L’Assassin malgré lui, W.A.R.P. #1, Eoin Colfer.

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W.A.R.P.
Un nom imprononçable, pour une mission d’un ennui intersidéral. C’est ce que pense Chevie Savano, jeune et talentueuse agente du F.B.I., mise au placard sur cette mission après une prise de risque incroyable. S’imaginant déjà vieillir et végéter à l’ombre de la capsule argentée, Chevie est au bord du désespoir. Jusqu’à ce que la vérité éclate. Sous la forme de Riley, orphelin, apprenti magicien-assassin… issu de l’époque victorienne. À ses trousses, le célèbre et dangereux Albert Garrick, illusionniste et tueur à gages, qui ne va pas tarder à comprendre que le W.A.R.P. peut lui être très utile… ce qui ne manquerait pas d’être catastrophique. Chevie va enfin pouvoir sortir du placard !

L’Assassin malgré lui, premier tome de la série W.A.R.P., signe le grand retour d’Eoin Colfer sur la scène de la littérature jeunesse, à nouveau dans le créneau des aventures teintées de fantastique, en explorant cette fois le thème des voyages dans le temps : on est donc plus dans la veine du Supernaturaliste que dans celle d’Artemis Fowl. 

Le roman est porté par un duo de jeunes personnages : Chevie Savano, jeune agente du F.B.I. et Riley, un orphelin de l’époque victorienne, qui sont amenés à collaborer, par les aléas des voyages dans le temps. Chevie est une tête brûlée, et ne doit sa mise au placard à Londres qu’à sa langue bien pendue, et son habitude d’agir avant de réfléchir. Riley, futé, plus posé, est débrouillard pour deux : le duo se complète et fonctionne vraiment bien, surtout face au redoutable Garrick, lequel est totalement dépourvu de morale. Les personnages souffrent cependant de quelques stéréotypes (Chevie est l’agent borné, tandis que Riley ressemble à Oliver Twist) et manquent d’un peu de consistance mais, pour un premier tome, ils campent parfaitement le décor. Pour les nostalgiques du duo Artemis / Holly Short, Riley et Chevie devraient vous rappeler quelque chose, bien que la ressemblance soit, somme toute, minime : Eoin Colfer ne s’est – heureusement – pas contenté de transposer son duo habituel, il propose une paire de personnages originale et bien tournée  – tout en s’autorisant quelques clins d’œil à la précédente, ce qui est agréable.

On découvre, dès le départ, les personnages chacun dans leur milieu : époque contemporaine d’un côté, Londres du XIXe de l’autre. Le mystère s’installe très vite, et on se retrouve rapidement pris par le suspens : car si le roman est construit sur le modèle de la course-poursuite (toutes époques confondues), le fil rouge de l’ensemble de la saga commence doucement à s’installer. On reste donc encore un peu dans le flou concernant les tenants et aboutissants de la mystérieuse technologie du W.A.R.P. et de son utilisation : l’auteur n’en dit que le strict nécessaire pour la compréhension de l’intrigue. Ce n’est absolument pas gênant mais, du même coup, la fin donne envie d’en savoir plus, car on pressent bien que toutes les zones d’ombre n’ont pas été levées – et on aimerait bien savoir ce qu’il advient des protagonistes.
L’intrigue est bien menée, et le rythme est soutenu. Toutefois, certaines actions semblent un peu rapides. Le récit est très direct, et aurait mérité quelques approfondissements de-ci de-là. Si la lecture est très agréable, et très prenante, on ne peut s’empêcher de penser que c’est parfois un tout petit peu trop rapide, et que cela manque un peu de détails.Mais, justement, vu que tout s’enchaîne, en laissant à peine au lecteur le temps de souffler, en le faisant passer en quelques lignes d’une émotion à une autre, on se laisse facilement porter par la plume vivante et diablement efficace d’Eoin Colfer, en mettant de côté les quelques réclamations que l’on pourrait faire.

En somme, L’Assassin malgré lui est un très bon début pour la saga W.A.R.P. Les genres et les époques s’y télescopent : époque moderne, époque victorienne, magie, espionnage, science-fiction, et le tout de façon plutôt convaincante. Le rythme vif, et la plume efficace d’Eoin Colfer font oublier que les personnages et l’époque victorienne ne sont pas tout à fait assez creusés. Sans terminer sur un cliffhanger ébouriffant, l’auteur laisse le lecteur avec suffisamment de points en suspens pour qu’il ait envie d’en savoir plus tant sur la technologie au centre du récit, que sur les mystères qui n’ont pas été résolus ! Voilà la preuve, si besoin était, qu’Eoin Colfer n’a rien perdu de son talent !

 W.A.R.P. #1, L’Assassin malgré lui, Eoin Colfer.Gallimard, 2014, 400 p.
7,5 / 10.

 

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10 commentaires sur “L’Assassin malgré lui, W.A.R.P. #1, Eoin Colfer.

  1. Escrocgriffe dit :

    Décidément, WARP semble faire l’unanimité dans la blogosphère ! Ton article donne envie de découvrir l’Assassin malgré lui 😉

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    • Sia dit :

      Ah c’est marrant, j’ai vu passer pas mal d’articles plus mitigés, mais pour moi, il remplit son office de début de saga. Ceci dit, je n’ai pas été difficile à conquérir, j’aimais déjà beaucoup les romans d’Eoin Colfer !

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  2. Dup dit :

    Tu sais combien de tomes sont prévus ?  C’est tentant ce que tu dis, mais si c’est comme Artémis, on n’en voit plus le bout 😛

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    • Sia dit :

      Aucune idée ! Artemis est en 8 tomes, je crois. Pour W.A.RP., je dirais au moins 3 tomes… ! J’étais tellement contente de retrouver Eoin Colfer que je ne me suis même pas posé la question. 

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  3. solessor dit :

    beaucoup de chroniques à rattraper depuis mon crash de pc… beaucoup de tentations d’un coup ! Celui-ci en fait partie… Mais du coup, tu conseillerais de commencer par quelle saga de cet auteur ? J’ai mis Artemis Fowl sur la liseuse hier, ce me semble ! 😉

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    • Sia dit :

      Si tu voyais le nombre d’articles qui croupissent dans mes brouillons … ^^ Cette série est hyper différente d’Artemis Fowl, donc je ne sais pas. Artemis est plus jeunesse (surtout au début, je dirais), et c’est plus fantasy urbaine (là on serait plus dans un mélange de SF et de fantastique). Personnellement, j’adore Artemis Fowl, c’est une de mes séries chouchoutes =) (pas sûre que ce mot existe, mais tu vois l’idée).

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  4. Solessor dit :

    Je vois l’idée ! ^^ Je suis assez séries jeunesse, en ce moment… je me note de commencer par Artemis du coup ! Et puis j’aime bien ce prénom, il est fun !

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    • Sia dit :

      Aah, il y a tout un truc autour du prénom. Globalement, j’adore les personnages d’Artemis Fowl : Artemis est un petit sacripant, Holly est une forte tête, et j’adore Butler (le majordome… comme son nom l’indique), Mulch (un nain… spécial ^^) et le commandant Root qui fume des racines. Attends, il y a Foaly, aussi, un genre de Q dans James Bond, sauf que c’est un centaure parano xD (Vraiment, j’adore cette série). 

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  5. Solessor dit :

    Tu donnes envie d’y mettre le nez en tout cas ! Je sens qu’ils ne vont pas rester longtemps enfouis sur la liseuse ! ^^

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