique pas, c’est elle qui donne son titre au recueil, puisqu’à l’issue, il est convenu qu’Hortense et Rénine vivront sept aventures de plus, en hommage aux huit coups de l’horloge qui ont permis de résoudra la première affaire. Ce qui est très malin, vu que ça va nous dispenser d’exposition des personnages dans les sept nouvelles suivantes !
La carafe d’eau :
On a là une affaire bien emberlificotée et pleine de tension, un homme risquant d’être décapité en fin de compte ! On n’est pas en huis-clos mais presque, puisque l’affaire se déroule essentiellement dans un bâtiment au rez-de-chaussée duquel se trouve un restaurant.
On retrouve le talent d’Arsène Lupin pour les combats psychologiques entre lui et les personnes qu’il a dans le collimateur. Hortense est plus spectatrice qu’actrice dans cet opus.
Comme souvent dans ses aventures, Arsène Lupin se paie le luxe d’appeler la Sûreté pour qu’elle soit témoin de sa résolution de l’affaire (ça fait partie de son petit côté cabotin que j’apprécie). Là encore, la machination était bien ficelée et, contrairement à la première nouvelle, elle sera démontée à temps !
Thérèse et Germaine :
On quitte Paris pour Étretat (on retourne aux sources) et les premières lignes mentionnent nommément Arsène Lupin – Hortense et Rénine discutant de l’Aiguille Creuse. Le mystère est bien présent, puisque Rénine ambitionne d’empêcher un meurtre, dont il connaît le lieu et l’heure. Finalement, un autre meurtre est commis et c’est celui qu’il va tâcher de résoudre.
Comme dans le texte précédent, la tension réside essentiellement dans le combat psychologique qu’il livre contre ses adversaires. Le rythme est donc soutenu, bien qu’il n’y ait pas d’action – et Hortense est de nouveau complètement spectatrice.
Le film révélateur :
Nouvelle ambiance ! Rénine et Hortense, au cinéma, regardent évoluer la demi-sœur d’Hortense avec qui elle n’a plus de contact. Or, Arsène Lupin est certain que son partenaire à l’écran est un dangereux psychopathe, ce que semble confirmer la disparition soudaine de la jeune actrice.
J’ai trouvé cette nouvelle particulièrement moins prenante que les autres : c’est confus, et on ne s’interroge pas sur les délires de Lupin (qui, pour une fois, fait totalement fausse route). De plus, je dois dire que j’ai commencé à trouver le cliché de la damoiselle en détresse assez lassant à la longue (car oui, Hortense s’évanouit encore et c’est agaçant) !
Le cas de Jean-Louis :
Où l’on résout l’affaire d’un jeune homme qui a deux mères, car à la naissance simultanée de deux bambins, suivie immédiatement de la mort de l’un d’eux, on n’a plus su déterminer qui était la mère légitime.
Celle-ci, je l’ai trouvée à la fois rigolote (le point de départ est quand même salé) et à l’image du Lupin qui manipule son entourage en mode « la fin justifie les moyens », donc avec un aspect assez affreux (je vous laisse découvrir sa manigance). Le temps est assez resserré, donc pas le temps de souffler dans cette contre-enquête vraiment originale.
La dame à la hache :
Une sombre affaire de tueur en série qui enlève puis découpe des dames à la hache. Glauque, non ?
Si on passe sur le syndrome de la princesse à sauver (et oui, ENCORE cette pauvre Hortense), cette nouvelle-ci était assez plaisante. Je lui ai retrouvé le rythme hyper prenant de 813, par exemple, puisqu’ici aussi il y a une notion de compte à rebours qui rend tout très palpitant. De plus, Lupin est dans le noir, et ça change un peu des autres textes. Cela m’a réconciliée avec un recueil que je commençais à trouver un brin lassant !
Des pas sur la neige :
Cette fois, Hortense, en convalescence à la campagne, raconte par lettre une scène à laquelle elle a assisté et qui va titiller l’imagination de Rénine. Une seule chose à dire : le père, le fils, la bru, l’amant potentiel et une situation explosive au bout.
