Dans les arènes de Sharakhaï, la perle ambrée du désert, Çeda combat tous les jours pour survivre. Comme de nombreux autres, elle espère la chute des douze Rois immortels qui dirigent la cité depuis des siècles. Des souverains cruels et tout-puissants qui ont peu à peu écrasé tout espoir de liberté, protégés par leur unité d’élite de guerrières et les terrifiants asirim, spectres enchaînés à eux par un sinistre pacte. Tout change lorsque Çeda ose braver leur autorité en sortant la sainte nuit de Beht Zha’ir, alors que les asirim hantent la ville. L’un d’eux, coiffé d’une couronne en or, murmure à la jeune fille des mots issus d’un passé oublié. Pourtant, elle les connaît. Elle les a lus dans un livre que lui a légué sa mère. Et le lien que Çeda découvre entre les secrets des tyrans et sa propre histoire pourrait bien changer le destin même de Sharakhaï…
L’histoire de Bradley P. Beaulieu se déroule au beau milieu du désert ce qui, avouons-le, n’est pas si courant que cela en fantasy (où le modèle médiéval occidental semble prédominer). Du coup, dès les premières pages, le dépaysement fonctionne à plein ! Et pourtant, l’essentiel de l’intrigue se déroule entre les murs de Sharakhaï, la perle du désert, qui atteint presque le statut de personnage tant elle est importante dans l’histoire. Dès les premières pages, l’auteur installe un décor urbain où pullulent ruelles, passages débouchant sur divers souks et autres espaces publics peuplés. La ville, de plus, connaît un rythme bien particulier, puisqu’elle se vide de ses habitants pour la sainte nuit de Beht Zha’ir, durant laquelle les asirim – sortes de djinns au service des Douze Rois – terrifient la population. La mythologie de l’univers est bien détaillée et développée, assurant un dépaysement certain, lequel est souligné par un vocabulaire soigneusement choisi.
Là-dessus se greffe une quête de vengeance somme toute assez classique : Çeda a perdu sa mère dans des circonstances assez étranges, mais elle sait que ce sont les rois qui l’ont assassinée, aussi cherche-t-elle à leur rendre la monnaie de leur pièce. Pour ce faire, elle est devenue – malgré son jeune âge – gladiatrice et elle lutte plus souvent qu’à son tour dans l’arène, tout en fomentant divers plans. Mais elle a un peu trop souvent tendance à foncer dans le tas sans nécessairement peser le pour et le contre : cela permet certes de faire évoluer l’histoire assez vite, mais occasionne malheureusement quelques répétitions dans le schéma narratif. D’autant que l’autre figure du roman, Emre, l’ami de Çeda, manque un peu de charisme. Pourtant, au fil des chapitres, l’équilibre fragile entre la gladiatrice un peu rebelle et le petit voleur aux plans de rébellion bien cachés atteint une bonne efficacité.
Efficacité, c’est le maître-mot de ce récit : les péripéties s’enchaînent à bon train, alors que le mystère, lui, plane toujours : le suspens est donc au rendez-vous. Si l’on regarde les éléments du récit, on s’aperçoit que le roman aligne peu ou prou les lieux communs habituels : une injustice, une quête de vengeance, un clivage riches-pauvres, une prophétie, de la magie… Mais force est de constater que l’auteur s’en sort haut la main, évitant les écueils des clichés.
Les Douze rois de Sharakhaï est donc une bonne introduction à la série de Bradley P. Beaulieu qui, malgré une intrigue alignant les lieux communs habituels de la fantasy, propose une histoire efficace, soutenue par un univers très riche, travaillé et original.
Sharakhaï, Les Douze rois de Sharakhaï #1, Bradley P. Beaulieu. Traduit de l’anglais par Olivier Debernard. Bragelonne, août 2016, 672 p.
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Dans ma PAL, hâte de le lire !
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🙂
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Merci pour cette chronique qui confirme mon envie de découvrir ce livre 🙂
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Mais de rien !
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Ce fut un bonheur de lecture pour moi aussi 🙂
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J’ai vu ça ! Je crois que j’ai vraiment un faible pour la fantasy orientale, en fait 🙂
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J’ai envie de dire « peut-être »… mais comme je viens de lire Percheron qui se passe aussi en Orient et en partie dans le désert, je vais attendre avant de me le procurer.
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Je comprends ! Comme je n’ai pas terminé Percheron, ça m’a donné envie de m’y remettre, à un moment ou à un autre.
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Ta chronique me donne vraiment envie de découvrir cette saga de fantasy que je ne connaissais pas du tout.
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J’en suis ravie !
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Quand je vois tous les titres fantasy qui me font de l’œil, je me dis qu’une vie ne suffira pas, et sans doute deux non plus ;–)
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A qui le dis-tu ! Mais, du côté de mes dernières découvertes fantasy, je te recommande plus que chaudement Les Filles de l’orage de Kim Wilkins!
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Recommandation retenue, merci 🙂
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