L’Élixir d’oubli, Pierre Pevel.

l-élixir-d-oubli-pierre-pevel

Quelques mois après avoir résolu l’épineuse affaire de trafics d’objets enchantés et de meurtres dans lesquels il a été impliqué, Griffont se retrouve de nouveau confronté à d’incompréhensibles événements. Tout d’abord, son ami Edmond Falissière est en mauvaise santé et doit partir en cure en Auvergne. Ensuite, il y la découverte de cette colonie non répertoriée de mininets en plein Paris. Enfin, il y a ce mage noir, Giacomo Nero, que tout le monde semble craindre…
Sans compter la baronne de Saint-Gil, qui semble toujours arriver là, où, et quand on ne l’attend pas !

 

Quel bonheur de retrouver ce Paris des Merveilles, déjà découvert dans Les Enchantements d’Ambremer ! Le Paris de la Belle Époque, ici, côtoie un univers féerique, l’Outremonde, royaume des fées et créatures magiques. Il n’est donc pas rare de croiser des dragons sous forme humaine, ou des mages de différentes obédiences. Griffont, pour sa part, continue son chemin au sein du Cercle Cyan.
Si vous aviez apprécié le duo Griffont/ Isabel de Saint-Gil dans le premier opus, vous devriez apprécier de les retrouver ici ! Si vous n’avez pas lu le premier volume, pas de problème, celui-ci peut se lire indépendamment.

Le duo fonctionne aussi bien que dans le premier tome : de plus, grâce à un interlude narrant ce qu’il s’est très secrètement passé dans la France de 1720, on assiste à la rencontre entre Griffont et la baronne ! Les relations entre ces deux personnages sont vraiment intéressantes : les non-dits sont très nombreux, les faux-semblants aussi, et c’est ce qui met du piquant dans cette histoire.

L’intrigue permet de découvrir un peu mieux la façon dont fonctionne l’univers très particulier : entremêlant le présent (la Belle Époque) et le passé (les années 1720), on comprend mieux pourquoi et comment on en est arrivé à cette incroyable coexistence. Les rebondissements, révélations, et retournements de situations inattendus sont nombreux : le récit est vif, enlevé, et on n’a ni le temps de souffler, ni celui de s’ennuyer. L’intrigue est à la fois plus dynamique, plus sombre, et plus complexe que celle du premier volume, ce qui rend la lecture d’autant plus prenante. À bien des égards, la série cristallise les meilleurs aspects de la littérature de l’époque ; on a la ferme impression de lire un roman de Maurice Leblanc, et c’est bien agréable.
D’ailleurs, l’auteur multiplie les clins d’œil à la littérature et aux personnages de l’époque, ou aux auteurs classiques fantastiques : au fil des chapitres, on croise donc Lord Dunsany (déjà vu dans le premier volume), Cartouche, les fameuses Brigades du Tigre ou bien… Arsène Lupin ! Cela donne à la fiction un petit côté réaliste très agréable, tout en accentuant le côté fantasy urbaine. Bref : c’est très réussi.
Si le style reste fluide et enlevé, on déplorera un trop grand nombre d’annonces au lecteur qui, d’une part, cassent complètement le rythme narratif et, d’autre part, s’avèrent assez agaçantes à la longue. Difficile de profiter sereinement de l’intrigue lorsque l’auteur pointe du doigt les passages qu’il ne faut pas manquer !

Malgré cet aspect stylistique à déplorer, L’Élixir d’oubli est à la hauteur de ce que promettait le premier volume : l’intrigue à tiroirs est passionnante et bien menée, les péripéties et rebondissements étant agencés de façon à privilégier surprises et découvertes. On découvre un peu plus l’univers, l’histoire des personnages, et les nombreux clins d’œil à la littérature policière et aux romans de cape et d’épées inscrivent le volume dans une tradition des plus agréables. L’humour, déjà très présent dans le premier volume, est à nouveau au rendez-vous : l’aventure est rocambolesque à souhait, mais tout se déroule dans la dignité et l’élégance de l’époque ! La fin est satisfaisante à tous points de vue, même s’il est dommage de se dire que les aventures du duo s’achèvent là : on signerait volontiers pour un ou deux tomes supplémentaires. Si vous êtes à la recherche d’une série de fantasy urbaine originale, dynamique, pleine d’humour et très bien menée, notez Les Enchantements d’Ambremer, cela devrait vous plaire !

◊ Dans la même série : Les Enchantements d’Ambremer.

 

Les Enchantements d’Ambremer #2, L’Élixir d’oubli, Pierre Pevel. Le Pré aux Clercs, 2004, 381 p.
8,5 / 10.

challenge-52-semaines

challenge-fees-d-hiver-2

7 commentaires sur “L’Élixir d’oubli, Pierre Pevel.

  1. Acr0 dit :

    Ils forment vraiment un duo de choc 🙂 J’aime beaucoup et l’écriture de Pevel et l’univers. Et puis comme tu le dis, l’humour est bien présent. J’avais passé un bon moment !

    J’aime

    • Sia dit :

      Je trouve aussi que le duo est très efficace (d’où ma déception d’apprendre qu’il n’y aurait vraisemblablement pas de suite). Cet univers était vraiment plaisant !

      J’aime

  2. […] : Sans honte, Gail Carriger. Jeu de piste, Patricia Briggs. L’Élixir d’oubli, Pierre […]

    J’aime

  3. Zina dit :

    Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est du Maurice Leblanc, même si j’ai adoré la référence qui y est faite, mais c’est une lecture très plaisante 🙂

    J’aime

Mettre son grain de sel