Let the sky fall #1, Shannon Messenger.

let-the-sky-fall-shannon-messenger

Personne ne s’explique que Vane Weston ait pu survivre, enfant, à l’ouragan qui a tué ses parents. À son réveil, étendu parmi les débris laissés par le passage de la tempête, il n’avait pas le moindre souvenir de son passé – à l’exception du beau visage d’une fillette ballotée par les vents. Malgré les années qui passent, elle rend de temps en temps visite en rêve au jeune homme, qui s’accroche à l’espoir qu’elle ne soit pas qu’un fantôme. Il ne croit pas si bien dire.
L’inconnue, Audra, est un être de chair et de sang, mais elle n’a rien d’humain. C’est une sylphe, une créature liée au vent, qu’elle sait manipuler pour voler dans les airs, transmettre des messages ou livrer bataille.
Sa mission ? Le protéger. Malheureusement, l’histoire se répète : une maladresse et Audra révèle à leur pire ennemi l’existence de Vane. Celle qui vient peut-être de causer sa mort est aussi son seul espoir de survie : le jeune homme n’a que quelques jours pour comprendre qui il est vraiment ou c’est la mort qui l’attend. Les nuages s’amassent à l’horizon, et un vent mauvais balaie les sables du désert… Survivront-ils à l’orage qui se lève à l’horizon ?

 

Dire que j’attendais cette nouvelle série de Shannon Messenger avec impatience serait un euphémisme, vu le coup de foudre qu’a été Gardiens des Cités perdues. Malheureusement, l’histoire ne s’est pas répétée. Let the sky fall a même été une cruelle déception.

Commençons par l’histoire : l’auteur a choisi d’axer son histoire autour de la mythologie des sylphes, élémentaires de l’air dont le peuple, ici, est larvé par une intense guerre intestine. Ils contrôlent les vents qui, selon leur origine, sont dociles (les alizés) ou durs et froids (les boréals). Le choix du sujet est original et plutôt intéressant. Mais l’ennui, c’est que cela manque de détails et que l’univers est franchement sous-exploité. Ainsi, les sylphes contrôlent les vents… mais on ne sait pas exactement quel est leur rôle sur Terre – hormis celui de se tataner à coups de tornades, ce qui est plutôt amusant, reconnaissons-le. Sont-ils les gardiens des souffles de vent ? Ont-ils un rôle à jouer du point de vue de la Nature ? Sur la qualité de l’air, du vent ? On sait juste qu’ils protègent les «rampants» (comprenez : les humains lambda), avec plus ou moins de succès – plutôt moins que plus dans le cas de la famille de Vane, d’ailleurs. Pire, on apprend qu’un sylphe a décimé l’un des quatre ordres (les sylphes sont répartis suivant les quatre points cardinaux), sans qu’il y ait, apparemment, de réel impact sur la planète ou la société humaine. Cette absence de rôle global m’a laissé la désagréable impression que leur présence était, finalement, un peu vaine. Après tout, pourquoi s’en faire, si leur disparition n’impacte sur rien ? Vane est danger, certes, mais… ce n’est pas la fin du monde (loin de là, d’ailleurs). Difficile, du coup, d’adhérer à l’histoire.

D’autant que celle-ci ne décolle jamais. Le scénario est cousu de fil blanc, truffé de clichés de bout en bout. Je détaille ? On est dans un schéma assez classique, avec un personnage au fait des us et coutumes secrets des sylphes (Audra) et … un noob un peu crasse, un petit Padawan qui débarque et à qui il faut tout apprendre (Vane). Mais il n’y a évidemment pas que ça. Car Vane est aussi l’héritier d’une lignée ce qui, d’emblée, lui confère une importance énorme. Or, fatalement, le jeune homme ne veut pas de cette charge – tout humble qu’il est – mais se voit contraint d’accepter puisque le (méchant, très méchant !) big boss des sylphes ne va pas tarder à venir mettre un terme à sa courte vie. Et là encore, ça va manquer de détails.
Vane est un sylphe tout neuf à former (initiation, entraînement, etc.). Qui va se charger de son initiation express ? Audra. Qui a le même âge que lui et qui est déjà Gardienne – comprendre : un genre de militaire spécifique aux sylphes. Comment devient-on Gardien si jeune ? On ne saura pas. Car il est quand même précisé que cela fait 10 ans qu’elle surveille Vane pour le protéger. Environ 18 ans moins 10… cela fait donc 8 ans. Précoce, la Gardienne. Mais passons outre et acceptons les données comme elles nous sont proposées. Bien que le livre soit une petite brique, l’entraînement se déroule vite, extrêmement vite. Et, à nouveau, sans trop de précisions : Vane est «insufflé» de force et en ressort – peu ou prou – avec la science infuse… Soit, mais je ne suis pas convaincue. D’autant que l’expérience est renouvelée trois fois : ça devient un peu lassant au bout de la deuxième…
Dois-je vraiment préciser qu’une romance se noue entre Vane et Audra ? Mieux, qu’il y a un triangle amoureux qui se profile ? Heureusement, heureusement ! c’est moins cliché qu’il n’y paraît au premier regard et même plutôt mignon, tant il y a de scrupules de part et d’autre. On a même envie de savoir comment ça va tourner dans la suite. En revanche, je passerai rapidement sur la révélation finale (qui fait office de dernier rebondissement), tellement peu surprenante qu’on a envie d’appeler Captain Obvious à la rescousse.

