États-Unis. Wren est décédée de trois balles dans la poitrine. 178 minutes plus tard, elle est revenue à la vie. Plus vive, plus forte, plus résistante aux émotions et à la douleur. Comme des milliers d’autres adolescents, Wren est une Reboot : plus le temps de mort clinique est long, plus l’adolescent Reboot est puissant et insensible. Avec 178 minutes à son actif, Wren est donc l’arme la plus dévastatrice de la république du Texas.
À 17 ans, Wren est soldat et formatrice de la Société Humaine d’Évolution et de Repopulation, chargée d’entraîner d’autres futurs soldats. Et sa dernière recrue, Callum, lui donne du fil à retordre. Il faut dire qu’avec seulement 22 minutes avant le reboot, Callum vaut à peine mieux qu’un humain. À Wren de le rendre insensible.
De préférence avant que Callum ne la rende trop humaine.
Suite à une redoutable épidémie du virus KDH, les humains vivent dans la peur : chaque enfant ou adolescent qui meurt prématurément risque de rebooter, c’est-à-dire de revenir à la vie, mais en version moins évoluée côté sentiments, plus évoluée question capacités physiques. Les humains détestent cordialement les Reboot : car ils ne sont que de pâles copies des enfants qu’ils étaient, parce qu’ils sont totalement insensibles et proprement inhumains, parce qu’ils sont mortellement dangereux.
Pour protéger les humains, la SHER récupère tous les Reboots, les loge, les nourrit. En échange, les Reboot accomplissent le sale boulot que les soldats ne font pas : écrouer les criminels des bidonvilles (où l’épidémie sévit toujours et où les humains rechignent à aller se promener), poursuivre les rebelles, récupérer les jeunes Reboot que des parents désolés tentent désespérément de cacher. Sorte de super armée de jeunes soldats très entraînés, les Reboot sont corvéables à merci.
À la SHER, la vie de Wren est assez simple : elle s’entraîne, elle suit les ordres, elle accomplit ses missions avec brio, elle forme habilement les novices qui lui sont confiés. À vrai dire, tout sourit à Wren : avec 178 minutes de latence entre son décès et son reboot, elle est le soldat le plus performant de la SHER – et accessoirement le commando le plus craint des humains car le Reboot le plus dépourvu de sentiments. C’est également une brillante formatrice : tous ses novices (de hauts numéros) s’en sortent bien.
L’élément perturbateur, ici, c’est l’arrivée d’un novice n’étant resté mort que 22 minutes : autant dire qu’en plus de ressembler à s’y méprendre à un humain (par son aspect, son odeur, sa lenteur), il est franchement mauvais. De la graine de Reboot à la carrière très très courte – et finissant mal, de préférence.
L’histoire démarre assez vite : on découvre Wren en action et, rapidement, Callum et les autres novices arrivent au complexe. Dès les premières pages, le personnage de Wren est caractérisé : froide, insensible, inhumaine, elle est à la hauteur de la réputation qui l’a précédée. Mais en même temps, elle est rapidement intriguée par Callum, et par ses réactions. C’est justement le point qui m’a un peu gênée : tout va très vite. On a l’impression qu’on est à peine installé dans la fiction que déjà élément perturbateur et péripéties débarquent, ce qui donne à l’intrigue centrale un aspect quelque peu superficiel, malheureusement, alors même que les questionnements sont intéressants.
En-dehors de cette trop grande rapidité, Reboot revisite le thème des zombies issus d’une endémie, si ce n’est que là, seuls les enfants et adolescents sont touchés. Ce sont cependant des zombies soft : hormis quelques modifications physiques très visibles et parfois peu esthétiques, on est loin des corps pourrissants : en somme, on a toutes les caractéristiques du zombi, sans les parties les plus trash, ce qui n’est pas plus mal (notamment pour les âmes sensibles). En revanche, l’horreur n’est pas loin : il serait très réducteur de penser que Reboot se limite seulement à une aventure entre deux ados, sur fond d’univers post-apocalyptique. Car dans les bâtiments de la SHER, il se trame de drôles de choses, et des expérimentations scientifiques assez déroutantes, dont les conséquences sont, au mieux, funestes, mais qui promettent d’intéressants développements pour l’intrigue de fond dans la suite.
Dans la structure de l’intrigue, Reboot est de facture assez classique : toute l’originalité est dans le thème ; malgré cela, l’intrigue est prenante, et on se prend vite au jeu de savoir comment les personnages vont s’en sortir. Si Callum reste très mystérieux, l’évolution de Wren vaut vraiment le détour – même si cela démarre un peu vite : l’auteur s’approprie tout à fait le thème de la créature parvenant à prendre conscience d’elle-même, se posant les bonnes questions, et faisant sur elle-même des découvertes qui vont modifier son horizon. De ce point de vue-là, Reboot est très réussi.
Reboot initie une nouvelle série de science-fiction adressée aux ados, dans un univers post-apocalyptique, et s’inspirant du thème des zombies. Si le récit est de facture classique, il est néanmoins très efficace et on ne s’y ennuie pas. L’idée des zombies, et les questions qu’elle génère (notamment autour de la question de l’humanité), est bien trouvée : à ce niveau, l’évolution du personnage de Wren est intéressante et bien amenée. La fin, assez ouverte, laisse présager une suite pour le moins intéressante ; il nous reste pas mal points de l’univers à découvrir.
En somme, si vous êtes à la recherche d’un roman ado prenant et rafraîchissant, surfant sur la mode des créatures surnaturelles en s’appropriant le sujet pour en faire quelque chose de personnel, tout en développant des thèmes intéressants et bien développés, Reboot est fait pour vous !
LC : les avis de Léa, Sév’, et Well.
Reboot #1, Amy Tintera. Editions du Masque (Msk), 5 février 2014.
7,5 /10.
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Ah mais il semble sympa et plutôt original ce roman. J’ai l’impression que l’auteur a effectivement su s’approprier un thème de plsu en plus récurrent tout en lui apportant un souffle nouveau. Cela m’intrigue et du coup je le note 🙂
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Oui, j’ai vraiment apprécié, sauf que c’était un peu rapide à mon goût. Je suis pas trop zombies, alors c’était une bonne première ! D’ailleurs, le mot n’est jamais prononcé, mais on comprend de suite de quoi il est question =)
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Ca a l’air passionnant, je me laisserais peut-être tenter à l’occasion ! Merci pour ta chronique 😉
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Oui, c’était vraiment chouette, surtout pour moi qui n’avais encore jamais lu d’histoires de zombies ! J’ai aimé cette variation sur le thème.
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