Suite à une série de catastrophes, délicatement appelée « épitaphes » par Hypothénuse, notre narrateur, le monde se retrouve plongé dans le chaos. Hypothénuse, comme le surnomment son frère et sa sœur, juste adolescent, se retrouve en charge de son petit frère (Poisson-Pilote) et de sa petite sœur (Double-Peine) qu’il a récupérés à Paris. Hypothénuse possède d’étranges capacités, à la limite des super pouvoirs. Il souffre également d’une grosse amnésie : il se souvient bien de sa famille, de ce qu’il a fait dans son enfance et dans sa jeunesse mais, pour les deux dernières années, rideau. En revanche, il sait qu’il a la capacité de sauver son frère et sa sœur et de retrouver leurs parents. Alors direction le Portugal, seul endroit où il est encore possible de prendre le bateau pour retrouver les parents, qui étaient en voyage à San Francisco au moment de la catastrophe.
Et ça ne va pas être de la tarte. Car les épitaphes ont remodelé le monde : on y trouve donc des zombies (près des cours d’eau), des machines tueuses, des hommes dont la folie a crevé le plafond, des mutants de toutes sortes, et tout un tas d’autres joyeusetés à venir.
Le résumé est assez clair : le roman est placé sous le signe du road-trip. Un road-trip post-apocalyptique !
Et si vous aimez le post-apo, vous allez être servi : Taï-Marc Le Thanh s’est fait plaisir et a souhaité faire honneur aux grands titres du genre. Résultat, on trouve, dans le roman, des zombies, des fous de la route, des cannibales, des fous à lier, des adorateurs de gourou et la secte qui va bien avec, des machines tueuses, des hommes retournés à l’état sauvage et divers autres gangs : on croise donc aussi bien des automobilistes fous régnant sur l’autoroute et dignes de Mad Max, ou encore des zombies de différentes natures suivant leur lieu de villégiature (certains étant plutôt des « Romero », les autres des « Snyders », des noms de deux réalisateurs reconnus du genre).
Cela fait trop ? Eh bien, pas tant que ça. Car Taï-Marc Le Thanh jalonne le parcours de nos personnages de ces diverses épreuves liées au contexte post-fin du monde. De plus, si l’on passe par à peu près tous les styles et genres d’aventures post-apocalyptiques, l’auteur se dégage des clichés inhérents au genre, pour n’en garder que la substantifique moelle !
Ainsi, difficile de s’ennuyer : le périple d’Hypothénuse, Poisson-Pilote et Double-peine est rythmé de rencontres inquiétantes, amusantes ou émouvantes. En effet, s’ils croisent beaucoup d’opposants, ils rencontrent également d’autres survivants qui les accompagnent avec amitié et bienveillance, ce qui offre des pauses appréciables (et appréciées !) dans le contexte général. Car l’univers dans lequel évoluent les enfants n’est guère enviable.
Au fil des épreuves, Hypothénuse tâche d’en apprendre plus sur son passé : sur l’endroit où il se trouvait, sur la façon dont cette fin du monde est survenue et, bien sûr, sur les étranges pouvoirs qui sont désormais les siens. Les révélations viennent par petites touches, au gré des rencontres, ou au fil des réflexions des enfants. Peu à peu, on commence à comprendre d’où est survenue cette fin du monde et, si les tenants et aboutissants restent encore un peu nébuleux, l’auteur propose une raison parfaitement logique (et humaine, il va sans dire) à ces dérèglements en série.
Le texte, de son côté, ne manque pas d’humour. Il est ponctué par les règles qu’Hypothénuse s’est fixées, comme « Ne jamais se battre devant les enfants » ou « Toujours vérifier que ses lacets sont bien faits » – un conseil plus malin qu’il n’y paraît, surtout en cas de fin du monde. Celles-ci apparaissent sous formes de petits cartouches, qui en milieu, qui en fin de chapitre. Hypothénuse a également le cerveau ainsi fait que ses connaissances s’organisent en fiches qu’il peut ressortir à loisir, suivant ses besoins, ce qui donne au récit un côté à la fois nerveux, mais aussi plein d’humour, notre protagoniste semblant toujours sortir de son chapeau les capacités qu’il faut. Mais n’allez pas croire qu’il ne rencontre aucune difficulté, non, loin de là ! Le périple des trois enfants ne se fait pas sans peines.
Le récit est également émouvant, car au fil des pages, on assiste à la reconstruction d’une fratrie à qui il manque quelques repères (les parents sont en effet absents et Hypothénuse a disparu pendant un long moment), mais dont les membres sont prêts à tout pour se sauver les uns les autres.
Et, petit point original, l’aventure est soulignée par une bande-son pop-rock alléchante, que les enfants écoutent pour se donner du baume au cœur, du cœur à l’ouvrage ou simplement pour déstresser après un affrontement tendu.
Celui qui est resté debout est donc un premier tome nerveux, bourré d’énergie, qui dépoussière agréablement les clichés du genre. Mais c’est également une histoire qui sait être émouvante et joue sur le suspens car, même si les enfants ont atteint leur but à la fin du premier tome, leur voyage est loin d’être terminé. Et on attend fermement la suite !
Le Jardin des Épitaphes #1, Celui qui est resté debout, Taï-Marc Le Thanh. Didier Jeunesse, octobre 2016, 365 p.
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C’est la deuxième fois que je tombe dessus aujourd’hui ! Et avec deux avis positifs aussi rapprochés, je prends cela pour un signe à ne pas négliger ^_^ C’est cool, merci 🙂
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Haaaa, excellente idée ! J’ai hâte de lire la suite 🙂
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