Bride Stories, Kaoru Mori.

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La vie d’Amir, 20 ans, est bouleversée le jour où elle est envoyée dans le clan voisin pour y être mariée. Elle y rencontre Karluk, son futur époux… un garçons de huit ans son cadet ! Autre village, autre mœurs… La jeune femme, chasseuse accomplie, découvre une existence différente, entre l’aïeule acariâtre, la ribambelle de neveux et nièces espiègles, et Smith, l’explorateur anglais venu étudier leurs traditions. 
Mais avant même que le jeune couple ait eu le temps de se faire à sa nouvelle vie, le couperet tombe : pour conclure une alliance plus avantageuse avec un puissant voisin, le clan d’Amir décide de récupérer la jeune mariée coûte que coûte… 

Bride Stories est de ces petites pépites absolument indispensables. Plonger dans le premier tome, c’est s’assurer une addiction totale à ce manga !

Bride Stories #1. 
2011, 186 p.

 

 

 

 

 

 

 

La première chose qui frappe, c’est évidemment le dessin de Kaoru Mori : le trait est précis, le dessin soigné, et le souci du détail poussé à son paroxysme. Le manga se lit deux fois moins vite que les autres tant il y a de petits détails à scruter, et à regarder partout. C’est absolument merveilleux tellement c’est beau !
Dans ce premier tome, on suit donc Amir qui s’habitue à son nouveau clan, et à son très jeune mari. C’est, bien sûr, l’occasion de découvrir une histoire et des mœurs : l’histoire se déroule dans les steppes d’Asie Centrale, au XIXe siècle. Si la famille de Karluk est sédentaire, celle d’Amir était nomade une moitié de l’année et la jeune femme doit se faire à un nouveau mode de vie. Les clans vivent de l’élevage des moutons, du tissage de la laine et on les suit dans les petites histoires du quotidien : visites à la famille, visite chez les artisans (notamment chez l’ébéniste… ces pages sont une pure merveille !), disputes des enfants, principes éducatifs, repas, lessive… C’est extrêmement varié et sert tant à dresser le portrait des personnages qu’à étoffer l’ambiance de la grande maison.

 

On suit avec intérêt l’évolution de la relation entre Amir et Karluk : c’est narré tout en douceur et délicatesse car, en plus de dessiner merveilleusement bien, Kaoru Mori a un véritable talent de conteuse. Elle tisse donc doucement les relations entre personnages, mettant en scène l’acclimatation de la jeune Amir. Et tout va pour le mieux jusqu’au moment où le clan Hargal, celui d’Amir, décide de récupérer la jeune femme afin de la marier à quelqu’un d’autre. Alors qu’on arrive en fin de tome, l’auteur introduit une bonne note de suspens car, évidemment, on se demande si le clan Hargal va parvenir à ses fins, et comment cela va tourner pour Amir.

Bride Stories #2. 
2011,195 p.

 

 

 

 

 

 

 

Le second tome est aussi maîtrisé que le premier. Côté dessin, c’est encore une pure merveille. On appréciera, cette fois, le détail des broderies largement mises en scène pour illustrer le travail des femmes, ou la scène de la préparation du pain. C’est le moment d’apprendre que la constitution d’un trousseau (qui coûte une fortune) commence très tôt, et que les jeunes femmes sont amenées à broder des kilomètres et des kilomètres de tapisseries. Ce second tome est globalement plus violent : le clan d’Amir n’abandonne pas l’affaire, et tente coûte que coûte de la récupérer. Il y a donc un suspens nettement plus soutenu que dans le premier volume, et cela permet d’avoir un aperçu encore plus approfondi sur les mœurs en Asie centrale à cette époque-là.
La relation entre Amir et Karluk évolue, et c’est souvent émouvant ! On commence à discerner les raisons du choix du titre : si le mariage d’Amir et Karluk est menacé par le clan Hargal, il est également question de Pariya, une jeune femme du village célibataire, qui ne trouve aucun homme acceptant de l’épouser, et du futur mariage de Tileke, qui est presque en âge de se marier. Le tome s’achève sur le départ de Smith, l’explorateur anglais en résidence dans le clan Eyhon en tant qu’observateur – un personnage essentiel pour entraîner des explications utiles aux lecteurs !

Avec le départ de Smith, Kaoru Mori inscrit son histoire dans un contexte plus vaste : les dissenssions avec les Russes, la réduction du territoire des clans nomades, ou les bisbilles interclans.


Bride Stories
#3

2011, 200 p.

 

 

 

 

 

 

 

Le troisième tome change de point de vue : jusque-là, on suivait Amir et Karluk ; ce volume-là se concentre sur Smith, qui a quitté le clan pour reprendre son voyage et gagner Ankara (ce qui représente un périple de plusieurs mois). En attendant son guide, Smith rencontre une très jeune veuve, Talas, apprenant de nouvelles choses sur la façon dont on conçoit le mariage à l’époque – et sur la haine de l’étranger, au passage. Ce tome est encore plus émouvant que les précédents : le point de vue de Smith nous glisse dans la peau de l’observateur qui ne comprend pas toujours le bien-fondé des traditions.
Le point de vue entraîne de nouvelles découvertes (culinaires, notamment !). Sur fond de route de la Soie, l’auteur brosse avec talent le tableau d’une civilisation.

Bride Stories, en somme, est une série d’une qualité incroyable : le récit est riche et bien mené, le dessin fouillé, et on s’attache extrêmement vite aux personnages. Heureusement qu’il reste encore quelques tomes à lire car c’est un gros coup de cœur !

◊ Dans la même série : tomes 4 et 5 ; tomes 6 et 7.

 Bride Stories, tomes 1 à 3, Kaoru Mori.
Ki-oon, 2011.
10/10 

 

8 commentaires sur “Bride Stories, Kaoru Mori.

  1. Pauline dit :

    Oh, comme je suis fan !!!!

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  2. licorne dit :

    Je suis complètement ignarde en la matière, j’ai lu le premier tome de Death note en manga ! puis plus rien … J’ai trouvé ça pas mal mais sans plus, il faudrait que j’essaie celui-là ! tu m’as donné l’envie en tous les cas ! 

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    • Sia dit :

      J’avais bien aimé Death Note, et j’aime beaucoup Bakuman (par les mêmes auteurs, dans un genre hyper différent). Là, Bride Stories, c’est encore très différent mais c’est trop bien !! 

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  3. […] je retiendrai l’année 2014 comme celle de L’Homme qui a vu l’homme, Bride Stories, Gardiens des cités perdues, Feed, L’Océan au bout du chemin et Le Livre de Perle […]

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  4. Les couvertures sont magnifiques et ces peuples m’attirent, alors je vais peut-être me remettre aux mangas grâce à ton article !

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