Déesse de la moisson, Holo est une louve pouvant prendre l’apparence d’une jeune fille. Les paysans de son village, persuadés que les légendes ne sont bonnes que pour les enfants, délaissent son culte. Holo décide alors que de rejoindre son village lointain village natal, dans le Nord, et embarque dans la charrette de Lawrence Kraft, un jeune marchand itinérant. De ville en ville, le marchand et la déesse concluent accords commerciaux et traités marchands, essayant de déjouer les arnaques et impasses commerciales.
Spice & Wolf est l’adaptation en roman du manga éponyme publiée au Japon sous forme de feuilleton. Les protagonistes en sont Lawrence, marchand itinérant de son état, et Holo, déesse louve de la moisson pouvant prendre l’apparence d’une délicate jeune fille – toutefois dotée d’oreilles et d’une queue.
La cohabitation entre le jeune homme taciturne, plus habitué à la présence de son cheval qu’à celle d’une jeune fille, et cette dernière, qui peut se montrer égoïste, étonnamment futée, ou immature à souhait, n’est pas de tout repos. Les deux protagonistes se chamaillent à qui mieux mieux, avant d’évoluer vers une complicité plus feutrée, forgée dans les quelques épreuves qui émaillent leur parcours.
Comme il s’agit de low fantasy, inutile d’attendre des combats trépidants et marqués en hémoglobine, affrontements soignés et suspense léché : hormis quelques rares passages de fortes tensions, on pourrait comparer le voyage de Lawrence et Holo à un long fleuve tranquille.
L’intrigue est vraiment centrée sur l’activité de Lawrence, à savoir le commerce, et ne se constitue quasiment que de marchandages, accords de ventes, et autres traités commerciaux, basés sur le cours de la monnaie en vigueur dans les endroits qu’ils traversent. Ce dernier point prend d’ailleurs une grande importance puisque le nœud de l’intrigue se situe dans une transaction monétaire… dont les détails sont parfois assommants – surtout si l’on n’est pas passionné d’économie au départ. Les explications des stratagèmes pour contourner l’arnaque ou la reprendre à son compte (parfois redondantes) sont longues, et cassent le rythme du récit, lequel n’était déjà pas particulièrement trépidant. Là-dedans, la nature divine d’Holo – sans parler de ses dons de métamorphose ! – intervient assez peu, hormis lorsqu’elle détecte un mensonge ; c’est un peu frustrant, surtout lorsqu’on pense aux multiples possibilités que cela laissait.
Outre cette intrigue un peu indolente, le roman est légèrement desservi par sa forme. Comme beaucoup de textes publiés sous forme de feuilletons, il souffre de l’effet des épisodes : les chapitres sont tantôt bourrés de péripéties, tantôt très calmes avec une chute marquante. De plus, les répétitions (nécessaires pour le lecteur qui lit les épisodes à intervalles), sont fréquentes et alourdissent le texte.
Néanmoins, la seconde partie (puisqu’il s’agit d’un volume double) est meilleure. L’action y est plus présente et mieux dosée, et les explications moins redondantes. De plus, la mythologie est plus exploitée que dans le début du livre (où elle ne faisait figure que de toile de fond). L’univers s’étoffe, et laisse entrevoir des clivages intéressants, notamment entre Église et religions païennes, populations nomades et sédentaires, dont on espère qu’ils seront creusés par la suite.
Les personnages, de leur côté, évoluent : si Holo était une vraie tête à claques insupportable au départ, elle s’assagit. Lawrence qui, de son côté, ne jurait que par le profit, se montre un peu plus sociable, et même soucieux de son prochain.
On ne pourrait clore cette chronique sans parler des illustrations qui accompagnent les chapitres ; comme des ponctuations, elles viennent souligner les passages importants, qu’ils soient palpitants ou plus émouvants. Les illustrations couleur, en début et en fin d’ouvrage, sont très réussies – gare, cependant, aux spoilers qu’elles contiennent… à ne consulter qu’en fin de lecture !
Bilan plutôt mitigé donc, pour ce titre, dont l’indolence et l’intrigue très économique auront parfois eu raison de ma patience. Néanmoins, l’univers de low fantasy, bien que légèrement sous-exploité, tient la route, et les personnages évoluent suffisamment pour pallier les faiblesses du scénario.
Spice & Wolf #1, Isuna Hasekura. Ofelbe, 2015, 470 p.
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Tu me donnes envie de lire le manga ! 🙂
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Du coup, oui, j’irai peut-être regarder à quoi ressemble le manga, dans lequel ces longueurs qui n’en finissent pas doivent être résumées en deux coups de dessin !
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Moi qui n’affectionne pas du tout le manga, j’avais repéré ce roman qui me bottait vraiment pas mal pour une fois, mais c’est le deuxième retour négatif ou du moins très mitigé que je lis alors… je vais passer mon chemin ! Je n’aime pas trop le côté feuilleton donc je ne pense pas que ça me plairait.
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J’avais trouvé intéressant le côté feuilleton, vu que la fréquence semble être d’une semaine, mais je ne m’attendais pas à autant de répétitions, et de longueurs ! Dommage, rencontre ratée (l’ennui étant que le second titre ne m’a pas bien passionnée non plus :/).
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Je reste tentée par le manga avant tout ! Par contre, je ne me retournerai sans doute pas sur celui-ci du coup ^^ Merci 🙂
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De rien !
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[…] titre, Spice & Wolf, a carrément gagné la palme du roman ennuyeux. Bouh que c’est long ! L’univers, pour […]
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