Troisième rentrée sous haute tension : un dangereux criminel s’est échappé d’Azkaban, la prison des sorciers. Parents et professeurs sont rassurés de savoir leurs élèves en sécurité à Poudlard. Au programme de cette nouvelle année : divination, dressage d’hippogriffes, création de potions en tous genres… l’année s’annonce passionnante !
Mais Harry et les autres élèves sont-ils vraiment à l’abri du danger dans l’école ?
Troisième rentrée à Poudlard. Et ce tome démarre sur les chapeaux de roues.
Le début est très dynamique ; bien que chez les Dursley, Harry ose enfin se rebeller contre sa famille adoptive, et taper du poing sur la table. On voit qu’il grandit, qu’il devient plus habile, plus rusé ; du fait de son statut reconnu dans la communauté sorcière, il parvient à tenir tête à sa famille et sort du rôle du petit orphelin chétif et brimé. Poudlard est devenu un vrai foyer, qu’il entend rejoindre au plus tôt, en se débarrassant des Dursley, ce qui amène à cette scène de négociation intense avec l’oncle Vernon (à propos de l’autorisation de sortie à Pré-au-Lard), ou à la confrontation avec la tante Marge – scène d’anthologie, probablement parmi les plus hilarantes de la saga. Sa décision de quitter inopinément la maison des Dursley nous montre un Harry à la fois plus mature (il se prend en main) mais toujours un peu enfantin (car il n’a pas pu se contrôler) : c’est le passage à l’adolescence, en quelque sorte.
Dès son arrivée à Poudlard, on note d’ailleurs qu’il est très rapide à envisager de faire des bêtises, ou de bafouer le règlement, ce qui confirme qu’il a grandi. Auparavant, il mettait plus de temps à enfreindre le règlement établi.
Parallèlement, c’est dans ce tome que les ennuis du monde sorcier commencent à devenir perceptibles chez les Moldus, et c’est la première fois. Sans prévenir qu’il s’agit d’un sorcier, les Moldus savent qu’il y a un criminel en fuite. D’ailleurs, il est cité rapidement au passage, dès le début du roman, et ce n’est que plus tard qu’Harry, et le lecteur, apprennent qu’il s’agit en fait d’un sorcier. Notez, au passage, que l’on connaît ce personnage… depuis le premier chapitre du tome 1. Eh oui, souvenez-vous, c’est lui qui a donné à Hagrid sa moto volante, lorsqu’ils se sont vus devant les ruines de la maison des Potter… Preuve, s’il en fallait, que l’auteur savait où elle allait dès le début de la saga !
La début de ce tome 3 comporte d’autres scènes d’anthologie : le Magicobus, par exemple, invention originale s’il en est ; le Monstrueux livre des monstres, qui colle de l’urticaire à tous les élèves ; le miroir caustique à l’auberge, un de mes préférés. Avant même que la rentrée n’ait lieu, on est plongé dans le mystère : Harry est surveillé, le ministre diablement laxiste, les Weasley très inquiets… on sent très vite que quelque chose ne tourne pas rond.
Le voyage en train est du même acabit : l’ambiance est pesante et le passage avec le Détraqueur, quoique court, plein d’angoisse et de stress. On sent que cette rentrée n’est, décidément, pas comme les deux précédentes. La peur s’installe chez Harry : perturbé par l’épisode du Détraqueur, sa crainte est renforcée par les prédictions funestes de Mme Trelawney, les cours de Défense contre les Forces du Mal (abrégé DCFM à partir de maintenant dans ce billet), ou les fameuses apparitions du Sinistros.
Si l’on est loin du climat de terreur instauré dans le second volume, le troisième offre tout de même de beaux frissons !
Il y a également du changement au niveau des professeurs ; d’une part, Hagrid intègre le corps professoral, ce qui était largement mérité (et qui aura son importance par la suite), même s’il est rabaissé par certains élèves (au hasard, les Serpentard, parmi lesquels Malefoy, s’il ne fallait en citer qu’un). Grâce au cours de Soins aux créatures magiques, dispensé par Hagrid, et au cours de DCFM, dispensé par Remus Lupin, on en apprend plus sur le bestiaire de l’univers de Rowling, qui s’étoffe de plus en plus – à noter qu’une grande partie des créatures citées existent déjà dans le folklore anglosaxon, comme les hippogriffes, ou les boggarts, qui semblent avoir inspiré les épouvantards. Et c’est également l’occasion d’en apprendre plus sur la jeunesse de Lupin, James Potter et… Severus Rogue – dont la figure s’humanise, au passage (mais peut-être ai-je déjà dit qu’il s’agit de mon personnage préféré ?), même s’il semble assez puéril, dans cet opus, d’en vouloir au père d’Harry encore 20 ans plus tard, pour une stupide blague. Il faut bien sûr attendre la suite de la série pour savoir ce qu’il se cache sous cette terrible rancœur. Il est également très amusant de faire des liens entre la jeunesse de ce quatuor, et la vie présente d’Harry et ses amis. Difficile de ne pas noter les similitudes, surtout lorsque Lupin dit : « On était jeunes, et notre intelligence nous a emportés malgré nous ». Voilà qui a un délicieux petit air de déjà-vu. On comprend, là, combien le passé peut impacter le présent, et combien l’auteur a minutieusement pensé tous ces épisodes.
