Gardiens des cités perdues #1, Shannon Messenger.

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Sophie se sent à part à l’école : elle n’a pas besoin d’écouter les cours pour comprendre, et a plusieurs années d’avance. Le tout grâce à une mémoire photographique qui ne laisse passer aucun détail. Mais ce qu’elle n’a révélé à personne, c’est qu’elle entend penser les autres, exactement comme s’ils lui parlaient à voix haute. Seul moyen pour y échapper : écouter de la musique à plein volume, ce à quoi Sophie s’occupe ce matin où sa classe visite le musée d’Histoire naturelle. Perdue dans ses pensées, elle ne remarque pas de prime abord ce jeune homme qui la suit. Lorsqu’il l’aborde, c’est toute sa vie qui bascule : elle n’est pas ce qu’elle croyait être et doit abandonner école, famille, maison, pour rejoindre un autre univers qu’elle a quitté 12 ans plus tôt. L’y attendent une pléiade de nouveaux condisciples, amis, et ennemis, et surtout une question obsédante : qui est-elle ? Pourquoi a-t-elle été cachée parmi les humains ? Pourquoi n’a-t-elle que des souvenirs très partiels de son passé ?

Gardiens des Cités perdues, qui paraît aujourd’hui, est le premier roman de Shannon Messenger traduit en français ; au vu de la qualité, on espère que la suite ne tardera pas et, qui sait, que son autre série, Let the sky fall aura également droit à une traduction !
Gardiens des Cités perdues, c’est donc l’histoire de Sophie Foster, 12 ans, surdouée et télépathe, qui découvre inopinément que ses facultés n’ont, pour ainsi dire, rien d’anormal : elle n’est tout simplement pas humaine. Malheureusement, cela signifie également qu’elle doit quitter sa famille, afin de rejoindre un autre univers, celui des immenses cités perdues (Shangri-La, l’Atlantide, Eternalia…), afin d’y rejoindre son peuple naturel, et intégrer la prestigieuse université de Foxfire dans laquelle elle suivra une formation adéquate. Mais si Sophie est surdouée dans l’univers humain, c’est loin d’être le cas dans l’univers de ses origines : la petite première de la classe a des années de retard, ne comprend rien à rien, et enchaîne les bourdes. Tout en essayant de se faire à sa famille d’adoption, et en enquêtant sur son passé : pourquoi, au juste, a-t-elle été exilée dans son enfance, et pourquoi les catastrophes semblent-elles fleurir sous ses pas ? Mystère. Mais c’est bien le centre de la question.

Shannon Messenger va donc évoquer des thèmes chers à l’enfance avec, en premier lieu, le déracinement. S’ensuivront les difficiles problématiques des amitiés et inimitiés que l’on se crée à l’école. Sophie étant un «transfuge» dans son nouvel univers, elle crève d’envie de bien faire et surtout d’y arriver seule : évidemment, on voit rapidement la limite de son comportement. Non contente de perpétrer bourde sur bourde (elle détruit l’uniforme d’un professeur par accident en cours d’alchimie, par exemple), elle va également se mettre en danger par souci de bien faire et de prouver son intégration à la communauté. Son désir de bien faire est vraiment touchant et, loin de la condamner, le lecteur ne peut que compatir à son besoin d’affection.

Autour de Sophie gravite une belle palette de personnages, tant du côté des adolescents que des adultes. Chacun a sa petite histoire personnelle, ses aspirations, ses qualités et ses défauts. En un mot, ils sont consistants. Et c’est donc agréable de passer de l’un à l’autre, de tenter de deviner quelles vont être leurs interactions, ou de saisir les liens qui existent entre chaque : Sophie le découvre pas à pas, et le lecteur avec. Le tout en enquêtant, évidemment, sur le mystère qui sous-tend ce premier tome, mystère qui passionne et perturbe Sophie, et dont on sent que certains adultes connaissent des bouts qu’ils refusent de révéler… ce qui contribue largement à alimenter un suspens savamment entretenu.