Et le style, là-dedans ? On ne va pas mentir, le roman se lit quand même plutôt bien, car Shannon Messenger a un style aussi fluide que simple (sans toutefois être simpliste). Là où le bât blesse (encore…), c’est dans le choix d’une double narration : les points de vue de Vane et Audra alternent. Or, c’est un peu comme dans le dernier volume de Divergent : difficile de savoir qui est qui, tant les voix sont similaires. Oh, bien sûr, pour savoir qui parle, il suffit d’attendre un adjectif accordé (ou non) ou un point caractéristique (Audra qui ressasse sa culpabilité, ou Vane qui fantasme sur ses cheveux détachés. Au hasard.) ; mais c’est légèrement handicapant quand on s’arrête en milieu de chapitre.
Ce qui m’amène à un autre point : les répétitions. Tudieu ! Mais faisons simple ! À la troisième occurrence, le fantasme de Vane sur les cheveux détachés d’Audra et son petit débardeur moulant ont commencé à me sortir par les yeux. Du côté de la jeune fille, si on n’a pas compris qu’elle s’en veut pour son erreur de jeunesse, c’est qu’on a lu en diagonale. Une page sur cinq – et encore. Mais pourquoi tant de haine ? Je ne sais pas, mais Vane ne pourrait pas aussi fantasmer sur les yeux de nuit d’Audra, ses capacités au combat, son abnégation ? Histoire de changer un poil et de varier les plaisirs pour le lecteur ?  Bouh que c’est agaçant. Au final, au lieu de créer des personnages auxquels on a envie de croire, ça me laisse la désagréable impression d’assister aux aventures fort peu passionnantes de deux quidam sans grande profondeur.

Vu comme ça, on pourrait penser que tout est à jeter dans le roman. Mais ouf, il y avait quand même quelques points positifs ! D’une part, la mythologie des sylphes qui, si elle manque d’explications, n’en est pas moins originale ou intéressante. Les batailles entre ordres venteux, par exemple, ne manquent pas d’intérêt, puisqu’elles dessinent une politique des sylphes plutôt mouvementée (mais pour laquelle plus de détails ne seraient pas superflus). Et ces batailles occasionnent des scènes d’actions fabuleuses ! L’entraînement de Vane est plutôt sportif (au grand dam du garçon) et la bataille finale absolument dantesque ! Cela ferait un excellent film, d’ailleurs. De plus, le contrôle des vents permet de faire des choses vraiment intéressantes (s’envoyer des messages, laisser sa marque ou des leurres…), qui viennent dessiner un univers et une mythologie assez creusés (mais vraiment trop peu détaillés). De plus, ce premier volume – sur lequel j’ai tant râlé – sert essentiellement d’introduction à l’univers et à l’histoire que Shannon Messenger va développer. On peut donc imaginer que l’univers sera un tantinet plus exploité dans le volume suivant…

Pas de chance avec ce titre donc, sur lequel j’ai probablement fondé trop d’espoirs après le coup de foudre qu’avait été Gardiens des cités perdues. Si le sujet choisi (sylphes et Maîtres du vent) est aussi original qu’intéressant, le scénario convenu, les multiples clichés et les personnages trop peu creusés ont peiné me passionner. 

 

Let the sky fall #1, Shannon Messenger. Traduction d’Anaïs Goacolou. Lumen, 2015, 494 p.

11 commentaires sur “Let the sky fall #1, Shannon Messenger.

  1. Bon, tu ne m’as pas du tout donné envie de le lire mais à défaut de passer un bon moment avec ce livre, ta chronique m’aura fait sourire! 🙂

    J’aime

  2. J’ai beaucoup aimé ce premier tome, les sagas Lumen sont géniales ^^

    J’aime

  3. Lupa dit :

    Les barres placées trop hautes sont parfois impossibles à attendre ! C’était la phrase existentielle du jour 😉 Merci pour cette chronique divertissante à souhait !

    J’aime

  4. Camille dit :

    Ah oui ce titre ne m’avait pas du tout intéressée quand je l’ai vu sortir. Et maintenant, pas la peine de le lire je pense! ^^

    J’aime

  5. Phooka dit :

    Ha tiens, nous sommes d’accord !

    J’aime

  6. […] Let the sky fall, de Shannon Messenger, m’a cruellement déçue, peut-être parce que je m’attendais à apprécier autant que Gardiens des Cités perdues ! J’ai trouvé le roman hyper cliché et superficiel à souhait, je n’ai pas accroché à l’intrigue cousue de fil blanc (alors que le point de départ est génial), ni aux personnages trop peu creusés. Dommage ! […]

    J’aime

Mettre son grain de sel