Poursuivant son apprentissage, Ellana est chargée par son maître, Jilano, d’escorter une précieuse cargaison pour le compte de l’Empire. Mais au fil des jours qui passent, Ellana peine à discerner ses motivations et celles des autres : la voie qu’elle arpente n’en est plus une, sa loyauté vacille, ses sentiments se dérobent. Perdue, la jeune apprentie devra opérer des choix radicaux… et parfois douloureux.
On retrouve donc Ellana, toujours en plein apprentissage. Suite à ses aventures du tome précédent, la demoiselle a fort à faire : sa réputation, ses sentiments pour un certain jeune homme et l’exigence de son maître ne cessent de grandir.
Au ton résolument romanesque adopté jusque-là, Pierre Bottero ajoute quelques légers traits empruntés au roman policier : Ellana est chargée d’une mission qui confine à l’espionnage, et il y a un traître à démasquer. L’enquête n’est toutefois pas primordiale : c’est la quête (au sens large) qui prime. Ce tome est celui de tous les doutes, tous les retournements de situations, ce qui fait que le roman est très prenant.
Le suspens est omniprésent, et il est difficile de savoir à l’avance où l’auteur va nous emmener : certains personnages révèlent leur vraie nature, d’autres se dévoilent, alors qu’on ne s’y attend pas le moins du monde. Une chose est sûre : aucun personnage ne reste figé. Sagesse et maturité sont au programme, sans morale bien-pensante. C’est bien réalisé, rafraîchissant, profond, et très agréable.
Côté style, on retrouve la plume fluide, limpide, et poétique de Pierre Bottero, bien qu’il y ait encore beaucoup de phrases nominales… peut-être un peu trop, d’ailleurs, ce qui fait que la narration perd parfois un peu de force. Le style, puissant et très lisible, renforce les tensions glissées dans le récit. Action, descriptions, et pauses dans le récit sont savamment dosées. L’émotion est également au rendez-vous : certains passages sont très émouvants,et on sent l’émotion poindre sous d’autres, en apparence plus banals. Par ailleurs, l’humour sous-jacent est toujours présent, et la gouaille d’Ellana lui fait rarement défaut. Pierre Bottero parvient à concilier des styles et des émotions très variés dans un même texte : c’est très réussi. La tension dramatique est extrêmement bien menée : et l’auteur nous mène de pause en climax, laissant rarement le lecteur souffler.
Le récit progresse agréablement : on suit certes Ellana en mission, mais le roman ne s’arrête pas là. Sa vie continue après la mission et, si on sent que la situation de l’Empire se corse, on apprécie de retrouver des motifs développés dans La Quête d’Ewilan, ainsi que de retrouver des personnages connus, croisés dans les autres romans de l’auteur. Le croisement des différents romans est très bien amené, et il est agréable de voir les pièces du puzzle s’assembler.
Ce second tome des aventures d’Ellana est celui qui cristallise toutes les tensions, qui réunit tous les fils, et fait définitivement basculer l’intrigue. Plein de poésie, c’est probablement le tome le plus profond, le plus poétique, et le plus philosophique de la trilogie : une vraie merveille. Le style porte à la perfection la narration et les développements, en plus de tenir le lecteur en haleine. Les développements sont tous extrêmement intéressants, tant du point de vue de l’histoire que des personnages. D’un point de vue totalement subjectif, c’est même le meilleur roman de l’auteur, le plus puissant, le plus évocateur, le plus romanesque.
Un coup de cœur renouvelé à chaque lecture !
◊ Dans la même série : Le Pacte des Marchombres.
Le Pacte des Marchombres #2, Ellana : l’Envol, Pierre Bottero. Rageot, 2008, 449 p.
9 / 10.
Lecture choisie par MarieJuliet ; de son côté, elle a lu Sidhe.