La Fille de la mer, Molly Knox Ostertag.

Morgan, 15 ans, cache un secret : elle a hâte de quitter la parfaite petite île où elle vit. Elle est impatiente de terminer le lycée et de quitter sa mère, triste et divorcée, son petit frère lunatique, et plus que tout : son super groupe d’amies… qui ne la comprennent pas du tout. Parce qu’en fait, le plus grand secret de Morgan, c’est qu’elle en possède beaucoup, et l’un d’entre eux serait de donner un baiser à une autre fille. Une nuit, Morgan est sauvé de la noyade par Keltie, une mystérieuse fille. Elles deviennent amies et soudainement, la vie sur l’île ne semble plus aussi étouffante. Mais Keltie possède aussi ses secrets. Les filles commencent à s’attacher l’une à l’autre, et ce que chacune essaie de cacher va finir par se dévoiler… que Morgan y soit préparée ou non.

J’ai découvert Molly Knox Ostertag l’an dernier avec le premier tome de sa série Le Garçon sorcière et, depuis, j’ai bien l’intention de suivre ses publications !

Dans La Fille de la mer, changement radical d’univers, puisque l’histoire se déroule sur une petite île (au large du Canada), dans notre univers parfaitement rationnel. Morgan, 15 ans, s’y débat avec ses problèmes d’ado : son père est parti, son petit frère est insupportable, et son groupe d’amies, pourtant très soudé, ne lui ressemble plus du tout, car elle n’arrive pas à parler de ce qui la tourmente réellement. De fait, Morgan en a gros sur la patate, et ce n’est pas facile à verbaliser : alors qu’elle avait un coup de blues, elle a glissé des falaises sur lesquelles elle se promenait et a été sauvée in extremis de la noyade par une selkie, une jeune fille vivant sous une peau de phoque, qu’elle ne peut quitter que tous les sept ans… à condition de rencontrer l’amour. Même si Morgan a du mal à se l’avouer, le coup de foudre est réciproque, ce qui ne va rien arranger aux tourments qu’éprouvait déjà l’adolescente.

Commence alors un merveilleusement mené, qui évoque tout autant l’amitié, la confiance, l’estime de soi, un premier amour, le coming-out, ou les relations familiales. Mais sous couvert de conte et de légende, le récit déploie également tout un enjeu écologique, la colonie de phoques de Keltie étant menacée par le projet touristique de paquebot mené par le magnat local. Tous ces fils d’intrigue sont talentueusement entretissés, l’autrice prenant le temps de développer les différents enjeux, leurs révélations et résolutions. Mieux : on passe fluidement de l’un à l’autre, sans avoir l’impression que le pas est pris par l’un ou l’autre des sujets, ce qui fait que le récit est très complet !
Évidemment, tout ne se fait pas en un tour de main, et j’ai trouvé que le ton de l’autrice était particulièrement juste pour évoquer les doutes que ressent Morgan – par rapport à ce qu’elle ressent pour Keltie, mais également dans sa relation à sa famille ou à ses amies. Molly Knox Ostertag dresse là un portrait d’ado particulièrement réussi !
L’intrigue qui tourne autour de l’écologie, quant à elle, arrive plutôt dans la seconde moitié, et redonne du rythme au récit, avec une dose d’aventure assez palpitante. L’action est plus présente, menée à bon train, ce qui rend le comics difficile à lâcher. Le folklore et les légendes autour des selkies sont vraiment bien utilisés dans le récit et nourrissent parfaitement l’intrigue.

Enfin, j’ai eu le même coup de cœur pour les graphismes que dans Le Garçon sorcière. On retrouve le trait rond, les couleurs majoritairement chaudes et claires, le côté épuré des arrières-plans qui m’avaient tellement charmée. Entre le style graphique et les thèmes, La Fille de la mer coche toutes les cases d’une excellente lecture au rayon ado !

Deuxième coup de cœur avec l’autrice donc ! La Fille de la mer m’a charmée de la première à la dernière page, grâce à un récit qui parvient à être à la fois moderne, juste et d’une incroyable bienveillance. L’intrigue mêle des enjeux assez différents (puisque l’on parle aussi bien d’écologie que d’acceptation de soi, de coming-out ou de relations familiales) mais qui se mêlent à merveille, dans une narration à la fois douce et palpitante. Voilà un comics que je vais très certainement relire à de nombreuses reprises !

La Fille de la mer, Molly Knox Ostertag. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Romain Galand.
Kinaye, 21 janvier 2022, 249 p.


4 commentaires sur “La Fille de la mer, Molly Knox Ostertag.

  1. « La fille de la mer » me faisait déjà envie, et encore plus maintenant que j’ai lu ton retour !

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  2. […] L’avis de Encres & calames, qui a eu un joli coup de […]

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