L’intrigue est menée de main de maître : on passe de la révélation fracassante sur la nature de Sophie à l’acclimatation à son nouvel univers, et à la rentrée à Foxfire. Là, on retrouve une organisation assez scolaire, l’université étant organisée en niveaux d’études et en semestres, et les étudiants suivis par des Mentors. On pense de suite, évidemment, à Harry Potter, pour ce point-là ; à ceci près que, dans l’univers de Sophie, on n’apprend pas réellement de sortilèges : les étudiants sont invités à travailler différentes matières en relation avec la magie, certes, mais il n’y aura ni duel magiques, ni cours de métamorphoses. L’univers des cités perdues est plutôt basé sur une vision idéalisée d’une nature sauvegardée, nourricière, et qu’il faut à tout prix protéger – des actions humaines, par exemple.
Par ailleurs, l’auteur ne se contente pas de faire évoluer ses personnages dans le système scolaire : il y a également des péripéties plus personnelles (entre Sophie et ses amis, ou liées à sa famille d’adoption, par exemple) et d’autres rebondissements dignes des meilleurs récits d’aventure.
À cela il faut ajouter que le récit est vraiment bien écrit, et qu’on le lit avec un grand plaisir ; l’auteur varie les tonalités, joue à la perfection des émotions, et sait glisser quelques notes d’humour lorsque c’est nécessaire. C’est un vrai bonheur à lire, et on enfile les pages sans sourciller.

La fin laisse le lecteur avec une infinité de questions car, si une bonne partie de l’intrigue a été résolue, il reste toujours le fil rouge qui semble conduire la série. Si la conclusion du tome est très satisfaisante, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la suite… et donc d’être impatient de la lire !

Ce premier volume de la série Gardiens des Cités perdues a donc le mérite de poser les bases d’un univers riche, et d’une intrigue qui s’annonce haletante. Sophie est un personnage aussi touchant que bien pensé, et c’est avec plaisir qu’on la suit dans ses pérégrinations. Malgré quelques passages que l’on ressentira comme un peu clichés, l’intrigue est menée tambour battant, dans un style fluide et très agréable à la lecture. On se passionne pour l’aventure, les personnages, cet univers que l’on rêve de découvrir plus avant et qui devrait plaire aussi bien aux jeunes qu’aux moins jeunes lecteurs ! Pour résumer, Gardiens des Cités perdues est un gros coup de cœur, et c’est avec impatience que j’attends la suite !

Le petit plus ? Interview de Shannon Messenger !

 

◊ Dans la même série : Exil (2) ; Le Grand Brasier (3) ;

Gardiens des Cités perdues #1, Shannon Messenger.
Lumen, 2014, 510 p.
9/10. 

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15 commentaires sur “Gardiens des cités perdues #1, Shannon Messenger.

  1. Camille dit :

    Bon bah, pas d’exception… tu m’as convaincue!

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  2. Belledenuit dit :

    Je le note en espérant que cela ne me fasse pas trop penser à Harry Potter…

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    • Sia dit :

      En fait ça fait penser à Harry Potter, et il y a d’indéniables clins d’oeil, mais l’histoire est suffisamment différente et variée pour qu’on n’y pense pas trop. Au final, il n’y a que la partie purement scolaire qui est similaire, et l’univers est tellement riche, qu’on se concentre rapidement sur le reste !

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  3. Dup dit :

    Eh bé ! Tu sais être convaincante !!!

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  4. Dup dit :

    Lol, le « petit » dernier a 19 ans… et à cet âge là, c’est la honte de lire des livres pour ados, t’imagine bien !!! 

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  5. Flora dit :

    Yeaaaah, je ne peux que plussoyer, cette lecture m’a véritablement enthousiasmée aussi ! Il me tarde de lire la suite, car il y a encore plein de choses à découvrir… 🙂 Et une très belle chronique, comme toujours !

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    • Sia dit :

      Merci ! J’ai pas encore lu la tienne (mais elle est ouverte). J’ai vraiment été charmée, et emballée, j’ai essayé de ne pas lire trop vite (mais c’était difficile). Je suis impatiente de lire la suite, maintenant !

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  6. yulin dit :

    Merci de cette chronique, j’ai bien envie de lire ce livre à présent!

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  7. […] en enfance avec les aventures de Sophie, la petite elfe télépathe qui se découvre, dans Gardiens des cités perdues avec lequel je me suis régalée ! La suite est sur le point de paraître, et je dois dire que je […]

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  8. […] retiendrai l’année 2014 comme celle de L’Homme qui a vu l’homme, Bride Stories, Gardiens des cités perdues, Feed, L’Océan au bout du chemin et Le Livre de Perle (s’il fallait ne garder que 5 […]

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  9. […] de Shannon Messenger avec impatience serait un euphémisme, vu le coup de foudre qu’a été Gardiens des Cités perdues. Malheureusement, l’histoire ne s’est pas répétée. Let the sky fall a même été […]

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