Le Sanctuaire des Dieux, Terre de Brume #1, Cindy van Wilder

Depuis le Bouleversement, cataclysme qui a recouvert son monde d’une brume toxique en ne laissant que de rares survivants, Héra vit à Taho dans le Sanctuaire des Prêtres de l’eau, où elle apprend à maîtriser la magie pour devenir guerrière. Au cours d’une mission, elle rencontre Intissar, une Sœur de Feu capable de communiquer avec les esprits. Intissar a bravé sa propre communauté pour venir avertir les habitants de Taho d’un terrible danger. Mais il est déjà trop tard : une vague de Brume, peuplée de créatures ni mortes ni vivantes, s’est levée… et frappe le Sanctuaire. Et elle frappera encore. Héra et Intissar s’allient afin d’empêcher leur monde de sombrer dans l’oubli, mais en est-il encore temps ?

Sans grande surprise, je guettais cette nouvelle parution de Cindy van Wilder aussi, lorsque Solessor a annoncé l’avoir dans ses prochaines lectures, je n’ai pas été longue à sauter sur l’occasion pour quémander une petite lecture commune !
Avec Terre de brume, l’autrice retourne à la fantasy, post-apocalyptique de surcroît : le monde a été noyé sous une brume toxique et quasi dépourvu de ses ressources en eau, ce qui rend la vie des habitants pour le moins difficile, d’autant que la brume commence à se comporter d’étrange manière. Vu d’ici, cela semble juste être du post-apo, mais il faut ajouter que certains personnages maîtrisent les éléments et sont capables d’utiliser la magie, d’où la mention de la fantasy. Et ce mélange des genres fonctionne plutôt bien.

Si on résume l’intrigue à ses grandes lignes, elle n’est pas follement originale et on retombe sur une trame fantasy assez classique (mais qui a prouvé son efficacité) : deux personnages que tout oppose vont se retrouver à faire front commun pour atteindre un but supérieur (la survie de leurs clans respectifs) ; la société est hyper clivée, et les clans ne se mélangent absolument pas, chacun étant persuadé d’être supérieur ; les opposants, quant à eux, ont une vraie dent contre cette société et entendent bien fomenter leurs petites vengeances dans leur coin. J’en conviens, vu comme ça, l’ensemble pourrait paraître assez cliché et, s’il est vrai que je n’ai pas été toujours très surprise par les péripéties, je dois avouer que l’univers m’a malgré tout emballée, sans doute à cause des petits à-côtés !

Avec, au premier chef, l’imprégnation antique du monde dans lequel on évolue. Difficile, en lisant le roman, de ne pas visualiser les personnages vêtus de longues toges blanches et se gavant d’olives du matin au soir – si tant est qu’ils en aient eu. Les noms des personnages, des lieux, des mythes, ou les descriptions fleurent bon l’Antiquité grecque ce qui, d’un côté, colle à merveille avec la magie fondée sur les quatre éléments et, de l’autre, induit un décalage avec l’aspect post-apo. Le système de magie, quant à lui, s’appuie sur les quatre éléments : Eau, Feu, Air, Terre, quoique le dernier soit quasiment absent de ce premier tome – mais la fin laisse à penser qu’on va savoir de quoi sont capables les Semeurs dans la suite, ce que j’ai évidemment hâte de découvrir.

Par ailleurs, l’intrigue repose sur un arc écologique qui m’a beaucoup plu. En effet, la brume n’est ni plus ni moins qu’un déchet généré par l’utilisation de la magie et qu’aucune génération n’a, jusque-là, pris la peine de stocker/neutraliser/recycler correctement, ce qui fait que leur monde est désormais littéralement englouti par ces déchets irréductibles. Toute ressemblance avec une situation bien connue me semble tout sauf fortuite ! Avec ça, le discours n’est pas moralisateur, car cet aspect n’est vraiment là qu’en toile de fond !

