Rocaille, Pauline Sidre.

Gésill ne dort plus depuis qu’il est mort.
Assassiné puis ramené à la vie par les Funestrelles, des brigands sans scrupules qui voudraient le voir reprendre son trône, l’ancien roi Gésill n’a plus goût à rien.
Son sang vert, autrefois seule source de végétation de la Rocaille, s’est tari. Il pourrit. Seul un représentant des Magistres, ces êtres mythiques exterminés par les ancètres de Gésill, pourrait y remédier.
Aussi, lorsque les Funestrelles, accompagnés du défunt, se mettent en quête de trouver un jeune homme qu’on dit leur dernier descendant, ils sont loin d’imaginer que leur découverte ébranlera toutes leurs certitudes. Sur la Rocaille comme sur eux-mêmes.

Rocaille, ça parle de quoi ? D’un roi un peu nul, désormais mort, pourrissant et souffrant d’insomnies, d’un pays au bout du rouleau affligé d’une météo digne d’un été au Pays basque et de malfrats consanguins pas forcément très futés. Bref : tout cela ne peut que bien se passer.

L’autrice nous plonge dans un univers vraiment intéressant : si le pays est globalement aride et désolé, l’enceinte du château, elle, est florissante, grâce au sang vert de la lignée royale. Laquelle est donc chargée d’approvisionner le pays en légumes, fruits et autres denrées végétales. J’ai trouvé ce concept de magie vraiment original ! Bon, on s’en doute, ceux qui touchent les provisions sont surtout les riches et les bien-nés, les autres se débrouillant avec ce qu’ils parviennent à grappiller de-ci de-là, sachant que rien ne pousse en Rocaille et que les jours de la semaine sont rythmés par une météo apocalyptique.

Brume jour de poix
Ventée jour de souffle
Ore jour d’orage
Grésil jour de grêle
Nive jour de neige
Gelée jour de glace
Fonte jour de pluie
et silence de nuit

L’autre point que j’ai trouvé intéressant, c’est que Gésill, de son vivant, ne s’est pas beaucoup intéressé à la politique, semble-t-il (tout roi qu’il était) et n’a jamais quitté son château. Finalement, c’est sa résurrection par les Funestrelles, une bande de malfrats, qui va l’obliger à prendre le taureau par les cornes. En effet, à leurs côtés, il découvre tout ce qu’il n’a jamais su sur son propre pays : la famine, les maltraitances subies, la misère qui règne, l’absence d’espoir. Tout cela va de pair avec une remise en question de ce qu’on lui a inculqué, ce qui donne au roman des airs de satire sociale vraiment bien amenés.

L’intrigue fait intervenir toute une galerie de personnages. Si Gésill est un peu fade sur le début, il reprend du poil de la bête (même un peu brutalement !) dans les derniers chapitres. Côté Funestrelles, l’autrice reste dans un savant mélange de gris : jamais vraiment bons, pas tous définitivement méchants, chacun taille sa route selon ses intérêts privés ou du moment.

Mais l’histoire s’attache aussi à ce qu’il se déroule au palais, où l’on suit notamment Sénielle, la sœur de Gésill et aux Magistres, une caste de magiciens supposément disparus. 
Le récit choral s’intéresse tour à tour à chaque angle de vue, permettant ainsi à l’univers, comme à l’intrigue, de se développer pleinement. Alors certes, la construction éclatée (géographiquement et temporellement) fait que certains épisodes ont l’air d’être rapidement soldés, mais elle a eu le mérite de rendre ma lecture très prenante !

En bref, Rocaille nous plonge au sein d’un univers de dark fantasy original, qui propose un système de magie (et le secret qui va avec) vraiment bien pensés. L’autrice revisite avec brio le mythe du zombie et donne à son roman de petits airs de satire sociale très appréciables. Une bonne lecture !

Rocaille, Pauline Sidre. Sillex, 2020, 480 p.
#PLIB2021 #ISBN9782490700035

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3 commentaires sur “Rocaille, Pauline Sidre.

  1. Steven dit :

    Ce roman m’avait fait un peu d’oeil à sa sortie mais je ne sais pas pour quelles raisons mais j’avais peur que ce soit orienté steampunk.

    J’aime

  2. Zina dit :

    Il faut que j’essaie de le lire celui-là !

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