De nouveau, on renoue avec l’enquête ardue : tous les indices sont là, les témoins clés aussi, l’affaire est donc dans le sac ou presque, lorsque Lupin fait irruption dans l’enquête pour proposer une vue de côté… pas inintéressante ! J’étais de nouveau dans mon élément dans cette nouvelle, avec moult détails qui ne sautent pas aux yeux, une interprétation en apparence farfelue, mais logique, des faits et une résolution à l’avenant. Dois-je signaler qu’Hortense fait surtout potiche ? Non, je suis sûre que vous aviez deviné !
« Au dieu Mercure » :
Dernière nouvelle et qui offre deux histoires en une. De fait, au début des aventures, Hortense a mis Rénine au défit de lui retrouver une agrafe de corsage en cornaline qui avait disparu des années plus tôt. Ce à quoi il va s’employant, tout en essayant à toutes forces de faire succomber la jeune femme à son charme – en effet, au terme des sept aventures et des huit coups de l’horloge, il était entendu qu’il se passerait quelque chose.
La machination est, encore une fois, bien ficelée. Mais la conclusion ne m’a pas follement satisfaite car, si Hortense finit par succomber (après moult signes de faiblesse en cours de route, on ne change pas une équipe qui gagne), j’ai trouvé que c’était vraiment hyper rapide et mal amené (cela fait plusieurs nouvelles qu’elle lui dit assez clairement d’aller voir, quand même). Alors oui, ça colle à l’ambiance habituelle des Lupin mais cette fois-ci, je ne ressors pas totalement convaincue.
Cela faisait un moment que je n’avais plus lu de « nouvel » Arsène Lupin (même si je suis sûre qu’il m’en reste certains que je n’ai pas encore lus !), aussi étais-je très contente d’enfin lire ce recueil de nouvelles. Et si j’ai passé une agréable lecture dans l’ensemble, je dois avouer que ce n’est clairement pas mon titre préféré. Les nouvelles sont intéressantes et souvent originales, avec des plans machiavéliques bien troussés. Mais parfois on passe un peu vite sur les détails ou développements (format nouvelle oblige) et au bout de trois-quatre répétitions, le syndrome de la faible femme en détresse a commencé à me taper sur les nerfs (je sais que c’est l’époque, tout ça, mais au bout d’un moment : trop, c’est trop). Quoi qu’il en soit, j’ai retrouvé ce que j’apprécie dans les aventures du personnage : le verbe haut, une confiance excessive en soi, des batailles psychologiques acharnées, des raisonnements tortueux mais brillants et des récits bien tournés.
Je n’ai encore jamais lu « Arsène Lupin », à mon grand dam ! Bon, ce recueil n’est pas le meilleur mais certaines nouvelles me tentent bien, comme « La dame à la hâche ». Peut-être que je le lirai mais petit à petit, avec une nouvelle de temps en temps, sans les enchaîner. Si tu as des conseils, je prends (je songe lire dans l’ordre, tout simplement) ^^
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L’ordre de parution, c’est pas mal, sachant que le tout premier volume fonctionne aussi sur le mode « recueil de nouvelles » (ça ressemble à des petites aventures séparées, car il me semble que ça a été publié d’abord sous forme de feuilleton dans un périodique).
Sinon je te conseillerais de commencer par Le bouchon de cristal ou L’aiguille creuse (peut-être même plutôt L’Aiguille creuse d’abord). J’avais chroniqué les deux ici si tu veux t’en faire un avis (sans spoilers).
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Merci beaucoup ! Je ne savais pas du tout que le premier tome était en fait un recueil (je n’y avais pas prêté attention). C’est une bonne façon d’entrer dans un univers, je trouve. Et c’est vrai que, à l’époque, il y avait souvent des récits publiés sous forme de feuilleton (je pense au « Comte de Monte Cristo », par exemple). Sur ce, je m’en vais lire ton avis sur les autres livres 😉
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