Une fois n’est pas coutume, on va causer jeu vidéo sur ce blog. Jeu vidéo SFFF s’il vous plaît, puisqu’on va parler de :
Bon, avant de parler classification, parlons type de jeu. Il s’agit d’un jeu point-and-click (pointer et cliquer chez Molière). Quoi qu’est-ce ? En gros, l‘écran de jeu vous présente les actions réalisables par le personnage et c’est le joueur qui pointe le curseur sur l’action choisie et la valide en cliquant (vous voyez Les Sims ? Eh bien c’est pareil. Mais un poil plus violent). Cela permet en général d’interagir avec l’environnement – mais là, pas tant que ça, vu que c’est surtout sur les dialogues que ça se joue.
Ici, suivant les choix que vous effectuez, le jeu évolue de différentes manières. Dès que vous interagissez avec un personnage, vous avez le choix entre différentes réponses à lui apporter. Exemple :

Bigby et sa franchise légendaire en pleine action !
Il faut donc bien réfléchir avant de choisir, car la façon dont les dialogues sont conduits ou les actions effectuées influe sur la suite ! À cela s’ajoutent des actions contextuelles (quick time events) dans des cinématiques : suivant la réussite – ou non ! – la suite du jeu évolue encore… Ici ce sont surtout les combats qui bénéficient de cette façon de jouer et il faut être rapide – un coup de hache est vite arrivé, croyez-en mon expérience.
L’histoire comporte cinq épisodes (puisque le jeu est sorti, initialement, en épisodes) : Faith, Smoke & Mirrors, A Crooked Mile, In Sheep’s Clothing et Cry Wolf, au fil desquels l’enquête progresse.
En prenant son temps (et en s’autorisant à mettre pause de temps en temps pour les choix les plus cruciaux…), il y en a pour une bonne douzaine d’heures de jeu environ. Voilà pour une présentation pratique.

Alors, ils sont pas beaux, ces graphismes ?
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Donc, The Wolf Among Us est un jeu SFFF puisqu’on nage dans un univers de fantasy urbaine super bien foutu et sombre à souhait – le jeu n’est absolument pas tout public, notez bien.
Il était une fois des personnages de contes (les Fables), chassés de leurs Royaumes respectifs par un terrible ennemi (l’Adversaire) et exilés à … New-York, dans le Bronx, dans les années 80. Là, sous la houlette du roi Cole, les fables ont remonté leur société et vivent tranquillement (ou presque) à Fabletown, au milieu des humains (les Mundanes ou Communs dans le jeu).
Quand on est Cendrillon, ça va. Mais quand on est un un troll, c’est plus compliqué. Les Fables usent et abusent donc du Glamour (vendu à prix d’or par les sorcières) pour dissimuler les apparences les moins humanoïdes (et les plus repoussantes). Pour ceux qui ne peuvent pas (ou ne veulent pas) utiliser de glamour, il reste la Ferme, sorte de résidence pour Fables asociales, perdue à la campagne (et perçue comme une sorte de prison).
Le jeu mêle donc personnages de contes classiques (La Belle et la Bête, les trois petits cochons, Jack…) et personnages issus du folklore populaire (trolls et sorcières, figures de légende comme Bloody Mary…) dans un mélange très réussi.
Voilà pour le décor. Le pitch, maintenant.
On joue le shérif de Fabletown, un certain Bigby Wolf (pour Big Bad Wolf), chargé de protéger la communauté. Un beau mec badass et super grognon qui, si vous n’y prêtez pas attention, aura plutôt tendance à mettre les pieds dans le plat (ou, de préférence, dans la figure du suspect), tout en fumant comme un pompier et en jurant comme un charretier – brut de décoffrage, l’ami Bigby.
