Sans forme, Le Protectorat de l’ombrelle #2, Gail Carriger.

sans-forme-le-protectorat-de-l-ombrelle-2-gail-carriger

Un jour qu’elle se réveille de sa sieste, Alexia Tarabotti, devenue Lady Woolsey, trouve son loup-garou de mari hurlant à s’en faire exploser les poumons, avant qu’il ne disparaisse sans la moindre explication. Alexia se retrouve donc parfaitement seule, avec un régiment de soldats surnaturels, pléthore de fantômes exorcisés, et une reine Victoria que tout ça n’amuse pas le moins du monde. Armée de sa fidèle ombrelle, des dernières tendances vestimentaires et d’un arsenal de civilités cinglantes, Alexia fait brillamment face. Même quand ses investigations pour retrouver son incontrôlable mari l’emmènent en Écosse, fief des plus laids gilets au monde, elle est prête à tout !

Sans âme avait fait forte impression : Sans forme faisait donc l’objet de toutes les espérances !

Et quelle déception initiale : l’histoire traîne, lambine, se perd dans les méandres de la vie du couple Lord-Lady Woolsey. Où sont le piquant, la verve, l’énergie du premier tome ? On ne s’ennuie pourtant pas, loin de là. L’intrigue est même plaisante, et souvent drôle. Mais il manque ce petit quelque chose qui avait rendu le premier tome si percutant.

Heureusement, la débâcle ne dure guère : dès que commence réellement l’enquête d’Alexia, on retrouve la belle énergie du premier tome. Pas de scientifiques fous ici – du moins pas immédiatement visibles : tout tourne autour d’une étrange épidémie qui paralyse les surnaturels londoniens. L’enquête est laborieuse, mais bien menée. Mieux : elle concentre des marottes très victoriennes et s’avère donc tout à fait dans l’air du temps.
C’est évidemment avec un très grand plaisir que l’on retrouve les personnages qui ont fait le charme du tome 1 : Conall, évidemment, mais surtout Ivy et ses chapeaux délirants, Tunstell et ses taches de rousseur et, bien sûr, le fabuleux Lord Akeldama. La verve et les réparties cinglantes d’Alexia reviennent vite et on se replonge avec délices dans ces dialogues au charme désuet, mais plein de petites piques bien envoyées.
Ce second tome est l’occasion de découvrir de nouveaux personnages, parmi lesquels la très charmante sœur d’Alexia, une modiste française scandaleuse, ou de nouveaux loup-garous. On en apprend un peu plus sur le fonctionnement des meutes, également et, sans surprises, celles-ci s’avèrent très machistes (chose que l’on pressentait déjà dans le premier tome) et aspect lupin qui semble faire partie du mythe.

Le style un peu chargé et désuet de Gail Carriger fait encore mouche : c’est tout un univers guidé par l’étiquette que l’on perçoit entre les lignes, dans les dialogues d’une extrême politesse dissimulant une violence latente, ou dans les réparties cinglantes. L’humour fait, à nouveau, mouche et c’est bien heureux car, comme dans le tome 1, il faut remarquer que cet assaut de civilités relègue quelque peu l’enquête et l’action au second plan. Ce n’est pourtant pas désagréable, car cela rappelle la mode de l’époque : maintenir une façade, ne s’occuper des choses graves que discrètement, et sans avoir l’air d’y toucher (art dans lequel Alexia excède, semble-t-il). Du coup, l’enquête laisse une très large place aux mondanités, et à la vie privée du couple Woolsey : tout cela reste charmant, délicieux, et toujours très bien tourné.
Le rebondissement final, s’il peut sembler un peu artificiel, promet de beaux développements par la suite et relance un suspense très important. On brûle d’en savoir plus !

Ce tome 2 démarrait mal mais, soulagement, l’auteur rattrape le coup et reprend rapidement la même veine que dans le premier opus. L’enquête est intéressante, l’univers toujours aussi farfelu et étoffé et les personnages aussi délicieux que précédemment. Le style, gros point fort du roman, est toujours aussi caustique. Malgré quelques réticences initiales, Sans forme s’avère être une lecture enthousiasmante, et donne envie de lire la suite !

 

◊ Dans la même série : Sans âme (1), Sans honte (3) ; Sans cœur (4) ; 

 

 Le Protectorat de l’ombrelle #2, Sans forme, Gail Carriger. Le Livre de Poche, 2013, 456 p.
8/10.

 

ABC-2013-Imaginaire

 

5 commentaires sur “Sans forme, Le Protectorat de l’ombrelle #2, Gail Carriger.

  1. Mypianocanta dit :

    Superbe chronique : tu as tout dit ! et je suis d’accord avec tout aussi 😉 Le tome 3 va te réserver son lot de surprises !

    J’aime

    • Sia dit :

      Il m’a semblé comprendre qu’il sortait en poche en novembre, alors je vais attendre patiemment. Et même si le rebondissement final est assez facile, il est parfait car il va bouleverser cette routine qui s’installait et qui me déplaisait souverainement !

      J’aime

  2. Frankie dit :

    J’ai aimé ce tome 2 de bout en bout, sans ressentir les lenteurs dont tu parles (et dont beaucoup parlent aussi :)). J’adore les échanges entre Alexia et Conall et l’atmosphère de l’époque.

    J’aime

    • Sia dit :

      J’adore aussi ! J’ai été un peu déstabilisée au début, car je l’ai trouvé moins dynamique que le premier (routine, etc.). Mais comme tu dis, l’ambiance fait tout, et vaut vraiment le détour. J’ai hâte que le tome 3 sorte !

      J’aime

Mettre son grain de sel

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s