Les relations entre personnages, dans ce volume, semblent plus fouillées qu’à l’ordinaire. C’est bien sûr là que surgit la rivalité entre Lupin et Rogue, vestige d’une rivalité scolaire, liée au secret de Remus Lupin (dont le seul nom, ainsi que les nombreux indices glissés dans le texte, suffisent à faire deviner la nature…). Dans cet opus, la curiosité de Ron envers Hermione semble aller croissant et cela se lit, notamment, dans les multiples questions qu’il pose sur son emploi du temps (Harry n’y prêtant aucune attention). Dès l’instant où ils entrent en rivalité, Hermione disparaît complètement de l’espace textuel et il faut attendre qu’Hagrid intercède en sa faveur pour qu’on sache – enfin ! – ce qu’il lui arrive. Même si elle a poussé les deux garçons dans des voies peu recommandables dans l’épisode précédent (en leur proposant de fabriquer du Polynectar, par exemple), Hermione semble bien plus mature que les deux têtes brûlées dans ce tome : un peu comme si elle avait vieilli et mûri plus vite. Ce volume voit également apparaître un nouveau personnage : Cho. Peut-être un de ceux que j’apprécie le moins mais, dès la première apparition, il devient évident que le personnage ne va pas tarder à devenir central !
Ce tome semble centré sur la vie scolaire : l’intrigue autour du meurtrier est là, en toile de fond, et resurgit de temps en temps. Une fois n’est pas coutume, Harry se concentre sur sa scolarité, et les ennuis viennent (presque) tous seuls le trouver. Un autre point qui m’a marquée dans Le Prisonnier d’Azkaban, c’est la place accordée au Quidditch. Les descriptions des matchs sont courtes, denses, survoltées, excitantes : on s’y croirait ! Il y a des passages très drôles, comme ce match où McGonagall s’en prend aux commentaires déplacés de Lee Jordan, mais laisse passer l’insulte envers Malefoy, tant elle est occupée à vilipender le même Malefoy ! Au temps pour l’impartialité professorale !
La fin est proprement magistrale : les pièces du puzzle se mettent enfin en place… et on s’aperçoit que l’auteur nous balade depuis déjà trois tomes sur certains points ! Incroyable ! Ce qu’il y a de bien, avec cette fin, c’est qu’au chapitre 19, tout semble
joué. Et en fait non. Car il reste encore quelques chapitres complètement dingues, avec un retournement de situation totalement inattendu (mais qui explique bien des choses !), et qui nous offre une fin de toute beauté. C’est un concentré d’actions, mais aussi d’émotions : pour preuve, la scène durant laquelle Hermione tente d’expliquer – gentiment – à Harry qui est l’auteur du Patronus… et que ce n’est certainement pas son défunt père. Au passage, voilà une magnifique illustration des bienfaits de la confiance en soi… puisque c’est en pensant voir son père qu’il réussit son Patronus.
L’entrée de Rogue, dans l’infirmerie fait partie des scènes d’anthologie et on perçoit toute sa frustration : il est persuadé (à raison !!) qu’Harry est un infâme petit rebelle à qui l’on doit les derniers événements mais ne peut pas le prouver. On sent toute l’hystérie et la violence contenues (ou non), et toute la maîtrise qu’il faut pour ne pas écharper sur place cet insupportable garnement. Voilà une des scènes les plus drôles du volume (avec celle de la tante Marge, évidemment).
Dans cette fin, Fudge montre pour la première fois la bêtise crasse qui semble le caractériser : l’auteur a-t-elle voulu, via ce personnage, proposer une critique de l’homme politique qui pense plus en termes d’image que d’efficacité ? Mystère. Toujours est-il que la mollesse et l’incompétence de ce personnage (très réussi au demeurant), sont à hurler !
Le troisième tome d’Harry Potter marque un net tournant dans la saga. D’une part, c’est le premier qui a une fin en demi-teinte. Si, pour notre trio, tout est bien qui finit bien, ce n’est pas le cas en général : Sirius et Buck sont en fuite, et Pettigrew a disparu… Alors que les deux premiers tomes avaient une fin nette et positive, cette fin pleine d’amertume du tome 3 préfigure très certainement les événements qu’il faudra déplorer dans la suite. D’autre part, c’est un tome où Harry a vieilli : il n’est pas tout à fait adulte (pour preuve son comportement encore un peu puéril, notamment envers Hermione…), mais ce n’est plus non plus un enfant (il se prend en main, et commence à s’affirmer).
