Emma est un poil énervée. Déjà, le métro, ce n’est pas la chose la plus marrante au monde. Mais en plus, elle se coltine son petit frère autiste, qui semble s’échiner à lui pourrir la vie. La journée n’était, manifestement, pas assez mauvaise : voilà que des explosions retentissent et que le métro s’arrête… Or, Emma panique et s’enfuit dans les épaisses vapeurs jaunes qui envahissent la station de Châtelet-les-Halles, avant de se rendre compte qu’elle a abandonné son frère. Les issues de la station semblent, en plus, bloquées par des secours pas bien pressés de venir en aide aux survivants. Terrifiée, dégoûtée par son réflexe de survie, Emma retourner chercher son frère… et comprend qu’elle n’est pas sortie de l’auberge. Les gens semblent, en effet, de plus en plus étranges : indolents, marmonnant, les yeux dans le vague, la bave aux lèvres…
Quoi de mieux pour démarrer la semaine qu’une petite lecture zombies dans le métro parisien ?
Comme souvent dans ses thrillers jeunesse, c’est avec une grande efficacité que Fabien Clavel pose le cadre de son histoire. En quelques phrases, on est dans le métro avec Emma, on s’agace avec elle de la promiscuité, on compatit à sa détresse face à un petit frère autiste qu’elle a du mal à comprendre (mais qu’elle adore, au fond, quand même !).
Et puis, rapidement, le ton change. De l’agacement, on passe à la panique, puis à l’angoisse lorsqu’Emma revient sur ses pas, traverse des monceaux de cadavres à la recherche de son frère et découvre… que les zombies ont envahi les lieux.
Difficile de lire ce roman sans ressentir une légère pointe de malaise, voire une certaine angoisse latente – surtout si vous êtes dans le métro. Qui plus est parisien. Car Fabien Clavel s’y entend pour faire régner une ambiance délicieusement horrifique et pour faire résonner le palpitant du lecteur. Et c’est un roman jeunesse !
Il ne nous laisse pas une minute de répit : qu’Emma soit en train de cavaler dans la salle des échanges, en train d’essayer d’atteindre son frère perdu au milieu d’une horde de zombies, ou en train de vivre une rencontre surréaliste avec une jeune graffeuse dans un tunnel obscur, on tremble à chaque page.
Et le huis-clos n’est pas le seul point terrifiant ! La gestion de la crise, la façon dont gouvernement et secours se refilent le problème a de quoi coller des sueurs froides…
C’est d’ailleurs Lana Blum (héroïne, notamment, de Captive), désormais âgée d’une trentaine d’années et reporter qui couvre l’actualité – puisque quelques scènes nous donnent à voir ce qu’il se passe à la sortie de la station. Retrouver la jeune femme et la découvrir après ses aventures trépidantes est bien agréable. Côté personnages, le roman est porté par des figures remarquables. On s’attache très vite à Emma, présentée dans ses forces mais aussi ses faiblesses : à travers elle, Fabien Clavel évoque avec beaucoup de justesse l’autisme et les impacts qu’il peut avoir sur une fratrie, une famille. Emma est partagée entre l’amour qu’elle ressent pour son petit frère et l’agacement de se sentir moins importante et moins considérée que lui. C’est un personnage très juste que nous propose Fabien Clavel ! La relation tissée entre le frère et la sœur n’en est que plus émouvante. En contrepoint à la jeune fille, C-Byl, la fameuse graffeuse rencontrée dans les couloirs, dont l’histoire n’est pas toute rose non plus. Les deux ados se soutiennent, s’allient et on se retrouve avec un trio de choc prêt à affronter l’horreur – laquelle ne réside pas seulement dans les zombies, d’ailleurs.
Mais Métro Z dépasse le cadre du roman de zombies. Car les créatures n’apparaissent pas comme ça, un bon matin, parce que ça met l’ambiance. Attentat, terrorisme, conflits politiques et censure des médias ajoutent une dose d’angoisse parfaitement distillée, ainsi qu’une fine réflexion, bienvenue dans un roman aussi court et dense. Si le déroulement de l’aventure dans le métro suit un schéma relativement classique, ce sont bien les personnages et la densité de la trame politique et sociale qui font tout le sel du roman !
Métro Z est donc un très bon roman de zombies : véritable page-turner, thriller mêlant horreur et questionnements intelligents (tant sur la famille que sur la société), voilà un roman ado court mais diablement efficace et prenant. La fin, énigmatique et très ouverte, vient apporter un point d’interrogation bien agréable en guise de conclusion : tout est-il bien qui finit bien… ou faut-il y voir le début d’une nouvelle menace ? Difficile de trancher !
Métro Z, Fabien Clavel. Rageot (thriller), 2014, 214 p.
Je ne connaissais pas du tout mais tu as réussi à m’intriguer! 🙂
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Alors tu peux noter, c’est un bon auteur !
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Etant en plein dans la phase j’approfondis mes découvertes sur les zombies, tu me donnes un nouveau titre à ajouter. Je ne connais pas du tout mais ton avis me donne envie de tester.
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Ha oui, je te le recommande chaudement ! Si tu veux quelques idées de titres, tu peux cliquer sur le logo du challenge, j’ai fait quelques lectures chouettes sur le thème.
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C’est ce que je fais et dès que j’ai fini mes lectures je pense faire quelques emprunts/achats sur le sujet qui proviennent de ta liste.
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Ah l’ambiance est particulièrement réussie ! J’apprécie le fait que cela soit un one shot, une histoire bien ficelée, et fait original : l’aventure se déroule sur quelques heures.
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Détail non négligeable : ça m’a permis de le lire presque exclusivement dans le métro. Frissons garantis !
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Ah, je n’étais pas sûre 🙂 J’avais compris par ta phrase que le métro, qui plus est, parisien, aidait bien. Mais je ne te pensais pas à Paris (alors j’ai eu un doute)
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Je me souviens avoir adoré ce livre.Je n’ai pas étét étonné de la qualité de ce livrecr je fais entièrement aux éditions Rageot Thriller.
Il est court mais je trouve qu’il n’y a pas besoin de plus!
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En effet, pas besoin de plus ! Pour moi aussi la mention « Rageot Thriller » est gage de qualité !
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Je découvre moi aussi l’auteur avec ta chronique ! Mais mais mais… un roman de zombies avec une mise en lumière de l’autisme ?! Très surprenant ! Dans le bon sens du terme ! Je note !
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Clairement, et fait avec intelligence avec ça ! Note donc, note donc !
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[…] Autres critiques : Acro (Livrement), BlackWolf (Blog o Livre), Chani (De livres et d’épice), Cornwall (La Prophétie des Ânes), Livrement, Mariejuliet (Les Lectures de Mariejuliet) et Muti (Muti et ses livres) ; Sia (Encres & Calames) […]
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Dès qu’il y a un Z dans le titre, mes mirettes s’ouvrent en grand 😀 Je me mets ce titre sous le coude, et file de ce clic glaner d’autres idées sur le logo du challenge en question ^^ Merci 🙂
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Z + Fabien Clavel, tu peux y aller, c’est du bon !
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