Alors qu’elle vient de fêter son 15ème anniversaire, Waverly n’a connu qu’un seul foyer, l’Empyrée, vaisseau spatial, partis 43 ans plus tôt en même temps que son jumeau, le Nouvel Horizon, à destination de la Nouvelle Terre.
Sa mission : mettre au monde les enfants qui peupleront la planète, nouvelle colonie humaine. Tous la destinent à Kieran, son ami d’enfance et le futur capitaine du vaisseau. Pourtant Waverly doute, et se demande si c’est bien la vie dont elle veut.
Lorsque le Nouvel Horizon attaque soudainement l’Empyrée et enlève toutes les jeunes filles, soi disant pour les sauver d’un innomable péril, plus le temps de s’interroger. Waverly et ses amies doivent survivre dans un milieu hostile aux pratiques très différentes des leurs.
Aujourd’hui paraît en librairie Glow, le premier tome d’une nouvelle saga de science-fiction dédiée aux jeunes adultes : Mission Nouvelle Terre. J’en profite pour remercier les éditions du Masque qui m’ont permis de le découvrir en avant-première, surtout que je suis passée pas loin du coup de cœur avec ce premier tome.
Présenté comme l’alternative idéale pour les fans de Hunger Games, Glow est bien plus que ça : on a enfin une fiction de qualité, qui sort de la dystopie et de la romance paranormale, pour aller explorer la science-fiction ! Voilà qui change agréablement!
Glow démarre comme un roman présentant une innocente idylle entre adolescents, dans un environnement bucolique et tendant vers le paradisiaque, bien que situé dans une navette spatiale -ce qui, en soi, est déjà très original. Mais, vous vous en doutez, la société idéale n’existant pas, des bisbilles ne tardent pas à apparaître doucement. Dès le départ, on sent qu’il plane un malaise sur ce vaisseau : Waverly, destinée à s’unir à Kieran et à avoir de beaux bébés pour peupler la colonie, hésite. Vu son âge (elle a à peine 15 ans), on la comprend. D’autant que Kieran n’est pas le seul beau jeune homme à bord, et qu’on sent que Waverly aimerait se défaire du carcan de règles qui pèse sur ses épaules. Les premiers chapitres sont calmes, posés, et tout est plus suggéré qu’exposé.
L’action démarre ensuite sur les chapeaux de roues : à l’instar des personnages, on est balloté, on ne sait rien de ce qu’il se passe, mais on ne peut s’empêcher d’angoisser ; d’autant que la situation se retrouve entre les mains des enfants. Et c’est là que tout dégénère … rappelant un peu le concept de Sa Majesté des Mouches, en plus poussé – en raison du confinement dans le vaisseau et du problème grave auquel les enfants sont confrontés – Glow est un roman mêlant habilement éléments de space-opéra, de dystopie et une ambiance digne d’un huis-clos.
On est tout de suite happé par l’écriture d’Amy Kathleen Ryan : il y a très peu de longueurs, le rythme est fluide et entraînant, et l’auteur gère aussi bien les personnages que l’intrigue. Celle-ci suit tour à tour les points de vue des deux personnages principaux, Waverly et Kieran. L’une est en prise avec l’équipage du Nouvel Horizon, et notamment avec son capitaine, la terrible Anne Mathers ; l’autre, quant à lui, est confronté à son propre équipage, notamment le jeune Seth, qui a tout de la tête brûlée (quoiqu’étant assez réfléchi). Tous les personnages sont charismatiques, complexes, attachants dans une certaine mesure, même si certains sont tout en ambiguïté. Les deux garçons, Kieran et Seth, en font partie : on prend rapidement leur parti, on les déteste, ou on s’en méfie tour à tour. Le roman s’achève sur une grande perplexité à leur propos, et au sujet de l’intrigue – ce qui fait de Glow un bon roman, dont la suite n’est pas intuitivement prévisible et promet donc une lecture intéressante. On pensait savoir où l’auteur voulait en venir, et on finit dans un flou artistique total qui n’est pas désagréable, bien au contraire.
En dehors de l’excellente organisation du roman, ce qui m’a le plus plu dans Glow, ce sont les sujets discrètement mais efficacement traités. On trouve un soupçon d’écologie, ainsi que pas mal d’interrogations sur les relations hommes-femmes ou les progrès scientifiques. Mais la grande réussite de l’auteur est sa façon de traiter la question de l’idéologie et la façon dont celle-ci est utilisée, manipulée. Sans être moralisatrice, elle parvient à subtilement dénoncer quelques comportements extrêmes, bien mis en scène, tout en examinant quelques travers de société bien connus mais hélas vivaces. A nouveau, tout est dans la suggestion plutôt que dans la démonstration lourde et évidente. Le tout est intelligemment traité, bien mis en scène, rondement mené, et annonce un combat idéologique pour la suite, dont il me tarde de savoir comment elle s’en sortira.
Glow est donc un excellent tome introductif ; le rythme est au rendez-vous tout du long et l’auteur, évitant le cliffhanger final, sait maintenir l’intérêt du lecteur tout du long, et pour la suite de la saga. Avec des personnages complexes et envoûtants, une intrigue et des thèmes habilement traités, Mission Nouvelle Terre s’annonce comme une très bonne saga, qui plaira certainement au jeune lectorat -et pourquoi pas à leurs aînés (jetez-vous donc dessus dès que vous le verrez chez votre libraire !).
♦ Dans la même série : Spark, 2 ; Flame, 3.
Glow, Mission Nouvelle Terre #1, Amy Kathleen Ryan. Editions du Masque (MsK), 2012, 388 p.
8,5/10.
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Une chronique dans laquelle tu parles de Hunger games et de Sa majesté des mouches… ça ne peut que me plaire ! Pourtant, le titre ne me laissait pas présager quelque chose d’aussi bon… comme quoi, les a priori…
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C’est surtout une question d’ambiance, en fait. Comme dans Sa majesté des mouches, ils sont livrés à eux-mêmes et, comme dans Hunger Games, ils deviennent dangereusement impitoyables pour leur survie, ce qui est parfois assez flippant.
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