Peut-on encore être un véritable chevalier aujourd’hui ? Est-ce encore possible ?
À travers sept épreuves initiatiques, des jeunes gens se lancent dans l’aventure : une expédition nocturne dans la forêt de Brocéliande, l’escalade de la façade de Notre-Dame en cordée, l’intensité d’un combat à mains nues, la découverte d’une danse oubliée avec une incroyable cavalière… Autant de façons de vibrer, de prendre position dans la société, de dire NON.
Voici donc la preuve, s’il en fallait une, qu’Erik L’Homme n’a rien perdu de son talent. Loin de fournir ici un récit d’aventure ébouriffant de suspens, il livre un recueil de nouvelles profond, sensible, émouvant.
Reprenant le schéma des épreuves initiatiques destinées, à l’époque médiévale, aux bacheliers (c’est-à-dire les futurs chevaliers), l’auteur propose sept nouvelles, comme autant d’épreuves remettant au goût du jour les valeurs chevaleresques.
S’appuyant sur le fictif Les Sept bacheliers ou l’épreuve périlleuse, attribué à Cosme d’Aleyrac et daté du XIIème siècle (la pièce médiévale est en fait de la main d’Erik L’Homme), le recueil offre des parallèles entre l’épreuve initiatique du personnage, et une reconstitution de l’épreuve que pouvait subir un chevalier au Moyen-Âge. Chaque nouvelle, donc, comporte une perle de sagesse, exaltant une des valeurs chevaleresques : honnêteté, courage, respect. Et chaque nouvelle met en parallèle le texte médiéval relatant la fameuse épreuve.
Les épreuves inventées par Erik L’Homme s’inscrivent dans un cadre résolument moderne : un bal dans un parking de plusieurs étages, le sabotage d’une antenne télé, un combat de rues… mais chaque épreuve fait le lien avec une épreuve médiévale, et on voit rapidement les liens entre les textes.
Chaque nouvelle raconte donc l’initiation d’un jeune, accompagné de son mentor : d’expéditions clandestines en expériences riches en sensations, on vogue d’une aventure à l’autre, portés par les valeurs les plus chevaleresques et une certaine tendance à la rébellion contre une société toujours plus abrutissante et infamante. Le contexte est résolument moderne, mais ces valeurs s’y inscrivent parfaitement. Chaque pépite, d’ailleurs, est tirée du discours du roi Marc’h à Tristan… et pourtant toujours d’actualité.
Le Regard des princes à minuit offre donc une courte pause, vivifiante à souhait, et vibrante d’énergie. C’est fluide, poétique, on le lit sans aucune difficulté, et on se gorge d’adrénaline. Le texte invite également à se poser des questions sur les travers de nos sociétés, à appréhender des valeurs malheureusement parfois oubliées, et à s’interroger sur son propre comportement. On en ressort gonflé d’énergie, déterminé et plein d’optimisme !
Le Regard des princes à minuit, Erik L’Homme. Gallimard, mars 2014, 144 p.
8,5 /10.
[…] : Les Stagiaires, Samantha Bailly. Le Chemin des morts, François Sureau. Le Regard des princes à minuit, Erik […]
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