Enfin, dernier point qui m’a plu, et non des moindres : les personnages ! Le récit présente successivement les points de vue d’Héra et Intissar, deux adolescentes, donc. Pas de garçons puissant à l’horizon, je répète, pas de héros dans la place ! Voilà qui change de l’ordinaire ! Encore une fois, le récit n’est absolument pas vindicatif ni militant – façon « Girl-power-forever-ces-hommes-tous-des-nazes » : non, on a juste deux personnages aux caractères bien trempés, qui portent l’intrigue, et il se trouve que ce sont des filles. (J’ai l’air d’insister un peu, mais je trouve ça suffisamment rare pour être souligné). Ha et puis, autre bon point : pas de romance ! Du moins dans ce premier tome, car j’ai peut-être totalement surinterprété ce que j’ai lu, mais j’ai l’impression d’avoir décelé quelques indices qui iraient en ce sens. Verdict au moment de la suite, donc ! En tout cas, j’ai apprécié que, contrairement à leurs camarades de papier (en général), nos deux héroïnes se concentrent exclusivement sur leur quête et non sur leurs hormones. Cela rend l’histoire plus prenante et plus crédible, ce qui a sans doute contribué à mon rythme (élevé) de lecture sur ce titre.

En somme, j’ai vraiment apprécié ce début de diptyque, même si je dois avouer que le côté très classique de l’intrigue m’a un tantinet effrayée au départ. Finalement, cet aspect est plutôt bien contrebalancé par l’originalité des personnages et de l’univers, et les messages positifs que véhicule l’intrigue. Même si l’on voit assez vite comment vont tourner les choses, il reste du suspense quant à la suite de l’histoire, ce que le rebondissement final ne dément pas. Je suis donc assez curieuse de lire la suite, dont je guetterai sans aucun doute la parution !

Livre lu en commun avec Solessor !

Terre de brume #1, Le Sanctuaire des Dieux, Cindy van Wilder. Rageot, 12 septembre 2018.

9 commentaires sur “Le Sanctuaire des Dieux, Terre de Brume #1, Cindy van Wilder

  1. Rowenabookine dit :

    Il me tente beaucoup ce livre.

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  2. J’avais déjà envie de le lire (la couverture 😍) mais ta chronique me conforte dans cette idée 😀

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  3. Solessor dit :

    Ce fut très agréable de refaire une LC avec toi ! Même si mon entrain m’a un peu dépassée et fait rater les paliers instaurés de 5 chapitres ! J’espère que tu ne m’en tiendras pas rigueur… 😉

    Comme toi, j’ai aimé le naturel avec lequel les messages sous-jacents sont passés, sans être moralisateurs. Mais surtout, comme toi, j’ai ADORE ce duo féminin et le tour que prend leur association. Je veux une romance dans le tome 2. Obligé. J’ai confiance ! ^^

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    • Sia dit :

      Hahaha, non, je ne t’en tiens pas rigueur ! Je me suis fait violence pour les respecter, alors… 😀
      Je vois que tu milites activement pour la romance dans le T2. Du coup, j’ai hâte de le lire, non seulement pour la suite de l’histoire, mais aussi pour savoir si tes désirs seront exaucés ou non ^^
      C’était vraiment chouette cette LC, il faut qu’on en fasse plus !

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      • Solessor dit :

        On remet ça quand tu veux !
        J’ai eu beau tanner Cindy, elle ne me lâchera pas l’info. La reine du teasing à l’oeuvre ! 😉
        Je continue d’espérer très fort cette romance, qui j’en suis sûre, ne tombera pas dans le cliché. Militante de la romance LGBT jeunesse ! ^^

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  4. Talememore Soundandfury dit :

    Nos impressions se rejoignent. Ce n’est pas un roman qu’on lit pour l’originalité, mais il tout plein d’autres qualités. Dont le message écologique, comme tu le soulignes. C’est une auteure toujours soucieuse de faire le lien entre ses univers imaginaires et la société contemporaine, j’ai l’impression. Et elle sait insuffler une énergie positive. As-tu lu La Lune est à nous ?

    D’ailleurs on se demandait, il y a peu, avec Solessor, où étaient les romans « contraires ». Ceux que Trump referme en disant « aaah, j’aime vraiment l’univers de cet auteur. Tout en douceur il nous fait passer le message qu’il serait temps de rouvrir les mines de charbon si on ne veut pas avoir froid cet hiver. Et pour une fois les personnages sont tous des mecs blancs, ça fait du bien. » ^^

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