Bigby, donc, est appelé pour régler un problème de violence conjugale (croit-on). Il trouve en fait le Bûcheron (Woody de son petit nom) occupé à se disputer violemment avec une prostituée nommée Faith. La dispute implique un coquard, de l’hémoglobine, beaucoup de mobilier en voie de destruction et une hache magique, pour vous donner le ton. Vous êtes chargés d’y mettre de l’ordre, manu militari s’il le faut – et il le faut. Mais on sent assez vite qu’il y a anguille sous roche, car Faith élude gentiment toutes les questions… C’est un peu bizarre et ça sent le moisi, cette affaire.
Or, ça ne rate pas : quelques heures plus tard, la tête de Faith est sur le perron de Bigby… (J’avais dit que ce n’était pas tout public !). Bigby est donc chargé par Snow (adjointe au maire, le charmant Ichabod Crane) d’enquêter et de rétablir le calme dans la petite communauté des fables, tout ça avant que les humains ne fourrent leur grand nez dans ce qui ne les regarde pas. Et l’affaire est loin, très loin d’être simple ! Je n’en dis pas plus car l’histoire est très complexe et, surtout, dépend en partie des choix que vous allez faire.
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Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu un coup de cœur pour un jeu – il faut dire que vu ce que je joue, c’est pas difficile. Mais j’ai vraiment adoré ce jeu ! À tel point que j’y ai joué avec parcimonie, pour être sûre de ne pas le finir trop vite.
L’univers est vraiment extraordinaire : les personnages de divers contes se mêlent judicieusement et on essaie de deviner le plus vite possible qui est qui, tout en appréciant les cross-over effectués. Au fil du jeu, on débloque des extraits du Livre des Fables, qui révèle des éléments sur les personnages, objets ou lieux rencontrés, ce qui permet de mieux situer les uns et les autres (voire de réfléchir à certaines situations), tout en appréciant la façon dont leur rôle a été revu et leurs relations repensées. Si Snow est devenue adjointe au maire, tout le monde n’a pas aussi bien réussi sa reconversion ; attendez-vous à quelques surprises !
L’enquête est extrêmement bien troussée ; le fait de pouvoir choisir plus ou moins la façon dont Bigby va mener ses investigations induit un suspens qui ne se dément jamais (à la première partie, du moins ; à la suivante, on sait déjà tout !). De plus, les éléments s’agencent vraiment à la façon d’un puzzle et l’enquête opère plusieurs revirements : on croit avoir tout compris, mais on s’aperçoit finalement qu’on est encore bien loin du compte. En plus, il y a pas mal de twists qui vous laisseront sur des charbons ardents, suivant le moment où vous décidez de quitter la partie – mention spéciale à la fin du chapitre 1, par exemple !
Au niveau gameplay, le jeu se prend facilement en main… vu qu’il suffit de cliquer et, de temps en temps, appuyer sur quelques touches ciblées. Toutefois, si vous n’êtes pas trop doué (qui plus est avec un clavier Qwerty), le game-over est vite arrivé – donc dans les cinématiques, on peut donc sentir une petite pointe de stress pas désagréable.
N’allez pas croire que l’enquête est pré-mâchée : même si la trame principale a peu d’amplitude, il faut quand même pas mal réfléchir pour pouvoir faire les bons choix et suivre le bon déroulement de l’enquête. Vous aurez quelques dilemmes à résoudre, comme déterminer quel personnage on va aider en premier (sachant que l’un est mourant et l’autre est en train de se faire agresser) ou quelle sanction on applique à tel ou tel personnage (serez-vous un shérif juste ou totalement amoral ?).
Comme je le disais, le jeu n’est pas vraiment tout public : il y a de la baston à tous les coins de rue (ou presque) et l’ami Bigby peut se montrer un poil borderline (mais c’est pour ça qu’on l’aime !). De plus, il y a quelques scènes un peu gores, impliquant des litres de sang et des armes à des endroits peu conventionnels (rassurez-vous : pas tant que ça. Mais j’ai fermé les yeux au moins une fois).
Les actions contextuelles sont hyper dynamiques et cassent le rythme parfois un peu indolent de l’enquête . Il faut dire que Bigby n’est pas un as du volant et ne court qu’en cas d’extrême urgence (souvent à poils, d’ailleurs) : question rythme, le jeu est donc bien équilibré – même si la conclusion est un tout petit peu trop calme comparée à ce qui la précède !
