Partout sur la planète, des adolescents sans aucun lien commencent à présenter des symptômes inexplicables. La fille du représentant indien à l’ONU se met à parler une langue qui n’existe pas et souffre de violentes visions. Une jeune Haïtienne manque de se noyer sur la terre ferme. Un étudiant iranien s’immole par le feu…
À New York, la célèbre psychologue pour adolescents Caitlin O’Hara est chargée de traiter la fille de l’ambassadeur indien, qu’elle pense être sous le choc des tensions qui menacent son pays et pourraient bien mener à une guerre nucléaire. Mais très vite, Caitlin est obligée de reconnaître qu’elle a affaire à un phénomène plus sinistre encore, lié à des forces issues d’une civilisation disparue.
Difficile d’y échapper : X-Files reprend. L’occasion, pour Gillian Anderson et David Duchovny de sortir, chacun de son côté, un titre en librairie.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que celui de Gillian Anderson, écrit à quatre mains avec Jeff Rovin, n’aura pas eu l’heur de me convaincre.
Le début du roman présente un thriller/roman d’espionnage d’apparence plutôt classique : l’ambassadeur indien échappe à une tentative de meurtre alors qu’il accompagne sa fille au lycée. Quelques heures plus tard, celle-ci déclenche une crise ressemblant à s’y méprendre à une transe, alors même qu’elle ne souffre d’aucun choc post-traumatique. Et si l’on fait discrètement appel à Caitlin, c’est parce que l’ambassadeur, Ganak Pawar, est engagé dans de longues et difficiles négociations pour maintenir la paix au Cachemire – négociations mises en péril par les crises de folie de sa fille : si cela venait à se savoir, la probité de l’ambassadeur pourrait être remise en cause.
Or, bien vite, Caitlin repère quelques indices déroutants : la jeune fille, Maanik, s’exprime dans une langue qui n’existe pas, son chien semble terrifié dès qu’il la voit (et, c’est bien connu, les animaux sont plus sensibles au surnaturel que les humains), une bise inexistante soulève les cheveux de la délirante et Caitlin elle-même se sent épiée et en danger. Et ce à plusieurs reprises. En fait, les indices sont tellement pointés du doigt que le lecteur ne peut guère y échapper : «Eh, lecteur, regarde, ça ce n’est pas normal ! Dis, tu as remarqué à quel point c’était bizarre ! Vraiment, c’est pas normal !». Merci, narration, d’avoir si bien balisé la route, sans cela on aurait risqué de s’y perdre…
L’insistance est donc rapidement assez lourde. D’autant que les indices s’accumulent et collent à tous les clichés – ou presque – du thriller ésotérique. Si l’on résume, on trouve là-dedans l’inévitable civilisation disparue mais technologiquement très avancée (en Antarctique), des artefacts d’origine inconnue (météoritique ? Extra-terrestre ?) recherchés par une société d’explorateurs mystérieuse (et puissante), un plan de conscience collectif, une entité qui tente de passer d’un monde à l’autre, des gens réceptifs aux quatre coins du monde qui entrent en transe. Ah oui, du vaudou, aussi – avec une patiente à Haïti, vous en doutiez ? Une fois qu’on a bien remué tous ces lieux communs, on obtient une intrigue franchement poussive.
Mais que c’est long ! Alors, certes, Caitlin patauge joyeusement, mais tout de même : d’ailleurs, ce n’est pas à force de recherches poussées qu’elle découvre des indices. Non, elle reçoit des visions. Pourquoi ? Parce que. D’accord.
Allez, tout n’est tout de même pas à jeter : le point le plus original réside finalement dans le contexte géopolitique mis en place. La crise au Cachemire, entre Inde et Pakistan menaçant de se parler à coups de bombes nucléaires, cristallise toute la tension du roman. D’ailleurs, le suspense est à son comble dès les premières pages, grâce à cela, avant même que l’on entre dans des considérations ésotériques, ce qui n’est pas plus mal !
Rencontre ratée entre Gillian Anderson, Jeff Rovin et moi, donc : le premier tome de leur tétralogie ésotérique m’aura non seulement laissée de marbre, mais aussi profondément ennuyée. Entre les clichés du genre, la narration plate et affreusement balisée et le fantastique guère original, rien n’aura réussi à éveiller ma curiosité – malgré un contexte géopolitique soigné et original. Je ne lirai donc pas la suite.
Earthend #1, Visions de feu, Gillian Anderson & Jeff Rovin. Traduit de l’anglais par Isabelle Pernot.
Bragelonne, février 2016, 343 p.
Si vous avez aimé, vous aimerez peut-être :
Eh voilà, je m’en doutais, ça ressemblait à un coup médiatique pur et dur. Dommage, ça me déçoit un peu de Bragelonne. Mais bon, je suppose qu’il en faut pour tous les goûts…
Je passe mon chemin, merci de me faire gagner du temps!
J’aimeJ’aime
Han là là, coup médiatique, comment t’es mauvaise langue ! Mais oui, en fait, c’est un peu l’effet que ça m’a fait. Dommage, hein.
J’aimeJ’aime
Ca m’a fait la même chose avec le livre de David Duchovny ! Du coup, je ne pense pas tenter celui-ci 😉 !
J’aimeJ’aime
Ha, pas de chance ! J’ai vu passer celui de Duchovny, mais il me tentait nettement moins ; ce que tu en dis ne fait que me conforter ^^
J’aimeJ’aime
Bon je ne lirai pas le livre mais ta chronique m’a fait rire! 😀
J’aimeJ’aime
C’est le principal :p Merci !
J’aimeJ’aime
Il a l’air vraiment très très bien ce roman !!!
J’aimeJ’aime
Seulement l’air, à vrai dire…
J’aimeJ’aime
Déjà que j’ai trouvé que le retour d’X-Files n’était pas une réussite avec la dernière saison inédite, je ne vais pas m’aventurer dans les pages de ce roman ! En plus je ne savais pas que Gillian Anderson écrivait, mais je n’ai apparemment rien loupé 😉
J’aimeJ’aime
De fait, non !
J’aimeJ’aime