Nocturna… Dans l’esprit de Sophie, embrumé par le chagrin et le deuil, ce nom brille comme un astre. À lui seul, il incarne tous les espoirs et toutes les craintes de la jeune fille. Car c’est là que se trouve sans doute sa famille humaine, enlevée par les Invisibles, là que l’attendent les réponses à toutes ses questions. Mais s’y rendre relève du tour de force – Sophie et ses amis sont donc bientôt contraints de revoir leur stratégie, quitte à pactiser avec plusieurs de leurs ennemis.
Dès cet instant, le compte à rebours est lancé : pour sa famille disparue, comme pour le reste du monde, il n’y a plus une minute à perdre. Rongée par l’incertitude et la peur, Sophie va devoir, plus que jamais, s’appuyer sur ses proches pour parvenir à aller de l’avant, pour éviter surtout de sombrer dans le désespoir. Car, même si elle est loin de s’en douter, les portes de Nocturna dissimulent un secret enfoui depuis des millénaires… un secret qui pourrait bien changer la face du monde à tout jamais !
Et si la clé de l’énigme se cachait dans le passé ?
Dès qu’il est sorti, je me suis jetée dessus, pressée que j’étais de retrouver la petite bande. Et j’avais presque fini pour rencontrer l’auteur à Montreuil (début décembre, donc) ! Mais si j’ai tant tardé à rédiger cette chronique c’est que, à la fin de ma lecture, je n’étais pas capable de vous dire autre chose que : « Lisez cette série, elle est tellement géniale ! ». Vous conviendrez que niveau arguments, c’est un peu plat. Maintenant que la pression est un peu retombée, on va tâcher de faire un peu plus consistant.
J’ai été ravie de retrouver les personnages à peu près là où on les laissait dans le tome 5. Et, fait étrange, bien que ce soit en pleine action et en plein questionnement, j’ai trouvé que le début était un peu indolent – sans que ce soit gênant, notez, car sur 762 pages de lecture, on peut bien commencer en douceur.
Rapidement, le rythme reprend tout son allant et on est bien vite accaparé par les questions qui s’accumulent. En effet, le mystère autour de la disparition des parents de Sophie reste (assez longuement) entier, ce qui induit un suspens latent dans l’intrigue. À celui-ci s’ajoute un suspense plus courant car outre la disparition des parents de Sophie, la petite bande a fort à faire. Il faut en effet découvrir les dessous du projet Polaris, les petites cachotteries des Invisibles, le plan secret (et sans doute machiavélique) de Lady Gisela et, bien sûr, l’allégeance finale de Keefe, toujours en balance suite à sa trahison (à la fin du tome 4). Encore une fois, c’est donc un tome riche en questions ; on ne peut pas dire que Shannon Messenger soit avare en réponses mais, ce qui est sûr, c’est qu’à l’issue du volume, les réponses ont apporté de nouvelles questions – ce qui présage sans doute de nouveaux tomes pleins de suspense.
Pour autant, l’histoire avance réellement. D’une part parce que la diplomatie prend une nouvelle tournure. Alors que, jusque-là, on avait (assez schématiquement) les elfes VS les autres espèces magiques (celles-ci étant en position de dominés), une certaine partie de la population elfe fait enfin preuve d’un peu d’ouverture d’esprit – et franchement, vu d’où l’on partait, ce n’est pas du luxe. De même, Shannon Messenger s’attache à démonter les apparences de la société elfique, si parfaite de premier abord et qui s’avère finalement raciste, fermée et pleine de préjugés. Là où cela devient passionnant, c’est lorsque l’on se met à repérer des petits travers de notre société – et qui semblent d’autant plus condamnables ainsi mis en intrigue. De même, l’intrigue, par moments, fait écho à de nombreux faits historiques réels. La transposition est intéressante et cela montre, si c’était encore nécessaire, que les littératures de l’imaginaire sont tout à fait aptes à questionner le réel.
Dans ce volume, on a également affaire à de nouveaux personnages : certains sont des personnages que l’on connaît déjà, mais que l’on découvre sous un nouveau jour – Dimitar, par exemple, qui s’est complètement révélé dans ce volume – tandis que d’autres sont totalement neufs. C’est le cas de Romilda – Ro pour les intimes – qui apporte un peu de sang neuf et nous fait découvrir la société ogre sous un tout nouvel aspect ! Il est vrai que les personnages étaient déjà fort nombreux, mais Ro s’intègre parfaitement à l’intrigue et à l’équipe.
Bon, tout cela pour dire que cet opus m’a encore fait passer par toutes les couleurs. Comme je l’ai dit, le suspens est au rendez-vous, aussi étais-je très impatiente de reprendre ma lecture. En même temps, j’ai été ravie de découvrir de nouvelles facettes de la société elfique et de l’univers et d’autant plus ravie de voir qu’au bout de 6 gros tomes, Shannon Messenger était toujours capable de nous surprendre. J’ai hautement apprécié que l’histoire mêle aussi habilement intrigue magique et petits tracas du quotidien : il ne faut pas oublier que nos personnages sont des adolescents et qu’ils ont donc, sans trop de surprises, des problèmes d’adolescents. Amitiés, amours, relations familiales, tout cela est traité assez habilement et vient coller au reste de l’histoire. Les relations familiales occupaient d’ailleurs une grande place dans l’intrigue car Sophie se retrouve tiraillée entre l’amour qu’elle porte à Grady et Edaline et celui qu’elle porte à ses parents humains, tout en sachant qu’eux l’ont complètement oubliée. À ce titre, je dois confesser que Shannon Messenger a su me tirer quelques larmes, au cours d’une scène proprement déchirante !
J’étais donc très impatiente de lire ce sixième tome, qui ne m’a pas déçue, malgré un début un peu indolent et (tout de même) une ou deux facilités glissées dans l’intrigue. J’y ai retrouvé tout ce qui me plaît dans cette saga : un univers original, une intrigue palpitante et fournie, des personnages nuancés et un intéressant mélange entre les sous-intrigues purement liées à la quête magique et celles liées à la vie quotidienne de la petite bande d’adolescents. Comme dans les tomes précédents, on s’aperçoit que la société elfique, d’apparence si parfaite et si géniale, est percluse de petits travers, qui ne sont pas sans rappeler ceux de notre propre société. Du coup, la série est divertissante à souhait, mais permet également de réfléchir à ce qui se passe dans notre société. Il va sans dire que j’attends désormais de lire la suite !
◊ Dans la même série : Gardiens des cités perdues (1) ; Exil (2) ; Le Grand Brasier (3) ; Les Invisibles (4) ; Projet Polaris (5) ;
Gardiens des Cités Perdues #6, Nocturna, Shannon Messenger. Traduit de l’anglais par Mathile Tamae-Bouhon.
Lumen, novembre 2017, 762 p.
J’ai lu ce roman de concert avec Allisonline ! Et on a aimé toutes les deux !
Cela me fait penser qu’il faut que je sorte le tome 5 de ma pal !
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Si tu as aimé les précédents, oui !
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Très chouette lecture !!
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[…] Encres et Calames […]
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