Par la richesse du contenu, le rythme trépidant, l’incroyable dynamisme de cet opus, et les nombreuses révélations, ce troisième volume est, sans aucun doute, mon tome préféré de la saga. C’est celui que j’ai le plus relu, et le relire est toujours un immense plaisir, même si l’effet de surprise est un peu passé !
Et l’adaptation ? Ah, misère, quelle catastrophe ! Ce n’est pas la pire, entendons-nous bien, mais franchement, c’est quoi ce loup-garou ? J’aimerais aussi beaucoup savoir QUI a eu l’idée de faire passer Hagrid pour un imbécile heureux (dans quasiment tous les films), alors que c’est un personnage d’une profondeur et d’une complexité remarquables. Dans le film, il a l’air totalement analphabète, alors que dans le livre, il écrit tout de même la défense de Buck. En gros, c’est raté. Sans parler de Ron qui, lui aussi, passe pour un neuneu léger, alors qu’il fait, dans ce volume, quantité de remarques pleines de bon sens, dont une partie passe à la trappe, ou est carrément attribuée… à Hermione. Très utile.
Évidemment, la richesse de l’opus ne transparaît pas du tout dans le film… et c’est bien dommage. Il reste dans le divertissement, sans tenir compte de la complexité de la trame globale. Bref, je n’ai pas aimé. Du tout.
◊ Dans la même série : Harry Potter à l’école des sorciers.
Harry Potter et la chambre des secrets.
Harry Potter #3, Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, J.K. Rowling.
Gallimard, 2002 (1ère édition 1999), 461 p.
10/10
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Whaouh ! quelle chronique ! Tu as tout dit et je n’ai plus qu’à te tirer mon chapeau. Par contre, je trouve à l’inverse de toi que cette adaptation reste encore correcte même si elle est moins riche que le livre car elle garde la trame principale sans la travestir (ce que feront toutes les suivantes 😥 )
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Je n’ai pas grand mérite, je me suis pas mal inspirée des longues discussions que nous avons eues durant la lecture commune ! Pour le 3, j’ai trouvé le film excessivement court, et je suis tellement déçue des personnages de Ron et Hagrid que ça explique peut-être mon mauvais souvenir. En fait, j’ai préféré les adaptations des 5, 6 et 7 (même si elles se sont approprié l’histoire je les ai trouvées plus intéressantes).
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Ta chronique me rappelle de bons souvenirs de lecture ! Et la grosse envie que j’ai depuis quelques temps de reprendre la lecture de la saga… Billet très complet, chapeau ! A ceci près, que… on savait que les filles grandissaient plus vite que les garçons, non ? 😉
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Han, je pensais que c’était un mythe ! J’aime bien relire la série de temps en temps aussi !
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Ta chronique est excellente, et je n’ai lu aucun HP encore, honte à moi sans doute, mais ayant vu les films , j’ai eu l’impresion que je pourrai m’ennuyer à la lecture, apparemement il n’en est rien … Il faudra vraiment que je m’y penche.. Tu m’en as donné l’ envie !
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Merci Licorne ! J’espère que tu apprécieras cette lecture, dans ce cas. Je ne suis pas très objective, j’ai lu Harry Potter en sixième donc l’identification a marché toute seule si je puis dire !
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Quelle chronique, bravo ! Tu donnes vraiment envie 🙂 Le tome 3 est mon préféré comme le tome 5 (c’est la construction en arche de la saga qui veut ça). Aaaah, que de bons souvenirs.
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J’avais eu une petite baisse sur le tome 5 ! Le 3 est vraiment mon préféré (même si j’apprécie les autres tomes !). Ce sont vraiment de bons souvenirs, c’est clair !
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Ah bah tu vois, je préfère le 5 au 3 de mon côté 🙂
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En fait, à la réflexion, je crois que je n’ai lu le 5 que 2 fois. Le 3 en revanche… (ne serait-ce qu’en attendant les autres tomes). Donc, au final, il faudrait que je le relise pour savoir lequel des deux je préfère. Au niveau des gros bons points du 5, je note la maturité des personnages qui évolue (ok, pas tous !) et Ombrage. J’adore ce personnage (globalement, le film me plaît beaucoup en plus, et c’est assez rare pour être signalé !) !
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[…] les plus sombres… Il suffit de se souvenir d’allumer la lumière.» Dumbledore, in Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, J.K. […]
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[…] Ton volume préféré ? Le Prisonnier d’Azkaban ♥ Celui que j’ai le plus relu […]
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