L’ambiance est hyper noire et ça se ressent au niveau des graphismes (superbes au demeurant). Les couleurs sont plutôt sombres, on circule pas mal de nuit, il pleut assez souvent et on erre dans les bas-fonds de Fabletown : les ruelles sont crasseuses, les immeubles semblent déglingués et la palme revient à l’appartement de Bigby, une garçonnière aussi moche qu’elle est spartiate. Mais les dessins façon bande-dessinée (cel-shading pour les puristes) sont aussi super soignés, les jeux de lumière bien choisis : honnêtement, le générique était à peine fini que je savais déjà que ça allait me plaire. Tout ça est souligné par la musique qui se marie à merveille aux ambiances (Jared Emerson-Johnson a donc fait du bon boulot avec la BO). Notez, au passage, que le doublage des personnages est fabuleux (vous pouvez jouer les yeux fermés et les reconnaître à leurs voix et dictions sans problème). Pour les gens allergiques à l’anglais, on peut même installer un patch qui traduit les sous-titres (quoi que ce soit tout à fait jouable sans). Elle est pas belle, la vie ? (En revanche, je n’ai pas réussi à changer le clavier même avec Alt+Shift, donc si quelqu’un veut bien éclairer ma lanterne sur ce point, je prends. Ça m’aurait sûrement éviter de me faire trancher !)
Si l’enquête est un peu conventionnelle (pas besoin de se creuser la cervelle pour les indices, on vous les indique aimablement ^^ ), ce sont surtout les choix à opérer qui font de The Wolf Among Us un très bon jeu. Serez-vous un Bigby probe ? Ou passerez-vous totalement du côté obscur de la Force ? À vous de voir !
Petit point sympathique : au fil des choix moraux effectués, vous avez accès aux statistiques de jeu des autres joueurs de la communauté… c’est parfois intéressant pour comparer les façons de jouer ! Elles se complètent, à la fin, par un récapitulatif des choix que vous avez effectués en fonction des personnages en face de vous. Mettons : « Vous avez choisi de mentir à la Bête » ; « Vous avez occis X. » et autres joyeusetés. Vraiment sympa !
Le petit point bonus (par lequel j’aurais peut-être dû commencer !). The Wolf Among Us est adapté de la série de comics Fables, scénarisée par Bill Willingham, dessinée par Lan Medina et Mark Buckingham et éditée par Vertigo. Vous l’avez lue ? Pas de panique. Le jeu est une préquelle à la série, pas (trop) de risque de spoilers, donc ! Si les dessins ne sont pas exactement les mêmes (du moins au premier tome), c’est tout de même très fidèle et on retrouve aussi le caractère bien tranché des différents personnages.
En somme, voilà un jeu vidéo comme j’aimerais en dégoter (au passage, merci à celui qui m’a fait découvrir la perle 🙂 ) plus souvent : l’histoire est bonne, le mode de jeu ne nécessite pas d’être un pro-gamer accompli et le tout est servi par des graphismes et une musique sublime !
Envie de voir à quoi ça ressemble ? Bob Lennon a consacré une série de vidéos au jeu. Gare aux spoilers ! (Et contrairement à ce qu’il dit, ce n’est pas si calme que ça !).
Je trouve l’idée du jeu très originale ! Mêler enquête et fables, le tout revisité sauce badass, ça me plait. Les graphismes ont effectivement l’air très chouettes aussi… Dommage, le prix est un peu élevé pour une douzaine d’heures de jeu… Mais belle découverte, et si j’ai l’occasion, je m’y mets, c’est sûr !
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Alors il faut attendre les soldes Steam, il y a souvent des prix hyper intéressants sur les jeux ! Mais là, le jeu valait vraiment le coût !
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[…] et Bride Stories #6 qui m’ont marquée. Et pour la première fois, un petit hors série pour The Wolf Among Us, un jeu vidéo qu’il est vraiment très très bien […]
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